Chapitre 2: Tragédie

Ecrit par Cornelie

Chapitre 2 : Tragédie

Après cet incident, la vie a continué. Maman a recommencé à acheter quelques bijoux mais elle n’était plus aussi collectionneuse qu’avant. Il semble que cette épreuve lui a permis de se détacher un peu de ce qui est matériel.  Chaque dimanche on allait à la messe à l’église catholique « La Résurrection ».  Maman était très engagée dans le groupe de prière du Renouveau charismatique tandis que papa était dans la Commission des intellectuels de l’église.  Moi j’allais à l’église et de temps en temps j’assistais à des concerts à l’église mais ce que j’aimais le plus c’était la lecture. Après avoir étudié mes leçons, je me retirai dans ma chambre pour bouquiner, c’était l’univers qui me permettait de m’évader. 

Quand j’eu treize ans, mon père m’a demandé de m’engager un peu plus à l’église et d’entrer soit dans une chorale soit dans un groupe de prière des jeunes. Vu que maman était engagée dans le Renouveau charismatique, elle m’a proposé d’entrer dans le Mijerca (Ministère des jeunes du renouveau charismatique). J’accompagnais souvent maman aux prières du renouveau les lundi soir. Il y avait beaucoup de joies de part les chants et l’ambiance générale. Les enseignements aussi étaient intéressants mais moi, ce sont les chants que j’aimais. Après avoir réfléchi en me disant « la chorale va me prendre beaucoup de temps car ils font des répétitions trois fois la semaine et après ils chantent le dimanche. Je vais essayer le Mijerca pour voir ce que ça va donner ». J’avoue que j’y allais plus pour faire plaisir aux parents. Il y avait réunion chaque samedi de 16h à 18h. On commençait toujours les réunions du Mijerca par une prière d’ouverture, des chants puis des débats sur des sujets divers. On nous montrait comment prier. La première fois que je suis allée à ces réunions, j’ai été bien accueillie. A la fin de la réunion, trois jeunes m’ont approché en me demandant ce que j’aime faire et si je voulais un engagement particulier dans le Mijerca (notamment dans le secrétariat, l’accueil, la trésorerie…). J’ai décliné en disant que je réfléchirai et je leur répondrais plus tard.  

Une fois nous avons eu une réunion du Mijerca au cours de laquelle le thème était « comment prier ? »  L’orateur fr Pacy (abréviation de Pacifique) nous a dit beaucoup de choses intéressantes mais celles que j’ai retenue étaient :

- La prière est une conversation, un moment de partage intime avec Jésus selon sa promesse : « Voici : je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse 3.20).

- Quand on a une conversation avec quelqu’un, il faut parler à la personne mais aussi l’écouter

- Prier c’est donc discuter avec Jésus. Prendre le temps de lui dire ce qu’on a dans le cœur et aussi l’écouter nous répondre par un chant, une parole de la Bible, un rêve, les paroles d’une autre personne …. 

- Déterminer un lieu et une heure de prière que nous allons respecter afin que cela devienne une habitude pour nous

- Avoir une bible que nous devons décider de lire chaque jour même si c’est un verset par jour.    

L’orateur nous a invité à prendre l’habitude de prier chaque jour. Non pas des prières rituelles habituelles de « Je vous salue Marie » ou « Notre Père » mais des conversations où on dit tout à Jésus que nous devrions considérer comme notre meilleur ami.   

Au sortie de cette réunion, je me suis dite que j’allais faire l’expérience d’une prière de conversation avec Jésus. Il y avait un grand tableau dans le salon de la maison qui représentait Jésus portant une brebis blanche et il était écrit « Le Seigneur est mon berger, psaume 23 ». J’aimais beaucoup regarder ce tableau parce qu’il dégageait l’amour que ce monsieur avait pour la brebis qu’il tenait dans ses bras. C’est ainsi que je me suis décidée à commencer à prier chaque matin durant minimum dix minutes pour confier à Jésus ma journée, mes parents, mes rêves … J’apprenais aussi à l’écouter et la plupart du temps ce sont les chants du renouveau qui me venaient en esprit ou quelques psaumes de la bible que je m’empressais de lire. Vu que j’aimais déjà beaucoup la lecture, il m’arrivait certains week-end de lire la bible. J’aimais beaucoup les histoires de l’ancien testament comme celle de Daniel dans la fosse aux lions, la libération du peuple d’Israël de l’Egypte, de Joseph devenu Gouverneur en Egypte …. Toutes ces histoires montraient la puissance de Dieu et c’était fascinant pour moi. 

Un soir de septembre 2005, maman et moi sommes devant la télévision à attendre le retour de papa. Maman depuis quelques jours est assez pâle, elle dit ne pas bien se sentir, de faire des rêves étranges de fête où elle voit des gens en blanc comme si c’était une fête. Or elle n’aime pas ce genre de rêve qui selon elle annonce souvent un deuil. Papa lui disait en se moquant d’elle « Nadine toi et tes soi-disant rêves prémonitoires !!! Arrête de t’en faire. Prie seulement et sois confiante en Dieu ! ». Mais elle ne disait rien. Subitement le téléphone de maman sonna, elle décrocha et après quelques minutes se mit à pousser de grands cris déchirants. Je le regardais en me demandant qu’est ce qui arrive à maman. Puis son téléphone est tombé de ses mains, elle a commencé à pleurer et à se rouler par terre. J’étais complètement dépassée par ce que je voyais. Une voisine ayant entendu ces bruits est venue et quand ma mère l’a vu, elle a commencé à dire « mon mari oooo mon mari, Dieu pourquoi lui ??? eeeeeee je suis finie, veuve à 38 ans mon Dieu ooooooo pourquoi ? » La voisine l’a prise dans ses bras pour la réconforter et c’est là que j’ai réalisé par ces paroles que mon père était décédé. Mes larmes ont commencé à couler sans même que je ne me rende compte, je me disais « Non ça ne peut pas être vrai, non pas mon papa, NONNNNNNNNNNNN ».

Depuis l’annonce de cette tragédie, plusieurs personnes de l’église et les membres de la famille paternelle défilent à la maison. Les jeunes du Mijerca passaient chaque soir pour nous réconforter et prier pour nous. A un moment j’ai arrêté de pleurer et j’étais en colère contre Dieu. Nous avons dormi à même le sol habillés en noir durant une semaine jusqu’à l’enterrement de mon père. Le jour de la veillée, le corps de papa est arrivé à la maison et c’’est là en le voyant dans le cercueil que je me suis rendue compte que c’était vraiment vrai, mon père était parti et il ne reviendrait plus.

Dans ma tête je me disais « Dieu tu es injuste, tu es méchant. Comment peux-tu me prendre mon papa maintenant ? Je n’ai que quinze ans. Je n’avais que ma mère et lui et maintenant tu le reprends. Que vais-je devenir. Qu’allons-nous devenir ? Qui me fera encore rire ? Qui va encore m’apporter des chocolats et des bonbons ? Qui va encore me conduire à l’école dans la mercedes ? Qui sera encore là avec moi pour se moquer de maman ? Qui va encore me donner des conseils ? C’est lui qui m’a demandé de m’engager dans l’église pour te servir et toi Dieu c’est comme cela que tu le récompenses ? Non Seigneur je te déteste. Pourquoi me fais-tu ça ? Que t-ai-je fait ? Dis-moi ce que je n’ai pas fait ? Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour que tu me redonnes mon papa, pour que tu le ressuscites comme tu as ressuscité Lazare ? Dis Seigneur, dis –moi snifff snifff snifffff »

L’enterrement a été encore plus triste. Maman et moi voulions être enterrés avec lui mais des gens nous ont retenu de tomber dans la fosse où était le cercueil. 

Une semaine après l’enterrement, toutes les personnes qui dormaient à la maison durant le deuil étaient rentrées chez elles. La famille de papa a voulu nous créer des problèmes notamment les grandes sœurs de papa disant que c’est ma mère qui avait tué son mari et qu’on devait la chasser de la maison. Mais heureusement l’aîné de leur famille tonton Robert a exigé à tout le monde de nous laisser en paix et de respecter la mémoire de son frère. Il nous a assuré que personne ne viendra nous chasser et qu’il s’engage à passer nous voir et à prendre soin de nous comme il pourra.

Marie, femme pieuse