Chapitre 21

Ecrit par Mareme Soda Thioune


Après cette courte  visite à  Mariste chez mon grand-père , je prends un taxi pour rentrer à Almadie. Comme d'habitude , à chaque fois que je me rends là-bas, je suis toujours pressée de rentrer. Les mauvais souvenirs que j'ai de cette maison me hantent toujours. Je me sens toujours mal à l'aise , heureusement qu'aujourd'hui qu'il n'était pas là ce démon du passé, de même que Mame Awa ; c'était tant mieux. C'étaient les dernières personnes que je voulais voir, elle et son démon de frère. 

Je jette un coup d'oeil  sur mon téléphone qui affiche dix-neuf heures . Bientôt la crépuscule,  Tata Rokhaya va sûrement me reprocher de rentrer à cette heure.

Quand je repense aux discussions que j'ai eu à avoir avec mon Grand-père, je ne peux m'empêcher de sourire un peu. Il m'a fait part de la maison qu'il a construit pour nous à Mamelle Ouakam, j'étais heureuse pour ma mère car elle pourra déménager de son petit appartement pour une maison, elle méritait tout, ma reine.

Il m'a dit avant de partir ,qu'il voulait m'amener au pays de mes choix pour continuer mes études. Pour cette dernière chose, je n'étais pas trop partante .L'idée de m'éloigner de ma mère et des jumeaux me chagrinait un peu , néanmoins, je l'ai répondu que je vais y réfléchir, et Il semblait heureux. Ce fut des rares fois où on a discuté longuement Papis et moi ,avec Mame Awa dans les parages c'était quasi impossible. 

- Sokhnasi (jeune fille) on est arrivé me dit le taximan

Je le paye et le remercie avant d'entrer dans la maison où je trouvais toute la famille entrer de prier  Magrheb.

- Oumou,  la prochaine fois évite de marcher à cette heure. On est en Afrique, on a nos réalités. Quand on interdit certaines choses, c'est parce-que ce n'est vraiment pas bien. Je le dis souvent à Djamil, il ne faut pas badiner avec ces choses.

Ce dernier me regarde avec un sourire moqueur. Gamin qu'il peut être ! Depuis le baptême, il s'était bizarrement éloigné de moi. D'après Djeyna, il serait sûrement jaloux quand il m'a vu parler avec Ass Malick, je ne l'ai pas cru mais son comportement de ces temps-ci me fait douter. Depuis une semaine maintenant, il amène une fille à  la maison pour réviser avec elle. Je comprenais plus tard qu'il voulait me rendre jaloux. Malgré que ceci ne me plût pas, je ne laissai rien apparaître et je voyais que ça l'énerver.

Après avoir un peu discuter avec Tata Rokhaya, je montre prendre un bain, faire mes ablutions pour prier avant de changer mon djellaba pour une robe en fleurette . N'ayant jamais supporté la chaleur, je m'habillais souvent ainsi à la maison.

Le dîné fût servi , on mangea tous de bonne humeur. J'avais bébé Rokhaya Amira dans mes bras , quand Tonton Alioune Badara nous appela moi et Ahmada. Papa Alioune, comme il m'a demandé de l'appeler , est comment vous dire incroyablement gentil. J'ai appris à le connaître, et il était d'une bienveillance, d'un calme énorme. En lui, je voyais un peu mon père. Il fut d'une grande aide avec mes révisions. Je me sens juste chanceuse d'avoir rencontré, ou d'avoir ces gens dans ma vie. Son amour pour la lecture nous a beaucoup rapproché aussi . Physiquement ,Djamil lui ressemblait beaucoup mais ce dernier était plus clair de teint, sûrement à cause de sa mère,  Tata Rokhaya était maure et toucouleur (  ethnie au Sénégal)

Après avoir discuté longuement avec lui, une discussion où il nous donna de bons conseils. On rejoint les autres sur la terrasse. Fadel est venu en vacance il y'a quelques jours maintenant ,avec lui à la maison, on ne s'ennuie jamais. Et le voir m'aider beaucoup à oublier le stress du baccalauréat.

- Bon les enfants, je vous laisse votre père doit se sentir seul. Bonne nuit ! nous dit Tata Rokhaya en partant

- Moi aussi, je vais me coucher, j'ai sommeil

- Ma petite femme reste un peu rigola Fadel

Depuis quelque temps, il s'était amusé à m'appeler ainsi et je voyais que ça ne plaisait pas son frère.

- Tchi Fadel bayil ma dem soneu la Def instant bi (Fadel laisse moi me coucher, je suis très fatiguée aujourd'hui)

Il se lève me prend dans ses bras et me fait un bisou.

- Regarde comment il est jaloux, j'ai vu comment il essaye de te rendre jaloux ces temps-ci. Toi aussi, rend lui la pièce de la monnaie. Me chuchote Fadel

Je n'ai pu m'empêcher de rire, décidément Fadel a cramé son frère. Je me demande bien comment il a su que je sortais avec son frère. C'est sûrement Fat kiné qui lui a dit.

Je souhaite une bonne nuit aux autres , donne un bisou à Rokhaya Amira qui dormait dans les bras de sa mère, elle était tellement mignonne, une vraie beauté avant de partir.

Une fois dans ma chambre, je défais à la hâte le lit avant de porter un short et un   top rose qui me servait de pyjama. J'allais éteindre la lumière quand il débarque.

- Qu'est-ce qui se passe entre toi et mon frère ?

- Pardon ? Dis-je surprise par sa question

- Tu sortais avec le frère maintenant tu veux le grand-frère !

- Tu peux être précis s'il te plaît dis-je en sentant la colère me montait

- Fait pas la folle Oumou, j'ai vu comment tu es proche avec mon frère. Tu es tombée si bas ! Tu n'as pas honte de charmer mon frère, en plus devant moi

Je me lève du lit furieuse .

- Non mais de quel droit tu te permets d' insinuer ces choses. Il ne se passe rien entre ton frère et moi il ne se passera rien . Il est comme un grand frère et  tu le sais mieux que moi. C'est toi qui devrait avoir honte de penser cela de moi.  Tu crois que le monde tourne autour de toi, détrompe toi Djamil . Je n'ai pas le temps pour ces gamineries. Tu penses que je ne vois pas clair dans ton jeux ! Je sais bien que tu as amené cette fille ici pour me rendre jaloux mais moi je m'en fou sache.

- Si tu t'en fous comme tu le dis pourquoi tu en parles alors ?

- Djamil sort maintenant je dois me coucher ! Et la prochaine fois réfléchis bien avant d'insinuer des bêtises. Tu dépasses vraiment les bornes, qu'est-ce qui te plaît à me faire du mal encore et encore ça ne te suffit pas de me tromper sous mes yeux.

Ma voix tremblante, je sentais que j'allais pleurer d'une minute à l'autre. Il ne faudrait pas que je lui donne le plaisir de pleurer devant lui.

Non !  Je ne vais pas être faible

- Sort de ma chambre dis-je

- Écoute Oumou je m'excuse, je ne voulais pas

- Djamil sort dis-je d'une voix calme

En me voyant énerver ,il sort, dans ses yeux il semblait désolé mais je m'en foutais.

Je décide de ne pas appeler ma mère, et d'attendre le lendemain pour le faire. En ce moment j'étais très énervée, la connaissant, elle allait se doutait qu'il y'a quelques choses. Et je ne veux pas avoir à lui expliquer ces genres de choses.

Le lendemain

#Ahmada Djamil Ndoye

Je me lève aujourd'hui de mauvaise humeur. À cause de ma dispute avec Oumou, j'ai eu une nuit agitée . Je m'en veux d'avoir réagi comme un imbécile hier . Je me suis laissé emporter par ma jalousie. Je ne supportais plus son indifférence à mon égard. Elle parlait avec tout le monde dans la famille hormis moi, elle se limitait qu'aux salutations et ceci m'énerva davantage. Comme d'habitude, j'ai voulu  la rendre jalouse , et encore une fois je me suis mal pris avec elle.  Je ne sais pas sur quel pied danser, avec elle, je n'ai jamais eu ce genre de problème avec une fille . En effet ,je ne me fatiguais jamais avec elles, il suffisait d'un claquement de doigts pour  qu'elles se mettent toutes sous mes pieds. Je n'avais pas besoin de draguer sans me vanter bien sûr. Mais avec Oumou, c'est différent, on dirait qu'elle s'en fou de tout et que rien ne l'ébranle .

Différente ,elle l'est.

Honnêtement, je ne peux plus de cette situation, il faudrait que j'en parle avec quelqu'un.

Je me dirige sous la douche pour prendre un bain, avant de porter un pantalon jogging noir et un t-shirt de même couleur. Pour le déjeuner, je vais attendre un peu, il faut que je parle à mon frère.

J'entre dans sa chambre et le vois endormi sur le lit. Depuis qu'il est là , on dirait qu'il n'a que ça à faire

Bof

Je retire sa couette d'un coup. Ceci me rappelle quand j'étais petit, je m'amusais à le faire avec kiné quand ma mère nous demander de le réveiller. 

- T'es bête ou quoi boy Djamil loy déf ni  (Djamil qu'est-ce que tu fais là) ?

- J'ai besoin de te parler

- T'es sérieux là tu me réveilles pour une discussion qui peut attendre . En plus à cette heure .You are crazy man !

- Il est bientôt dix heure ! Alors n'en fait pas tout un plat 

Il me fusille du regard et je rigole. Je sais qu'en ce moment dans sa tête, il doit me traiter de tous les noms d'oiseaux mais je m'en foutais

- T'as intérêt à me dire quelque chose d'intéressant

Sur ces mots, il se dirige dans sa salle de bain en grognant encore.

Une quinzaine de minutes s'écoula quand il sort  habillé décontracté

- Bon on déjeune, après tu racontes tout à grand-frère rigola t-il

- Toujours aussi gourmand !

- La bouffe, c'est la base

On mange en commentant sur un match qui était rediffusé à la télé .

- Alors qu'est-ce qu'il y a ? Raconte

- Fadel, je sortais avec Oumou Khaïry

- Quel Oumou ?

- Arrête de faire semblant, je parle de Oumou, notre cousine

- Je suis au courant de tout, alors raconte quelle bêtise  as-tu fait ? Ne me regarde pas comme ça, je te connais assez petit frère

- Attend comment as-tu su ?

- Fat kiné ! Bref, je t'écoute

Je m'en doutais, petite rapporteuse.

Il m'écouta lui raconter toute notre histoire depuis le début jusqu'à que je termine avant d'éclater de rire.

- Je m'en vais ! Dis-je tellement que j'étais énervé. Cette attitude de mon frère qui prends tout à la légère  a été de nombreuses fois, l'objet de nos disputes

- Attend ne te fâche pas, mais honnêtement t'es bête ! Petit con ! Qu'est-ce qui t'as pris d'agir comme ça ?

- Je ne sais pas, je pensais qu'elle m'avait trompé

- Tu t'es trompé toute seule. Djamil, tu ne peux pas agir comme cela bon te semble à chaque fois. Tu dis que tu ne comprends pas pourquoi elle t'ignore, c'est ce que tu mérites. Il faut arrêter de penser que toutes les filles te sont acquise .Toutes les filles qui te courent après ne sont pas ,Oumou. Tu devrais savoir cela, dès le début ,qu'elle est différente. Et sincèrement qu'est-ce qui t'a pris d'aller lui parler de la sorte hier

- Je ne sais pas pas, je ne supportais plus son indifférence à mon égard

- Et quand tu n'aime pas quelques choses ,c'est comme ça que tu le règles ? Bravo petit idiot !

- Fadel, j'ai fauté , je le sais alors épargne moi de toutes ces reproches

- C'est ça, le problème avec toi  tu ne supporte pas qu'on te reproche quelques choses , tu ne supporte pas qu'on te dise non. Tu veux tout contrôler. Et ceci est impossible, frère, je te dis ,change.

- Que dois-je faire maintenant ?

- Tu vas commencer d'abord par t'excuser

- Je pensais le faire, mais j'ai honte de moi. Je ne sais pas ,si elle va vouloir m'écouter. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Pourquoi suis-je comme ça ?

- Il t'arrive que tu es amoureux !

- T'es fou , moi amoureux ? La bonne blague ! Bon je vais lui parler, elle est sûrement réveillée

- Tu refuses de l'admettre mais tu finiras par le faire tôt ou tard. Ça, c'est  Fadel Ndoye qui te le dit

- T'es fou, tu délires !

- On verra !

Je me lève , sort de sa chambre je l'entends derrière mon dos me rappeler que je ne lui ai pas dit merci.

Sacré Fadel !

Devant la porte de sa chambre, j'hésite un peu à y entrer.

#Oumou Khaïry Gaye

Je me réveille tellement fatiguée, je n'avais pas bien dormi de la nuit à cause du stress, et de la dispute avec Djamil. J'aimerais bien m'en foutre ne pas m'en préoccuper mais c'était difficile. Ces paroles m'ont vraiment blessé.

Heureusement que j'avais des personnes qui m'aidaient à surmonter ce stress qui devenait insoutenable.
Après avoir parlé avec ma mère, j'étais plus rassurée. Comme d'habitude , elle a formulé des prières avec la voix émue.

Que ne ferais-je pas pour cette femme ?

- Alors prête pour demain ? Me demanda Fat Kiné. Une fois que je l'ai rejoignis dans le jardin

- Oui ! Je l'espère !

- Déstresse Oumou ! Tu réussiras haut la main je te fais confiance là dessus

- Amine ! Je l'espère. Je sais que j'ai bien révisé mais je ne peux m'empêcher d'avoir peur

- N'aie pas peur, fait juste comme si tu étais en classe entrain de faire un devoir

- C'est ce que m'a dit ma mère

- Tu vois, ça ira tu verras

- Inchallah dis-je la voix émue. Je ne sais pourquoi mais je me sentais à fleur de peau. C'est sûrement dû au stress comme me le disait tantôt ma mère

- Je suis là me dit-elle en me prenant dans ses bras . Bon je n'ai pas envie de pleurer, tu sais bien que je ne supporte pas de voir les gens pleurer

- Lol, ok j'arrête

Avant que je comprenne rien, il m'a poussé dans la piscine

- Non mais t'es folle Kiné, tu ne vois pas que je suis habillée là

- Je t'avais dit de porter un maillot de bain

- Attend que je t'attrape dis-je

Cette folle commençait à courir, je me mets à courir derrière elle. À bout de souffle on s'allongea dans le jardin . En nous voyant, on aurait pu nous confondre avec des folles qui s'étaient enfui de l'hôpital psychiatrie.

- Je ne respire plus Oumou, je suis fatiguée

- Tu ne fais jamais de sport, normal que tu sois fatiguée

On rigole toutes les deux, tellement on se trouvait ridicule .

- Qu'est-ce qui vous prend vous deux exclama Fadel .Vous êtes folles ! Le saviez-vous dit-il en rigolant

- Oui, comme toi ! Génial non ? Lui répondit Kiné pour le provoquer

Et c'est reparti pour des courses. Il était clair qu'on était fou

- Je t'ai cherché dans ta chambre mais tu n'y étais pas, j'ai cru que tu te douchais. Je peux te parler s'il te plaît ? Me demande Ahmada d'une voix suppliante



||SMT||✍️








Destin Inéluctable