Chapitre 22 : Des voisins bienveillants

Ecrit par Sandy BOMAS



VANESSA


Olivier me regardait les yeux exorbités. « Ah ! On a peur de perdre ses bijoux de famille ? » Je n’avais pas réellement l’intention de lui arracher l’essence même de sa virilité. Tout ce que je voulais c’est qu’il arrête de me frapper, mais je ne vais pas cacher que j’éprouvais un malin plaisir à le voir plier devant moi, il me suppliait d’arrêter.
J’avais eu trop confiance en moi. Je n’ai rien compris quand Olivier m’a retourné le poignet pour m’obliger à lâcher ce qu’il a de plus précieux au monde. Dès qu’il ne fut plus sous ma menace, il fit sur moi une cascade de coup de pieds. Dans une course désespérée doublée d’instinct de survie, je réussis à sortir de la chambre en courant. 
-Viens ici ! Hurlait-il.
J’avais affaire à un fou en liberté. L’homme que je connaissais, celui avec qui je vivais depuis plus de cinq ans n’aurait jamais osé faire du mal à une mouche, et encore moins me transformer en punching ball. Je trouvais refuge dans un coin de la cuisine. Recroquevillée dans l’obscurité entre la gazinière et le mur, la peur au ventre j’attendais, espérant qu’il ne me trouve pas. Dans un vacarme effrayant, Olivier me cherchait partout, enfin presque.
« Il ne faut pas qu’il vienne par ici ! » 
J’avais l’impression de suivre un film dramatique, mais sauf qua là ce n’était pas du cinéma. La police, ne volerait pas à mon secours, il n’y aurait pas de générique pour mettre fin à ce cauchemar. Il n’y avait que moi et moi seule qui pouvait faire quelque chose pour échapper à ce malade. Je restais là sans bouger à l’affut du moindre bruit. Je l’entendis se diriger vers la chambre à nouveau. C’est à ce moment que je fis un tour de clé, ouvris la porte de la cuisine et dans une course désespérée, je me dirigeai vers le portail.
« C’est fermé ! Où est le gardien ? Héééé Dieu ! »
On alluma la lumière du salon. 
« Merde Olivier ! S’il me rattrape je suis foutue ! Je vais passer par-dessus le mur, je ne peux pas il y a des tessons de bouteilles qui ont été plantés au- dessus pour dissuader des éventuels voleurs. Je peux passer par-dessus le portail !» 
Je me hissai sur le portail, passai une jambe de l’autre côté au moment où je m’apprêtais à passer l’autre jambe je sentis comme un étau qui se referma fermement sur ma cheville.
« Olivier ! »
-Tu vas où comme ça ? 
« Hé Dieu s’il réussit à me faire descendre de là et me ramener à la maison je suis une femme morte ! »
Au même moment le voisin d’en face rentrait chez lui. 
-Fabriiiiiiice ! Au secours Fabriiiiice ! Olivier veut me tuer !
Olivier lâche ma cheville, je fus déstabilisée et tombait de l’autre côté du portail. Mon voisin se précipita vers moi. 
-Qu’est ce qui se passe Vanessa c’est comment ? 
-C’est…..Olivier…..Il est devenu fou….
-Ecoute je vais lui parler….Vas retrouver Corinne à la maison tu ne peux pas rester dehors dans une tenue pareille.
Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais en pyjashort .
«J’ai perdu mon pagne dans ma course »
Quand j’arrivai chez mes voisins, Corinne qui avait sans doute entendu mes cris arriva précipitamment vers moi.
-Oh Vanessa c’est comment ? Mais tu saignes !.... Mon Dieu et ton visage !.... Mais qu’est ce qui s’est passé pour qu’Olivier te fasse ça ? 
-Scène de ménage…..
Je n’avais pas trouvé autre chose à dire. 
-Scène de ménage ? Répéta Corinne en échos. Je n’appelle pas ça une scène de ménage ! Qu’est ce qui s’est passé pour qu’Olivier te fasse ça ? 
Je n’aimais pas raconter ma vie privée, mais au point où j’en étais, je n’avais plus trop le choix. J’expliquer brièvement les grandes lignes à ma voisine. Corinne avait attentivement écouté mon récit puis, dit d’une voix calme et posée :
-Il y a des problèmes dans tous les couples, mais là il s’agit d’un cas de violence conjugale, il ne faut surtout pas laisser ça comme ça….Il a levé la main sur toi une fois….Si tu ne fais rien il recommencera….
-….
-La première chose qu’il faudra que tu fasses demain matin c’est aller voir un médecin pour un certificat médical et aller déposer une plainte au commissariat. Je vais même t’acompagner moi-même ! Il ne faut pas laisser ça comme !
-….
Je ne répondis.
-Tiens mets ça. Elle me tendit un pagne. Je vais te chercher des vêtements plus décents et de quoi nettoyer la blessure sur ton genou. 
Je ne m’étais même pas rendu compte que je m’étais ouvert le genou quand je suis tombée. Je ressentais une douleur vive qui me lançait dans les tempes. Je m’humidifiais mes lèvres séchées par l’anxiété, elles avaient un goût sel et sang. Corinne revint dans le salon avec les produits désinfectants pour mon genou.
-Je pourrais avoir un miroir s’il te plait…..
-Oui bien sûr….
Je me regardais en silence dans la glace. La vision de cette femme à l’œil au beurre noir, et aux lèvres déchirées, glaça mon sang dans mes veines. Corinne était restée là silencieuse, puis s’était éclipsée avant de dire :
-Tu peux dormir ici ce soir…Si tu as besoin de moi, je suis juste à côté…
-Merci.
-Ne me remercie pas Vanessa, c’est normal.
« Heureusement que j’ai toujours été courtoise avec mes voisins sinon je ne sais pas ce qui me serait arrivé ce soir » 
Je désinfectai mon genou, enfilai la caba* (robe ample) que m’avait prêté Corinne et m’allongeai dans le canapé en pleurant silencieusement mon malheur.

Le lendemain matin, Corinne m’avais accompagné à la Clinique de L’Union Médicale. Je n’avais rien de cassé. J’avais quelques ecchymoses par ci par là, en plus de mon œil au beurre noir et de mon genou blessé.
« Du paracétamol et quelques jours de repos feront l’affaire pour vous remettre sur pieds »m’avait dit le médecin. 
Mon certificat médical en main, direction commissariat d’Okala* (nom d’un quartier)
J’attendais qu’on me reçoive depuis plus d’une heure et je commençais sérieusement à en avoir marre de patienter indéfiniment, mais qu’aurait dit Corinne que j’avais embarquée dans cette histoire depuis hier nuit ? Elle avait tenu à rester là jusqu’à ce qu’on me reçoive car le commissaire c’est son oncle.
- Viens Vanessa mon oncle est arrivé. 
« Ah enfin !... »



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