
Chapitre 21 : Les silences du passé
Ecrit par Ellie chou
Le succès avait apporté à Julien, Isabelle et Élise une certaine stabilité, mais il n’avait pas effacé les blessures du passé.
Chacun, à sa manière, portait en lui les cicatrices des épreuves traversées.
Des souvenirs refoulés, des questions sans réponse, des douleurs qu’ils avaient appris à taire.
Mais le passé finit toujours par rattraper ceux qui tentent de l’oublier.
Ce matin-là, Isabelle reçut un appel qui allait bouleverser leur équilibre.
— Mademoiselle Kouassi, je suis maître Yao, notaire à Daloa.
J’aimerais vous rencontrer au sujet d’une affaire concernant votre famille paternelle.
Les mots résonnèrent dans sa tête.
"Votre famille paternelle."
Ces gens-là… Ceux qui les avaient abandonnés.
Ceux qui avaient dépouillé leur mère après la mort de leur père.
Isabelle sentit son cœur se serrer.
— Pourquoi nous contacter maintenant ? demanda-t-elle d’une voix tendue.
— Il serait préférable d’en discuter en personne.
Lorsqu’elle raccrocha, un flot d’émotions contradictoires l’envahit.
De la colère. De la méfiance. Mais aussi une curiosité qu’elle n’arrivait pas à réprimer.
Elle décida d’en parler à ses frères et sœurs.
Réunis chez Julien, ils écoutèrent Isabelle avec attention.
— Après toutes ces années, pourquoi cherchent-ils à nous revoir ? s’indigna Élise.
— Peut-être qu’ils regrettent ? hasarda Julien, bien qu’il n’y croyait pas vraiment.
— Regretter quoi ? De nous avoir laissés sans rien ? D’avoir fait pleurer maman ? cracha Isabelle, les poings serrés.
Le silence qui suivit était lourd.
Ils savaient tous ce que cette famille leur avait fait subir.
Et pourtant…
L’intrusion soudaine de leur passé réveillait en eux des blessures qu’ils pensaient avoir enfouies.
Ils en parlèrent à Marguerite.
Elle les écouta en silence, son regard plongé dans le vide.
Puis, dans un soupir, elle murmura :
— Je pensais ne plus jamais entendre parler d’eux…
Julien posa une main sur celle de sa mère.
— Que veux-tu qu’on fasse, maman ?
Elle releva la tête et planta son regard dans le sien.
— Vous êtes adultes maintenant.
C’est à vous de décider.
Mais souvenez-vous d’une chose : la colère est un fardeau.
La colère…
Elle les avait poussés à avancer, à se battre, à prouver au monde qu’ils pouvaient réussir sans l’aide de personne. Mais était-il temps de s’en libérer ?
Après une longue discussion, ils prirent une décision : ils iraient à ce rendez-vous.
Non pas par faiblesse.
Non pas par besoin d’acceptation.
Mais parce qu’il était temps d’affronter les silences du passé.