chapitre 22

Ecrit par Lady_miinash21

Betty Bâ 


Je crois savoir ce qu'il se passe en ce moment. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt, oh punaise !


Kalidou: Elle est stable mais il lui faut du repos. Je ne pense pas qu'elle pourra rentrer chez elle aujourd'hui. Dit-il après l'avoir examiner. 


Hélène: Je vais lui préparer la chambre d'amis....


-Non maman, laisse. Elle peut dormir avec moi, comme ça, j'aurais un œil sur elle. 


Ma Aïcha: Ça me rassure plus !


Hélène: C'est mieux oui. 


Je m'assois sur le canapé complètement perdue. 


Hélène: Et dire qu'elle vient tout juste d'arriver. 


Kalidou: Je me demande qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'elle s'évanouisse ? 


Je lève les yeux et croise les regards des parents de Kayni, je souffle 


-Je crois savoir pourquoi !


Ma Aïcha: Moi aussi hélas !


Kalidou: Quoi ? Comment ça ? 


Je souffle longuement pour faire descendre cette tristesse qui m'envahit subitement et ravaler les larmes qui menacent de couler. Voyant que ni moi, ni Ma Aïcha ne sommes en état de parler, Pa Abdel commence 


Pa Abdel: La maison blanche qui est à deux pâtés d'ici est....celle du...de cet imbécile d'Ismaïla


Kalidou: L'ex mari de Kayni ? 


Pa Abdel: Exactement ! Et...on croit que des...souvenirs ont sûrement dû refaire surface...


Kalidou: Et ça a dû affluer dans sa tête jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus les assimilés, ce qui a causé son évanouissement. 


Pa Abdel: C'est vous le médecin ! Dit-il en haussant les épaules 


Kalidou: Mais pourquoi vous ne l'avez pas dit avant que ça là n'arrive ? -Il désigne Kayni couchée sur le canapé.- C'est des choses très importantes qui peuvent contribuer à ce qu'elle retrouve sa mémoire et vu qu'elle vient d'arriver, il faut y aller doucement. Cette information est beaucoup trop intense pour elle.


Je sens une légère pointe de colère dans sa voix qu'il essaie sûrement de contenir par tous ses moyens et je le comprends. Il a dû avoir très peur pour elle.


-Je suis vraiment désolée Kalidou. Je n'ai compris le danger que trop tard. 


Il ne répond rien et préfère sortir, Moussa derrière lui. 


Je le comprends tellement. Lui comme moi tenons fortement à Kayni en ce moment et cela en si peu de temps. Pour lui, je sais que c'est un amour qui né petit à petit et ça ne me rendrais que plus heureuse de les voir ensemble. Mais pour moi, c'est inexplicable, un sentiment indescriptible car ne le connaissant pas, j'ai l'impression qu'il y a un lien très fort qui nous unit. 


Ma Aïcha: Mon dieu, pourquoi tout cela arrive à ma fille ? Prenez moi à sa place s'il vous plait ! 


-Ne dites pas cela maman !


Ma Aïcha: Mais je ne comprends pas pourquoi le destin s'acharne sur elle comme ça, elle est encore jeune et à toute la vie devant elle, pourquoi ? 


Je la regarde compatissante puis vais m'asseoir près d'elle et la prend dans mes bras. Je peux dire que cette femme je la considère au jour d' aujourd'hui comme une deuxième mère tellement elle a été douce, gentille et magnifique avec moi durant mon séjour à Boston. La voir aussi dévastée me fait beaucoup de peine, si seulement un miracle pouvait faire que Kayni n'est plus rien, qu'elle aille mieux. 


-Nous sommes là pour elle maintenant ne vous inquiétez...


Mes mots restent en suspens en voyant Kayni bougée et ouvrir les yeux lentement. 


-Elle se réveille, Monsieur Abdel vous pouvez prévenir Kalidou s'il vous plaît? Dis-je en accourant vers Kayni suivie de près par Ma Aïcha 


Pa Abdel: J'y vais 


Je m'accroupis à ses côtés et Aïcha près d'elle et lui caresse la tête.


Ma Aïcha: Mon amour, est-ce que ça va ? Tu te sens mieux ? 


Elle articule des mots que l'on ne parvient pas à attendre. 


-Qu'est-ce que t'as dit ? 


Kayni: Où est Ismaïla ? 


-Quoi ? 


Kayni: Je veux voir...Ismaïla !










Pariss Diop 


Je n'étais venue au Sénégal que pour des vacances et me voilà maintenant mariée. Oui oui, nous y voilà, j'ai enlevé le masque de veuve que je portais. Je suis maintenant Mme Mbaye, pour un but très précis. 


Je suis assise sur mon lit dans mon appartement, entourée de Fatou et de sa bande qu'elle m'avait présenté et avec qui j'ai commencé à traîner. Elles sont cool mais pas à mon niveau, je me limite à m'amuser avec elles fin, justement parce que je suis bien au dessus d'elles.


J'ai un voile blanc sur la tête et l'appel que je viens de passer avec mon mari m'assure que je suis bel et bien mariée. 


-Haaaaa ma chérie est devenue Madame ! Tu quittes le club maintenant. Me dit Fatou avec un clin d'oeil 


Elle sait tout. Je lui ai raconté le plan du boss et elle est prête à m'aider, c'est pour cela j'aime cette fille, elle est tellement efficace.


-Hé oui je vous laisse profiter des mecs et de la vie, moi j'ai la corde au cou now. 


Aïda: Pourquoi tu es si pressée ? La vie de mariée mom, mane dh damako taloul sakh (moi je n'ai même pas le temps pour ça) 


-Binga toudé sa bopp la sabar bi tass (c'est lorsque tu as dit moi, que la discussion s'est close). 


Elle ne répondit rien, mo geune thi mom, sob ba dé (c'est mieux pour elle, curieuse comme ça là). 


Ndeye: Attendez je vais allumer la musique, dama name féthie (la danse me manque)


Elle se lève avec son corps frêle comme ça là et connecte le casque Bluetooth à son téléphone. Elle démarre un son bruyant comme dans les concerts là et elles chantaient en disant 


-Na bagasse yi dougou (qui traduit ?) 


Hein ? Je ne savais pas qu'au Sénégal les chanteurs disaient ce genre de choses dans les chansons. Cependant je me disais bien qu'ils en étaient capable seulement, ce pays était tellement pudique aux temps, il faut dire que ces derniers ont changé alors....et j'aime ça ! 


Elles venaient me tirer pour que je danse et je me suis prêtée au jeu. On dansait et chantait, l'ambiance était plutôt cool. J'avais une bouteille de champagne sur ma table de chevet que l'on sirotait chacune avec Fatou sur une coupe et je voyais les meufs qui nous regardaient avec de gros yeux, quoi ? Elles ont jamais vu une personne boire ou quoi? 


-Je vous sert ? 


Ndeye: Lane? Kharam ! (Quoi?) 


Adja: Ioe mom tapete nga, mayma thi touti mane (toi tu es une tapette, sert moi un peu) 


Astou: Ay Adja, ragalal yallah (ait peur de Dieu) 


Adja: Melni ioe danga ko ragal....dimbalima mane tchip (comme si toi tu avais peur de lui...ne me fatigue pas tchip) 


Avec Fatou, on était plié de rire devant l'expression de leur visage. J'en ai servi à Aida et elle a tellement grimacé lorsqu'elle a bu que j'ai faillis la confondre avec un singe, j'étais morte de rire. 


Adja: Li mom wekh neu di (mais c'est amer)


Aida: Han fofou nga moudjé 



Quelques heures plus tard, des tantes de mon mari vinrent me trouver dans l'appart. Elles étaient deux et m'ont fait me déshabiller pour m'enduire de toutes sortes de liquides, mais comme j'avais déjà été marié, je connaissais la procédure en plus de ça, je n'ai aucun parent. J'ai ensuite enfilé une robe très ample et mis un lourd pagne sur ma tête. 


Nous sortions toutes, Fatou derrière moi pour s'engouffrer dans une voiture et les autres dans celle de Aïda. Puis quelques temps plus tard, la voiture s'arrête et nous sortions accueillies par des tam-tam et des "bongos" (instrument de percussion idiophone) qui s'accompagnent par des chants, des louanges, mais le bruit est tellement fort que je n'arrive pas à me concentrer sur ce que disent les griots. Je suis à l'aveugle l'une des tantes mais m'arrête net lorsque je sens que l'on me pince, et avant même de comprendre ce qu'il se passe, l'on me bouscule et heureusement que cette femme me tenait le bras sinon je risquais de tomber.


-Qu'est-ce que vous faites ?! Criais-je ahurie


Mais ce fut tel un murmure avec tout le brouhaha qu'il y avait. S'en suivirent des coups, de pinces, des bousculades, j'étais tellement sonnée que je ne savais quoi dire, ni faire. 


-C'est bon maintenant, laissez la entrer ! dit une voix que je reconnais très bien 


Ma désormais belle-mère et rivale !


Néanmoins elle me sauve la vie car nulle était son intervention, je serais surement sans peau. Mais c'est quoi ces sauvageries là aussi, c'est comme cela qu'ils accueillent une nouvelle mariée? Abdou va m'entendre pour cela, il commence très bien ce mariage !


Je continue mon chemin et on entre dans une pièce qui doit surement être la chambre de mon mari, ma belle-mère me guide vers le lit puis je m'assois au centre. 


Belle-mère: Bienvenue chère belle-fille !


Je ne prends même pas la peine de lui répondre, j'ai juste envie que toutes ces trucs là finissent et qu'on me laisse seule avec mon nouveau mari. 


Les bongomen se remettent à chanter, ce qui me fait savoir que c'est Abdou qui vient d'arriver. Il vient s'asseoir prés de moi, et toute de suite son parfum m'enivre, ce qui me met dans un de ces états !


-J'ai hâte de t'enlever tous ces trucs là ! 


Un frisson me parcourt mais je ne réponds pas, je suis en colère et je le ferais bien savoir à cet idiot. 


Ce n'est que quelques minutes plus tard que tout le monde se décide à quitter la pièce. J'entends les filles qui me disent au revoir et Fatou me souffle qu'elle sera dans la chambre d'à côté. Avant de sortir, dame belle-mère appelle son fils et lui chuchote quelques mots à l'oreille. Elle lève la tête et je la vois à travers le léger tissu me parcourir des yeux avec....dédain, avant de tourner le dos. 


Elle vient de me montrer par là que je n'aurais pas la paix chez elle, mais si seulement elle savait ce que je leur prépare à elle et à son fils. 







Abdou Mbaye 


Je suis tellement heureux en ce moment. Je la regarde et suis plus que comblé, enfin Pariss est mienne. Depuis que je l'ai rencontré dans cet aéroport, je n'arrivais plus à rester une minute sans penser à elle, sans avoir envie de la voir. 


Elle est arrivée à un moment dans ma vie où j'ai voulu me poser, fonder une famille et c'était l'occasion idéale pour moi de réaliser ces projets. C'est pour cela qu'elle est içi aujourd'hui, devant moi. 


-Tu es magnifique ! Lui dis-je à l'oreille dans un souffle. 


Elle ferme les yeux et soupire longuement avant de me fixer sévèrement. 


-Je n'ai pas aimé la façon dont on m'a accueilli chez toi, dit-elle durement. 


Je sais ce dont elle parle et je me doutais bien qu'elle allait être en colère après moi. Je les ai suivit depuis l'étage et à moi aussi ça ne m'a pas plu. 


-Je sais et je te demande pardon pour ça, moi aussi je n'ai pas aimé ce qu'ils t'ont fait mais tu sais, c'est la tradition et.... 


-Je m'en fou des traditions Abdou, tu sais très bien que je ne connais pas ce genre de choses. 


-Oui ma chérie, je suis désolé. Oublions ça veux-tu ? 


Elle enlève sa robe et s'allonge sur le lit 


-À la seule condition que tu fasses ce que tu avais dit tout à l'heure, dit-elle d'un air aguicheur. 


-Hum, vos désirs sont des ordres Madame Mbaye !


Je me lève et vais fermer la porte à double tour avant de replonger sur le lit. 


Allons nous coucher mes amies, les grands doivent travailler ! 








Awa Touré


Je circule dans les couloirs de l'hôpital en direction de la réception. Il faut que j'appelle mon père pour lui faire signe que je vais sûrement rentrer tard. Il y'a beaucoup d'urgences qui affluent aujourd'hui et c'est sûr que mon supérieur ne me laissera pas partir de sitôt. Moi même je ne pourrais pas partir laissant derrière moi tous ces patients avec mes autres collègues, ce ne serait pas en accord avec mon serment. 


J'y trouve Évelyne, une de mes collègues. Elle a le nez sur un dossier qui doit être sans doute très important vu la façon dont elle y est concentré. 


-C'est quoi ? 


Elle soulève la tête et me sourit. 


Évelyne: Oh juste les résultats d'analyse d'un patient. D'ailleurs je dois aller le donner au Dr Murillo, tu veux bien me remplacer quelques minutes ? 


-Vas-y, je vais passer un appel en attendant ! 


Évelyne: Merci 


Elle contourne le bureau et marche rapidement vers le bloc. Je prends sa place et attrape le combiné avant de saisir le numéro de mon père. Après trois sonneries, il décroche.


*.....


Il ne parle jamais en premier, tant qu'il n'entend pas la voix de son interlocuteur. 


*-Allô papa ? 


*Ha ma chérie, c'est donc toi. Ça va bien ? 


*-Oui Abdou je vais bien, tu es rentré ? 


*Non, je suis en route. On est dans le métro avec Alan, notre voisin de palier. 


*-Papa....je te dis toujours de faire attention à ce type...il ne m'inspire pas du tout confiance. 


*Mais non, ne t'inquiète pas ma fille. Je sais reconnaître les gens qui sont faux et je peux te jurer que ce garçon est quelqu'un de vrai et bon. 


*-Si tu le dis Abdou ! Mais je n'oublie pas comment nous en sommes arrivés là et tout ce qu'on a du surmonter pour en arriver là. Tu sais bien que nous ne devons laisser place à aucun intrus dans notre vie et encore moins à ce gars. Je trouve que tu lui laisse trop le champ libre pour s'immiscer dans notre vie et je n'aime pas ça. 


*Moi c'est plutôt le ton que tu emploie que je trouve un peu trop élevé pour une fille qui s'adresse à son père. 


*-Par...pardon papa, je ne...voulais te parler comme ça c'est juste...


*Je suis plus âgé que toi pour savoir que ce petit t'aime de tout son coeur, ce que tu refuses pour je ne sais quel raison. C'est un garçon très généreux, tu sais. La nuit dernière, j'étais complètement enrhumé, mes toussotements s'entendait partout dans l'immeuble. Tu étais de garde et il était 22h passé, c'est grâce à lui si j'ai réussi à dormir le reste de la nuit puisqu'il est parti me chercher des médicaments à la pharmacie et m'a préparé un thé à la menthe. Tu sais ma fille, nous sommes dans un pays européen, les gens n'ont pas le temps de s'occuper d'autres choses si ce n'est leur travail et leur famille. Avoir un homme qui s'investit autant pour toi ça ne court pas les rues. 


*-Papa est-ce que tu t'entends parler là ? 


*Awa, tu m'appellais pourquoi ? 


*-Non mais sérieux, tu me jettes carrément dans les bras de ce type. Même si je le remercierai jamais assez pour ce qu'il a fait, je ne compte pas me mettre avec lui. 


*Tu es aussi têtu que ta mère ! De toute façon, le temps fera bien les choses. Dit moi pourquoi tu m'appellais. 


*-D'accord...c'était juste pour te dire que je vais sûrement rentrer tard, j'ai beaucoup de travail que je ne pourrais terminer tôt donc... 


*Ne t'inquiète pas, Alan me tiendras compagnie, n'est-ce pas Alan ? 


Je l'entends répondre quelque chose avec sa voix rauque là. Comment je l'aime pas ce mec. 


*-C'est ça passez une bonne soirée, moi j'ai à faire. 


*Au revoir ma chérie, Alan te fais des bisous haha ! 


*-Je vais faire comme si je n'ai rien entendu. Bonne nuit papa ! 


*Bonne nuit ma chérie ! 


Je raccroche. Évelyne revient en courant, elle s'arrête pour me regarder bizarrement. 


Évelyne: Pourquoi tu souris comme ça ? T'as reçu une bonne nouvelle ou quoi ? 


-Quoi ? Moi je souris, mais non c'est toi qui ne voit pas bien. 


Évelyne: Ouais c'est ça, tu caches des trucs. En entendant tu as un nouveau patient, il vient d'être transféré içi à la suite d'une opération, vas-y vite le professeur t'y attends, chambre 34. Dit-elle en me passant le rapport du patient. 


-D'accord à toute ! 


Je cours vers la chambre en question ne prenant même pas le temps de lire le rapport du patient. Ce n'est qu'en arrivant vers la porte que je l'ouvre. J'empoigne le poignet et l'active tout en lisant le nom du malade. 


-Allez vous faire foutre je vous dit. Elle est où ma jambe, hein ?RÉPONDEZ COUILLON !


Oh Mon Dieu ! Je ne peux y croire. Mais... 


Le docteur: Injectez lui une dose de sédatif, ça va le calmer. 


Je m'active telle une automate ne pouvant croire en ce qui se passe là, maintenant. 


Il crie et essaie de bouger mais le liquide que je lui ai injecté fait effet et il sombre dans un sommeil profond. 


Je n'arrive toujours pas à analyser la situation présente, mon ancien patron, celui qui nous a jeté mon père et moi de sa maison tels des chiens alors qu'on avait confiance en lui, celui qui a piétiné notre dignité et a causé nos malheurs, est là devant moi, allongé sur ce lit avec 1/4 du corps humain lui manquant. 


Si ça, ce n'est pas le Karma ! 










Chamboulé