Chapitre 20: Eugène MUNTU
Ecrit par Missladj
CHAPITRE 20: Eugène MUNTU
Mme MUNTU
Je m’adosse sur
la porte que je viens de claquer sur le jeune monsieur et pose la main sur mon cœur
pour reprendre mon souffle. Ma respiration redevenant normal, je me précipite
dans ma chambre pour lancer un appel. Après quelques sonneries la personne
répond.
Moi: Il est venu,
et il cherche la vérité comme Hervé l’avait prédit.
Interlocuteur: Tu
ne lui as rien dis j’espère?
Moi: Non j’ai fait
l’hystérique pour qu’il s’en aille et lui ai donné le lieu et l’heure du
rendez-vous.
Interlocuteur:
Très bien mon amie, à moi de faire ma part, et toi pendant ce temps tu refais
ton apparition en public, le temps de la veuve éplorée est révolu Mme MUNTU
doit refaire surface pour terminer ce que Eugène avait commencé.
Moi: Et pourtant
la douleur persiste, ce n’est pas un acte j’ai mal d’avoir perdu ma famille.
Mais comme tu le dis le moment est venu de reprendre les rênes.
Interlocuteur: On
a tous peur, mais si on veut libérer le pays et mettre Ange à sa tête, il faut
qu’on le fasse, tu comprends?
Moi: Oui, je...
J’entends des
grésillements à l’autre bout du fil et puis plus rien. On a été coupé. Oh mon
Dieu, fait que tout ce pourquoi je me bats aboutisse.
Sandos
Je regarde Makana
entrain de ranger ses affaires, elle à décider de retourner chez elle
maintenant qu’elle estime que je vais mieux. On n’est pas liée pour rien, elle
a tendance à l’oublier mais pour moi c’est continuel, mon lien avec elle je le
sens à tout moment. Je sais qu’elle a rencontré un homme et qu’elle a une
aventure avec lui, mais jusque-là elle ne m’a encore rien dit. Je ne comprends
pas pourquoi elle me le cache. Je suis son amie pourtant, je lui dis tout et je
pensais que c’était réciproque mais apparemment non. Au début je pensais que
c’était Nathan qui l’occupait mais non, puisqu’il vient toujours me voir afin
de tomber sur Makana mais ces derniers temps elle n’est presque jamais là. Plus
j’y pense plus je me dis que si elle refuse de me parler de sa relation c’est
que ce doit être avec une personne qu’elle sait que je n’apprécie pas.
Moi: C’est Zach
n’est-ce pas?
Elle arrête
brusquement ces mouvements et me regarde.
Elle: Oui c’est
lui.
Je la fixe un
moment et tourne les talons pour rejoindre ma chambre que je ferme à clé. Je
m’éloigne de la porte et lance un coup de fil.
Nathan: Ma
chérie, c’est comment?
Moi: Je vais bien
et toi?
Nathan : Je
vais très bien aussi, sauf que ton amie joue les difficiles à trouver.
Moi : C’est
la raison même de mon appel. Je vais t’aider à l’avoir. Je te dirais tout ce
qu’elle aime et quoi faire pour qu’elle tombe sous ton charme.
Nathan :
Wow…je ne sais pas ce qui s’est passé entre hier et aujourd’hui mais ce n’est
pas pour me déplaire. On commence quand ?
Moi : Tout
de suite, si tu as du temps, tu peux venir chez moi. Elle se prépare à
retourner chez elle et ça serait bien que tu l’as raccompagne tu ne penses
pas ?
Lui : Je
serais la dans 5 minutes.
Je raccroche
rapidement et me poste devant l’unique fenêtre de ma chambre, le regard dans le
vide. Makana ne le sait pas encore mais Zach n’est pas fait pour elle, je crois
qu’elle est toujours bouleversée par ce qui lui est arrivée donc elle n’est pas
à même de prendre des décisions sensées. Il ne fera que de lui faire du mal et
le temps qu’elle s’en rende compte il sera trop tard, donc mieux je prends sur
moi pour éviter les dégâts. Elle me remerciera plus tard.
Après quelques
minutes à réfléchir, je retourne dans le salon au rez-de-chaussée, les affaires
de Makana sont déjà devant la porte. Je la retrouve dans la cuisine buvant un
verre d’eau.
Moi :
Excuse-moi pour tout à l’heure, je me doutais un peu de ta relation avec Zach,
mais quand tu l’as confirmé ça m’a quand même un peu choquée.
Makana : Ne
t’inquiètes pas, tu as toujours été très protectrice envers moi mais je veux
que tu saches que je sais ce que je fais. Je suis en train de tomber amoureuse
de lui et je voudrais que tu respectes mon choix, je sais que ce qu’il a fait
est difficilement pardonnable mais je l’ai pardonné, je me sens bien avec lui.
Je l’a prends
dans mes bras et l’embrasse fort pendant un moment.
Moi : Ma
sœur, quel que soit la décision que tu prends aujourd’hui et que prendras
demain je serai toujours avec toi. Cela dit, je te dirais aussi toujours ce que
je pense tout en respectant tes choix.
Elle : Je
t’aime ma Sandos.
Moi : Moi
aussi je t’aime mon amour. Euh…tu m’excuses hein, je ne pourrais plus te
raccompagner comme prévu. Il y a ma belle-mère qui a fait un malaise, je dois
impérativement me rendre chez elle.
Elle :
Oui…bien sûre, tu fais quoi encore à me parler ? Met toi déjà en route ne
t’inquiète pas pour moi je prendrais un taxi.
Moi : Oh ne
t’en fais pas, il y a Nathan qui était en route pour me rendre visite mais
comme je dois sortir, je lui ai proposé de te raccompagner chez toi. Ca ne te
dérange pas j’espère ?
Elle : Bah
non pas du tout !
En même temps, la
sonnerie de la maison retentit, Nathan est là. Il nous fait la bise et porte
directement les affaires de Makana dans sa voiture. Je ferme ensuite la porte
de la maison à clé et me dirige chez ma belle-mère.
MAKANA
Le trajet jusqu’à
chez moi se passe dans le fou rire. Nathan est vraiment quelqu’un de bien drôle
je dois avouer. Il a l’air d’être un homme simple qui ne se prend pas la tête.
Tout le contraire de Zach, il n’est pas trop grand, pas super beau, un homme
normal quoi. Toutefois, il est charmant et s’habille fort bien toujours en
chemise et pantalon. En temps normal, c’est mon genre d’homme. Il gare devant
la maison et m’aide à descendre mes valises qu’on laisse sur le perron.
Nathan :
Madame comme vous êtes arrivés à bon port, je vais demander la route, mais
avant j’aimerai t’inviter à dîner. Sans arrières pensées bien sûre, je sais
qu’avec mon large front et mon nez épaté je n’ai aucune chance avec toi, j’ai
juste aimé causé avec toi durant le trajet et j’aimerai qu’on remette ça devant
un bon repas et une bonne bière ou deux on ne sait pas.
Moi
(rigolant) : Vu que tu t’es déjà moqué de toi je ne peux plus rien
ajoutée…ah ah ah…. Non mais sérieux ça me ferait plaisir de dîner avec toi,
disons demain soir ?
Nathan :
Parfait, allons pour demain, on se retrouve aux mille collines à 19h je
t’emmène dans un endroit que tu n’as encore jamais vu.
Moi : Ah ah
ah… pardon je suis la carte de Kigali, il n’y a pas un endroit dans Kigali que
je ne connais pas.
Il me fait un
sourire en coin, une bise puis retourne dans sa voiture et quitte les lieux.
Je porte mes
valises à l’intérieur de la maison puis me dirige dans ma chambre. Je ne sais
pas pourquoi, mais j’ai l’impression de ne pas être seule dans la maison. Sans
allumer les lumières, je me précipite sur ma table de chevet et prends l’arme
que m’a remise Zach pour ma protection. Par la suite, j’allume la lumière et
reste sur place dos collé au mur, avec mon pistolet bien armé prête à tirer.
Moi : Qui
que vous soyez sortez de votre cachette, je suis armée et je n’hésiterais pas à
tirer.
ZACH
Je suis au lieu du rendez-vous comme indiqué dans le
papier que m’a remis Mme MUNTU. L’endroit est désert, je suppose que la
personne veut une rencontre loin des oreilles et des regards.
Ca fait déjà un moment que je suis là et personne en vue
sauf une voiture qui tourne en rond. C’est clair que c’est suspect, la
prochaine fois qu’elle fait un tour par ici je l’arrête pour voir ce qu’il en
est.
La voilà qui réapparaît mais cette fois-ci se gare pas
très loin de ma voiture. Un homme sort de la voiture, grand, d’un certain âge
avancé, habillé d’un jean délavé presque sale, et d’un t-shirt à l’image du
jean, des chaussures crasseuses et d’une casquette.
Il y a deux cas : soit cet homme n’a vraiment pas
les moyens d’être plus décent, soit il cherche à passer inaperçu. Je penche
plus pour ce dernier parce que la beauté de la voiture contraste avec l’habillement.
Il me regarde, hoche la tête puis me dépasse et continue à marcher droit devant
lui, une enveloppe à la main. Je le suis de près jusqu’à une maison en chantier
abandonnée.
Moi : Bonsoir monsieur.
Lui : Bonsoir Zach.
Moi (étonné) : On se connaît ?
Lui : Non pas personnellement, mais vous connaissiez
mon fils Hervé MUCYO.
Moi : Eugène MUNTU ?
Lui : Eugène MUNTU a disparu pour vous ça sera
Fabrice.
Moi : Très bien Fabrice.
Lui : Ecoutez, je n’ai pas beaucoup de temps je dois
bientôt quitter le pays pour quelques temps, enfin jusqu’à ce que les choses se
tassent ici. Tout va mal dans notre gouvernement et vous le savez. Les idées
divergent, les hommes veulent toujours plus de pouvoir, plus d’argent. La jeune
KAGAME qui veut prendre le pouvoir fera de grandes choses pour ce pays, elle élèvera
notre standard encore plus haut et rendra la vie des citoyens encore meilleure,
mais son chemin est parsemé d’embûches, elle a de farouches opposants qui sont
prêts à faire couler le sang pour qu’elle tombe. Les gens importants qui la
supporte et financent sa campagne sont en train de disparaître petit à petit.
Les enquêtes ne mènent nulle part, on est en train de perdre la bataille, elle
résiste mais il faut que ça s’arrête tu comprends ? Avant que Hervé ne
prenne l’avion il est venu me voir je lui ai parlé de mes doutes et de ma
décision de disparaître parce que le danger me guette. Ils ne peuvent pas
atteindre Ange directement donc ils passent par ses supporters puissants. Il
faut que nous fassions quelque chose, il faut qu’on trouve qui commande les
coups et qui les exécutent, tous nos hommes de confiance sont à ta disposition.
Ce n’est pas une enquête officielle mais connaissant tes prouesses nous
demandons ton aide il faut que tu nous aide à trouver qui est derrière tout ça.
Moi : Je mène déjà l’enquête et je préfère
travailler seul, toutefois je ferai appelle à vos hommes au moment propice. J’ai
besoin que vous me donnez plus d’informations sur ce que vous venez de me dire,
je connais déjà la candidate Ange KAGAME et ses concurrents, j’aimerai avoir la
liste de ses supporters ‘importants’ comme vous dîtes.
Il me tend l’enveloppe que je réceptionne.
Lui : Toutes les informations concernant mon enquête
sont ici, il n’y a rien de concluant mais c’est tout ce que j’ai pour le
moment. (S’apprêtant à partir) Il faut que je fasse vite j’ai un jet à prendre.
Moi : Si vous voulez un conseil, ne quittez pas le
pays.
Lui : Il le faut, ils en ont après moi, je finance
une grande partie de la campagne de Ange et j’ai besoin d’être en sécurité pour
continuer le financement.
Moi : Et croyez moi quand je vous dis que vous serez
plus en sécurité dans le pays. Si vous mettez un pied hors du Rwanda vous êtes
un homme mort.
Lui : Pourquoi en êtes-vous si sûre ?
Moi : Parce que tous les supporters d’Ange qui sont
morts le sont en dehors du Rwanda. Ils savent sûrement déjà que vous vous
cachez donc on cherche à vous faire peur, à vous faire sortir du pays, et dès
que vous le ferez, vous… attendez c’est une occasion en or !
Lui : Je ne vous suis plus là !
Moi : C’est ça ! C’est exactement ça ! Il
faut que vous sortiez du pays, absolument ! Cette fois pour attraper l’Invisible
vous serez notre appât.