Chapitre 22

Ecrit par sokil

Chapitre 22 :

 

Il est onze heures, je dois vite faire, il sera là, il a l’habitude de rentrer à la pause de midi ; Ben qui est un fonctionnaire ordinaire, rentre tous les jours en fin d’après midi, il a décidé de venir passer le midi à la maison, quand il peut. Il préfère souvent manger ma bouffe, me chante t’il tous les jours. J’ai presque fini, je dresse la table, il entre et me fait un gros câlin. Je suis assise à côté de lui, nous mangeons ensemble, mes enfants sont encore chez mes parents, ils comptent venir le week – end prochain, les siens aussi ; nous avons décidé de nous mettre ensemble. Il y a deux mois qu’il me la demandé ; il a voulu qu’on vive en famille, avec ses enfants et les miens, dans une même maison ; je n’ai pas hésité, contre l’avis de mes parents biensûr !!! Je n’ai même pas pris la peine de les écouter, je suis emballée ; Ben a trouvé une maison plus grande, avec trois chambres une pour les filles et une pour les garçons, on a décidé de vivre en famille, ça m’arrange ! Je veux changer d’air, je veux vivre une nouvelle expérience, je veux vivre comme étant la compagne officielle de Ben. Ma mère me la ramène.

-          Ma mère : Tu es encore une femme mariée et en plus il n’est au courant de rien !!! Huuuum !!!!! Moi à ta place, je réfléchirais deux fois avant de faire ça ! Mais comme tu es une grande fille, je vous laisse….

-          Moi : Je sais tout ça, mais Martin est où ???? Tu peux me le dire ? Donc je dois rester prisonnière ? Je veux me sentir libre !!! Et en plus on n’a pas parlé de mariage, juste de vie commune.

-          Ma mère : Mon œil !!!! vie commune ! vous vous croyez où ? chez les blancs ?

Je connais la loi et tout ce que cela comporte, je sais  que cela nécessite de passer par une procédure de divorce avant  d’officialiser une autre relation ; mais l'absence prolongée du mari peut quand même excuser une aventure, et en plus on ne sait même si il est vivant ou mort ; alors je préfère tourner la page, Martin est mort pour moi, je n’ai plus rien à voir avec lui, tout ce que je ressentais pour lui a disparu ; je me demande parfois comment j’ai pu être aussi amoureuse de lui ! Même si il réapparaissait, je lui dirai d’aller se faire voir, je demanderai le divorce à la seconde qui suit. Je suis juste très anxieuse, plus le temps passe, plus je crains la réaction de Ben si il l’apprenait, je me promets tous les jours de lui en parler, mais je me ravise toujours ; j’ai du mal à supporter de le voir en colère, ou alors m’en vouloir pour quelque chose ; je sais qu’il n’est pas violent, mais rien que le fait de l’imaginer en colère me mets en rogne, alors je remets toujours cette histoire à plus tard. Ben n’est pas du tout colérique, contrairement à ce qu’il nous faisait croire lorsqu’il donnait cours, c’était une carapace m’avait il dit ; il est tout le contraire, très doux, toujours enjoué, attentionné ! Certes rien n’est parfait, tous les couples ont des problèmes ; avec lui on met tout carte sur table et puis après ça passe. Mais en ce qui concerne mon passé je ne sais vraiment pas comment il prendra la chose. L’une des choses qu’il déteste le plus c’est le mépris, il n’aime pas se sentir ridicule, il a trop de fierté en lui, alors je dois bien réfléchir avant de tout lui avouer.

Contre la volonté de mes parents, je mets en couple avec Ben, la maison est assez spacieuse, rien à voir avec la villa dans laquelle je vivais avec Martin, mais je préfère de loin cette petite maison avec ses trois chambres, salon, deux douches, cuisine, un petit balcon et un petit garage qui ne peut accueillir qu’une seule voiture. La maison a été rénovée, et le plus important c’est que nous y soyons en famille, vivant dans l’harmonie complète. Nos enfants nous ont finalement rejoint, moi je suis encore en congé, les cours ne reprendront que dans deux mois, je travaille toujours à l’hôtel Arobis, mais non plus comme serveuse, je suis plutôt à la réception, toujours en alternance, j’ai demandé à travailler en soirée, et comme c’est un jour sur deux, ça me permet de mieux m’organiser à la maison ; nous avons quand même pris une femme de ménage, ça vaut le coup.

La maison bouillonne, surtout les soirs, les enfants font un boucan terrible, j’ai souvent la migraine, je suis nerveuse, je crie, je gronde et rouspète à tous les coups, c’est l’heure d’étudier, et à la fin, tout le monde est dans le bain, moi, les garçons et les jumelles, tout le monde sauf Ben, il visionne la télé, de temps en temps il vient nous donner un coup de pouce pour ci ou ça. Les classes ont repris depuis longtemps, je me suis replongée à fond dans les études, j’entame ma deuxième année universitaire, dont le premier semestre est presque déjà bâclé, on prépare les examens, pareil pour les enfants. On est tous concentrés quand soudain, mon téléphone vibre, je reçois un message d’un numéro inconnu, «Je sais tout ce que tu fais… » ; Je ne comprends pas très bien, je lis et relis le message, je suis perplexe et en plus il s’agit d’un numéro inconnu, du coup je n’arrive plus à me concentrer, Ben remarque ma mine à distance.

-          Ben : Qui y a-t-il ma puce ?

-          Moi : Ohh non rien ! j’ai une de ces migraines je t’assure…

-          Ben : Il faut aller te coucher ! Il vaudrait mieux te ménager, tu bosses demain soir en plus, et tu dois être en forme !!! D’ailleurs il est bientôt vingt et une heures, tout le monde au lit !!!!

Le soir sur notre lit, minuit passés, j’ai du mal à fermer l’œil, je pense à ce message, j’ai du coup très peur, je pense à la famille de Martin, à Martin lui-même, et si c’était lui ? Mon estomac se noue à l’immédiat, je regarde Ben, il dort depuis longtemps, je me sens mal tout d’un coup, je suis prise de regrets, j’aurai du lui dire, il est bien trop tard pour moi, je me serre contre lui de toutes mes forces en espérant que cette histoire finirait par se tasser, que je règlerai leurs comptes aux Olam et que un jour je puisse vivre en paix, sans ces histoires de divorce, de partage de biens et tout ce qui s’en suit.

-          Ben : Ca va ? Tu ne dors pas ?

-          Moi : Si, mais je voulais te dire que… Je t’aime très fort ma puce à moi !

-          Ben : Oui moi aussi !!! Maintenant rendors toi…

-          Moi : Il faut que je te dise quelque chose…

-          Ben : Demain mapuce… J’ai sommeil à mort…. Demain stp !!!!

Je veux lui dire, il faut que je le fasse, sinon ça va me péter à la figure, je le sais et je le sens, mais le moment est mal choisi, j’attendrai le lendemain pour en parler, je me le dis intérieurement, je dois cracher le morceau, quitte à ce que Ben pique une crise, mais je dois me libérer. Le lendemain, il me dit qu’il est très pressé, il a une réunion importante, je finis d’apprêter les gosses avec l’aide de la femme de ménage, il est chargé d’aller les déposer tous à l’école. J’en fais quand même part à ma mère, je sais qu’elle est contre le fait que je vive avec Ben sous le même toit, mais je lui dis quand même.

-          Ma mère : C’est en rapport avec ta belle famille, je le sens ! ils doivent être au courant !!!

-          Moi : Je ne comprends pas ! Ils n’ont jamais voulu de moi, maintenant que je vis ma vie tranquille ça les dérange ?

-          Ma mère : Tu ne lui as toujours rien dit ?

-          Moi : Non toujours pas ! Je veux bien lui dire, mais je n’y arrive pas !

-          Ma mère : Weee ! Mama !!!! Quand je vous parle, vous dites que je dérange ! Voilà alors….

Le soir, je dois travailler, Ben et moi on fait un chassé croisé à la maison, il me vole un baiser ; je lui demande de faire réviser les enfants.

-          Ben : Oh oui confiance ! Tu me connais ! Ils vont me sentir…

On rigole et je file ! Je rentre vers minuit, on m’a déposée, tout est éteint au salon, tout le monde dort déjà, je me dirige sans faire de bruits dans la chambre….

-          Ben : Bonsoir ma belle …

Je sursaute, Ben m’attends depuis au salon, il est allongé, il se lève et vient vers moi, m’enlace tendrement, m’embrasse !

-          Moi : Oooh mapuce à moi ! Tu m’as fait peur….

-          Ben : Viens là ! J’ai envie de toi ! Tu sais que ça fait plus d’une semaine que nous n’avons pas fait l’amour ???

-          Moi : Oui ! Je sais, nous sommes seulement très occupés tous ces temps ci…

-          Ben : Le moment est très bien choisi là, les enfants dorment depuis longtemps !!!!

Au Coeur de la Tourm...