Chapitre 22

Ecrit par Mareme Soda Thioune

- Il paraît que c'est après demain les délibérations du baccalauréat 

- Oui Tata  Farimata répondit la  bonne. Cette dernière, depuis quelques temps maintenant, elle  m'ignore, et pourtant on s'entendait bien le début. Son rapprochement soudain avec Tata Farimata me fait comprendre qu'elle y est pour quelque chose.

- En tout cas ,dès lundi on saura qui étudie réellement et qui fait semblant. Répond t-elle en me regardant avec mépris

Elle émet un sourire mesquin avant de continuer

Tu sais Soukey , de nos jours il y'a certains élèves qui prétendent étudier alors qu'ils passent leurs temps à traîner dehors ,à s'amouracher à faire du n'importe quoi . Aucune vergogne ! 



C'était ainsi depuis le début des examens. Elle se prenait un malin plaisir de me lancer des piques. Alors que devant toute la famille, elle était la douce Tata , elle se permettait même de me conseiller.

Mon Dieu !

Comment on peut être si fausse , si hypocrite ? 

Comme d'habitude, je fais comme si je n'ai rien entendu et, continue mon chemin. De toute façon, je suis assez stressée pour m'occuper de ces détails, de surcroît m'attarder sur une haine que je jugeais non justifiée.


Ces trois jours étaient plus que éprouvants pour moi. Chaque jour, je devais me lever tôt pour aller à mon centre d'examen. Le lycée Lamine Gueye était assez éloigné, heureusement que Fadel a eu la gentillesse de nous  amener Djamil et moi . Ce dernier passait son examen à Notre Dame , on se voyait qu'à l'heure du retour, où on prenait ensemble le taxi pour rentrer.

Avec tout ce qui s'est passé entre nous, une gêne s'était installé malgré que l'on s'est expliqué à la veille de l'examen. Ainsi dans le taxi, c'était toujours le silence radio, personne de nous deux parlait et c'était mieux pour moi. Je n'avais plus envie de lui parler, il m'avait tellement déçu...


<< Ma puce, tu es toujours partante pour m'accompagner demain >>

Le message de Djeyna me tire de mes pensées. Je me rappelle que je l'avais promis que j'allais l'accompagner à leur délibération . Contrairement à moi, leur jury délibère demain, le dimanche.

Je lui répond à l'affirmatif, avant d'éteindre mon téléphone. Je ne voulais que dormir, oublier tout ce stress.
C'est avec la tête pleines d'idées débordante que je me suis endormie.


Trois heures, plus tard, je fus réveillée par des maux de ventre atroce. Il était environ dix-sept heures . C'est avec beaucoup de peine que je me suis dirigée sous la douche, comme je m'en doutais ce sont mes ragnagnas. Malheureusement je fais partie des filles qui souffrent énormément  durant ces périodes. La fameuse règle douloureuse dont je suis victime chaque mois.




Ahmada Djamil Ndoye


- Soukey ça va ? où est ma mère ?

- Tata a appelé, elle dit qu'ils vont passer la nuit là-bas

- D'accord et Oumou ?

- Dans sa chambre me répond t-elle en se dirigeant dans la cuisine.

Bizarre sa réaction !

J'allais partir dans ma chambre quand des bruits attirent mon attention on dirait des pleurs et ça provenait de la chambre de Oumou.

Je commençais à m'inquiéter.

- Oumou qu'est-ce qu'il y'a dis-je en entrant dans la chambre où je la trouvais allonger les yeux larmoyants, le visage pâle. Répond Oumou, tu m'inquiète là ?

- Ce n'est rien ! Souffla t-elle

- Ce n'est rien et tu pleures !

- Djamil ,j'ai juste mal au ventre s'il te plaît laisse moi tranquille

- Depuis quand t'as mal, t'as pris des médicaments, t'as mangé ?  Qu'est-ce qui est à l'origine de tes maux de ventre ?

Elle continue de pleurer

Inquiet , je sors mon téléphone et compose le numéro de ma soeur qui était, elle, aussi sortie.

Conversation téléphonique

- Djamil qu'est ce qu'il y'a ?

- Pourquoi tu es impolie, salue moi d'abord

- je suis avec mes amies si tu pouvais débriefer

- Idiote, tu ne sais pas quel médicament soulage les douleurs de ventre

- Depuis quand as-tu ces douleurs. Je viens de voir Fadilou, il m'a dit que tu étais avec eux

- Toi, comment ça se fait que tu vois Fadilou ?  Tu demandes la permission pour passer la journée chez une amie pour après te retrouver à la plage des Almadies . Est-ce que tu sais que papa le saura

- Djamil s'il te plaît ne dis rien à papa ni à maman d'ailleurs. Je vais tout t'expliquer après ce n'est pas ce que tu crois

- T'as intérêt

- Dis-moi pourquoi tu as besoin de ces médicaments

- Ce n'est pas moi qui en ai besoin mais Oumou

- Quoi ? 

- je te la passe

Elle échange des mots avec cette dernière avant qu'elle me redonne le téléphone.

Ma soeur me suggère les médicaments que je devais acheter avant de raccrocher. Elle, je vais régler son compte.

- Pourquoi tu ne m'as pas dis que ce sont vos truc de fille

Elle me regarde gêner

- Djamil s'il te plaît

- D'accord j'arrête. Mais tu n'as pas à être gêner

Elle me fusille du regard

- OK j'arrête ! Dis-je en rigolant.  Tu as mangé

Elle fait non de la tête. À le voir, on sentait qu'elle souffrait

- Et qu'est-ce qui tu veux manger ?

- Rien Djamil ,prépare moi du tisane et achète moi les médocs

- Non hors de question, tu manges d'abord ,après tu pourras prendre tes médicaments.

- Djamil, s'il te plaît, tu m'énerves

- OK j'arrête mais je ne te savais pas si poltron

Elle me jette le coussin et se recouche


# Ndeye Awa Gaye

Mon Dieu, je sens que ma vie est chamboulée et je crains que rien ne puisse me sauver.


               Flash back

-  Jeune fille as-tu un mari me demande le médecin ?

- Non, pourquoi cette question, dis-moi ce que j'ai ?  Je suis pressée

Oui en ces moments je n'avais qu'une hâte savoir ce qui m'arrivait. Quand je pense aux discussions que j'ai eu avec ma meilleure amie, en venant ici , ça m'effraie. Non, elle doit sûrement se tromper , c'est sûrement cela. Non, je peux pas tomber enceinte, je suis juste malade .

- Et bien, vous êtes enceinte !

- Quoi ? Dis-je en criant presque mais c'est impossible. Vous vous êtes sûrement trompé Monsieur ! je ne suis pas enceinte. Non Docteur, je ne peux pas être enceinte, . Mon Dieu ! Qu'est-ce que je vais dire à mes parents ? À ma mamie....

- Calmez vous jeune fille !

- Comment me calmer ? Mes parents vont me tuer. Je n'ai que dix-neuf ans  ,je n'ai pas de mari,

Je commençais à pleurer

- Calmez-vous s'il-vous-plaît

- Je ne peux pas me calmer ,tu m'entends criais-je. Ma vie est détruite .

Il me regarde avec tendresse, avant de venir près de moi

- Écoutez-moi, parlez en avec le père de ton enfant et discutez-en avec vos parents

- Docteur, il faut que vous m'aidiez à m'en débarrasser. S'il vous plaît ! Répondis-je en ignorant ce qu'il venait de dire

- Mademoiselle, je suis dans l'incapacité de le faire. En plus de cela un avortement peut-être dangereux  pour toi et

- Écoutez ,Monsieur ,gardez vos conseils pour vous dis-je en partant

Je sors de la clinique avec les larmes aux yeux. Je décide de partir chez  ma  meilleure amie . Je ne pouvais pas rentrer comme ça chez moi. Grand-mère est trop fuitée pour savoir qu'il y'a quelque chose qui ne va pas.

   
             Fin flash back


Awa, tu m'inquiète depuis que tu es là, tu ne cesses de pleurer même ma mère commence à me poser des questions sur ton comportement. Dis-moi ce qui ne va pas ?

- Binette, tu avais raison dis-je en pleurant de plus belle

- Quoi, comment ça de quoi tu parles ? Ne me dit pas que c'est à ce quoi je penses ?

- Oui ! Binette je suis enceinte ! Binette ma vie est foutu. Binette, qu'est-ce que je vais dire à mes parents, à mamie Awa ? Sama adouna yakhouna, ay binette fouma dieum( ma vie est gâchée)

- Arrête de pleurer s'il te plaît , tu te fais plus du mal. Tu sais que je ne supporte pas de voir les gens pleurer, surtout toi. Alors si tu ne veux pas que je pleure à mon tour, arrête s'il te plaît, tu me connais, quand je pleure c'est difficile de me calmer répond t-elle pour détendre l'atmosphère. Chut tout ira bien

Dans ses yeux, je pouvais voir de la peine.

Binette, c'est la seule personne qui ne me juge pas et me comprend dans ma vie. On s'est connue depuis nos cinq ans , et pourtant en grandissant, il y'avait tout qui nous opposait. Contrairement à moi, elle est calme, posée, tant de choses qui nous différent ,mais ce lien d'amitié si fort qui nous lie, fait qu'on ne peut s'éloigner l'un de l'autre. Il est vrai qu'avec le temps, je me suis fait de nouveaux amis. Mais je sais s'il n'y a quelqu'un à qui je peux avoir aveuglement confiance, c'est bien elle.

- Ça va, tu t'es calmé

- Oui ! Répondis-je avec la voix enrouée en me desserrant de son étreinte

- Et Tamsir ? Tu lui en as parlé ?

- Non ! Je suis venue direct chez-toi quand on m'a annoncé la nouvelle

- oh ma pauvre chérie, je suis vraiment désolée pour toi

- Ne le soit pas ! C'est de ma faute, j'ai voulu jouer, j'ai perdu

- Non, ne dit pas cela ! c'est juste une erreur de jeunesse

- Non Binette,  je me devais de rester vierge, ne pas me donner à un homme avant le mariage. Tu m'avais conseillé, ma mère pareille, mamie ne cesse de me rabâcher sur les oreilles de rester vierge. Regarde, maintenant dans quel pétrin je me suis mise en ne faisant qu'à ma tête

- Il n'est pas l'heure au regret, tu sais quoi je vais t'accompagner chez Tamsir et il va falloir le dire à tes parents.

- Quoi ! Jamais ! Tu veux me voir mourir ,ils vont me tuer ! Cet enfant ne naîtra pas. Je vais me faire avorter.

- Quoi ? Tu es devenue folle ou quoi ? Tu veux avorter ?

- Je ne veux pas de ce bébé ! Je ne peux pas le laisser naître pour à la fin être pointer du doigt tout le restant de ma vie. Je suis jeune, je suis toujours un bébé comment gérer un autre bébé.

- Tu délires ! Sache que je ne suis pas d'accord . Viens je t'accompagne chez Tamsir

On demande la permission à sa mère pour aller chez le glacier, avant de sortir prendre le taxi pour Fann Résidence . Plus on approchait de la maison, plus j'avais peur. En effet, j'appréhendais beaucoup la réaction de mon mec.  On arrive dans une belle maison, qu'aussi grande que la nôtre, c'était la première fois que je venais chez lui, on se voyait toujours dans l'appartement d'un de ses amis. Bref je m'attarde pas trop à contempler la maison, J'étais beaucoup trop préoccupé .

Il nous invite à entrer, on se dirige dans sa chambre, il devait être seul  dans la maison car il y régnait un silence radio.

- Ça va ? Vous allez bien ? Je vous sers quelques choses

- Non merci ! Awa a quelques choses à te dire. Répond ma meilleure amie. Entre eux, ils n'y avaient jamais d'entente. Ma meilleure amie disait ne pas supporter le genre d'homme qu'il est ,narcissique, et mon mec lui reprochait son mauvais caractère

Bref, juste pour vous dire qu'ils ne s'appréciaient pas

- Parle ! me secoue t-elle . Si tu veux je peux vous laisser

- Non ! Reste s'il te plaît !

- Bon vous allez me dire, c'est quoi le problème ! Je perds patience là . Vous êtes là à chuchoter. Je ne vais pas rester là à vous regardez quand-même , Je n'ai pas que ça à faire .

- Nous aussi, on a pas que ça à faire !

- S'il te plaît Binette ne commencez pas . Tamsir, j'ai quelques choses à te dire. on a un problème

- Soit plus claire !

Tellement arrogant ! Je me demande comment je peux aimer ce genre d'homme

- Je suis enceinte !

- What ? Pardon ???

- Tu as bien compris, ne fais pas genre

- Toi là, tu ferais mieux de la fermer. Awa, t'es enceinte ? Et maintenant qui est le père ?

- Comment ça qui est le père, qu'est-ce que tu veux dire par là, tu sais bien que c'est toi le père.

- Attends ! Je rêve ou quoi ?

- Tamsir je suis sérieuse, je suis enceinte de deux mois. Rappelle toi de ce jour. Tu sais que je ne connais que toi.

- Bordel !

Il se lève et commence à faire des va-et-vient .  Ce qui augmente encore plus mon stress

- Tu sais bien cet enfant ne doit pas naître ! En me regardant droit dans les yeux

-Non mais tu t'entends parler, tu conseilles à ta copine d'avorter. Tu es quel genre de personne toi ? S'exclama ma meilleure amie énervée

- Tamsir, je ne peux pas avorter, le médecin m'a dit que ça peut être dangereux

- J'en ai rien à faire, tu m'entends .Je m'en moque. Ce bébé ne naîtra pas .

- Tu ne peux pas me faire ça dis-je en commençant à pleurer.

Je me rends compte qu'il a l'intention de dégager ces responsabilités. Je maudis ce jour où je me suis donnée à lui

- Awa ,réfléchit bien .ce bébé va nous apporter que du malheur. On est jeune, on ne peut pas se bousiller la vie. En plus, dans un mois je dois partir en France.

- Quoi ?

- Oui je pars continuer mes études là-bas

- Et c'est maintenant que tu me le dises

- Je l'ai su récemment. Écoute je te donnerai tout l'argent qu'il te faut mais avorte . Mon père est un homme influent dans ce pays, si cette nouvelle s'ébruite ,cela risque d'entacher son image et il ne me le pardonnera jamais

- On a rien à faire de ton père, ni de votre argent ,d'ailleurs . Figure-toi qu'elle aussi, son père est le PDG d'une  entreprise réputée dans ce pays . Son image aussi est mise en jeu. Alors cesse de nous raconter ces bobards . Tu vas assumer tes responsabilités, comporte toi comme un homme !

Il allait le gifler quand j'intervienne

- S'il te plaît ! Calmez vous

- Tu as de la chance ! Toi, Awa, si tu refuses de faire ce que je t'ai dit, c'est ton problème mais ne part pas dire à je ne sais qui ,que je suis l'auteur de ta grossesse. Autre chose, nous deux, c'est fini

- Non mais t'es un salauds comment tu peux me faire ça ?

Je me laisse choir sur le lit,  non je ne pouvais pas croire à mes yeux ce qui était entrain de se passer .

- Lève toi ma chérie, ce connard ne mérite pas tes larmes . Toi, t'es qu'une grosse merde, un parfait imbécile.

- Oui c'est ça ! Dégagez de chez moi

- Tu n'as pas besoin de nous le dire, on comptait s'en aller de toute façon.  Connard ! Allons-y Awa

Je le suis, d'un pas nonchalant. Extrêmement déçue par sa réaction ,c'est comme si on m'a poignardé dans le dos. Après tout ce que j'ai fait pour lui il a osé me faire ça.

Le chemin du retour fût beaucoup plus calme. Cette fois-ci, je décide de rentrer directement chez-moi.

- Wa Awa fo nékone si souba ba légui ( Awa, Où était tu depuis ce matin ?) en ce moment tu devrais rester ici, un peu stressée comme tout élève normal qui attend ces résultats de bac. Mais toi, au lieu de ça, tu passes la journée dehors à traîner. Fille indigne, aucune vergogne !

- Mame s'il te plaît, je suis fatiguée laisse moi tranquille

- Impolie ! Ce n'est pas mon problème si tu es fatigué.  Gare à toi si tu échoues. Je te le dis et je te le répète Awa, tu fais partie d'une bonne famille, comporte toi comme telle. De grâce ne nous fait pas honte !

Suite à sa dernière phrase, je me dirige dans ma chambre ,à la hâte. Mes larmes qui menaçaient de sortir ,commençaient à perler sur mon visage .


Que vais-je devenir ?




2627 mots

||SMT||✍️




















Destin Inéluctable