L’histoire ne dit pas si la femme dont il est question  dans cette histoire, a croisé dans la rue Paule-Marie. Mais toujours est-il qu’elle aussi, de nombreuses personnes la connaissent comme ayant perdu une partie de sa raison. Et pour cause. C’est à l’instant où elle a raccroché ce satané téléphone qui lui annonça la nouvelle du drame qu’elle a perdu l’esprit.

Le matin là-même elle avait dit au revoir à ses anges comme elle en a l’habitude. Cela fait déjà une dizaine d’années qu’elle répète ce rituel. Depuis que Dalyle a été assez grand pour aller à l’école. Lorsque ce fut le tour de Fatou sa sœur, tous les deux faisaient le chemin de l’école ensemble.

L’école n’était pas loin du domicile. Elle les accompagnait souvent du regard et soupirait d’après leur retour. Ce quotidien animait ces journées et faisait sa joie de vivre. Il n’avait rien de plus précieux pour elle que ses enfants qui grandissaient année après année sous son regard.

Puis un jour, parce que le papa a enfin fini de construire la maison, objet de leur rêve à tous, le ménage déménagea. Le nouveau quartier avait l’avantage  de n’être pas populeux. Ils y vivaient des gens raffinés et la vie s’annonçait encore plus chatoyante. Or, contrairement à l’ancien domicile, l’école est située tel  qu’il était impossible aux enfants de parcourir la distance à pied. Alors, le papa a dû acheter une moto à cet effet.

Il est revenu à Dalyle la responsabilité de conduire et lui et sa sœur à l’école et à affronter la dangereuse circulation urbaine. Un trafic urbain fait de piège à hommes, gouverné par un code de la route à règles variables en fonction de l’humeur des usagers.

Ce nouveau mode de transport à naturellement ajouté au stress de la maman. Chaque départ était pour elle une torture. Elle était tenaillée par l’inquiétude. Car, elle le sait, pour avoir assisté elle-même plusieurs fois à des scènes dramatiques d’accident de la circulation, que ses enfants courraient un risque énorme. Mais l’optimisme prenait le dessus sur l’angoisse et elle se remettait à la bénédiction quotidienne du « Que Dieu vous accompagne !» qu’elle leur donnait avant chaque séparation.

Puis, vint le jour où le diable s’en mêla. Les témoins de la scène n’ont pu dire pour quelles raisons le conducteur du camion benne a perdu le contrôle de son véhicule. Il a fallu moins d’une fraction de seconde pour que la vie du ménage bascule au drame. Les deux enfants sont retrouvés après le choc éventrés sur l’asphalte qui les menait à l’école. Dalyle avait en plus, le crâne fracassé.