Chapitre 19: Enquête (Suite)

Ecrit par Missladj

CHAPITRE 19: ENQUETE (Suite)


MAKANA


 

Vous vous demandez bien comment je suis arrivée au point où j’ai commencé une relation avec Zach? Celui derrière mon malheur. Eh ben je ne saurais vous le dire moi-même, mais ce qui est sûre c’est que je ne me suis pas retenue lorsque j’ai compris que je commençais à développer des sentiments pour lui. Je me rends compte que la vie est trop courte pour les questions complexes. Moi qui “déteste les hommes” me voilà dans une situation où je n’arrive pas à me passer de l’un d’eux, pour mon plus grand plaisir. Zach dort paisiblement à côté de moi, il a tout ce que je n’aime pas chez un homme, trop grand, trop beau avec un corps de rêve, trop sérieux en bref tout ce que les filles aiment mais qui me fait réfléchir à deux fois aux hommes. Ces hommes qui sont  trop beaux et qui le savent hum!

Je me lève et sors sans bruit du lit, je descends nue et porte mes habits qui trainent dans le salon. Je me dirige ensuite vers dans le bureau où mon amant mène son enquête en secret.

Mon regard se porte sur le mur où toutes les informations qu’on a pu glaner çà et là sont affichées. Il me semble qu’il a fait de nouvelles découvertes. Je parcours la liste de noms de personnes portées disparues où mortes ces 2 derniers mois un nom attire mon attention: Eugène MUNTU, député.

 

Zach: Tu es debout depuis longtemps?

 

Moi (sursautant): Ouf...tu m’as fait peur! Non à peine 5 minutes. Je t’ai réveillé?

 

Zach: Oui...ou du moins ton absence sur le lit m’a réveillé.

 

Moi: Oh que c’est mignon!!! Mais dit moi, le député Eugène MUNTU tu le connais?

 

Zach: Oui il fait beaucoup parlé de lui de par ses actes de bienfaisance et des actions qu’ils mènent pour améliorer la vie de ses concitoyens. C’est un homme que j’apprécie bien, il ira loin, il peut même être Président s’il le veut.

 

Moi: Donc tu ne le connais pas plus que ça?

 

Lui: Euh non...je devrais?

 

Moi: Je crois que oui, c’est le père de notre regretté ami...

 

Zach (m’interrompant): Le père d’Hervé?

 

Moi (étonnée): Hervé était ton meilleur ami, ne me dis pas que tu ne connais pas ses parents?

 

Zach: Oui on était de super potes mais je ne sais pas on ne parlait pas de nos parents respectifs. Il ne m’a jamais dit que son père était ce célèbre député.

 

Moi: Il a toujours été simple Hervé, n’aimant pas se montrer. Sandos sera tellement choquée d’apprendre que...

 

Il me lance un regard qui m’empêche de continuer sur ma lancée.

 

Moi: Bien sûre je ne dirais pas à Sandos que son beau-père a disparu.

 

Zach: Makana je te fais confiance, mais je veux que tu comprennes la portée de ce que je suis en train de faire ici. RIEN de tout ce que tu vois, ou apprends, ou lis dans cette pièce ne doit sortir. Même par accident tu ne dois rien dire à personne. Si quelqu’un t’en parle tu fais comme si tu ne savais pas. Dans cette histoire tout le monde est suspect c’est pour ça on est que 2 à mener l’enquête et je préfère que ça reste ainsi. Est-ce que je peux continuer à te faire confiance?

 

Douterait-il de moi? Je sais que c’est quelqu’un qui aime travailler seul la plupart du temps, mais ce n’est pas la peine de me dire indirectement qu’il ne me fait pas confiance.

 

Moi: Tu doutes de moi Zach? Tu préfères continuer seul c’est ça?

 

Lui: Mais non! Je veux juste mettre les choses au clair c’est tout! Tu ne m’en voudras pas d’être prudent.

 

Moi: Hum...Je te promets de garder tout ceci entre nous. Ceci dit c’est louche quand même que le fils meurt et le père disparaît tu ne trouves pas?

 

Lui: Plus que louche. Il faut que j’aie une discussion avec Mme MUNTU.

 

Moi: Le plus vite serait le mieux. Bon ce n’est pas tout mais il faut que j’y aille il se fait tard et Sandos va surement se poser des questions.

 

Lui (me prenant dans ses bras): Qu’elle se pose alors des questions, tu es en couple!

 

Moi (le serrant plus fort contre moi): Intéressant on n’avait pas encore définit cette partie de notre relation.

 

Lui: Maintenant c’est fait.

 

Il me soulève et me porte jusque dans la chambre, et c’est reparti pour un pur moment de plaisir.

 

            Mme MUNTU

 

J’entends sonner à la porte, la bonne va surement aller ouvrir et éconduire la personne qui cherche à me déranger dans ma peine. Cela fait des mois que je n’ai pas vu le dehors, encore moins la couleur de mon salon. Je reste enfermée dans ma chambre m’apitoyant sur mon triste sort. Je sais que ce n’est pas ce que mon fils ni mon mari voudrait, mais c’est plus fort que moi. Ils constituaient toute ma vie et ils sont partis comme ça du jour au lendemain. Je n’arrive pas à me relever de cette chute, en tant que femme de député c’est mon devoir de me montrer forte, mais je ne peux juste pas. De plus le danger qui plane autour m’empêche de faire la moindre action. Oh que j’ai envie d’en finir avec cette vie, mais en fervente croyante que je suis, je sais que Dieu est en train de me tester. Mais le test là est trop dur!

 

La bonne frappe doucement à la porte de ma chambre. Je sais que c’est elle parce qu’il n’y a dorénavant que nous deux dans la maison. Je lui donne faiblement l’autorisation d’entrer.

 

Elle: Maman, le monsieur qui a sonné ne veut pas partir. J’ai tout fait, mais il dit que c’est urgent qu’il vous parle. C’est un policier!

 

Moi: Un policier tu dis?

 

Elle: Oui maman!

 

Je reste calme un moment. Ces fichus policiers, corrompus jusqu’à la moelle épinière, il n’y a pas un pour rattraper l’autre. C’est à cause d’eux, plus précisément de l’un d’eux que je vis dans ce calvaire. Et si c’est lui qui a envoyé un de ses acolytes pour me mettre la pression, ehhh Dieu est grand parce qu’aujourd’hui seulement il va m’entendre, je n’ai plus peur de mourir.

 

Moi: D’accord c’est bon. Installe-le dans le petit salon, j’arrive bientôt.

 

Elle: D’accord maman.

 

Elle sort comme elle est rentrée de la chambre, sans bruit. Je me lève tout doucement, prend mon temps pour me débarbouiller et m’habiller, puis sort rejoindre le fameux policier dans le petit salon.

L’homme que je vois arrêter devant moi, qui me tend la main à l’air différent. Je ne connais pas tous les policiers de Kigali mais j’en connais une bonne partie surtout ceux qui sont haut placés et je peux dire que celui-ci je ne l’avais encore jamais vu. Je prends sa main pour la salutation et lui demande de prendre place. Heureusement que la bonne avait déjà fait le service.

 

Moi: En quoi puis-je vous aider M...

 

Lui: Zach, je m’appelle Zachariah KAYIBANDA.

Je n’ai jamais vu ce visage mais pourtant ce nom me dit quelque chose.

 

Moi: Très bien Zachariah, en quoi puis-je vous aider?

 

Lui: Madame tout d’abord je tiens à vous présenter mes plus sincères condoléances pour la mort de votre fils qui était aussi mon plus proche ami et collègue Hervé, qu’il repose en paix et que Dieu l’accueil dans son paradis.

 

Moi: Amen mon fils, enhh donc c’est toi le fameux Zach, c’est vrai qu’il nous a souvent parlé de toi, en bien, bien sûre.

 

Lui: J’imagine, il était vraiment quelqu’un de bien, simple, travailleur, respectueux, aimant, vraiment quelqu’un de bien.

 

Entendre toutes ses bonnes choses sur mon fils d’un côté et entendre qu’on le conjugue au passé d’un autre me fait couler les larmes. J’avais pourtant décidé d’arrêter de pleurer, juste de rester triste, mais là je ne pouvais plus retenir mes larmes. Il se rapproche et me tend un mouchoir que je prends. Il s’assoit ensuite à mes côtés et me tapote gentiment le dos.

 

Lui: Je suis désolé maman Hervé, je ne voulais pas vous faire pleurer.

 

Moi: Mon fils, mon unique fils. Et ces connards de policiers qui ont juste bouclé l’affaire soi-disant que c’était une explosion accidentelle.

 

Lui: Justement, c’est la raison première de ma présence chez vous.

 

Je me redresse automatiquement et le fixe pour mieux le cerner.

 

Moi: Je t’écoute?

 

Lui: Je suis en train d’enquêter personnellement sur la mort de mon ami qui est tout sauf accidentelle.

 

Moi: Tu dis vrai?

 

Je lui demande la désespérée. Est-ce que la lumière au bout du tunnel va enfin daignée s’allumer? Vais-je enfin avoir des réponses à mes questions et à ceux que mon mari s’est posées avant de partir à son tour?

 

Lui: Oui maman Hervé. Mais pour avancer dans mon enquête j’ai besoin de votre aide. J’ai besoin que vous m'éclaircissiez un peu.

 

Moi: Tout ce que tu voudras mon fils, si cela me permettra d’avoir des réponses, je répondrais honnêtement à toutes tes questions.

 

Lui: Merci maman Hervé. Vous connaissez votre fils, il est quelqu’un de simple et de discret, la preuve je ne vous avez jamais rencontré avant aujourd’hui...

 

Moi: Oui et où veux-tu en venir?

 

Lui: Je n’avais pas encore fait le lien, si ce n’est ce matin en faisant des recherches j’ai pu faire le lien entre le député Eugène MUNTU et mon ami Hervé MUCYO...

 

Moi (l’interrompant): Oui ils sont père et fils, on ne le cache pas et...?

 

Lui: Ca m’a paru bizarre que le fils meurt et peu de temps après le père disparaisse. Je ne dis pas que ça ne peut pas arriver mais dans ce cas précis c’est un peu suspect. Parce que je dois vous avouer que ces 2 derniers mois j’ai remarqué des morts accidentels et des disparitions douteuses qui suivent tous plus ou moins un même mode opératoire...

 

Il prend une pause, je hoche la tête pour l’intimer à poursuivre.

 

Lui: Donc dans tous les cas que j’ai pu constater jusque-là, il y a un qui sort de l’ordinaire ou plutôt qui veut se faire passer comme les autres...

 

Il me fixe attentivement, les rôles ont changé, c’est maintenant à lui d’essayer de me cerner.

 

Lui: Maman Hervé, j’ai une question pour vous, votre mari Eugène MUNTU se cache où?

 

            ZACH

 

Elle ouvre gros les yeux, je sais que j’ai tapé en plein dans le mil. J’ai joué dans le tas et j’ai tapé dans le mil. La disparition du député est suspecte et elle en sait quelque chose. Après que Makana ait quitté la maison très tôt le matin, je me suis automatiquement dirigée dans mon bureau pour revoir mes indices. Avec ces indices, mes recherches, quelques appels et mon bon sens, j’ai pu conclure que celui que nous craignons tous est de retour, l’Invisible est bel est bien de retour. Il est certes malin mais je suis encore plus malin qu’il ne le croit. Ce qu’il ne sait pas c’est que des fois le fait de ne pas laisser de trace est une trace en elle-même.

 

Mme Muntu (s’énervant): Tu as du toupet mon cher; 1) tu es un policier et 2) tu viens jusque chez moins faisant semblant de compatir à ma peine tout ça pour me demander où se cache mon mari? Mais quel genre de personne es-tu? J’étais tranquille chez moi en train d’accepter le fait que j’ai perdu les êtres qui me sont le plus cher au monde et tu me demandes sans gêne où se cache mon mari? Mais...Mais...

Moi: Non Madame mon intention n’est pas de...

 

Elle: Je pensais que tu étais différent des autres mais tu n’as aucun scrupule, tu dois être content de me voir souffrir hein? Dis à celui qui t’envoie que je l’attends de pied ferme, qu’il arrête d’envoyer ses sbires et qu’il vienne me trouver. Bande de...

 

Moi: Ok Madame on se calme. Je vois que ce n’est pas le bon moment de parler. Je vous assure que mes intentions sont bonnes envers vous je suis moi-aussi à la recherche de la vé..

 

Elle: Arrête-moi ces faux semblants, tu n’es pas le premier venu et tu ne seras pas le dernier, tu te dis ami de mon fils pourtant on ne t’a jamais vu ici. Imposteur!

 

Moi: Mes excuses Madame, je ferais mieux de m’en aller, je reviendrais lorsque vous serez plus calme.

 

Je me lève prestement du siège, en même temps qu’elle, elle se dirige vers une table ronde dans un coin où un bloc note et un bic sont posés. Elle ouvre celui-ci et inscrit quelque chose sur une feuille, qu’elle déchire par la suite et me tend méchamment.

 

Elle: C’est le numéro de mon avocat la prochaine fois que l’autre con veut envoyer ses sbires qu’ils contactent mon avocat je n’ouvrirai plus ma porte pour des bêtises du genre. Maintenant sortez de chez moi et ne revenais plus.

 

Je fais à peine un pas dehors qu’elle claque la porte derrière moi. Celle-ci ne sera pas facile, on est passé du chaud au froid en un quart de seconde. Il faut que je trouve une autre méthode pour l’approcher. C’est évident qu’elle sait quelque chose sur la disparition de son mari. Je fais un signe de tête aux gardes qui sont postés juste devant la porte et rejoins ma voiture pour quitter les lieux. Je prends d’abord connaissance du bout de papier qu’elle m’a donné et sourit légèrement. Je le savais! 


Le Tueur Professionn...