Chapitre 21 : Les fiançailles
Ecrit par Mayei
Chapitre 21 : Les Fiançailles
…Nathanaël Kalou...
Je tenais Méli dans mes bras, elle n’arrêtait pas de gigoter
dans tous les sens et de me faire des bisous baveux lorsqu’elle le désirait.
Nous étions assis tous les deux sur cette chaise et à chaque fois que j’essayais
de la faire descendre elle se mettait immédiatement à pleurer. Elle était bien
décidée à ne point me lâcher. Pendant un instant mes idées avaient essayé de
voler vers « elle » mais très vite j’étais revenu à moi-même. Il
n’était pas le moment de penser à tout ça. J’ai ma nièce avec moi autant
concentrer toute mon attention sur elle. Je passais devant sa chambre lorsque
je l’avais entendu pleurer. Méli a quoi, un an sûrement. Je l’ai prise avec moi
et nous voilà assis comme deux amoureux dans ce jardin.
Éliane : Nath tu veux me tuer ou quoi ?
Moi : qu’ai-je encore fait ?
Éliane : j’ai cru qu’on avait kidnappé la petite puisque je ne
la voyais nulle part.
Moi (amusé) : donc quelqu’un allait rentrer dans cette maison
sans être vu par le gardien, monter les escaliers jusqu’à la chambre, prendre
la petite et ressortir ?
Éliane (prenant Méli) : ne me regarde pas comme ça on ne sait
jamais.
Moi : dans ce cas dors avec elle c’est tout aussi simple.
Éliane : tchrrr laisse moi
Moi : je t’ai dit qu’un jour je vais te taper la bouche tu seras
très surprise.
Éliane (tirant la langue) : toujours tu dis ça mais on ne voit
rien. Change de refrain
Maman (marchant vers nous) : mais Éliane ce n’est pas la petite
qui est là ? Tu as affolé toute la maison comme ça pourquoi ?
Éliane : je ne savais pas qu’elle était avec Nath
Maman : pardon hein, j’ai besoin de me reposer dans ma maison.
Si c’est pour faire le bruit à chaque fois laisse-moi ma petite fille et va
finir ton séjour chez ton célibataire de frère. (Se tournant vers moi) Que
fais-tu dans ma maison à cette heure toi ?
Éliane (pouffant de rire) : tu es spéciale maman. Sinon que
c’est Méli qui fait plus de bruit hein. Et pourquoi préciser le fait que Nath
soit célibataire ?
Je levais les yeux au ciel. Je savais que cette discussion
allait tourner autour de moi, de ma vie comme chaque fois. Maintenant que
Éliane est là, maman aurait encore plus d’engouement pour cette histoire. Je
pense que cela lui donne l’impression de se sentir moins seule et moins inactive.
Heureusement que maman Linda n’est pas de la partie sinon je ne sais pas ce que
j’allais faire pour me sortir de là.
Maman : jusqu’aujourd’hui j’attends ce dîner. Je suis sûre que
son vilain caractère a repoussé la jolie fille que j’avais vu cette nuit-là.
Éliane : krkrkrkr donc Nath c’est ainsi que tu es
romantique ? Tu engages même les chefs cuisiniers ? Non ! Tu tues mon
frère. Tu voulais couper le cœur de la petite ou quoi ?
Moi : crois-moi il en faut bien plus pour couper son cœur. Si
c’était une fille matérialiste qu’on voit un peu partout là, c’est sûr qu’elle
aurait été émerveillée. Mais Linda n’est pas comme ça et si elle le veut elle
pourra elle-même se payer les services de ce chef.
Éliane (toussant) : Méli tu as vu comment ton tonton est mal
amoureux de ta tata Linda qu’on ne connaît pas ?
Maman : mais c’est ce que je te dis depuis non ! Le simple fait
même qu’il l’envoie jusque dans cette maison était révélateur.
Moi (me levant) : bon je pense que je vais m’en aller.
Éliane : pardon ne t’en va pas ! Accompagne-moi au super marché
je vais prendre des packs d’eau pour ta nièce.
Moi : Éliane il y’a des voitures ici tu peux conduire.
Éliane : pour que les conducteurs de babi me crient là-dessus ?
Merci mais non merci. Je vais laver Méli et moi-même ensuite nous pourront y
aller.
Maman : je vais aller avec vous. Après les courses tu me déposes
chez maman Linda.
Éliane : c’est vrai en plus. Je ne l’ai pas vue depuis que je
suis rentrée
Moi (à bout) : dépêchez-vous simplement.
Nous marchions ensemble pour rejoindre la maison. Alors qu’elles
montaient dans leurs chambres respectives je me dirigeais vers la table à
manger pour le petit déjeuner. Si mes amis n’étaient pas tous casés, je me
serais présenté à leur porte de si beau matin mais hélas.
Je devais me faire à l’idée que Linda me manquait terriblement
et qu’à chaque fois que je me retrouvais seul dans ma maison tout ce que j’arrivais
à faire correctement était de penser à elle. La semaine passée en sortant mon
linge pour le nettoyage, j’ai trouvé le dessous que je lui avais pris cette
nuit-là dans la voiture. Il y avait encore son odeur. Ce jour-là j’avais pris
la clé de ma voiture, prêt à démarrer pour me rendre chez elle mais mon orgueil
m’avait très vite rappelé à l’ordre. C’était à elle de me présenter des excuses
et non le contraire. J’avais pourtant tout pour fait pour lui faire plaisir
mais rien n’était suffisant pour elle. Tout devait être fait selon son mari.
C’est vrai qu’elle était mariée et que je m’étais engagé en connaissance de
cause mais quand même ! Je ferais
mieux de ne plus penser à cela.
Je regardais mon poignet sur lequel se trouvait ma montre il
était presque onze heures et ces dames n’étaient toujours pas prêtes. J’étais
obligé de prendre ces escaliers et faire le tour.
Éliane : prends Méli je suis presque prête
Méli tendait déjà les bras même !
Moi (riant) : donc tu comprends le français toi ? Tu comprends
ce qu’on dit...petite coquine.
Je lui touchais le nez et cette dernière se mit à rire comme si
je la chatouillais. Elle m’entraîna dans son rire. Quelques minutes plus tard nous étions tous
dans la voiture, prêts à démarrer. Nous étions sensés prendre que des packs
d’eau mais c’était sans compter sur ces femmes. Nous tournions dans tous les
rayons.
Éliane : Nath pardon prends la grosse boîte de lait qui est
là-haut
Moi : quand on vous dit de grandir vous ne grandissez pas et
c’est de la taille des gens dont vous abusez !
Éliane : prends seulement !
Je levais la main pour atteindre dans boîte quand j’entendis ma
mère prononcer ce prénom.
Maman : Linda ! C’est bien vous Linda ?
Tellement pressé de suivre ce qui se passais la boîte de lait m’échappa
et roula à même le sol.
Éliane (chuchotant) : mon frère calme le cœur, tu es un Kalou
après tout lol
Mes yeux se posèrent sur
Linda, toujours aussi belle ! Je me composais un visage neutre pour ne pas
laisser transparaître mes émotions.
Linda (répondant à maman) : euh...oui
Maman : vous ne me connaissez pas mais moi si. Je suis la maman
de Nath (tournant la tête pour me voir) Nathanaël approche. Regarde qui je
viens de rencontrer par le plus grand des hasards.
Moi : Linda !
Linda : Nath !
Éliane (passant la tête) : et moi c’est Éliane la sœur de Nath
et voici Méli sa nièce (me regardant) Je crois qu’il a oublié de faire les
présentations
Linda (souriante) : enchantée
Maman : je vous avais invité à dîner mais depuis que je vous
attends, rien
Moi : maman !
Linda : Nath ne m’en a pas parlé sinon nous serions chez vous
déjà.
Je la regardais surprise. A quoi jouait elle ? Elle ne se
demandait pas si son mari nous surprenait ? Maman échangea un peu avec elle et
Linda s’en alla. Nous finîmes par régler nos courses qui débordaient du
chariot, enfin je finis par régler leurs courses et nous étions dans la voiture
à nous rendre chez maman Linda.
Éliane : je comprends pourquoi tu es fou d’elle ! Maman tu as vu
la classe qui se dégage d’elle ?
Maman : j’ai vu ça et bien plus d’ailleurs.
Moi : comme quoi ?
Maman : ce que j’ai vu était ce test de grossesse qu’elle
trimbalait avec elle dans son chariot !
Éliane : non maman tu abuses ! À quel moment tu as vu le test de
grossesse ?
Maman : j’ai peut-être la tension mais ma vue est claire et
nette. Il y avait un test de grossesse. Nathanaël tu as déjà enceinte l’enfant
des gens.
Moi : nous sommes arrivés maman !
J’étais descendu vite fait pour saluer maman Linda. En sortant
de chez elle, je n’avais qu’une seule direction en tête. Je conduisis comme un
malade et arrivai en un temps record devant le portail de sa maison. Je n’y
étais jamais rentré mais cette fois j’allais le faire, tant pis si son mari
était là. Au pire nous allions tout gâter aujourd’hui. Le gardien me fit
attendre, le temps d’avoir l’autorisation de sa patronne avant de me laisser
rentrer. Linda était capable de tout. C’est donc avec soulagement que je suivis
le gardien jusqu’à rejoindre la dame de maison qui m’attendait debout en plein
milieu de son salon.
Linda : que fais-tu ici Nath ?
Moi (droit au but) : quel est le résultat du test de grossesse ?
Linda : pardon ?
Moi : le test de grossesse il est positif ou négatif ?
Linda : comment sais-tu que j’ai un test de grossesse en ma
possession ?
Moi : on ne répond pas à une question par une question
Linda. Quel est le résultat du test ?
Linda : je ne sais pas...je dois attendre ma première urine au
réveil, demain pour le savoir.
Moi : dans ce cas range tes affaires, nous irons chez moi, tu
feras ce test sous mes yeux.
Je n’avais aucun doute quant à ma paternité concernant cette
grossesse. Elle avait passé ces derniers mois plus avec moi qu’avec son mari en
question.
Linda (me regardant étrangement) : je monte prendre mes affaires
!
J’avoue que j’étais quelque peu étonné par la facilité avec
laquelle elle avait accepté de me suivre. Je pensais me frotter à un mur mais
ce fut tout le contraire à ma grande surprise.
... Rachelle M’bahia...
Mon sourire s’élargit lorsque j’inspectais mon visage dans ce
miroir, j’étais satisfaite du résultat donné par ce fond de teint. Après tout
je l’avais acheté à un fort prix et l’esthéticienne m’avait assuré que cela
faisait des merveilles. Pour une fois elle n’avait pas menti. On les connaît
bien ces vendeuses qui sont prêtes à tout vous faire entendre dans le seul but
d’atteindre leur objectif de vente de la journée. Mon teint était rayonnant et
uniforme.
Moi (me parlant à moi-même) : elle vient de gagner une fidèle
cliente celle là
Je pris mon sac qui était de marque, oui il faille que je le
mentionne. Je dis bien la vraie marque et non ce que les filles ramassent dans
les étalages et n’expriment aucune honte à se pavaner avec. Je l’ai pris lors
de l’un de nos multiples voyages avec mon mari. Nous avons de l’argent donc
nous pouvons nous le permettre, pas comme certain.
En sortant de ma chambre je tombais maladroitement sur ma
servante qui se trouvait derrière la porte faisant je ne savais quoi.
Moi (m’énervant) : tu vas salir ma tenue avec tes vêtements
sales la ?
Aya : pardon Tantine (la regardant de travers) par...pardon madame
Moi : qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu fais derrière ma
porte ?
Aya : je venais demander ce qu’on doit préparer aujourd’hui
Moi : ça ne pouvait pas attendre que je descende ? Tchrrrr il
faut regarder dans le frigidaire il y’a tout. Fais ce que tu veux mais pas pour
midi, monsieur ne rentra pas et moi je vais comme ça chez ma mère.
Aya : mais madame...
Moi : regarde ne me perds pas le temps avec tes question idiotes
là
Je la laissais en plan alors qu’elle essayait de me poser encore
et encore des questions. Je pense qu’elle ne fera pas long feu dans cette
maison. Je n’apprécie pas les filles qui sont dures d’oreille. Je criais sur le
gardien pour qu’il m’ouvre la porte. Monsieur était sorti avec les enfants et
je n’allais pas être en reste. Je quittais donc Abidjan pour rejoindre ma mère
à Bonoua. J’aimais toujours venir ici, c’était une occasion pour moi de montrer
à toutes ces filles avec qui j’avais grandi que nous ne jouions plus dans la
même cour. Qui pouvait ici se frapper la poitrine pour dire qu’elle roulait
dans une grosse voiture ou encore qu’elle eût rénové la maison de ses parents ?
Personne ! Elles étaient restées dans ce village à pondre les enfants et à
donner l’impression d’être plus vielle que leur âge. En descendant j’aperçus des
enfants qui jouaient au ballon non loin de là. Les voir comme ça, dans des
tenues déchirées et complètement sales avait réussi à créer en moi un mal
d’estomac. Jamais mes enfants ne seront surpris jouant avec des enfants
pareils. Voilà pourquoi je ne les envoyais jamais en vacances ici. Je préférais
de loin la belle villa avec piscine de leurs grands-parents paternels
Moi : je vous préviens ! Si vous ne faites pas attention que
votre ballon la casse une vitre de ma voiture, c’est en cellule que vos parents
passeront la nuit. N’importe quoi !
Je rentrais ensuite chez mes parents, ma mère s’empressa de me
faire l’accolade.
Moi : et papa ?
Maman : tu ne le connais pas ? Il est encore avec son groupe la
!
Moi : à 9 heures là ? Il ne se repose pas ? Après c’est pour
dégoter des maladies et je vais être celle qui fera sortir l’argent pour le
soigner.
Maman : ça ne fait rien ! C’est ton père non !
Moi : il a d’autres enfants aussi non ? Pourquoi c’est moi
Rachelle, la dernière de la famille encore qui doit toujours dépenser les sous
pour vous mettre à l’aise ?
Maman : tout ce que tu dis est vrai. Mais qui a réussi comme toi
c’est ça ? Les autres se débrouillent.
Moi : en parlant de se débrouiller tu ne devineras jamais qui
j’ai vu m en train de vendre des jus dans une boutique près de la route.
Maman : qui ça ?
Moi : mais j’ai dit devine non ?
Maman : ah Rachelle je suis trop vieille pour jouer à ça.
Moi : violette !
Maman : quoi ???
Moi : ta fille violette ! Figure-toi qu’il y’a une de ses amies
qui a eu pitié d’elle et qui lui a trouvé un poste comme gérante dans sa
boutique de jus. Les mêmes choses qu’elle faisait dans son quartier sale là
avec son soi-disant copain.
Maman (levant les mains au ciel) : mais qu’ai-je fais pour
mériter ça ? C’est dans ça que violette est arrivée ? La plus grande de toutes
mes filles qui devait être en train de mettre ses petites sœurs et moi-même au
beurre et me couvrir de pagnes et bijoux ? Vendre les jus pour son amie ? Tu es
sûre que c’est Violette que tu as vu ?
Moi : ma propre sœur, je ne la reconnaîtrais pas ? Je me
suis arrêtée même pour qu’on dispute. Je lui ai laissé vingt mille franc. Il
fallait voir comment elle s’est ruée pour prendre les deux billets de dix
mille-là. Ça se sent que son salaire de gérante n’atteint pas cette somme. Ce
n’est sûrement pas son mari qui lui donnerait ça en plus. Il ne fait que se
promener en ville avec ses maîtresses.
Je regardais ma mère alors qu’elle poussait un soupire de
désespoir. Voilà pourquoi je n’avais jamais voulu être associée à ma sœur
violette. Je ne supportais pas ces personnes qui pouvaient avoir mieux mais se
contentaient des miettes. Violette était très belle et pouvaient faire tomber
n’importe quel riche homme de ce pays si elle le voulait. Lorsque j’avais
rencontré Boris qui devint plus tard mon mari, tous mes stratagèmes pour
qu’elle se mette avec un de ses amis avaient échoué. Elle n’avait d’yeux que
pour ce vanupied qui n’arrivait même pas à se nourrir lui-même. Pire, elle lui
avait fait un enfant. À deux vous arrivez à peine à vous nourrir alors imaginez
à trois. J’avais clairement fait savoir que je ne voulais être associé à eux ni
de loin ni de près. À chaque fois qu’elle venait quémander l’argent chez moi,
je prenais plaisir à la rabaisser et lui rappeler comment elle m’avait prise de
haut lorsque je lui avais proposé de me suivre faire ce qu’on avait à faire.
Elle continuait avec son type la puis les choses changèrent. Ça
avait été trop brusque mais rien ne laissait croire qu’elle l’avait fait. Je
pouvais reconsidérer ma position car Heureusement il avait fini par trouver un
emploi, mon portefeuille pouvait enfin se reposer un peu. D’après eux ils ont
fait la dote, ce qui n’était en rien comparable à la mienne. C’était une dote
approximative et jusqu’aujourd’hui, le mariage se fait attendre. D’autres trouveront
que je suis mauvaise mais est-ce un tort de vouloir que sa sœur soit un peu
plus ferme ? en tout cas je dis ce que j’ai envie de dire, personne ne peut
empêcher cela.
Maman : et les enfants ?
Moi : sortis avec leur papa maman
Maman : il faut nous les envoyer, comment peux-tu concevoir que
c’est seulement quand nous allons chez toi qu’on les voit ? Tout le temps ils
sont chez leurs grands-parents paternels.
Moi (las) : j’ai compris maman, ils viendront très prochainement
Maman : c’est toujours ce que tu dis mais rien !
Moi (m’énervant) : j’ai dit qu’ils viendront. Où se trouve
le problème encore ?
Maman : je n’ai rien dit.
Moi : ok.
Toujours j’avais droit à ce même refrain. Que pouvais-je y faire
si à chaque fois les enfants se retrouvaient du côté de leur papa ! c’était la
bas l’endroit le mieux adapté pour mes enfants. En parlant du loup le voilà qui
se mettait à me joindre.
Moi : allo ?
Brice : où es-tu ?
Moi : sortie faire des courses pourquoi ?
Boris : il faut passer chez ma mère les enfants y sont. J’ai dû
les laisser là-bas pour me rendre à un rendez-vous !
Moi : un rendez-vous ?
Boris : passe une bonne journée et fais-moi signe une fois que
tu les auras récupérés.
Clic
Moi (regardant ma mère) : je t’aime aussi mon amour
... ... ...
Moi (riant) : non toi raccroche...bon ok je raccroche
Maman : les jeunes et leur affaire de je t’aime
Moi : que veux-tu ? Dis aussi les je t’aime à ton mari souvent
...Mawa...
Je n’arrive pas à croire que tout se passera demain. Richard
viendra pour les fiançailles et je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie. À
chaque fois qu’il me disait que ça venait, la peur me gagnait car le temps
passait et je n’aurais pu bien cacher le fait que je ne sois pas enceinte. De
plus j’en avais plus que marre de feindre les malaises à chaque fois qu’il
était dans les parages, même au bureau. Il ne m’avait pas parlé de la
discussion qu’il avait eu avec le patron mais j’avais remarqué qu’à sa sortie il
semblait secoué. Il avait disparu tout le reste d la journée et ne répondais ni
à mes appels ni à mes messages. Pendant un instant je cru qu’il avait été
renvoyé, ça aurait foutu tous mes plans en l’air. Ce soir je reste chez mes
parents puisque tout se fera ici demain. Les autres épouses de mon père
arriveront demain.
Maman : ça va tu n’es pas trop stressée ?
Moi : même pas maman, je suis seulement impatiente.
Maman : ok ! Ton plan par rapport à la perte du bébé tu y a bien
pensé ?
Moi : tu doutes de moi ou quoi ?
Maman : je veux juste que tout se passe bien, je ne veux pas que
nous nous tapions la honte devant tout le monde et qu’on te renvoie de ton
foyer.
Moi : tu peux dormir tranquille maman, rien de tout cela
n’arrivera.
Maman : ok ! Bon je vais dormir comme ça, tu devrais en faire de
même pour ne pas paraître fatiguée lorsqu’on t’appellera au salon
Moi : ok
Avez-vous déjà vécu ces nuits durant lesquelles l’impatience est
tellement à son paroxysme que le sommeil refusait de vous visiter ? Je me
tournais et retournais dans toutes les positions possibles afin d’attirer le
sommeil mais rien n’y fit. Jusqu’à minuit mes yeux étaient encore bien ouverts.
C’est à cette heure que Richard fit sonner mon téléphone. J’étais surprise de le
voir m’appeler à cette heure. Ou avait-il donc mis sa femme ?
Moi : allo mon cœur ?
Richard : comment va ma future femme ?
Moi (me mordant la lèvre) : je vais bien...je suis tellement
impatiente de te voir demain
Richard ; moi je n’arrive pas à dormir et je ressens le grand
besoin de t’avoir avec moi cette nuit.
Moi : richard tu sais que je suis chez les parents...sortir à
cette heure-là sera un vrai parcourt du combattant.
Richard : je sais mais j’ai vraiment envie de t’avoir dans mes
bras...tu sais, te faire ces choses-là que tu aimes
Moi : hummm...tu essaies de me provoquer richard.
Richard : dis oui seulement et je viens te chercher devant la
cour de tes parents. Je te ramènerai à six heures comme ça tu auras tout le
temps jusqu’à ce que mes parents arrivent à dix heures dans la journée.
Moi : mis comme ça puis-je encore dire non ? Viens !
Richard : on se dit à tout à l’heure mon cœur.
Je bondis hors du lit. Heureusement que j’avais déjà pris une
douche. Il ne me restait plus qu’à me mettre des vêtements corrects sur le dos
et prendre la clé de la maison avec moi. C’est avec la peur au ventre que je
sortis en catimini. J’avais laissé toutes les lumières éteintes. J’avais beau
avoir vingt-huit ans que mon père ne badinait toujours pas avec son autorité.
S’il me surprenait dans cette manœuvre, il sortirait sûrement sa ceinture pour
poser sa signature un peu partout sur mon corps. Même pour vivre hors de cette
maison sans être mariée avait nécessité beaucoup de pourparlers. Je sortis donc
comme une voleuse dans cette nuit noire rejoindre la voiture de richard qui
était déjà bien garée devant la cour. A peine installée sur le siège passager
avant, je me penchais pour l’embrasser avec envie.
Richard : on part chez toi ?
Moi : oui j’ai pris ma clé
La distance qui séparait mon appartement et la maison de mes
parents n’était pas si longue. Nous arrivions donc très rapidement. Nous
commencions à nous dévorer les lèvres dans les escaliers. Lorsque la porte fut
enfin ouverte, nos vêtements furent les premiers à fouler le seuil du salon.
J’avais sur moi uniquement que mon string lorsque richard me transporta jusqu’à
ma chambre. Il me posa brusquement sur le lit et se mit entre mes jambes, les
écartant grandement. Mon corps tout entier témoignait de l’envie qui m’habitait
en ce moment.
Cette nuit-là, richard m’avait renversée dans tous les sens
possibles. J’avais crié de plaisir comme jamais par le passé. Pour une fois je
m’étais endormie juste après l’acte, le sourire sur le visage et l’esprit
débarrassé de tout stress. En un mot je dormis « légère ».
... ... ...
Je baillais fortement en sortant de la douche. Je détestais le
fait qu’il n’y ait qu’une seule douche dans cette maison et qu’elle soit située
de l’autre côté de la cour. Quand j’étais plus petite cela ne m’énervait pas
tellement mais maintenant que je suis une femme, traverser toute la cour comme
ça m’insupportait. Je me rendis compte que Sarah, Bintou et Myriam, les trois
autres femmes de mon père venaient d’arriver avec tout leur bruit. Heureusement
que mon père avait les moyens pour installer chacune dans sa maison, sinon je
ne saurais imaginer ce que cette cohabitation aurait donné.
Myriam : la future mariée comment ça va ?
Moi : ça va maman merci et toi ?
Myriam : ça va on est là !
Bintou : ils arrivent à quelle heure déjà ?
Moi (levant les yeux) : à dix heures
Sarah s’apprêtait à ouvrir la bouche lorsque ma mère sortit à
son tour et me tira pour que je puisse me tenir prête. Parmi toutes les femmes
de mon père, Sarah restait celle que je ne portais pas dans mon cœur. Ses
enfants étaient les préférés de papa parce qu’ils excellaient à l’école. Ils
avaient été les seuls à avoir été envoyés à Paris pour suivre le reste de leur
cursus. Aujourd’hui ce sont les « boss » de la famille et Sarah s’en
tape la poitrine à chaque fois. Malgré nos résultats moyens, si papa avait mis
les mêmes moyens à nos dispositions nous serions aussi des boss comme les
autres. Maman disait souvent qu’elle était sûre que Sarah avait eu recourt à un
marabout pour nous voler une part de notre intelligence et nos Etoiles pour les
rendre à ses enfants. Cela était fort probable. Tout est possible en Afrique
surtout dans un foyer polygame.
Il était onze heures lorsque Amina, ma sœur germaine débarqua
dans la chambre. L’air grave sur son visage sonna l’alerte dans mon cœur.
Moi : qu’est-ce qu’il y’a ?
Amina : tout le monde est là. Je veux dire papa et les oncles
mais depuis ton prétendant et ses parents ne sont toujours pas là.
Moi (le cœur battant) : il est juste onze heures. Peut-être
qu’ils sont dans l’embouteillage sans oublier le mauvais état des routes qui
mènent ici-là.
Amina : hum tu sais comment les parents sont à cheval sur ces
trucs-là. Ils vont sûrement considérer ce retard comme un manque de respect de
leur part.
Moi (peu sûre de moi) : ils ne vont plus tarder. Ils seront là
certainement dans une dizaine de minutes.
Amina : ok si tu le dis
Moi : va et s’il y a quelque chose viens m’avertir
Amina : pas de soucis
Je ne sus pourquoi mais un sentiment de peur m’envahit dès que
Amina quitta la chambre. J’avais peur au point d’en trembler. L’idée de joindre
richard me traversa l’esprit mais je laissais tomber cette pensée. Ils sont
sûrement en route, ils ne tareront plus. Ça arrive d’être en retard pour un
rendez-vous. Ce n’est pas pour autant que mes parents leur en tiendront
rigueur. Je stressais énormément et pour faire passer cet état, mes pas se
faisaient de plus en plus nombreux dans cette petite pièce qui me servait de
chambre. J’allais et venais du mur au lit. Tantôt je m’asseyais brusquement,
tantôt je me parlais à moi-même. Énormément de temps serait écoulé et Amina ne
s’était pas présentée à moi.
J’avais osé penser « pas de nouvelles, bonnes
nouvelles » puis me souvins de ce que je lui avais laissé comme consignes
« s’il y’a quelque chose viens m’avertir ». Il n’y avait donc rien.
Je me précipitais sur mon téléphone. Il était exactement 14 heures passées
d’aucune minute. Je ne finis point de m’extasier sur l’heure que ma porte
s’ouvrait en fracas laissant apparaître mon père dont la colère sur le visage
se lisait de façon palpable.
Maman : Ibrahim pardon...calme toi pardon
Je me levais soudainement prise de peur et me réfugierais dans
un coin de la chambre. Je ne savais pas ce qui se passait exactement mais mon
père ne m’inspirait rien de bien heureux.
Papa : c’est la honte que tu es venue verser sur moi devant mes
frères Mawa ? DEVANT TOUTE LA FAMILLE ?
Moi : la honte ?
Papa (criant) : quand je te parle tu te tais ! OÙ EST MA CEINTURE
? Apportez-moi ma ceinture !
Ma mère se jeta sur ses genoux.
Maman : Ibrahim pardon ne frappe pas la fille. Elle est grande
maintenant. Tu ne peux pas la battre comme une petite fille.
Papa : après la honte qu’elle m’a mise, estime toi heureuse que je
ne vous renie pas ta fille et toi. Tu as vu comment tu as raté l’éducation de
ta fille ?
Maman (pleurant) : pardon Ibrahim pardon
Papa : je sors d’ici ! Je en veux plus vous voir pour un certain
temps.
Il s’éloigna en proférant des injures envers ma personne. Tout
ce temps j’étais restée coincée sur moi-même dans cet ange de la chambre. Je ne
comprenais rien de ce qui se passait. Pourquoi mon père était-il si en colère ?
Pourquoi était-il prêt à me porter main malgré mon âge avancé. Ma mère se tourna
vers moi les yeux complètement rouges. La voir comme ça me brisa le cœur et
dans un mouvement, j’avançais vers elle.
Maman : je t’avais demandé…si tu étais sure de ton plan...Mawa
Moi : mais...
Maman : mais rien du tout ! Tout le monde est au courant de tout
! J’ai vu comment Sarah, Myriam et Bintou me regardaient avec des yeux remplis
de moquerie. Tu as vu la honte que tu as jetée sur moi !
Moi : maman je suis perdue, je ne comprends pas
Maman : personne de la famille de ton fiancé n’est venu. Ils ne
sont pas venus ou du moins ne sont pas rentrés chez nous. C’est le fils du
voisin qui s’est présenté à ton père et tes oncles indiquant qu’un homme lui
avait remis une lettre. Tout était dit dans cette lettre Mawa, absolument tout.
Il y était raconté comment tu avais prétendu être enceinte pour lui forcer la
main.
Mes mains quittaient le corps de ma mère
comme si j’avais reçu une décharge électrique. Non ce n’était pas possible.
J’avais passé la nuit avec richard. Avait-il toutes ces informations et se
jouait de moi ? Avait-il délibérément décidé de m’infliger cette honte ? Devant
toute ma famille ? Non ! Richard ne pouvait pas me faire ça. Tout mon plan
était tracé à la perfection et voilà que tout tombait à l’eau. Le sol semblait
tourner sous mes pieds, j’avais soudainement mal à la tête. Richard venait de
me tuer...j’étais maintenant la brebis galeuse de cette maison et j’avais
entraîné ma mère avec moi. Une chose était sûre, richard me le paierais.