Chapitre 20 : L’indépendance chèrement gagnée

Ecrit par Ellie chou

L’indépendance, ils l’avaient désirée toute leur vie. Avoir leur propre espace, ne plus vivre sous le poids des difficultés de leur enfance, goûter à la liberté d’être enfin maîtres de leur destin.

Mais lorsqu’ils y parvinrent, ils réalisèrent que cette liberté n’avait rien d’un long fleuve tranquille.

Julien, Isabelle et Élise avaient tous les trois quitté la maison maternelle pour s’installer à Abidjan.

Leur réussite professionnelle leur permettait enfin de vivre comme ils l’avaient toujours rêvé.

Mais ce que personne ne leur avait dit, c’est que chaque victoire avait un prix.

Julien, maintenant cadre dans une entreprise, passait des heures interminables au bureau.

Il gagnait bien sa vie, mais à quel prix ? Les soirées entre amis se faisaient rares, les nuits étaient courtes, et parfois, il se demandait si l’homme qu’il était devenu ressemblait encore à celui qu’il avait rêvé d’être.

Isabelle, elle, découvrait la solitude.

Avoir son propre appartement était une fierté, mais rentrer chez soi après une journée épuisante et ne trouver personne avec qui partager ses victoires ou ses doutes… c’était une autre réalité.

Quant à Élise, la benjamine, elle était encore en plein apprentissage de la vie d’adulte.

Elle adorait son travail, mais les responsabilités pesaient parfois lourd sur ses épaules.

Une nuit, alors qu’elle regardait la ville s’étendre sous ses yeux depuis son balcon, elle envoya un message à ses aînés :

"C’est ça, être adulte ? Toujours courir, toujours chercher plus ? Je pensais que ce serait plus simple…"

Julien répondit en premier :

"L’indépendance, ce n’est pas la facilité.

C’est l’addition des efforts qu’on fait pour ne plus jamais dépendre de personne."

Isabelle ajouta :

"Mais heureusement, on est là les uns pour les autres."

Si chacun avait son propre foyer, la maison maternelle restait leur refuge.

Les dimanches chez Marguerite étaient un rituel sacré.

Assise sous le vieux manguier, elle les regardait avec un mélange de fierté et de tendresse.

Ses enfants étaient devenus des adultes, des gens respectés, mais pour elle, ils restaient les mêmes petits êtres qu’elle avait protégés contre vents et marées.

Un jour, alors qu’ils s’apprêtaient à partir après un déjeuner animé, Marguerite attrapa la main d’Élise et lui dit doucement :

« Ne laissez jamais le monde vous voler votre joie. L’indépendance, c’est bien… Mais n’oubliez pas de vivre. »

Ces mots résonnèrent longtemps en elle.

Parce que Marguerite avait raison.

Le succès, l’indépendance, les responsabilités… tout cela n’avait de valeur que s’ils continuaient à être eux-mêmes.

À cet instant, Élise comprit que l’indépendance ne signifiait pas seulement partir…

C’était aussi savoir quand revenir.


Le combat d'une vie...