Chapitre 22 - Du bout des lèvres

Ecrit par NafissaVonTeese

Précédemment

Grâce à Isabelle et à ses relations, Salah avait pu quitter le commissariat dans lequel il s’était trouvé, suite à une bagarre avec Ali.

Fama, une fois rentrée chez elle, avec la ferme intention de tout oublier de la soirée, tomba sur Seydina qui l’attendait. Elle lui avait accordé le minimum d’attention syndicale, avant de se mettre au lit, épuisée, et sans la tête à discuter. Elle dut quitter son lit plus tôt qu’elle ne l’avait prévu, car Salah lui avait envoyé un chauffeur pour venir la chercher, comme promis la veille. Mais avant de quitter l’appartement, elle perdit connaissance et se réveilla à Kumasi, le 07 Novembre 1674. Elle vit alors la jeune fille identique physiquement à elle qui la hantait depuis un certain temps, et elle la suivit en lui posant des questions auxquelles elle ne répondit pas. La jeune fille, toujours sans rien lui dire, s’était jetée dans un puits, sous les yeux de Fama. Cette dernière aussi, tomba de dedans, mais involontairement, en essayant de comprendre ce qui venait de se passer.

***

 

Fama se voyait s’engouffrer vers le fond du puits. Elle s’agitait dans tous les sens, criant et se débattant dans les airs. Ce qui lui faisait le plus peur était l’idée qu’elle allait finir par atterrir dans l’eau. Elle se sentait déjà se noyer, elle qui n’avait jamais cherché à apprendre à nager, même si elle était née et avait grandi sur une île. C’était fini, elle allait mourir, noyée, non dans le fleuve Sénégal comme elle se l’était mainte fois imaginée, mais dans un puits à l’autre bout du continent, et de surcroît, dans un cauchemar.

Fama continuait à se débattre de toutes ses forces, sans atteindre le moment fatidique de son atterrissage sur l’eau, qui refusait d’arriver. Elle entendait au loin la voix de Seydina. Il l’appelait, encore et encore.

 

C’est une claque bien ferme qui la tira de sa chute sans fin. C’est toute agitée qu’elle ouvrit les yeux, pour tomber sur Seydina. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver le souffle et remettre ses idées en places. Elle s’était ensuite figée, regardant d’un œil apeuré Seydina, qui avait gardé une main à sa taille.

Fama avait reculé, oubliant aussitôt son voyage à Kumasi, son sosie, la lettre et le puits. Son regard vira au noir quand elle passa sa main à sa joue gauche.

 

-         Tu m’as frappé Seydina ? demanda-t-elle d’une voix colérique.

 

-         Mais non. Qu’est-ce que tu racontes ?

 

-         Si tu m’as frappé Seydina.

 

Seydina avait soupiré puis détourné le regard. Il était inutile d’essayer de se justifier. Fama allait certainement s’énerver encore plus, comme elle avait l’habitude de le faire. « Quand madame parle, Seydina se tait. », se rappela-t-il ; et là, il valait mieux qu’il ne dise rien. Elle avait l’air déboussolée. La brusquer en se chamaillant avec elle aurait empiré la situation. En d’autres circonstances, il aurait fait remarquer à Fama cette réflexion si sage qu’il venait d’avoir ; mais ce moment était celui du silence pour lui. Il savait ce qu’elle venait de voir. Lui aussi avait vu la même chose, le chargement des chars, la jeune Ama griffonnant sur un bout de tissus, et tout le reste, mais contrairement à Fama, lui pouvait juste observer de loin, comme s’il n’arrivait pas entrer en contact direct avec ce monde.

 

Fama elle, avait profité du silence de Seydina pour se replonger dans tout ce qu’elle venait de vivre. Elle s’était repassée toute la scène en tête, le corps raide et les poils hérissés.

« Et si tout cela avait une quelconque signification ? » conclut-elle.

Elle voulut profiter de la présence de Seydina qui affichait clairement la mine de quelqu’un qui en savait plus qu’il en disait, en lui demandant ce que tout cela signifiait, mais le prénom : « Salah », surgit dans sa tête.

Salah l’attendait. Le chauffeur qu’il avait envoyé aussi l’attendait.

Elle avait jeté un dernier regard noir à Seydina avant de tourner sur elle-même. Elle avait repéré sa pochette sur le canapé. Elle la prit avant de se diriger vers la porte.

 

-         Qu’est-ce que tu fais, demanda Seydina en la voyant se diriger vers elle.

 

-         Je m’en vais.

 

-         Ne fais pas ça Fama ; dit Seydina en la suppliant des yeux.

 

La jeune femme s’était arrêtée devant lui. Elle n’eut besoin d’ajouter le moindre mot. Le regard à la fois las et décidé qu’elle avait lancé à Seydina, avait suffi pour qu’il lui ouvre la porte pour la laisser s’en aller, comme elle le souhaitait.

 

Fama s’était lancée dans les escaliers à pas trainants. Elle se demandait si elle avait vraiment envie de voir Salah. Il était clair qu’elle aurait préféré rester dans son lit, mais il était hors de question qu’elle reste dans la même pièce que Seydina.

 

C’est en arrivant à l’entrée principale de son immeuble qu’elle accepta enfin qu’elle avait besoin de quitter cet endroit, de changer d’air, de se vider la tête. Et elle était certaine que Salah était le genre d’homme qui pouvait transformer une discussion ennuyeuse en un moment captivant. Il était bourré de connaissances acquises en parcourant le monde et en faisant d’extraordinaires rencontres, se dit Fama.

 

Contrairement à ce dont elle s’attendait, le chauffeur ne semblait pas s’être impatienté. Il se tenait bien droit, entre les portières avant et arrière, du côté passager. Il avait lancé du coin des lèvres, un petit sourire à Fama, qui s’avança jusqu’à lui. La jeune femme avait même droit à ce qu’on l’invite à s’installer à l’arrière d’une magnifique berline noire aux allures de voiture de sport, en lui ouvrant la portière. Si elle n’était pas préoccupée par ses divagations dans un autre monde et à une autre époque, elle se serait sentie importante et spéciale. Elle avait juste envie de partir loin de là.

 

Fama pensait bien faire en fuyant son appartement, son quartier, et même Seydina qui lui laissait l’impression qu’au lieu de trouver des réponses à ses questions, c’est des questions de plus qu’elle trouvait. Elle pouvait aller rejoindre un homme, dans un endroit dont elle n’avait pas encore idée, mais son malaise continuait de la suivre. Elle était tellement prise à se repasser en tête l’épisode de Kumasi, qu’elle n’avait pas prêté attention à la route. Elle n’avait donc aucune idée du temps qu’elle avait passé en voiture en compagnie du chauffeur qui n’avait dit mot. Elle n’avait non plus aucune idée de l’endroit où ils venaient de s’arrêter.

Là encore, elle avait droit à ce qu’on lui ouvre la portière, et avec le même sourire bien dosé du monsieur qui était en sa compagnie.

 

Fama était descendue de voiture la tête dans les nuages, oubliant même de remercier ce cher monsieur à la cravate orange, de toute l’attention dont il faisait preuve. Il lui avait suffi de  regarder devant elle, pour remarquer un bâtiment à la peinture noire, avec une grande porte en bois. Juste au-dessus, se trouvait un auvent noir matte, avec « Mia Cara » écrit dessus en couleur blanche.

 

« Mia Cara ». Fama se souvenait de ce nom qui avait été prononcé par Salah ; le nom de son restaurant, qu’il disait se trouver sur la route de l’aéroport. Elle se dit que tout ce mystère était juste pour un resto. Puisqu’elle n’avait aucune idée de ce que prévoyait Salah, elle ne put se sentir déçue, même si elle s’attendait à quelque chose de bien plus « impressionnant », venant d’un homme aussi impressionnant que Salah.

 

Son avis changea quand elle franchit la porte du restaurant.  Le décor avait complètement changé. Fama s’était retrouvée dans un grand espace aux murs en petites briques marrons et des lustres en fer forgé noir, qui pendaient du plafond, avec sur chacun une bonne dizaine de petites lampes à la lumière jaunâtre. Aussi grand que pouvait lui paraître la pièce, il n’y avait qu’une seule table couverte d’une nappe beige fleurie, placée bien au milieu, avec deux chaises en bois de part et d’autre. Elle se demanda comment est-ce qu’un endroit pouvait ne contenir qu’une seule table et deux chaises, et paraître aussi chaleureux. Sans doute grâce aux multiples tableaux accrochés aux murs, ou à la lumière tamisée qui se dégageait d’un gigantesque vase, qu’elle venait de remarquer dans un coin au fond de la pièce, en parcourant celle-ci des yeux.

 

Elle s’était avancée à petits pas, en ne manquant pas de remarquer le plancher en bois au sol. Fama n’avait jamais marché sur un plancher en bois. Elle n’en voyait que dans les films qui passaient à la télé. Elle était émerveillée par tant de chaleur dans cet endroit quasi vide, qu’elle en oublia tout ce qu’elle avait vécu les heures précédentes, même la raison de sa présence dans cet endroit : Salah.

Ce dernier n’avait pas tardé à faire son apparition. Il était sorti d’une porte à battant noirs, haut jusqu’au plafond, que Fama pensait faisant partie du décor. Salah s’essuyait les mains avec un torchon à carreaux, assorti à son tablier. Quand il remarqua la jeune femme, il jeta son torchon sur son épaule, s’avança jusqu’à elle, et pris sa main pour y poser un doux baiser.

 

-         Tu es sublime ; prononça-t-il.

 

-         Merci ; dit timidement Fama.

 

Elle se dit que ce compliment était mal placé, quand elle baissa les yeux pour jeter un coup d’œil à sa robe qui faisait tâche dans le décor. Elle ne pouvait pas en vouloir à Salah, qui avait certainement dit cela juste pour être gentil. Lui, dernière son tablier, était en polo beige aux manches longues, qu’il avait retroussées jusqu’aux coudes, jean bleu de nuit moulant et baskets de même couleurs. Même avec un look décontracté et un tablier, il restait élégant. Cette remarque gêna Fama qui se sentait désormais toute petite.

 

-         En temps normal, je t’aurais demandé de prendre place à cette table, mais j’aimerais te montrer quelque chose que tu n’as certainement jamais vu ; fit Salah avec les yeux qui brillaient.

 

-         D’accord.

 

Il lui avait pris la main pour la guider vers la porte d’où il était apparu.

Les deux jeunes gens s’étaient retrouvés dans la cuisine des lieux qui affichait la même ambiance que le restaurant : lumières tamisées, étagères, placard et comptoir en bois, et un gigantesque four, en forme de dôme, à briques marron, qui partait du sol, pour rejoindre le plafond. La tête qu’avait faite Fama, fit comprendre à Salah qu’il ne s’était pas trompé. Elle n’avait certainement jamais vu un four artisanal.

Salah était bien décidé à en remettre une couche. Il s’était avancé jusqu’à la construction pour l’embrasser, avant d’avouer avec fierté :

 

-         Je l’ai construit de mes propres mains.

 

-         Vraiment ? demanda Fama machinalement.

 

-         Avec l’aide de deux ou trois mains fortes, je l’avoue, mais oui, je l’ai VRAI-MENT, construit. Et c’est exactement pareil à celui qu’on a à la maison en Italie.

 

Il avait souri en voyant Fama totalement impressionnée, puis il s’était emparé d’une pelle à pizza, qu’il utilisa. Il avait suffi qu’il sorte une pizza du four, pour la dépose sur le comptoir en face de Fama, pour qu’une forte odeur de fromage embaume aussitôt la pièce.

 

-         Ne me dis pas que c’est toi aussi qui as préparé ça ?

 

-         Ça, c’est une Luna piena, mais pas n’importe laquelle. Double mozzarella, double champignon, double jambon, double tomate. Disons que toute la garniture est en version double. Et oui, c’est moi qui l’ai faite, même la pâte !

 

-         Sérieux ?

 

Salah n’avait pas pu se retenir de rire. Même si cela lui semblant à lui, anodin, il savait que les femmes restaient toujours impressionnées face à un homme qui savaient se servir des ustensiles de cuisine. Lui, avait littéralement grandi dans les cuisines des restaurants de sa famille, alors préparer une pizza, et particulièrement celle-là, faisait partie des choses qu’il pouvait faire les yeux fermés.

 

Il avait invité Fama à rejoindre leur table dans le restaurant, en lui précisant qu’il allait lui-même s’occuper du service. Il avait demandé au personnel de ne pas se présenter. Il avait aussi lui-même, pris la liberté d’annuler toutes les réservations, juste pour l’occasion.

 

Ils avaient dîné en discutant de tout et de rien, juste pour ne pas laisser place au silence. Fama lui avait proposé de l’aider pour débarrasser la table après avoir mangé, mais il lui exigea de ne toucher à rien. Quand Salah s’éclipsa dans la cuisine, Fama se leva pour s’approcher des tableaux accrochés aux murs. Vus de près, elle comprit que c’était des photos en noir des blancs si bien prises, qu’elles donnaient l’impression d’être de la peinture. Elle comprit très vite que c’était des photos de différents restaurants Mia Cara dans le monde. En bas de chaque photo, était inscrit le nom de la ville où la photo avait été prise.

« Un vrai empire », pensa Fama. Elle aurait aimé visiter toutes ces villes, mais elle n’allait certainement jamais pouvoir le faire, et elle trouvait cela bien dommage.

Elle était en train de rejoindre la table quand elle entendit un son de piano envahir la pièce. Salah avait presque aussitôt fait son apparition, pour joindre sa chaise en bois.

 

-         C’est très beau ; fit Fama juste pour reprendre les phrases qu’il lui arrivait d’entendre dans les films, quand un son de ce genre se faisait entendre.

 

-         Si j’avais eu assez temps pour organiser tout cela, j’aurais fait venir un orchestre. La prochaine fois, promis. Et je te rassure dès maintenant, je préparerai autre chose que de la pizza. Disons quelque chose que l’on pourra déguster avec de vrais couverts, pas avec les doigts.

 

-         Non, tout est parfait Salah. J’ai adoré manger avec les doigts, et tout le reste. Tout est très beau ici ; remarqua Fama.

 

-         Oui, je trouve aussi ; répondit Salah en parcourant la pièce des yeux. Nous avons gardé la même déco dans tous nos restaurants. On se croirait à Toscan. Tu ne trouves pas ?

 

-         Je n’en ai aucune idée. Je ne sais même pas où ça se trouve.

 

Ils avaient ri ensemble puis un court silence s’était installé. C’était Salah qui l’avait brisé en posant une question à laquelle Fama ne pouvait s’attendre :

 

-         Cette magnifique demoiselle avec laquelle je passe un excellent moment, voudrait-elle m’accorder une danse ?

 

Fama n’avait pas eu le temps de réagir, qu’il s’était levé et lui avait tendu la main. Elle était gênée jusqu’au plus profond d’elle. Elle ne savait pas danser ce genre de musique qu’elle trouvait en réalité trop lente et trop ennuyeuse. C’est comme si Salah avait lu dans ses pensées en la voyant hésitante. Il avait pris son téléphone posé sur la table, avait tapoté quelques secondes sur l’écran et l’ennuyeux son de piano avait disparu comme par magie, pour laisser place à la une voix d’homme qui chantait a Cappella. Fama pensa que c’était pire, mais très vite, il fut accompagné par une musique entrainante.

 

-         Alors, tu viens ? dit-il en lui tendant à nouveau la main.

 

Fama avait accepté, et c’était sans crainte de démontrer ses talents de piètre danseuse, qu’elle plaça ses bras aux épaules de Salah. Ça aussi, elle l’avait vu à la télé. Elle avait fermé les yeux et avait laissé Salah mener ce que lui, appelait une danse. Elle, avait plutôt l’impression d’être bercée comme un bébé. Peu importe ce qu’elle pensait, elle était très bien comme ça et voulait juste profiter du moment présent, rien d’autre.

 

-         Tu te débrouilles pas mal, chuchota Salah.

 

Fama n’avait pas répondu. Elle ne voulait pas qu’il parle, elle ne voulait pas de compliment. Tout était parfait et les mots n’avaient pas leur place dans sa vie à ce moment-là. Elle voulait juste danser, encore et encore, sur cette chanson donc elle n’avait aucune idée de ce qu’elle racontait.

 

Quand la chanson se termina et que le silence retomba dans le restaurant, Fama était restée accrochée à Salah. Elle avait lentement ouvert les yeux, pour se retrouver les murs en briques marrons, les dizaines de cadres accrochés aux murs, et bien-sûr Salah. Tout était parfait, un peu trop parfait. Elle avait dû se résoudre à se détacher de lui, pour le regarder droit dans les yeux. Fama avait souvent entendu dire qu’il suffisait de regarder une personne droit dans les yeux pour qu’elle ne puisse plus mentir. Elle allait enfin pouvoir vérifier la théorie.

-         C’est quoi ça ?

 

-         Ti scatter una foto, de Tiziano Ferro ; dit Salah, après courte réflexion.

 

-         Je ne parle pas de la chanson.

 

-         Je sais.

 

-         Alors c’est quoi tout ça ? Pourquoi tu fais tout ça ? Qu’est-ce que tu attends de moi au juste ?

 

Salah l’avait regardé, cherchant les mots justes, avant de l’attraper par la main, pour la mener à la table, où Fama prit place. Lui aussi se posa sur sa chaise et après un silence, un soupire et un sourire du coin des lèvres, il lança :

 

-         Tu sais Fama, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent être.

 

-         C’est-à-dire ? demanda Fama, en sentant les battements de son cœur s’accélérer.

 

-         Si je te pose une question, tu me répondras de la manière la plus sincère possible ?

 

-         Bien-sûr, même si avec la tête que tu fais, je ne suis pas sûre d’avoir envie d’entendre cette question.

 

-         Crois-tu au sixième sens ? Enfin, je veux dire, penses-tu qu’il puisse exister autre chose que ce que nous avons l’habitude de voir tous les jours ?

 

-         Je ne comprends pas vraiment ta question. Où est-ce que tu veux en venir ?

 

-         Tu te souviens de ce que je t’ai dit quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois ?

 

-         Tu as dit beaucoup de choses Salah.

 

-         Oui, je t’ai dit beaucoup de choses, mais je t’ai dit aussi que tu étais spéciale. Tu n’as pas idée du nombre de personnes que j’ai pu rencontrer, et de toutes ces choses que j’ai pu voir, même si je n’ai que 25 ans. Dès que je t’ai vu, j’ai su qu’il y avait quelque chose de particulier en toi, que je n’avais jamais vu auparavant.

 

-         Tout cela me flatte, mais je ne vois toujours pas ce que tu veux dire Salah ; s’impatienta Fama.

 
Du bout des lèvres