Chapitre 20
Ecrit par sokil
Chapitre 20 :
Il était d’une naïveté !!! Mbela Victor ! Ce type que tout le monde craignait, admirait et respectait. Mais il avait ce défaut, ce vice là, celui de s’étourdir devant certaines créatures. Elle était bien son genre ; bien menue et noire…Priscilla ! Il avait roulé ses yeux lorsqu’il me l’annonça avec un de ces larges sourires. Ses yeux brillaient, on aurait dit un petit garçon de cinq ans s’extasiant devant toute une panoplie de jouets ! Moi je n’avais pas souri ; il fallait bien que je le lui montre pour une fois ; c’était lui le patron, et toutes les décisions lui revenaient, mais malgré ça je lui manifestai indirectement mon indignement. Je restai de marbre et si indifférente face à cette annonce et même face à elle. Je déposai les parapheurs sur sa table et je tournai le dos, mon regard froid et neutre que je lui lançai avant de sortir ne le décontenança pas le moins du monde ; il conversait avec Priscilla avec un naturel et une excitation qu’il laissa paraître. Mais il était comme ça Mbela Victor.
Elle avait ça en elle, cette manie de savoir les faire tous tomber à ses pieds. Arborant toujours des tenues affriolantes, elle savait les faire languir et les tenir en laisse. L’annonce de cette nouvelle me fit froid dans le dos, pour moi c’était pire que l’annonce d’un décès. Je l’avais vue se contorsionner sur la chaise et rouler des yeux amoureusement pendant qu’elle lui parlait de son parcours académique, de sa situation matrimoniale et tout le reste, je croyais rêver.
- Oui je suis diplômée de HEC, une grande Ecole de commerce en France! Et en tant que femme très entreprenante, je touche à tout ! Vous voyez ce que je veux dire ! J’ai été mariée deux fois et divorcée une fois… Mon dernier mari, un allemand, vient de décéder, alors j’ai décidé tout simplement de rentrer chez moi. J’adore mon pays ! Je n’ai seulement pas eu de chance avec ma boutique qui a fermé depuis longtemps !
Il fallait connaître « Petite Fleur » pour savoir qu’elle excellait dans la comédie. Le mensonge et la manipulation étaient son fort. Elle n’avait pas évoqué sa relation avec Placide, son ex copain qui croupissait en prison quelque part en Angleterre car celui-ci était soupçonné dans une sombre affaire de détournement d’argent, d’escroquerie, de faux et usage de faux ! Elle avait omis de lui parler de ce détail, de ce qui les caractérisait si bien, l’argent ! Mbela Victor venait de commettre une très grave erreur, celle de jeter Priscilla dans la cage aux trésors… L’annonce n’avait pas encore été faite officiellement que la rumeur se répandit en moins d’une heure dans tous les bureaux. L’apprenant de la bouche même du boss, la rumeur était donc bien fondée. Elle avait apparu brusquement dans mon bureau, toute haletante, manquant de tomber et de renverser toute la panoplie de documents entassés sur la petite table juste à côté de la porte ; Inès, la fameuse petite cousine de l’amie de Mendomo !
- Jaïda !!! Jaïda !!! Tu… tu n’en croiras pas tes oreilles !!! Tu sais ce que je viens d’apprendre ?
- Calme-toi et respire ! Tu veux parler de quoi ?
- Tu te souviens de la femme qui avait la boutique juste à côté là ? PP… truc ! Mendomo !!!
- Oui oui !!!
- Figure toi qu’elle va bosser ici ! C’est chaud !
- Comment le sais-tu ?
- Mais qu’est ce qui se cache ici ? Il paraît qu’elle va occuper un grand poste ! Ça ne m’étonne pas qu’elle fricote déjà avec le boss !
- Tu penses ?
- Hum !!! Sinon comment se fait il qu’on la prenne directement à ce poste ? Elle ne connait rien ! Elle n’a même pas le Bacc ! Elle se sert juste de ses atouts pour obtenir ce qu’elle veut ! Les gens sont forts ici dehors ! Quand ma grande cousine va apprendre la nouvelle, je pense qu’elle va seulement s’évanouir !
Intérieurement j’avais pensé comme Inès ; ce n’était pas étonnant que Mbela Victor ne se soit déjà pas laissé emporter par son instinct bestial ; tous les deux jouaient à un jeu dangereux, et je me demandais bien qui des deux l’emporterait au final. Je venais de fermer à clé la porte de mon bureau, mon boss venait de me libérer à plus de 19h passés. Toute la journée il s’était absenté et n’était revenu qu’aux alentours de 18h. Lessivée comme d’habitude, mais encore plus exténuée à cause de la nouvelle du matin, celle de savoir que Priscilla et moi devenions collègues. Je ne pensais qu’au futur, mais surtout à l’avenir de la compagnie. A peine j’étais sortie de l’ascenseur au niveau du rez-de-chaussée que j’entendis du bruit, ça venait du parking, c’était le ronflement d’une voiture. Ce n’est que lorsque j’entendis sa voix que je ralenti le pas, ne voulant pas me faire remarquer; avant d'emprunter l'autre sortie je me rapprochai quand même discrètement du parking et c’est alors que je vis de mes propres yeux, le chauffeur lui ouvrir la portière ; Priscilla sorti de là en bavardant au téléphone, elle riait aux éclats ! La berline n’était autre que celle de Mbela Victor. Une fois de retour chez moi, j’avais pris une décision, elle était catégorique.
- Maman ! Je vais démissionner !
- Quoi ? Que quoi ?
- Tu as bien entendu !
- Avec le travail qui est dur à trouver ici dehors ! Qu’est ce qui se passe ?
- Il se passe qu’elle est revenue ! Et ça je ne pourrai pas le supporter, même pas un jour de plus !
- Tu parles de qui ? Elle c’est qui ?
- Priscilla… Mendomo alias, Priscilla Blumberg !
- Blum… Quoi ? Attends recommence… Priscilla Blum… quoi ? a fait quoi ?
- Figure toi que non seulement elle est revenue, mais nous serons désormais collègues! Mon patron me l’a dit ce matin même de sa propre bouche; ce n’est pas une rumeur, c’est vrai !
- Je comprends… Mais tu ne démissionneras pas pour ça !
- Jamais !!! Je ne pourrai pas supporter ! Tu imagines ? La croiser tous les jours dans les couloirs, ou encore, il pourrait arriver que nous travaillions ensemble, je ne sais pas moi ! Je ne peux pas la supporter…
- Je peux comprendre que tu démissionnes en ayant trouvé mieux! Mais tu ne peux pas le faire à cause d’un caprice !
- Maman ! Cette « Petite Fleur » est la cause de tous mes soucis et ça tu le sais très bien et mieux que personne! Toi-même tu as vu comment j’ai failli mourir !!! Quand elle se trouve sur mon chemin la suite est toujours catastrophique ! Elle a toujours été jalouse de tout ce que je possède ! Maintenant qu’elle a eu des problèmes en Europe avec Placide, et elle trouve bon de revenir me tenter là où je travaille !
- Elle sort même d’où celle là ? Pourquoi n’est elle pas restée là où elle était ? Tsuiiip !
- Je ne sais pas ! Maintenant elle se fait passer pour la veuve d’un allemand ! Elle a gardé son nom ! Le danger me guette ; je préfère m’en aller, partir de là !
- Mais tu vas alors faire comment après ?
- Je dois informer Jess… Son père est entrain de devenir fou ! La société va tomber je te dis ! Et le comble c’est qu’il la recrute comme Sous Directeur des Finances et de la Comptabilité ! C’est grave !
- Qu’est ce qu’il lui arrive à ce papa ! Toujours fourré sous les robes des femmes !
- Je suis tout juste dépassée ! Je vais le dire à Jess ! Il faut que je parte de là !
- J’ai une idée ! Je ne sais pas si elle est bonne mais tu peux toujours procéder ainsi.
- Tu veux parler de quoi ?
- Reste, ne démissionne pas !
- Non !!! Tous ces derniers temps je t’ai écoutée, je t’ai obéis à cause de tout ce qui s’est passé ! J’ai écouté tes conseils je t’ai toujours mise au courant de tout, même de ma relation avec Jess ! Mais là ! Tu vas m’excuser je ne t’écouterai pas ! Je vais démissionner maman !!!
- Tu vas m’écouter ? Je n’ai même pas fini de parler !
- Je t écoute, mais d’une oreille !
- Je disais que tu ne peux encore démissionner maintenant ! Mon idée est la suivante ; tu m’as dit l’autre jour que Jess t’invite là bas chez lui n’est ce pas ?
- Oui ! Il m’a dit de faire une demande de visa, il compte m’envoyer une invitation sous peu !
- Voilà ! Et il t’a dit quoi d’autre en ce qui concerne ton travail ?
- Il … il m’a dit que ça tombe même bien que je travaille dans une compagnie comme celle de son père ! J’aurai tous les papiers nécessaires pour faire une demande de visa !
- Bon toi-même réfléchis un peu… Je ne sais pas comment ça se passe dans les ambassades, mais je crois qu’il vaut mieux profiter de ton statut de travailleur si tu veux avoir le visa !
- Pfff !!! Tu as encore raison !
- Je n’ai pas dit que j’ai raison, mais en voyant la situation, je crois que tu dois rester, et garder la tête froide ! Même si elle va travailler là bas, cela ne va t’empêcher de vivre et de respirer. Tu as un objectif précis, celui de voyager et qui sait ? Si tu as le visa tu pourras décider à ta guise… Réfléchis bien à ça.
Je comptais bien mettre mon plan à exécution, je souhaitais de tout cœur que tout fonctionne comme sur des roulettes, à savoir garder mon travail, obtenir mes congés et demander le visa juste après. Depuis plus d’un mois que Priscilla était là, sa présence se faisait vraiment ressentir ; sa fonction de Sous Directeur lui donnait des ailes pour rien ; très médiocre dans le travail, tout le monde avait fini par se rendre compte que ce poste avait été crée uniquement pour ses beaux yeux ! Tout le monde savait qu’elle était la « petite » du boss ce qui lui valut la place de privilégiée dans la boîte. Personne n’osait la défier et encore moins lui faire une quelconque remontrance ; bien qu’elle soit là uniquement pour meubler le décor, elle était la plus insupportable et la plus invivable qui soit. Il n’y avait pas que moi seule qu’elle exécrait au plus haut point, nous étions tous unanimes. Ses petits caprices, nous en avions par-dessus la tête.
- Bon à partir d’aujourd’hui j’exige que tout le monde m’appelle « Petite Fleur » C’est compris ? Je suis toujours fraîche comme la fleur qui vient d’éclore, surtout le matin !
Elle pensait amuser la galerie en nous balançant ce genre d’inepties en pleine réunion ! Tout compte fait nous avions fini par la surnommer en sourdine « Petite Peste » Tout le monde fini par nous soupçonner elle et moi, on ne se parlait pas et même lorsqu’elle tentait une technique d’approche envers moi, mes réponses étaient bien préparées et je les lui balançais en face sans cligner des paupières. Ils avaient conclu qu’une affaire d’homme nous liait sûrement et que nous passions notre temps à nous accaparer de l’estime de notre très cher Mbela Victor. S’ils savaient ! Un après midi, elle avait eu le culot de m’appeler dans son bureau.
- Allo ? Jaïda ! Tu as une minute ? Viens dans mon bureau, il faut qu’on parle !
- Et puis savoir de quoi tu veux me parler ?
- Du travail bien entendu !
- J’arrive !
C’était la première fois qu’elle me tente vraiment de la sorte et que nous nous retrouvions face à face. Gonflée à bloc, je m’y rendis, dans le but de savoir ce qu’elle tenait vraiment à me dire tout en souhaitant que ça ne relève que du travail. J’ouvris la porte sans toquer.
- Je suis là !
- Assois-toi !
Chose que je fis malgré moi, tout en la regardant de haut.
- Je t’écoute !
- On m’a apporté un parapheur ce matin, et j’ai vu ta demande de congés !
- C’est bien le cas !
- Tu es sans ignorer que nous sommes en pleine période de récession et nous devons redoubler dans le travail ! J’ai bien dis ça l’autre jour en réunion que les départs en congé devraient être reportés, je ne comprends pas pourquoi le DG a donné son accord, je vais lui demander de…
- Permets-moi de te dire que primo, je ne dépends pas de ton département, deuxio, je ne fais pas partie de ceux dont a reporté les congés et tertio, quand le Dg signe on ne discute pas ! Il l’a fait après que je me sois entretenu avec lui à ce sujet !
- Je connais bien les raisons qui te poussent à partir en congés ! J’ai le droit de rejeter ça !
- Ah oui ? Et comment vas-tu t’y prendre ? De la même manière que tu as toujours procédé ? Regarde moi bien dans les yeux « Petite Peste » ce n’est pas parce que nous sommes collègues et que tu occupes ce poste bidon que tu vas te permettre encore une fois de plus de me faire le coup ! Ta petite sorcellerie cette fois ci ne m’atteindra pas ! Je suis dans mes droits d’obtenir un congé en bonne et due forme ! Je te conseillerai de transmettre ce document aux personnes compétentes afin que je puisse rentrer en possession de ce qui m’est dû, à savoir mes frais de congés !
Je me levai brusquement de la chaise et en voulant tourner les talons, elle se mit à me proférer des paroles et des menaces.
- Tu crois que tu vas t’en sortir ? Non seulement tu m’as fait ça mais tu m’as pris ce qui m’était cher… Mon … bébé !!! Ce n’est pas de ma faute s’il t’a laissée tomber… Pour moi ! Il me faisait tout le temps la cour!
Piquée au vif, je fermai rapidement son bureau à clé, le temps de lui dire deux mots sans que personne ne nous surprenne ; je me retournai et je finis par lui dire avec toute la sérénité du monde.
- Tu vois Priscilla, tu sais pourquoi moi je suis plus forte aujourd’hui ? C’est parce que j’ai pu pardonner à toi et même à Placide ! Je n’ai fais que me protéger de vous ! Comme tu passes ta vie à me suivre et à me prendre ce qui m’appartient, mets-toi dans le crâne que tu ne fais que courir à ta propre perte ! A présent je sais qui tu es et je connais toute ta vie… Fais gaffe ! Tu ferais mieux de te battre pour récupérer les trois enfants que tu as abandonnés, de rester tranquille et de fermer ton clapet … Mendomo !
- Où … où as-tu entendu ce nom ? C’est Inès !
- Oui c’est Inès… Elle a bien fait de démissionner après avoir trouvé mieux ailleurs… Tu pourris l’environnement ! Sache aussi que tu n’es pas en reste car tu es bien plus trempée que Placide dans les différentes affaires de détournement de fonds, tu sais de quoi je parle !
Elle méritait que je lui parle de cette façon à défaut de lui casser la gueule. Je défendais bien mes intérêts et cette demande de congé comptait beaucoup plus pour moi. Jess m’avait envoyé l’invitation et tous les documents requis et moi j'avais obtenu mes droits de congé ; la nouvelle de la présence de Priscilla dans nos locaux le motiva dans le sens où il accéléra le processus.
- Il faut faire vite ! Fais surtout très attention à toi et évite là au maximum ! Si tu obtiens ce visa, je ferai en sorte que tu restes ici…
- D’accord. Mais il faut que ton père sache que la compagnie est en danger, il a perdu la tête, je te jure !
- Ça le regarde Jaïda, ce n’est pas mon problème ! C’est un homme âgé de plus d’une cinquantaine d’années, alors il fait ce qu’il veut ! Priscilla n’est qu’une passade pour lui, quand il va s’en lasser, il se débarrassera d’elle !
- Pourvu qu’elle ne l’empoisonne pas avant !
- Mon père à l’air naïf ! Mais il est plus avisé que tu ne le crois, laisse le faire… Au fait ton rendez-vous à l’ambassade est fixé pour quand ?
- La semaine prochaine…
Je ne sus pas si ma dispute avec Priscilla eut un impact sur le projet, bien que je refoulai ça d’un revers de la main. Ça n’avait pas marché, on m’avait refusé le visa ! Après tout ce que j’avais fait, tous les efforts consentis, rien ! Même après la requête et même les recommandations de Jess, rien n’avait marché. Abattue et inconsolable, j’avais pensé à tout, mais surtout je pensais que j’étais victime de la fatalité. Pourquoi fallait-il que tout ce que j’entreprenais ne marche pas à l’immédiat ? Pourquoi fallait-il toujours que je me donne corps et âme pour que les choses même futiles puissent fonctionner ? Je n’avais pas de réponse, et encore moins Jess. Il avait fait du mieux qu’il pouvait, je l’avais senti plus accablé que moi au téléphone bien qu’il ne le laissa pas paraitre, ce qui me plongea encore dans une grande tristesse.
- Aller faut pas se décourager ! On… on va réessayer une autre fois ! Je ferai tout pour être au pays avant la fin d’année, si j’obtiens quelques jours de congés, je viendrai!
- Ok ! Que ce qui arrive, arrive !
- On va trouver une solution. J’essaie aussi d’être stable dorénavant, je vais commencer à mieux m’organiser !
- Je vais passer ces congés dans la plus grande tristesse, et sans toi !
- C’est vrai ça me fait beaucoup de peine ! Essaie juste d’occuper ton esprit, détends toi, et surtout fais la fête avec tes amis !
- Ce n’est pas facile, mais j’essayerai !
- N’essaie pas fais le ! C’est pour ton bien ! Je trouverai un moyen d’être là, mais seulement en fin d’année.
Ces congés furent les pires que j'eus à passer, bien que je décidai de donner un coup de main pendant toute cette période à ma tante avec son élevage de poulet et autre ; mais je me sentais au fond très seule et perdue dans mes pensées. Tante Sidonie elle-même, très prise par ses activités, ne passait pas beaucoup de temps à la maison ; il lui arrivait de voyager et de ne rentrer que deux ou trois jours après. Je ne lui en voulais pas du tout et je trouvai cela normal qu’elle soit si occupée et qu’elle s’en sorte. Mais je ne l’attendais pas ce jour ; elle était partie en voyage depuis une semaine ; j’étais sortie avec une amie d’enfance pour me détendre un peu. De retour, à peine descendue du taxi, je vis une voiture garée tout près de l’immeuble mais je n’y prêtais guère attention. C’est elle qui m’appela et me fit signe d’approcher. Elle venait de sortir de ce véhicule ; un homme était à bords, je ne l’avais jamais vu.
- Viens Jaïda, que je te présente Frédérique, un bon ami !
J’avais pu reprendre mon travail un mois après, la mort dans l’âme ; je savais que cette « Petite Peste » de « Petite Fleur » ne se laisserait pas faire après avoir encaissé ma riposte de la dernière fois ; je savais qu’elle me mènerait la vie impossible. Ce qui fut le cas une semaine après ma reprise. Je constatai qu’on m’avait fait changer de bureau et on m’avait plutôt installée dans un tout petit local. Il m’avait été rapporté que cela avait été fait par sa demande, sous prétexte que je n’avais pas besoin d’un si grand espace pour le poste que j’occupais. Mon patron n’avait pas levé le petit doigt. Je supportai et je ne rechignai pas. Je souhaitai en parler à ma tante, mais celle –ci se faisait de plus en plus rare ! Elle m’avoua qu’elle fréquentait ce Frédérique ; j’avais aussi compris qu’elle se sentait déjà à l’étroit chez moi et qu’il fallait que je la laisse partir ; elle avait sa vie elle aussi à mener, tout comme moi j’avais la mienne avec mes déboires.
J’avais pris ma décision, depuis plusieurs jours ; j’y réfléchissais. Jess était d’accord ! Il m’avait juste mise en garde que les débuts seraient difficiles bien qu’il comptait me soutenir financièrement pour un temps, mais je n’en pouvais plus. Priscilla occupait tout mon espace au point où elle finit par me ravir ma place d’assistante en quelque sorte ; j’étais dorénavant reléguée aux taches banales. C’est elle qui allait partout avec lui, voyageait avec lui, pour des missions et autres, chose que je n’avais jamais eu le privilège d’avoir. Pour moi c’était la goutte de trop. Je l’avais dit à Jess.
- Je dépose ma démission lundi Jess ! J’en ai marre ! Ton père est complètement aveuglé !
- Laisse le faire… Tu seras surprise !
- Mais je vais démissionner !
- Ok ! Dans ce cas Je connais quelqu’un qui pourrait t’aider à trouver peut être mieux !
Avec le soutien de Jess, j’eus la force de le faire ; je me sentais motivée plus que jamais. Je comptais lui dire ça de vive voix avant de passer par la procédure administrative. En marchant dans les couloirs, je me sentais si sereine ; je me souvins de ma toute première fois lorsque je pénétrais dans ces lieux, toute timide et impressionnée ; aujourd’hui je ne ressentais plus rien, je voulais m’en aller un point c’est tout. Tout comme la première fois, je pris une profonde inspiration, je toquai à sa porte, avant d’entrer.
- Ahhhh Madame Badjeck ! Venez vous assoir, je vous attendais depuis ce matin, j’ai appelé à votre bureau ! Mais où donc étiez-vous?
- Je n’ai plus de téléphone depuis qu’on m’a changé de bureau… J’ai longtemps attendu qu’on me rétablisse la ligne. Mais je suis venue pour vous dire que…
- Ok ! C’est un petit problème. Dites-moi ? Vous avez un passeport ?
- Oui monsieur !
- Je vais en mission lundi prochain pour Paris ! Cette fois ci vous m’accompagnez ! Ah au fait Mme Blumberg ne fait plus partie de nos effectifs à compter de ce jour…