Chapitre 3: Eaux troubles
Ecrit par kaynaliah
Quelques jours plus tard
Jeanne NTSAME
Je suis allongée sur mon lit et j’essaye de trouver une position confortable pour tenter de m’endormir. J’ai mal. Je suis fatiguée. Ma vie a pris un autre tournant. Alors que je m’apprêtais à être une maman , le ciel me tombe sur la tête. Je m’attendais à tout sauf à ça. A mon âge, qui peut penser avoir un cancer ? Personne. Et dire que j’ai toujours pensé que le cancer était une maladie affectant des personnes plus âgées. La vie là n’est rien vraiment. Durant les premiers jours qui ont suivi l’annonce du diagnostic de mon médecin, je suis restée dans un mutisme réconfortant. Je ne parlais plus. Je ne m’alimentais plus. J’étais tellement sonnée. Même répondre au téléphone était devenu une corvée pour moi. Je voyais tout en noir: mes rêves effondrés, ma vie écroulée, tout ce que j’avais réussi à construire jusqu’ici s’envolait comme un château de sable.
C’est dans cette atmosphère lourde et pesante que Georges me trouva et ne comprenait pas ce qui m’arrivait. Il pensait même avoir fait quelque chose de grave du genre oublier une date importante qui symboliserait quelque chose pour nous. Il ne cessait de me poser des questions mais tout ce que je voulais est qu’il se taise car je ne voulais rien entendre. Aucun bruit. J’avais besoin de calme et de solitude pour affronter l’épreuve qui m’attendait. Le problème est que je vivais presque dans un déni. Je refusais de l’admettre que j’étais malade. C’était juste impossible pour moi. J’ai commencé à me radoucir car je voyais que Georges se pliait en quatre pour me satisfaire, me faire plaisir mais j’étais distante avec lui. Une chose était certaine: je n’étais pas prête à lui révéler quoique ce soit. Je ne voulais pas encore lui en parler. J’avais encore besoin de temps.
Tous mes gestes étaient devenus automatiques. J’avais fait prolonger de quelques jours mon congé - maladie. Le matin, après que Georges soit parti au travail, je prenais ma voiture et roulait jusqu’à une école maternelle située à Louis. Je regardais les enfants jouer dans la cour depuis ma voiture. A chaque fois que mes yeux se posaient sur ces petits anges, mes larmes ne cessaient de couler. Quelle douleur ! Seigneur ! Suis - je appelée à ne jamais enfanter? Suis - je appeler à ne jamais porter la vie ? Suis - je appelée à continuer à souffrir ainsi ? Pourquoi suis - je autant affligée ? Et maintenant cette maladie sortie de nulle part. Je me suis renseignée sur internet et ce cancer est très dangereux. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas. Je suis perdue.
Pendant quelques jours, j’ai réussi à dissimuler cette information. J’ai réussi à garder ce secret intérieurement. Mais avec ce genre de maladie, on aura beau se mentir mais elle nous rattrapera toujours qu’on le veuille ou non? Un matin, alors que je dormais avec mon époux, je me suis sentie mal. En plus des douleurs abdominales que je ressentais depuis près d’une heure, j’avais de fortes nausées. Au bout d’un moment, j’ai senti quelque chose remonter. J’ai bondi du lit précipitamment pour me rendre à la salle de bains. J’ai claqué la porte derrière moi et me suis accroupie au niveau de la cuvette à WC. J’ai vomi je ne sais combien de fois et pendant combien de temps. C’était juste horrible. J’avais encore la tête dans la cuvette quand Georges est entré dans la salle de bains et a ramené mes cheveux en arrière.
-Georges: “Qu’est-ce que tu as bébé? Tu m’inquiètes là”
-Moi: “ Ca va passer chéri. Ne t’inquiète pas”
-”Geoges: “Tu as peut-être mal digéré ton dîner? Ou bien tu fais peut-être une intoxication alimentaire?....“Et si c’était ce que nous espérons depuis”
- Moi: “Mais de quoi tu parles?” dis-je en me brossant les dents”
-Georges: ”Et si tu étais enceinte?”
KOum Koum Koum
-”Tu t’en rends compte? Un mini - nous”
Il continuait de parler mais je ne l’ écoutais plus. Je voyais juste ses lèvres bouger. Je me rends compte tout d’un coup à quel point j’ai pu être méchante et égoiste. Oui je viens d’avoir un déclic. Je suis cruelle d’avoir dissimulé cela. je suis cruelle d’avoir caché une information aussi cruciale et importante à l’homme à qui j’ai promis il y a quelques années de l’aimer, de chérir et de respecter dans la maladie. Je le regarde à travers le miroir toujours en train de s’extasier tandis que mes yeux s’ embuent de larmes. Il faut que je lui dise. Je dois être honnête. Je dois lui dire. Je rince mon visage rapidement car je ne veux pas qu’il me voit pleurer. Je décide de prendre une douche. En me rendant à la terrasse, je vis la table dressée: Gabriel nous avait préparé le petit-déjeuner. Là j’ai craqué définitivement comme une madeleine.
-Georges : “Mais qu’est-ce qui t’arrive bébé?”
-Moi : “Snif….J’ai quelque chose à te dire”
-Georges: “Mais pourquoi tu te mets dans tous tes états?”
-”Moi: “Je dois te dire quelque chose”
-Georges: “Mais bébé tu deviens encore plus émotive qu’avant. T es sûre que tu n’es pas enceinte par hasard?”
-Moi :” Mais arrête tes insinuations de grossesse. Je ne suis pas enceinte et je ne sais pas si je porterai un jour la vie” hurlai-je
-Georges : “Qu’est-ce qui se passe Jeanne? Tu m’inquiètes sérieusement”
-Moi: “Snif”
-Georges: “Ne crois pas que je n’ai pas remarqué ton changement depuis quelques jours. Je sais qu’il y a quelque chose. Mais quoi? Je l’ignore encore. Attends ne me dis pas que tu m’as trompé?”
-Moi: “Georges, je veux te dire quelque chose et je ne veux pas que tu m’interrompes stp”
-Georges: “ Tu m’as trompé c’est ça? C’est à cause de ça que tu pleures comme ça?” cria-t-il
-Moi: “J’ai un cancer” criai-je en pleurant
-Georges: “Quoi?”
-Moi: Il y a quelques jours, j’ai fait un test de grossesse car j’avais les symptômes du signalement d’une grossesse…. Il s’est avéré positif”
-Georges: “ Tu es enceinte?”
-Moi: “Laisse-moi finir stp”
-George: “....”
-Moi: “J’ai pris rendez-vous avec ma gynécologue qui m’a dit que je n’étais pas enceinte. Mon test était un faux positif snif ”
-Georges: “...”
-”Moi: “ Néanmoins, j’ai effectué d’autres tests et on m’a découvert un cancer snif. Un cancer de l’ovaire snif”
-Georges: “Quoi? Mais pourquoi tu ne m’as rien dit Jeanne
-Moi:” Je suis mal Georges. Je ne sais quoi faire. Je vois toute ma vie s’envoler car ce cancer est très dangereux”
Il me fixa un moment avant de s’approcher de moi et d e me serrer fort dans ses bras. Ca m’a fait du bien. Je me suis sentie à ma place.
-Moi: “Je suis tellement désolée Georges. Désolée d ene pas te donner ce que tu devrais avoir”
-Georges: “Tout ce que je veux c’est toi et personne d’autre. On va se battre ok? Tu n’aurais pas dû me cacher ça. J’aurai dû insister auprès de toi. Tu vas t’en sortir. On va s’en sortir”
-Moi: “J’ai tellement peur Georges”
-”Georges: “On se battra jusqu’au bout ne t’inquiète pas.”
-Moi:”Snif”
-Georges: Que t’a dit le médecin?”
-”Moi: “Je suis au stade 1 pour l’instant mais ele me dit snif qu’on a toutes les chances de vaincre ce cancer”
-Georges: On y arrivera bébé. Ne t’inquiète pas”
Il me serrait fort dans ses bras tout en m’embrassant passionnément. Nos larmes mêlés à notre tristesse donnaient à l’acte passionnel que nous étions entrain de faire un goût amer. Je ne savais pas ce qui allait se passer dans nos vies désormais car je sais qu’elles en seront impactées. Georges a annulé tous ses rendez-vous et on a passé toute la journée à s’aimer et à se faire des promesses. Il avait appelé un cancérologue avec qui nous avions rendez-vous le lendemain.
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Le lendemain
Il est déjà 22 heures et Georges n’est toujours pas rentré. Je soupire. Pourquoi tout cela m’arrive donc? Pourquoi veulent-ils détruire mon rêve?
Flashback du rendez-vous du matin chez le cancérologue
Cela faisait déjà 30 minutes que nous étions à la salle d’attente. Nous avons rencontré le Dr Rivière, éminent cancérologue, ce matin et il m’a fait faire d’autres examens. Nous sommes passés récupérer les résultats et on attend patiemment dans la salle d’attente qu’il nous reçoit afin de prononcer son diagnostic final. Georges me couve un peu trop mais ça me fait plaisir. Il s’occupe de moi et veille sur moi. Il lit un magazine sportif tandis que moi je l’observe tout simplement. J’aime tellement mon mari. La secrétaire nous appelle enfin. Le médecin va nous recevoir. On entre dans son bureau et on s’installe. Georges lui tend l’enveloppe contenant mes exames et il les examine minutieusement avant de reporter son attention sur nous.
-Dr Rivière: ”Bien Mme NTSAME. Tout ce que je vous dirai est qu’on peut gagner cette bataille.”
-Georges et moi: ”C’est vrai?”
-Dr Rivière: “Oui. Vous voyez vous n’en êtes qu’au stade 1 et à ce niveau on a le plus grand taux de guérison”
-Georges: “Comment comptez-vous procéder?”
-Dr Rivière: “Nous allons faire de la chirurgie assimilée à de la chimiothérapie. Il est vrai que la chimio sera lourde car elle a ses effets négatifs mais nous serons là pour épauler votre épouse et veuillez à ce que tout se passe bien”
-Moi: “En quoi consiste exactement cette chirurgie?”
-”Dr Rivière: C’est très délicat cette partie et surtout pour les personnes de sexe féminin concernée”
-Georges: “C’est-à-dire?”
-Dr Rivière: “Pour nous assurer un succès, il est préférable d’effectuer l’ablation de l’appareil génital”
Comme vous l’aurez compris, dans cette ablation est pris en compte mon utérus, mon appareil reproducteur. C’est ça le sujet de la discorde entre nous. Je veux avoir en enfant un jour et je refuse qu’on me retire mon appareil reproducteur. Georges ne le comprend pas et m’a carrément dit qu’il me préférait en vie et en bonne santé que malade avec un enfant. Ca m’a fait mal. On s’est disputés et depuis qu’il est ressorti, je n’ai aucune nouvelle. Ca fait des heures déjà.