Chapitre 20 : Avec votre Consentement

Ecrit par Mayei

Chapitre 20 : Avec votre consentement

 

...Linda...

 

J’aurais souhaité qu’un tremblement de terre frappe maintenant, que le sol s’ouvre et que je disparaisse pour ne pas supporter ce qui se passait présentement. Je comprenais pourquoi il n’était pas passé à la maison. Je comprenais pourquoi il s’était caché dans cet hôtel. Il y’avait comme un malaise dans le salon tout à coup. Les filles avaient leurs yeux braqués sur moi, se demandant sûrement ce qui se passait. Tellement concentrées, elles ne prirent pas la peine de relever les présentations de jean Philippe, qui dû se racler la gorge pour ramener tôt le monde sur terre. Mes yeux ne quittaient pas cette femme que je voyais pour la première fois. Je ne sus pourquoi mais sa façon à elle de me fixer me laissait croire qu’elle me connaissait parfaitement. Je dois me faire des idées, comment cela pourrait être possible ?

 

Nancy : veuillez m’excusez monsieur Koshi, c’est que vous ressemblez étrangement à quelque que je connais d’où ma si grande surprise. Je suis contente de faire enfin votre connaissance

 

Dharan : de même madame Api

 

Nancy : vous pouvez m’appeler Nancy...comment allez-vous madame ?

 

Ferri : bien merci...joyeux anniversaire même si nous sommes en retard

 

Nancy (riant) : il n’est pas encore minuit vous êtes donc dans les temps. Venez que je vous installe s’il vous plaît, j’allais même oublier de faire les présentations. Alors, là c’est ma sœur Francine et son époux…

 

Elle fit le tour de ta table et comme par hasard j’étais la dernière à être présentée.

 

Nancy : et pour finir mon amie Linda.

 

C’était comme si tout se jouait à cet instants, nos regards étaient accrochés l’un à l’autre. Aucune émotion ne se dégageait de lui. Si je ne le connaissais pas assez j’aurais juré qu’il s’agissait d’une tout autre personne et que nous ne nous connaissions pas. Je saisis la main qu’il me tendait.

 

Dharan : enchanté Linda

 

Moi : de même

  

Je fis la même chose avec sa femme et restait interdite. Suivant les chaises restantes le couple s’assit près de moi à mon grand désespoir. J’aurais souhaité toute autre posture. La gêne semblait être passée et tout le monde riait ou grignotait quelque chose. Mon cœur, lui n’était plus à la fête. À chaque fois que j’entendais des mots sortir de la bouche de sa femme, je m’enfonçais un peu plus dans ma chaise. Je devais m’en aller d’ici le plus vite possible.

 

Dès que l’occasion se présenta je quittais Nancy prétextant une grande fatigue. Je n’avais même pas attendu Salomé. Nous étions venues en taxi elle pouvait bien trouver un autre qui la ramènerait chez elle.

 

…Ferri Koshi…

 

Je regardais cette femme s’excuser auprès de son amie en s’en aller. Linda…Linda ! je mettrai ma main au feu qu’il s’agissait bel et bien de la même personne. Dharan aimait les belles femmes et cette dernière en faisait partie. Tout le reste de la soirée, j’avais réuni tout ce qui me restait de force afin de faire bonne figure devant ces personnes qui nous recevaient. J’avais remis le cadeau à la femme du monsieur avant qu’on ne s’en aille. Ils nous avaient accompagnés jusqu’à notre voiture. Lorsque nous nous étions retrouvés seuls dans la voiture, Dharan s’était montré bien silencieux, pour ne pas dire très tendu. De mon côté, je jouais à la femme qui ne se doutait de rien. Jusqu’à ce que nous atteignions l’hôtel, Dharan n’avait dit aucun mot. Dans la chambre il se mit à ôter ses vêtements avec peu de tact. Ses gestes étaient brusques.

 

Moi : pourquoi es-tu si silencieux mon mari ?

 

Dharan : je ne suis pas silencieux mais plutôt fatigué. Ces derniers temps je ne me suis pas assez reposé avec le contrat et tout.

 

Moi (du tic au tac) : Sans oublier que cette soirée avec ta maitresse a dû t’éprouver mentalement.

 

Il s’était retourné vivement vers moi et j’avais vu passer en quelque seconde cette sensation d’horreur ou de peur sur son visage. Il me regardait et je faisais de même. Je savais que ce que j’avançais était vrai et personne ne pouvait me faire croire le contraire.

 

Dharan : De quoi parles-tu ? une maitresse ? à la soirée ?

Moi : je suis peut-être soumise, douce mais très loin d’être idiote. Lorsque nous nous sommes rencontrés toi et moi, je gérais déjà le patrimoine de mon père et aucune, je dis bien aucune faille ne passait entre les mailles de mon filet. Pour te dire que lorsque tu nages je vois très bien ton dos Dharan. Je décide simplement d’ignorer. Et aussi tu n’es pas très fort lorsqu’il s’agit de faire des cachoteries. Tu laisses souvent trainer des éléments qui devaient être déchirés (me moquant) peut être même brulés avant que tu ne franchisses la porte de la maison. Je sais très bien que c’est avec cette Linda que tu as passé tout ton temps à me tromper et à me délaisser.

 

J’avais dit ce que je pensais, c’était maintenant à mon tour de retirer mes vêtements…dans la douche. Tout le temps qu’avait duré cette douche, je repensais à mon couple. Dharan était l’enfant d’un ami à mon père. Il venait d’une famille décente mais pas aussi riche et prospère que ma famille. Mon père avait épousé Ma’Fatim qui ne lui avait donné que trois filles. Ses parents lui avaient donc suggérer de prendre une seconde épouse dans l’intention d’avoir un garçon. C’est ainsi qu’il épousa ma mère. Manque de bol elle ne lui fit que deux filles, ma sœur Korotoum et moi-même Ferri.

 

C’était le ciel qui s’abattait sur sa tête ! pourquoi ses femmes ne lui faisaient que des filles ? des filles qui étaient sensées se marier à d’autres et abandonner son nom ! qui allait lui succéder à la tête de cette immense société pétrolière dont il tenait les rênes ? dans sa quête d’enfant de sexe masculin, il épousa une troisième femme Ma’Abiba qui, elle, ne fit que des fausses couches. Si je ne me trompais pas, elle en avait fait jusqu’à quatre. Mon père avait donc fini par jeter l’éponge.

 

Cependant, il transforma sa quête de fils en quête au beau fils parfait. Les époux de mes sœurs étaient aussi les enfants des amis proches de mon père. Mon père avait donc mis à la tête de ses différents entreprises nos différents époux. Si aujourd’hui Dharan roulait dans de grosses voitures, s’il ne manquait de rien, c’est tout simplement parce que son mariage avec moi lui a conféré tout ce confort. Notre mariage n’a été qu’un mariage de raison. Je voyais Dharan pour la première fois et une semaine après nous étions mariés. Je l’avais détesté…j’avais vingt-deux ans à peine. Mais avec le temps et deux enfants, les sentiments avaient fini par s’installer de mon côté. Je ne saurais dire autant de son coté à lui.

 

Dharan était couché dans le lit lorsque je sortis enfin de la douche. Il ne bougeait pas et donnait l’air de dormir. Je m’approchais de lui et remarquais que ses paupières tremblaient comme des feuilles au passage d’un vent frais. Il faisait semblant. Il pouvait faire semblant autant qu’il le pouvait mais demain au réveil, ce problème sera toujours d’actualité.

  

…Linda….

 

Et là j’étais assise sur mon lit, les yeux perdus dans le vide à revivre ces moments de la veille encore et encore. J’avais cru mourir quand j’entendais Ferri parler de leurs enfants Myriam et Ismaël. Jamais je n’aurais imaginé....

 

Non c’était juste trop dur pour moi. Les appels manqués des filles sur mon téléphone ne manquaient pas. Elles espéraient sûrement une explication mais étais-je prête à leur dire quoi que ce soit ? J’avais terriblement mal à la tête au poing de ressentir un vertige en voulant me lever. Cette histoire m’avait apparemment plus affectée que ce que je pensais. Je me couchais immédiatement, ce n’était pas pour Dharan qu’on allait me retrouver évanouie dans cette chambre. Malgré tous ces sentiments, cette douleur en quelque sorte, mon ventre criait famine.

 

Trop faible pour me lever, je pris mon téléphone et appelais sur le celui de la maison. Je demandais gentiment à ma fille de maison qu’elle me monte mon petit déjeuner. Heureusement que cet anniversaire avait eu lieu un vendredi et non un jour de semaine. Comment allais-je me présenter au boulot avec autant de malaises ? Je fermais les yeux comme si cela était un remède censé lutter contre ce mal de tête effroyable. Tout à coup la porte de la chambre s’ouvrit en fracas m’obligeant à me lever en sursaut. Je m’apprêtais à dire deux mots à la servante lorsque je tombais sur le regard courroucé de Dharan. Il se tenait là, le front ridé à force de serrer la mine.

 

Moi : tu aurais pu rentrer normalement, non frapper même comme toute personne ayant un minimum de savoir vivre

 

Dharan (voix menaçante) : serais-tu en train de me traiter de sauvage ?

 

Moi (entre mes dents) : c’est toi qui le dit

 

Il allait et venait, tournait dans la chambre si bien qu’il accentuait ce vertige venu de je ne sais où. Je dû lui demander de s’asseoir pour que je ne tombe pas à la renverse. C’était comme si j’avais parlé à un sourd car il ne fit rien de ce que je lui avais demandé.

 

Dharan : on avait dit pas d’amies ! Pas d’amies ! Tu vois maintenant pourquoi ?

 

Moi : que puis-je y faire ?

 

Dharan : il n’y a rien à faire, tout repose entre mes mains. Je vais devoir m’éloigner un bon bout de temps.

Moi : comme tu avais commencé quoi ! et pendant ce temps je t’attends n’est-ce pas ? j’attends que tu reviennes vers moi ?

 

Dharan : oui !

 

Moi : Dharan je ne suis plus la jeune fille d’hier qui ne savait pas où elle en était. J’ai grandi tu sais ! Je sais à présent parfaitement ce que je veux, et ce n’est pas ce que tu me proposes.

 

Dharan : tu es en train de te débarrasser de moi ?

 

Moi (soutenant son regard) : oui Dharan…quand tu seras sorti par cette porte, il n’existera plus rien de toi et moi. Je ne veux plus vivre une pareille humiliation comme celle de la soirée d’hier.

 

Dharan : c’est toi qui l’aura voulu Linda...ne reviens pas me chercher après.

 

Moi : t’inquiète cela n’arrivera pas et dans mes souvenirs, tu as toujours été celui qui me courrait après.

 

Il retira le chapeau qu’il portait, dont le bleu était pareil au boubou et commençait à avancer vers moi. Chose bizarre, à chaque fois qu’il faisait un pas, mon estomac ne nouait, je sentais déjà le reflux de ce que j’avais ingurgité la veille, me passer par la gorge. Je n’eus pas le temps de me lever que Dharan baissait sa tête sûrement pour me faire un bisou. Malheureusement c’est mon vomi qui l’accueilli en pleine face.

 

Dharan : Merde ! Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?

 

Nous nous dirigions tous les deux vers la douche, moi directement dans les toilettes à continuer ce que j’avais commencé et Dharan, se nettoyant le visage à l’aide de l’eau qui coulait dans le lavabo. Le voir ainsi me faisait rire. On pouvait facilement se baser sur la situation et dire qu’il me faisait vomir. Ça aurait tout son sens littérale. J’étais assise à même le sol lorsqu’il s’en alla sans regarder derrière lui. C’était fini...toutes ces années avec lui...je savais que cela finirait par arriver mais ça fait toujours mal de vivre une séparation. Il ne me restait plus qu’à prendre mon courage à deux mains puisqu’on posera sûrement des questions.

 

En ouvrant le compartiment pour prendre ma brosse à dent, mes yeux de posèrent sur mon emballage du serviettes hygiéniques pour ce mois mais qui était toujours fermé. Je ne l’avais pas encore ouvert et nous étions déjà le 20 de ce mois. Cela me fit tiquer un moment mais la pensée disparut aussi vite qu’elle était venue. J’avais des problèmes bien plus importants que ça. Je me nettoyais les dents et ensuite les résidus dans la chambre. Heureusement que le lit n’avait pas été touché.

 

Toc toc toc

 

Moi : oui ?

 

Alice (ouvrant la porte) : c’est moi madame

 

Moi (dans la regarder) : finalement il faut laisser le petit déjeuner en bas je vais descendre

 

Alice : d’accord madame mais il y’a vos amies qui sont en bas

 

Moi (me retournant vivement) : quoi ??? Tu leur as dit que j’étais là ?

 

Alice (regardant ses pieds) : oui madame...excusez-moi je ne savais pas...

 

Moi : c’est bon ! Dis-leur que j’arrive tout de suite.

 

J’aurais dû m’y attendre après tous les appels que j’avais délibérément ignoré. Elles n’allaient pas lâcher prise tant que je ne leur aurais pas donné d’explications concrètes. Je redoutais ce moment, mais surtout de savoir quel jugement elles porteraient sur moi après. Il faut dire que l’opinion des gens me tenaient vraiment à cœur et je n’aimais pas qu’ils aient une mauvaise impression de moi. Je passais ma tenue le plus lentement possible et descendis retrouver les filles. Leurs yeux se posaient en même temps sur moi dès que j’eus terminé de descendre les marches de l’escalier.

 

Nancy : comment vas-tu ma chérie ?

 

Moi (souriant) : ça peut aller merci.

 

Violette : tu es sûre ? Nous avons toutes essayé de te joindre pour prendre de tes nouvelles mais tu n’as décroché aucun de nos appels

 

Moi : ne le prenez pas mal mais j’avais besoin de me retrouver seule un moment

 

Salomé : vous voyez ! je vous l’avais dit. Apprendre que son mari mène une double vie un soir comme ça ce n’est pas facile hein.

 

Nancy : si je pouvais remonter le temps pour effacer cette partie de la soirée…

 

Moi : c’est gentil mais ce qui est fait est fait.

 

Violette : il va falloir voir lequel des mariages a eu lieu en premier et lequel est nul

 

Salomé : tu n’as pas suivi la conversation hier ? Les enfants ont 11 et 8 ans c’est un peu logique à mon avis !

 

Nancy : Salomé ! Un peu de tact toi aussi

 

Salomé (me regardant) : excuse-moi Linda

 

Moi : ne t’en fais pas. Après tout ce n’est que la vérité

 

Nancy : c’est un salop tout de même...vivre une double vie et infliger une pareille souffrance à des femmes qui n’ont rien demandé !

 

Violette : qu’est-ce qu’on n’a pas encore vu avec les hommes ? Qu’est-ce qui t’étonne ?

 

Moi : ne parlez pas ainsi les filles

 

Salomé : ne me dis pas que tu es en train de prendre sa défense la !

 

Moi : c’est que...

 

« Madame »

 

Je fus interrompue par le gardien qui venait de nous retrouver dans le salon avec un air embêté.

 

Moi : qu’est-ce qui se passe ?

 

Lui : il y a une femme dehors qui demande absolument à vous voir. Je lui ai demandé son nom elle a refusé de le dire donc moi aussi je dis qu’elle ne rentre pas. Elle dit que si je ne la laisse pas passer elle va faire un tapage et depuis elle fait son chauffeur klaxonne les voisins sont venus parler fort fort sur moi.

 

Fatiguée par les talents particuliers de narrateur dont faisait preuve mon gardien, je lui demandais de bien vouloir laisser la femme rentrer. Qui cela pouvait être ? Je ne savais rien. Je m’excusais auprès des filles et sortis attendre devant l’entrée du salon en tirant mon cou pour essayer de mieux voir le portail d’entrée. Quelle ne fut ma surprise lorsque cette dame vêtue dans cette longue robe, avec un foulard sur la tête passa mon gardien. C’était la femme de Dharan, Ferri. Pendant un court instant mon cœur bondit dans ma poitrine mais très vite je repris mon air serein en l’attendant, toujours debout devant la porte.

 

Elle avançait vers moi avec grâce. Il faut le reconnaître, cette femme avait pour elle et la beauté et la grâce. Malgré son apparence simple elle restait attirante tout de même. Et ce corps après deux enfantements ! beaucoup de femmes l’envieraient. Elle finit par se retrouver devant moi, regardant autour d’elle.

 

Moi : je peux vous aider ?

 

Ferri : c’est donc ici qu’il vous loge ? C’est ici que vit sa salope ?

 

Moi (dépassée) : un tel langage venant d’une femme dont l’apparence est si distinguée ! Décidément l’habit ne fait pas le moine. Et renseignez-vous bien avant d’avancer des conneries. Personne ne me loge car cette maison m’appartient entièrement.

 

Tout était allé tellement vite que je ne vis même pas sa main venir vers moi. Déjà elle m’avait administrée une gifle très violente. Je ne pus que me tenir la joue en criant de toutes mes forces. Ça faisait vraiment mal, je ne pouvais le nier. Autant de force dans un corps aussi fin !

 

Moi (criant) : ça ne va pas chez vous ?

 

Ferri : considérez cette douleur comme du miel. J’aurais préféré cette douleur à celle que vous m’avez infligée. De votre faute, ma maison était à chaque fois désertée par mon mari. Mes enfants voyaient de moins en moins leur père et mon mariage était au fond du gouffre. Combien de billets d’avions ai-je vu comportant votre nom, les habits qu’ils ramenaient de ses voyages qui sentaient encore votre parfum ? Allez y vivre cette douleur et je verrai si vous allez vous plaindre de cette gifle.

 

Les filles étaient sorties après qu’elle ait fini de parler. Elles avaient dû m’entendre crier.

 

Nancy : qu’est-ce qui...vous ?

 

Ferri : je vois que vous êtes bien amies...faites attention vous risquez d’être sa prochaine victime

 

Je me tenais toujours la joue alors qu’elle tournait les talons, prenant la route vers la sortie. Les filles me ramenaient à l’intérieur, constant ma joue qui faisait très mal. Violette m’apporta de l’eau à boir et un sac de glaçon à placer sur ma joue.

 

Salomé : je n’ai jamais compris les femmes mariées qui se comportent ainsi. Elle pense peut-être que tu ne souffres pas de cette situation ? S’il y’a quelqu’un à blâmer c’est bien son mari. Un joueur sur deux tableaux comme ça. D’ailleurs comment connait-elle ta maison ?

 

Moi : elle a raison les filles...je savais très bien que Dharan était marié !

 

Nancy : pardon ?

 

Moi : Dharan n’a jamais été mon mari

 

Violette : mais...mais la bague !

 

Moi (regardant la bague) : oh ça ? (Souriant amèrement) je me suis achetée cette bague moi-même afin de faire vraiment croire autour de moi que j’étais une femme mariée.

 

Nancy : Linda si c’est une blague elle est de très mauvais goût.

 

Soufflant, je pris mon élan et repartis dans le passé.

 

Je me cherchais encore lorsque je fis la connaissance de Dharan. Moi qui avais promis me concentrer sur la réalisation de mon projet, la société que j’ai aujourd’hui, je n’avais pas pu résister au charme de ce charmant monsieur qui s’était arrêté faire une course non loin de mon studio. Et apparemment cela avait été réciproque. Dharan m’avait fait la cour de façon assidue, n’oubliant pas de mettre l’argent au-devant. Je savais bien que c’était un homme riche, rien qu’à la voiture qu’il roulait. Apprendre qu’il était de nationalité nigériane m’avait quelque peu refroidie avec tous les préjugés qu’on avait. Des préjugés qui tuent les relations humaines. Il faut attendre de vivre une expérience avant de prendre position. Ce n’est pas parce que ta relation avec un autre nigérian a été bizarre qu’elle le sera avec tout le reste du peuple nigérian.

 

Bref ! L’argent de Dharan ne me faisait aucun effet et c’était avec bon cœur que je refusais toute aide lorsqu’il m’en faisait la proposition. Aujourd’hui je suis fière d’avoir monté ma société toute seule et d’avoir construit une maison pareille de mon propre argent. J’avais fini par succomber au charme de Dharan après deux longs mois. Un soir, après une année de relation, alors qu’il dormait, délicatement j’avais pris son téléphone...j’étais allé voir dans ses photos puisqu’il n’y avait rien dans sa messagerie et là je tombais des nues. Des photos d’une femme, des enfants, de lui et cette femme et ces enfants. Je l’avais réveillé sur le champ pour qu’il m’explique ce qui se passait. Il n’était pas passé par quatre Chemins pour me dire qu’il s’agissait de sa femme et ses enfants.

 

J’avais crié, j’avais pleuré, j’avais juré ne plus le revoir. Ce soir-là j’avais quitté cette chambre d’hôtel qui était à chaque fois témoin de nos nuits folles. Je ne comprenais pas pourquoi il avait décidé de me faire autant mal en me donnant un certain espoir. Ce soir-là j’avais décidé de faire une croix sur l’amour. Je me devais de ne plus perdre mon objectif de vue. Ma réussite sociale.

 

Dharan n’avait pas chômé. À chaque fois il me faisait livrer des cadeaux à mon studio. Des messages de pardon j’avais reçu de lui. Il jurait même de vouloir quitter sa femme pour moi. Cette promesse je la savais entièrement fausse. Un jour il débarqua chez moi et avec le sourire je le laissais rentrer. Je fus la première à prendre la parole. J’avais souhaité tourner cette page mais je l’avais dans la peau, il restait mon péché mignon. De plus allais-je me mettre avec un autre homme qui me tromperait surement comme le faisait Dharan avec sa femme ? Autant être celle qui ne pleure ni ne souffre.

 

Moi : je suis consciente que cette histoire ne nous mènera nulle part. Un homme ne quitte pas sa femme pour sa maîtresse en tout cas c’est rare. Je ne te demande pas de faire de moi ta femme mais plutôt ta femme ici à Abidjan

 

Dharan (hésitant) : je ne comprends pas

 

Moi : je ne ressens pas le besoin de me marier...mais je ne peux me résoudre à vivre sans toi. Je sais que tu as ta femme mais je suis prête à être la deuxième. C’est à dire qu’à Abuja ta femme reste ta femme mais à Abidjan je suis ta femme.

 

En d’autres termes j’avais moi-même pris la décision d’être la maîtresse de Dharan. C’était ainsi que je voyais la vie. Ma mère n’avait pas arrêté de me mettre la pression. Notre voyage aux États Unis avait été l’occasion parfaite pour faire croire à ma mère que nous nous étions mariés. C’était facile d’utiliser photo shop pour lui présenter les photos de cette cérémonie qui d’après moi avait eu lieu entre Dharan, le célébrant et moi.

 

Dharan avait établi les règles de cette relation.

 

-       Notre amour ne devait jamais être su dans son pays...nous avions visité plusieurs pays ensemble mais jamais le sien.

 

-       Sa femme ne devait en aucun cas être mise au parfum de cette idylle. Je ne devais donc jamais l’appeler lorsqu’il retournait dans son pays. Tous les appels devaient venir de lui.

 

-       Je devais limiter mes fréquentations pour ne pas que des bruits sur notre relation courent un peu partout.

 

-       Aucun enfant ne devait déranger cette relation. Tous ses enfants devaient venir de sa femme. De mon côté je ne me voyais pas mère. La contraception était donc mon quotidien.

 

J’avais accepté ses règles et je m’y plaisais. Il faut dire qu’à début il passait sept mois sur douze avec moi. Pour dire qu’il passait plus de temps avec moi qu’il ne passait avec sa femme. Puis les choses ont changé...ma vision avait changé. Ses absences me faisaient de plus en plus mal et je supportais moins le fait qu’il passe du temps avec sa femme. Je voulais un homme à moi toute seule, je voulais moi aussi fonder une famille. Je réalisais que mon âge avançait et j’avais espéré que Dharan puisse m’offrir tout cela.

 

Hélas c’était trop lui demander...il tenait trop à sa famille pouvais-je lui en vouloir ?

 

Moi (revenant au temps présent) : voilà vous savez tout ! J’ai été pendant tout ce temps la maîtresse consentante de Dharan.

 

Violette : je ne sais vraiment pas quoi dire !

 

Nancy : c’est...c’est déroutant

 

Salomé : comme quoi chacun a ses secrets


Liens d'amitié