CHAPITRE 22

Ecrit par Maylyn

-Réveille-toi Papa ! On t’apporte le petit déjeuner au lit !

Ouvrant les yeux avec difficultés, je vis trois paires d’yeux qui me fixaient. Les trois femmes de ma vie étaient tout sourire, attendant visiblement que je remarque leur petite surprise. Après avoir cogité toute la nuit, je n’avais pu fermer les yeux qu’à l’aube. Refoulant les pensées sombres qui m’assaillaient de nouveau, je fis un effort pour ne pas décevoir mes filles. Je m’assis dans le lit en plaquant un sourire forcé sur mon visage et m’écriai :

-Oh la belle surprise que voilà ! C’est en quel honneur ?

-Nous voulions juste te rappeler à quel point tu comptes pour nous. N’est-ce pas les filles ?

Elles hochèrent vivement la tête, les yeux brillants.

-Alors, nous avons décidé que comme c’est la semaine de ton anniversaire, tu aurais droit à un petit déjeuner au lit tous les matins jusqu’à samedi !

-Venez dans mes bras toutes les trois !

Je les serrai très fort contre moi. J’eus un pincement au cœur en sentant le parfum de ma femme. Mon Dieu, pourquoi cela nous arrive-t-il ? Pourquoi me fais-tu ça Sun ? Je réussis à me reprendre quand elles se dégagèrent. Je frappai dans mes mains et m’exclamai :

-Tout ça a l’air super appétissant ! Je sens que je vais me régaler !

-Tu vas finir tes pancakes tout seul Papa ? Me demanda Samira, les yeux rivés sur le plateau d’un air gourmand.

-Sami ! Qu’est-ce que j’ai dit ? Je t’ai bien demandé de choisir entre les céréales et les pancakes et tu as choisi les céréales alors laisse Papa manger tranquille.

-Mais je demandais seulement Maman ! Protesta-t-elle d’un air innocent.

-C’est ça oui !

-Laisse-la Sun ! De toute façon, vous m’avez trop gâté ce matin ! Je ne pourrai jamais terminer tout ça ! Allez viens m’aider Sami ! A nous deux, je suis certain que nous vaincrons !

Alors qu’elle s’asseyait les pieds en croix en face de moi, Nielini demanda à son tour:

-Et moi, je peux aussi vous aider Papa ? Je pense que Maman en a fait trop franchement ! Et Mémé Ceecee dit que ce n’est pas bien de gaspiller la nourriture n’est-ce pas ? On peut même aller en enfer pour ça tu sais ?

-Ah bon ? Donc je suppose que tu veux nous assister juste par charité c’est ça ?

-Exactement ! Affirma-t-elle l’air sérieux.

-Ok alors, nous pouvons te faire une petite place ! Allez viens Mon Cœur !

Yélen eut un soupir et leva les yeux au ciel.

-Bon d’accord, nous aiderons toutes Papa ! Mais on se dépêche un peu ! D’accord les filles ? Maman a une multitude de choses à faire aujourd’hui avec Tata Zeinah et vous êtes encore en pyjama.

En entendant cela, mon cœur serra un peu plus.

-C’est pas grave Maman ! Moi je peux me baigner toute seule tu sais ? Et j’aiderai Bébé Sami aussi !

-Oui Maman et puis je lace mes chaussures toute seule maintenant !

-Je sais tout ça mes filles ! Vous êtes des grandes maintenant ! Malheureusement, vous ne l’êtes pas encore suffisamment pour dompter vos crinières de lionnes donc j’avais prévu de vous faire un shampooing et des tresses ce matin avant de sortir. Mais là, je pense que ce sera un peu juste. On remettra ça à mon retour c’est mieux.

-Au fait, comment va Zeinah ? Lui posai-je la question. Vous êtes tout le temps ensemble mais elle n’est pas venue à la maison depuis un bon bout de temps je trouve.

-Euh…Oui elle se porte à merveille Chéri ! Je lui en toucherai un mot.

-On devrait organiser un petit truc un weekend avec sa famille. Un barbecue par exemple serait parfait non ?

-Oui oui c’est une excellente idée. Je lui en parlerai et nous bloquerons une date. Bon, moi j’ai assez mangé comme ça. Je pense que je vais aller prendre ma douche sinon je serai en retard à mon rendez-vous.

Elle se précipita vers la salle de bain et juste avant d’y entrer, elle se retourna un sourire d’excuse sur les lèvres et me murmura :

-Je t’aime !

-Je t’aime !

Cette journée fut l’une des plus rudes de ma vie. Je la passai à la maison, profitant apparemment de mes filles mais l’esprit complètement ailleurs. Je ne pouvais m’empêcher de penser à mon épouse qui était en ce moment même avec je ne sais qui à faire je-ne-sais-quoi ! J’étais complètement rongé par la jalousie et en même temps ma fierté m’empêchait de prendre mon téléphone et d’ordonner à ma femme de rentrer immédiatement au bercail. Bien sûr, je pouvais essayer de me confier à Andrew mais là aussi mon orgueil m’en dissuadait. Et puis, c’était son meilleur ami alors peut-être même qu’il était au courant de tout ! A la fin de la journée, j’étais complètement à cran. Je refermais la porte de la chambre des petites après les avoir mises au lit quand j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir. Je descendis les marches le visage fermé.

-Non mais tu te fous de moi ou quoi ? Tu as vu l’heure ?

-Bonsoir Sun ! Ta journée a été bonne ? Oui mon Chéri et la tienne ? Pareil…

-Arrête Yélen ! Je suis sérieux ! Il est 22h ! Est-ce que tu te rends compte que tes filles viennent juste de s’endormir parce qu’elles voulaient absolument que ce soit toi qui leur lise leur histoire ce soir ?

-S’il te plait PM pas ce soir ! Je suis épuisée ! Tout ce que je veux à cette heure, c’est prendre une douche et aller dormir. On en reparlera demain d’accord ?

-Demain ? A quelle heure ? Parce que je suppose que tu dois encore sortir avec Zeinah non ?

-Et alors ? C’est un crime ?

Devant sa mine défiante, je me retins à temps de déverser tout ce que j’avais sur le cœur. Au lieu de cela, je tournai les talons et me dirigeai vers la cuisine en criant :

-Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux ! Je m’en fous royalement ! Tu es tellement idiote que tu ne te rends même pas compte du bordel que tu fous dans nos vies !

J’entendis le bruit de ses talons qui martelaient furieusement les marches des escaliers. Bon Dieu ! On ne pouvait pas continuer comme ça !

Les jours qui suivirent, comme promis, j’eus droit à mon petit-déjeuner au lit. Bien que notre relation ne soit pas au beau fixe avec Yélen, nous évitions autant que faire se peut de le montrer devant les filles. J’en souffrais énormément et j’en étais venu à la conclusion que j’aborderais le sujet le dimanche juste après mon anniversaire. Il fallait vraiment que nous ayons une discussion franche. J’étais fatigué de cette tension entre nous, d’autant plus qu’elle continuait ses sorties et ne rentrait que tard le soir. J’avais l’espoir que nous passerions au moins la journée de mon anniversaire en famille. Mais apparemment, ce n’était pas son intention d’après ce qu’elle m’annonça le samedi matin. Nous étions tous les quatre assis sur le lit et comme d’habitude, les petites avaient décidé de « m’aider » à terminer mon plateau. Quand Nielini demanda ce qu’on ferait de spécial dans la journée, elle lui répondit :

-Désolée Lily mais Maman a beaucoup de choses à faire aujourd’hui.

-Oh Non Maman ! Pas aujourd’hui ! S’il te plaît, sors pas !

-Si vraiment je le pouvais, je le ferais Chérie. Cependant, ce soir nous sortons tous dîner ! J’ai préparé une petite surprise pour Papa !

Quittant sa mine boudeuse, elle sauta sur place :

-Chouette ! Ce sera trop bien ! On aura le droit de veiller tard alors ?

-Bien sûr ! Aujourd’hui est un jour spécial ! Pas vrai Papa ?

Elle me regarda d’un air suppliant. Ne la quittant pas des yeux, je m’adressai aux petites.

-Très spécial ! C’est mon anniversaire donc rien ne sera comme d’habitude !

-Moi aussi Maman ? Demanda Sami.

-Toi aussi Mon Bébé.

-Yeaaaaah !

Et pendant que nos filles trépignaient de joie, Yélen me donna un rapide baiser et se dirigea vers la salle de bain.

-Bon, moi je file ! Joyeux anniversaire encore une fois Chéri !

Je la regardai disparaître derrière la porte, le cœur lourd.

Ce soir-là, je patientais dans le salon en regardant les informations à la télé, attendant que ma femme et mes filles descendent enfin. Pour une fois, elle était rentrée vers 17h. C’était mieux que rien ! Enfin, je les entendis arriver. Je me levai pour les rejoindre dans l’entrée. Yélen, comme d’habitude rayonnait dans une robe fourreau noire qui révélait ses nouvelles formes obtenues grâce à ses deux grossesses et des escarpins de la même couleur. Les petites quant à elles, étaient à croquer dans leurs robes colorées à volants et leurs ballerines blanches. Leurs crinières avaient été domptées en un chignon fait avec des rubans de couleurs. Elles formaient toutes les trois un ravissant tableau.

-Que tu es beau Chéri ! C’est bien que tu n’aies pas mis de veste. Cette chemise blanche et ce pantalon bleu marine te vont à merveille ! Quelle chanceuse je suis !

-C’est moi le plus chanceux d’avoir près de moi les plus belles jeunes femmes au monde !

Je pris Sami dans mes bras et demandai :

-Alors quel est le programme ?

-Comme je l’ai dit ce matin, c’est une surprise donc une fois dans la voiture, je vais te bander les yeux ok ?

-Euh…Ok ! Dépêchons-nous alors ! Je suis de plus en plus impatient !

Dès que nous fûmes dans le véhicule, comme promis, elle me banda soigneusement les yeux avec un foulard. Nous roulâmes durant une trentaine de minutes et dans la voiture, nous jouâmes avec les filles à deviner la surprise. Quand elle gara enfin, nous descendîmes et elle me guida en me tenant le bras. Je sentis Nielini me prendre l’autre main et j’entendis les petits pas de Sami devant nous. Tout d’un coup, j’entendis notre dernière courir en s’écriant :

-Mémé Ceecee !

Immédiatement, Yélen me retira le bandeau et je fus durant quelques secondes aveuglé par la lumière vive.

-Surprise !

Médusé, je regardai toute ma famille me chanter « Joyeux Anniversaire ». Tout le monde était là : Mémé Mado et son époux, les frères et sœurs de ma mère, leurs époux, épouses et enfants, Maman et Papa. Mon oncle Martin, le frère de mon père était aussi présent avec sa femme et ses deux filles qui elles aussi étaient venues avec maris et enfants. Bien sûr, Andrew, Zeinah, Franck et leurs deux garçons étaient aussi de la partie. Sans oublier Tracy, l’ancien agent de ma femme, Tonton Lassina et Marco et sa famille. Mais ce qui me sidéra le plus, ce fut de voir Jean-Paul, Irène, leur fille Julie et Yves. Complètement bouche bée, je me retournai vers Yélen qui m’observait, un grand sourire aux lèvres. Pendant que les hourras et les rires fusaient de partout, elle me murmura :

-Alors, tu l’aimes ta surprise ?

-Seigneur ! Sun, mais comment…

-Comment j’ai réussi cet exploit ? S’esclaffa-elle malicieuse. Il m’a fallu près d’un an pour préparer ça ! Mais nous en parlerons après ! Pour le moment savoures Mon Cœur ! Cette soirée est la tienne !

Terriblement ému, je ne pus que la prendre dans mes bras et lui donner un long et langoureux baiser pour lui exprimer toute ma gratitude. Ce fut JP qui m’interrompit en me tapant sur l’épaule.

-Eh Mec, vous aurez le temps pour ça plus tard ! Pour le moment, viens là !

Ce fut le début de longues embrassades qui durèrent un certain temps. Tout le monde tenait à me féliciter. Encore sous le choc de cette belle surprise, je me laissai faire de bonne grâce. La fête battait son plein quand, assis à l’une des nombreuses tables en compagnie de Yélen qui tenait Sami endormie dans ses bras et Zeinah, je demandai enfin des explications concernant l’organisation d’un tel évènement. Yélé éclata de rire avant de s’exclamer :

-Oh ça a été vraiment chaud tu sais ! Il y a même un moment où j’ai voulu laisser tomber ! Tu imagines un peu : il fallait obtenir des visas pour tout ce monde ! Heureusement pour nous, certains ont des passeports diplomatiques et pour les autres ce sont les relations d’oncle Sylvain et de Papa qui ont joué. Avoir un diplomate dans la famille peut servir parfois. Ajouta-telle avec un clin d’œil.

-Et tu les as fait venir comment ?

-Avec le jet privé de l’entreprise familiale. Tu devras d’ailleurs faire un gros bisou à Tata Monique pour avoir donné son autorisation ! Certains sont arrivés mercredi et les autres hier. Finalement, tous tes voyages à cause du boulot nous ont beaucoup aidés.

-Donc si je comprends bien, toutes tes absences…

-Eh oui Mon Chéri ! Je suis vraiment désolée mais je ne pouvais rien te dire. Tu me pardonnes ?

-Si je te pardonne ? Mais tu rigoles ! C’est plutôt à moi de te demander pardon au contraire pour avoir douté de toi Mon Amour.

-Comment cela ?

-Quand j’étais au parc avec les filles samedi passé, je n’arrivais pas à te joindre donc j’ai appelé sur le portable de Zeinah et c’est Franck qui a décroché. Alors imagine mon désarroi quand il m’a appris que sa femme était en voyage pour le moment !

-Oh Mon Dieu ! Tu vois Zeinah, je t’avais bien dit qu’il fallait en parler à ton mari !

-Non non crois-moi ! Franck est nul pour garder les secrets ! Il aurait tout révélé à PM en un rien de temps !

-Alors tu étais en Côte d’Ivoire à ce moment là ?

-Exact ! J’étais obligée d’être sur place pour pouvoir peaufiner les derniers détails et être certaine qu’il n’y aurait aucun pépin concernant la disponibilité des uns et des autres.

-Et je t’en remercie vraiment Zeinah ! Tu as été formidable ! Sans toi, je n’aurais jamais pu réaliser tout cela ! Dit-elle en balayant la salle d’un geste.

-Attends c’est de cet hôtel dont tu parlais quand tu donnais l’heure du rendez-vous la dernière fois alors ?

-Pierre-Marie ! Tu m’as espionné ?

-J’avais senti à quel point tu étais fébrile quand ton téléphone a sonné. Alors oui, je me suis caché pour t’écouter parler. Et c’est là que j’ai entendu le mot « hôtel » ! Si tu savais tout ce que j’ai enduré durant ces derniers jours !

-Oh mon pauvre ! Je suis vraiment désolée ! J’étais au téléphone avec Nicky, l’organisatrice. Elle avait besoin de mon avis sur certains points. Je n’avais aucune idée de l’ampleur de ce projet quand je l’ai envisagé ! C’était un peu fou de vouloir réunir toutes les personnes qui te sont chères alors j’espère que tu savoures mon cadeau à sa juste valeur!

-Je suis comblé Sun, comblé ! Et épaté aussi que tu aies pu louer tout le restaurant ! Nous sommes dans l’un des plus grands hôtels de New York quand même !

-Remercies le Ciel d’avoir une Star pour épouse !

Nous nous mîmes tous les trois à rire.

-Allez ! Assez bavardé pour ce soir ! Allons profiter de cette belle soirée ! Tu m’invites à danser ?

-Avec plaisir !

-S’il te plait Zeinah, tu peux garder Sami un moment ?

-Quelle question! C’est ma filleule non ? En plus elle est trop craquante comme ça ! Donne-la-moi et allez vous amuser !

Les souvenirs de cette soirée émouvante et unique restèrent à jamais gravés dans ma mémoire.

***

Les mois passèrent, tranquilles et heureux malgré la reprise de mes voyages. Sun commença à se pencher sur un projet qu’elle avait en tête depuis un bon moment : créer une fondation qui viendrait principalement en aide aux enfants albinos, orphelins ou rejetés et qui s’occuperait aussi de la sensibilisation des populations concernant les a priori et autres préjugés que les gens pouvaient avoir concernant l’albinisme. Et pour financer ce projet, elle avait créé une marque de produits cosmétiques, spécialement conçue pour son type de peau. D’après elle, les produits vendus sur le marché n’étaient pas adaptés pour les peaux albinos alors que celles-ci avaient vraiment besoin d’être protégées des rayons du soleil. Le lancement de « Yélen » sa marque, était prévu pour l’année prochaine. Et elle s’y consacrait à fond.

Nous étions ce dimanche là tous les quatre dans notre parc préféré, en train de pique-niquer. Je devais voyager pour le Burkina Faso le Mardi pour un mois. Un nouveau projet m’y attendait. Donc nous profitions de nos dernières heures en famille. Assis à l’ombre d’un grand arbre, nous dégustions le panier préparé par Marisa en écoutant le babillement incessant de nos filles.

-Alors Sami, qu’est-ce que tu voudrais pour ton anniversaire le mois prochain ? Lui demanda sa mère. Après tout, nous fêterons tes 3ans ! Alors ce doit être une fête mémorable !

-C’est quoi mémorable ?

-Mémorable ? Eh bien…C’est quand on se souvient d’une fête longtemps après.

-Comme la fête de Papa ?

-C’est ça ! Comme la fête de Papa !

-Alors, moi aussi on va faire ma fête dans un grand restaurant ?

-Pourquoi pas ? On va demander à Tonton Marco. Je suis certaine qu’il acceptera. Vous êtes ses Principesse* donc il ne peut rien te refuser tu le sais bien. Pas vrai Papa ?

-Je confirme oui ! Je suis sûr qu’il sera enchanté !

-Yeaaaaaah !

Elle se leva et se mit à danser. Nous éclatâmes de rire en la regardant se trémousser maladroitement.

-Et moi alors ? Bouda Nielini.

-Mais nous avons fêté ton anniversaire cette année au parc d’attraction Lily ! Lui rappela sa mère.

-Humm oui c’est vrai Maman tu as raison. Pardon. Mais dis, l’année prochaine, on pourrait aller fêter le mien à Abidjan ?

Yélen lui fit un baiser dans les cheveux.

-Oui si c’est possible. On va y réfléchir d’accord ?

-D’accord.

Brusquement, on entendit Sami gémir et se tordre de douleur. En un éclair, Yélen et moi fûmes à ses côtés.

-Qu’est-ce qui se passe Ma Puce ?

-J’ai encore mal au ventre ! Pleurnicha-t-elle.

-Encore ? Comment ça ? Demandai-je.

-Oui, elle s’est plusieurs fois plainte d’avoir mal au ventre ces jours-ci. J’en avais parlé à son pédiatre au téléphone mais elle m’avait dit qu’il n’y avait rien de grave et que c’était fréquent chez certains enfants. Mais là, je vois qu’elle commence à chauffer. PM, il serait mieux qu’on aille à l’hôpital non ?

-Oui tu as raison Chérie. Ce n’est sans doute rien de grave mais bon, cela nous rassurera d’entendre un médecin nous les dire.

Nous nous dépêchâmes de ranger nos affaires et nous rendîmes aux urgences. Sur la route, Yélen appela le Docteur Anderson, le pédiatre de nos deux filles pour la prévenir. A notre arrivée, Samira fut immédiatement prise en charge par l’équipe de garde. Après quelques examens et une échographie, le médecin conclut à une crise d’appendicite et préconisa qu’elle soit opérée dans les heures qui suivaient. L’arrivée du docteur Anderson fut un soulagement. Après avoir consulté son confrère, elle tomba d’accord avec le diagnostic et fit préparer la petite pour une appendicectomie d’urgence. Elle réussit cependant à nous rassurer sur l’intervention qui devait durer moins d’une heure. Et ce fut le cas. Notre puce fut ensuite emmenée en salle de réveil et plus tard fut transférée dans une chambre. Il y avait eu finalement plus de peur que de mal. Nielini, quant à elle, refusa de rentrer à la maison avec moi sans avoir vu sa petite sœur. Alors elle resta jusqu’à ce qu’on nous autorise à lui rendre une petite visite. Entre temps, tout avait été arrangé pour que Zeinah la prenne chez elle jusqu’à ce que nous ayons l’autorisation de ramener Sami chez nous. Autorisation que nous obtînmes le matin du jour de mon voyage. Malgré mes protestations, Yélen réussit à me convaincre que tout irait bien en mon absence. Nous passâmes cette journée tous les quatre et juste avant mon départ, nous nous fîmes un selfie que je mis en écran de veille sur mon portable. Quand mon taxi fut enfin là, nos filles dormaient à points fermés. Nous tenant face à face sur le pas de la porte d’entrée, mon épouse me murmura :

-Vous allez drôlement me manquer Monsieur Aka !

-Pas plus que vous ne me manquerez Madame Aka !

-Prends soin de toi ok ?

-Promis ! Et toi, veille bien sur nos pitchounes et sur toi aussi. Et surtout ne bosse pas trop sur ton projet d’accord ? Je sais qu’il te passionne mais prends un peu de temps pour toi parfois.

-Allez, ne fais pas plus attendre ton taxi. Je t’aime !

Après un baiser tendre, je lui répondis :

-Je t’aime !

Puis je dévalai les marches du perron, tenant fermement ma valise.

***

Couché dans la chambre de l’appartement loué à mon intention, je contemplais le selfie pris une semaine auparavant avec ma petite famille. Après une journée de travail épuisante mais fructueuse, je me reposais sur mon lit, imaginant ce que pouvait bien faire mes Amours. Vers 17h, j’avais pu leur parler et bien qu’elle ait encore un peu de fièvre, Sami gardait son esprit vif. D’après les médecins, cette fièvre était banale et s’estomperait au fil des jours. Un sourire me vint spontanément en me rappelant d’elle, dansant le dimanche au parc. Vivement que ces trois semaines passent afin que je rentre chez moi. Je m’apprêtais à me lever pour me faire à dîner quand mon téléphone se mit à sonner. Heureux de voir le nom de ma femme s’afficher, je décrochai immédiatement.

-Je te manque déjà Ché…

-Pierre-Marie ! C’est Andrew.

-Andrew ? Qu’est-ce qui…

-Ecoute-moi Pierre-Marie…Voilà…Il est arrivé quelque chose…

-Quoi ? C’est Yélen ? Les enfants ? Mais parle Bon Dieu !

-C’est Sami Pierre-Marie. Elle s’est sentie mal et on l’a envoyé d’urgence à l’hôpital.

-Et alors ? Que disent les médecins ?

-Ils ont dit qu’elle a vraisemblablement attrapé un staphylocoque doré durant son hospitalisation à l’hôpital et cela a occasionné une septicémie…

-QUOI ?! Comment est-ce possible ?

-Il paraît que l’on chope parfois cette bactérie dans les hôpitaux.

-Mais comment va-t-elle maintenant ? C’est grave ?

-En fait…

-Quoi Andrew ? Mais tu vas parler Nom de Dieu !

-Eh bien en fait,…elle ne s’en est pas sorti PM.

-Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

-Je veux dire que…elle…Sami nous a quitté Pierre-Marie. Je suis désolé. Elle est morte.

En entendant cette dernière phrase, je sentis comme un gouffre sans fond s’ouvrir sous mes pieds.

Principesse*: Princesses en italien

YELE, Lumière de ma...