Chapitre 22 : Les retrouvailles avec la famille paternelle

Ecrit par Ellie chou

Lorsque Julien, Isabelle et Élise franchirent la porte du bureau du notaire à Daloa, leurs cœurs étaient lourds.

Ils n’étaient pas ici pour renouer des liens, ni pour entendre de maigres justifications.

Ils étaient là pour comprendre pourquoi, après tant d’années de silence, cette famille qui les avait rejetés osait aujourd’hui revenir vers eux.

Dans la salle d’attente, trois personnes les attendaient.

Le vieil homme aux traits fatigués, leur oncle Jean-Baptiste, celui qui, des années plus tôt, avait vidé leur maison sans le moindre remords.

À ses côtés, une femme d’une soixantaine d’années, leur tante Georgette, qui leur ressemblait un peu, mais dont le regard fuyant en disait long.

Et un jeune homme, inconnu d’eux, qui finit par se présenter.

Je suis Fabrice, votre cousin.

Mais aucun des trois ne leur inspirait la moindre once d’affection.

Julien croisa les bras, son regard sombre posé sur Jean-Baptiste.

Dites-nous pourquoi nous sommes ici, sans détour.

L’oncle baissa les yeux.

Votre grand-père est décédé.

Un silence de plomb s’abattit dans la pièce.

Et alors ? trancha Isabelle d’une voix glaciale.

Jean-Baptiste déglutit avant d’ajouter :

Avant de mourir, il a demandé à ce que vous soyez réintégrés dans la famille.

Il voulait réparer les erreurs du passé.

Vous avez des droits sur l’héritage de votre père…

Élise éclata d’un rire amer.

"Réparer les erreurs du passé" ?! Vous pensez qu’un bout de papier va effacer tout ce que nous avons vécu ?

Ses yeux se remplirent de larmes, mais elle les retint avec fierté.

Où étiez-vous quand notre mère pleurait chaque nuit parce qu’elle ne savait pas comment nous nourrir ?

 Où étiez-vous quand elle portait du charbon sur sa tête sous le soleil brûlant, tandis que vous profitiez de ce que vous nous aviez volé ?

Jean-Baptiste ouvrit la bouche, mais elle ne lui laissa pas le temps de répondre.

Nous étions des enfants ! cria-t-elle.

Des enfants qui n’avaient rien demandé, si ce n’est l’amour et la protection de leur famille !

La voix tremblante, Isabelle prit le relais.

Vous ne nous avez jamais tendu la main. Pas une seule fois !

Pas un mot, pas un geste…

 Pendant toutes ces années, vous avez vécu en sachant que nous luttions pour survivre, et vous n’avez rien fait.

Elle serra les poings.

Et maintenant, vous voulez nous "réintégrer" ? 

Parce que votre patriarche est mort et qu’il a eu un sursaut de conscience à son dernier souffle ?

Elle secoua la tête, un rictus de dégoût sur les lèvres.

C’est trop tard.

Jean-Baptiste essuya son front moite.

Nous avons fait des erreurs, balbutia-t-il.

Nous regrettons…

Julien se leva brusquement, frappant du poing sur la table.

"Des erreurs" ? répéta-t-il avec rage. Vous appelez ça des erreurs ?!

Ses yeux brûlaient de colère et de douleur.

Non, tonton. Une erreur, c’est un accident.

Vous, vous avez choisi de nous tourner le dos.

Vous avez choisi de nous abandonner.

Vous avez choisi de laisser une femme seule avec trois enfants, sans rien, alors que vous aviez les moyens de l’aider.

Il marqua une pause, sa respiration haletante.

Et maintenant, vous voulez nous parler d’héritage ? 

Nous offrir quelques miettes comme si cela allait tout arranger ?

Il secoua la tête, la voix vibrante d’émotion.

Nous ne voulons pas de votre argent.

Ce que nous avons aujourd’hui, nous l’avons gagné par la sueur de notre mère et par notre propre force.

Pas grâce à vous.

Le silence qui suivit fut assourdissant.

Jean-Baptiste semblait vieilli d’un coup.

Georgette pleurait en silence, et Fabrice, qui n’avait rien à voir avec ces fautes passées, baissa simplement la tête.

Après un long moment, Julien déclara froidement :

Nous sommes venus ici par curiosité.

Maintenant, nous savons. Vous n’existez plus pour nous.

Puis il se leva, suivi de ses sœurs.

Avant de quitter la pièce, Isabelle leur adressa un dernier regard.

Nous ne serons jamais comme vous.

Nous avons appris à pardonner, mais nous n’oublierons jamais.

Et sans un mot de plus, ils quittèrent cette famille qui, trop tard, cherchait à les retrouver.


A bientôt. 

Le combat d'une vie...