Chapitre 2: Jeanne NTSAME
Ecrit par kaynaliah
Je sors du travail et cours à ma voiture car je suis en retard sur mon planning. Une réunion d’urgence avec notre chef de service qui a fait des modifications sur les dates lines des projets en cours. Résultat des courses: je suis sortie de là avec une heure et demie en retard et cela a foiré tout mon programme. Je suis allée faire les dernières courses en retard je pense bien que la préparation du dîner aussi aura du retard . Je donne quelques coups de klaxons et le gardien vient m’ouvrir le portail. Je vois la voiture de Georges stationnée dans le garage. J’ai horreur qu’il arrive avant moi à la maison. Je préfère être là avant lui afin de pouvoir l’accueillir comme il se doit. Dès que je suis arrivée à la maison, je me suis attelée à la cuisine afin de lui concocter un de mes petits plats. Je parle seulement et tellement que j’en oublie les bonnes manières. Je suis Jeanne NTSAME épouse “Minko”. J’ai 32 ans et je suis mariée depuis trois ans avec l’homme de ma vie, celui avec qui j’ai décidé de m’unir après six longues années de vie commune: Georges MINKO.
Avec Georges, notre histoire n’a pas été facile. Je me souviens que je me laissais rarement approchée par la gente masculine car j’avais peur d’eux. En plus, ma mère me mettait tellement en garde contre les grossesses précoces et les maladies sexuellement transmissibles quand j’étais une enfant. Avec Georges, nous nous sommes rencontrés à l’université de Poitiers. Je venais d’obtenir mon DEUG et lui son Master 1. Entre nous, ça plutôt été le jeu “du chat et la souris”. On se cherchait inconsciemment et un jour il a fini par me dévoiler ses sentiments qui étaient partagés bien entendu mais en secret. Mais du temps s’est écoulé du moment où il m’a avoué être amoureux de moi à celui de l’officialisation de notre relation car Georges est ce qu’on appelle un homme à femmes. IL les attire comme des mouches et je ne lui faisais pas confiance au début. Cela a créé des conflits entre nous mais qu’on a su gérer par la suite. J’ai su apprendre à lui faire confiance et je suis heureuse de ne pas m’être trompée jusqu’alors.
Néanmoins, nous avons été confrontés à un problème majeur: sa mère, Georgette MINKO. En effet Trois ans après avoir officialisé notre relation, nous sommes venus en vacances au Gabon et on en a profité pour faire des présentations auprès de nos deux familles. Lorsque je me suis rendue chez Georges, j’ignorais ce qui m’attendais car dès que sa mère a su que j’étais du clan “Essisis” (clan fang) et non “Essokè” (clan fang) comme elle, elle a décidé de m’humilier de la pire des manières.
Elle n’arrêtait pas de me faire des réflexions comme si je sortais du village alors que je suis une personne civilisée. Elle n’a pas hésité à me renverser volontairement de la bière sur mon pantalon blanc et à me présenter à ses amis comme sa nouvelle “bonne”. Je me suis sentie tellement humiliée. Georges n’était pas là quand ces évènements se sont produits et on s’est retrouvé à un stade où c’était ma parole contre celle de sa mère. On a eu à se séparer à cause de ces histoires durant des mois. Sa mère en a profité pour vouloir le pousser dans les bras d’une autre femme fang de son clan. A partir de ce moment, il a commencé à douter d’elle et est revenu vers moi en s’excusant de toutes les différentes manières possibles. J’avais beau lui dire que je ne voulais plus de lui mais les sentiments, l’amour est toujours plus fort. On n’était pas bien tous les deux loin l’un de l’autre, on souffrait énormément et j’ai décidé de nous donner une nouvelle chance.
Quelques années après, en dépit des manigances de sa mère qui a eu le culot de venir en retard et habillée en noire de la tête au pied comme si elle allait à un enterrement, nous nous sommes unis devant Dieu et devant les hommes à la mairie du 1er arrondissement de Libreville. Nous avons décidé de rentrer définitivement quelques mois plus tard, le temps de trouver un bon boulot. Les dix-huit mois qui ont suivi notre union ont été les plus merveilleuses. J’étais une femme tellement aimée, choyée, valorisée par le regard que Georges portait sur moi. Le seul hic dans notre bonheur presque parfait était la présence d’un parfait mélange de nous deux: un bébé. On avait tout essayé mais rien. Nous nous étions même rendu en France pour faire des examens poussés mais on ne descella rien d’alarmant au contraire, Georges et Moi étions en forme pour faire ce bébé, il fallait donc simplement patienter.
Par contre, ma belle-mère ne l’entendait pas de cette oreille et n’arrêtait pas de s’inviter chez nous pour me narguer et m’insulter que son fils avait épousé un “ventre vide”. J’en pleurais à chaque fois: de colère et de tristesse. Je ne la supportais plus. Même la tolérer, je n’y arrivais plus. La goutte de trop a été quand un midi, en rentrant du boulot, je vis ma belle-mère dans ma maison avec une autre femme que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve. Elles étaient dans ma chambre, celle que je partage avec Georges, entrain de ranger mes affaires soit disant pour me foutre à la porte car je ne donne pas toujours un héritier à son fils. Je suis sortie de mes gonds ce jour-là. J’ai tellement tapé celle qui l’accompagnait qu’elle s’est enfuie toute seule avec le reste de lucidité qu’il lui restait. J’ai appelé en urgence Georges qui était allé déjeuner avec des amis de longue date, pour qu’il rentre immédiatement s’il ne voulait pas venir trouver le cadavre de sa mère dans notre salon. Lorsqu’il est arrivé, je lui ai tout raconté et lui ai exigé de faire sortir sa mère de notre maison et qu’elle ne revienne plus. Une violente dispute a éclaté entre les deux et Georges, excédé également, fini par le mettre hors de notre maison. Elle n’arrêtait pas de me traiter de sorcière et de briseuse de famille. Le torchon s’est sérieusement mis à brûler entre George et sa mère.
Dès cet épisode, j’ai changé. Je devenais hystérique pour la moindre petite chose. Je voulais un bébé, notre bébé. Je passais mes nerfs sur Georges qui essayait de me rassurer. Je ne voulais plus attendre. J’en avais marre d’être l’objet de moqueries de sa famille. Ainsi nos instants intimes n’étaient plus faits par plaisir mais plutôt par contrainte car je voulais tombée enceinte à tout prix. Mais toujours rien…..Je ne savais plus quoi faire. Qu’est-ce qui clochait? Où était le problème? J’étais totalement perdue.
Mon comportement ne m’aidait pas non plus. Je sentais une certaine distance avec Georges et ça me gênait vraiment. J’ai décidé de revenir la personne que j’étais et de patienter tout simplement. Je me suis donc fait une raison. Il y a un temps pour tout nous dit “la Bible” et c’est elle encore qui raconte que Sara a bien enfanté à 99 ans donc j’aurai aussi mon miracle un jour.
J’ai repris ma vie et me suis attelée à sortir mon mariage de la crise qu’elle traversait. Georges était heureux de retrouver la femme qu’il avait épousé et me répétait qu’il voulait de toute façon bien profiter de sa femme avant qu’on accueille un enfant parmi nous.
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Quelques mois plus tard
Depuis quelques jours, je ne me sens pas très bien. Je ne sais pas ce que j’ai et je m’inquiète quand même. Georges n’est pas là, en mission à Gamba ( ville située dans la province de L’ogooué Maritime) et rentre dans quatre jours. Je suis toute seule à la maison donc ce n’est pas la joie. J’appelle ma petit soeur Grâce qui est au Ghana pour ses études. Ca fait un moment que je ne l’ai pas eu au téléphone.
Grâce: ”Toi tu veux faire genre que tu penses à moi?”
Moi: ”Mais oui. Je suis ta soeur non? Et d’abord on dit : allô. Bonjour. A qui ai-je l’honneur svp?”
Grâce: ”Jeanne c’est sur moi que tu veux te muscler maintenant?”
Moi: ”Je vais te taper Grâce”
Grâce: ”Va taper la sorcière qui te sert de belle-mère”
Moi(en baillant): ”Pardon j’ai bien commencé ma journée stp. Ne parle même pas d’elle”
Elle : ”Tu es encore fatiguée?”
Moi: ”Oui. Je suis épuisée. La semaine a été vraiment éprouvante. “
Elle : ”Il faut dire que Georges te manque tout simplement”
Moi: ”En plus avec mes douleurs au dos là, je n’ai personne pour me masser”
Elle: ”Tu as des douleurs au dos? “
Moi: ”Oui. Sans compter que je mange beaucoup”
Elle: ”Tu pisses beaucoup?”
Moi: ”Oui”
Elle: ”Tu as pris du poids?”
Moi: ”Oui”
Elle: ”Il est possible que tu sois enceinte hein Jeanne”
Moi:”Quoi?”
Elle: ”Va faire un test et fais-moi signe”
Moi”.....Ok”
Serait-il possible que ça soit vraiment cela? Serait-il possible que j’ai pu rater cela? Pleines de questions me traversent la tête actuellement et j’ai plutôt du mal à me concentrer.” La meilleure chose est de me rendre dans une pharmacie et d’acheter un test de grossesse pour en avoir le coeur net.
Je suis sortie de la maison et ai marché à pied jusqu’à la pharmacie du coin. J’ai acheté un test de grossesse, de retour chez moi je me suis rendue sur le site “www.doctissimo.fr” où je me suis renseignée sur la meilleure période pour effectuer ce test. Je n’arrêtais pas de regarder ce test sans arrêt, chaque seconde. J’en devenais tout simplement obsédée. Je me suis mise en prière cette nuit et ai à peine dormi deux heures de temps cette nuit - là.
Le lendemain à mon réveil, je me suis rendue tranquillement à la salle de bains tout en étant tout de même anxieuse. Les minutes d’attente furent les plus longues et plus douloureuses d’après moi. Je fis une petite prière avant de me pencher sur ce petit objet. J’étais en état de choc:
il était positif….. oui positif…..
J’étais enceinte. Je n’arrivais pas à y croire. Il était enfin là cet enfant tant voulu, tant attendu et tant recherché. Je décidai de ne rien dire à personne tant que je n’aurais pas eu de confirmation.
J’appelai ma gynécologue sur le champ qui me demanda quel était le souci je lui expliquai la situation en deux quatre six…... et elle me fixa un rendez - vous le plus rapidement possible. Je devrais la rencontrer le lendemain et elle m’a conseillée de faire une prise de sang demain matin et de lui apporter les résultats. Je n’arrivais pas à y croire. J’étais allongée sur le lit et mon esprit se mit à s’évader. Je serai tellement heureuse d’être enfin maman. A chaque fois, mes yeux se posent sur l’horloge de la chambre: le temps passe lentement pour ce soir…. c’est fou ça !!!
***** Le lendemain*****
Je suis dans le bureau de ma gynécologue et je lui montre le test de grossesse positif que j’ai réalisé hier. Elle me pose encore quelques questions auxquelles je réponds avant d’ouvrir l’enveloppe contenant les résultats des examens sanguins effectués plus tôt dans la journée. L’expression de son visage est devenue neutre tout d’un coup quand ils sont sous ses yeux, ce qui suscita donc mon inquiétude à l’instant T
Dr: “ Au vu des résultats que j’ai ici, je peux vous affirmer à 100% que vous n’êtes pas enceinte”
NON….CE N’EST PAS CROYABLE !!!
Moi(peinée et paniquée): ”Comment….comment est-ce possible docteur? Le….le test était pourtant positif “.
Dr: ”Il existe des tests faux positifs”
Moi(choquée): ”.......”
Dr: ”Néanmoins, j’aimerai que vous alliez faire une radiographie”
Koum.
Moi: ”Que se passe-t-il? Qu’avez-vous pu voir d’autre si je ne suis pas enceinte?”
Dr: ”Votre taux de lysophospholipides est très élevé et bien plus que la normale”
Moi: ”Qu’est - ce que ça veut dire?”
Dr: ”Vos résultats sanguins révèlent la présence de marqueurs tumoraux. Plus précisément du CA - 125 qui est élevé, ce qui n’exclut pas la probabilité de la présence d’un cancer de l’ovaire”
Moi: ” Oh Mon Dieu! J’ai un cancer?”
Dr: ” On ne panique pas pour l’instant. Vous allez faire une biopsie qui infirmera ou confirmera notre diagnostic”
Moi: ”....”
Dr: ”Ne paniquez pas ok. C’est peut-être une mauvaise alerte”
Je suis sortie du cabinet complètement sonnée. Je ne préfère rien dire à Georges pour l’instant, en tout cas jusqu’à ce que j’obtienne le diagnostic final. J’ai réalisé ma biopsie et je suis retournée voir le médecin plus tard avec les résultats. Elle lut les résultats et les posa sur sa table. Ensuite, en me fixant droit dans les yeux, elle dit :
Dr(d’un ton calme et neutre): ” J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle”
Moi: ”.......”
Dr: ”La mauvaise nouvelle est que vous êtes bien atteinte d’un cancer de l’ovaire mais au stade 1. Cela veut dire que nous avons toutes nos chances pour le vaincre et on vaincra: c'est la bonne nouvelle”
Moi: ”.......”
Je me suis juste levée du siège comme un robot et ai fait quelques pas avant de m’écrouler. Trou noir.