Chapitre 23
Ecrit par sokil
- Joyeux Noël en passant…
Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je n’ai pas répondu, préférant
hocher vaguement la tête en guise d’affirmation. Au même instant je sens
une petite vague d’irritation doublé d’un grand étonnement s’emparer de
moi, tout simplement parce qu’ils ont éclaté tous les deux d’un fou
rire juste après que Jamal m’ait salué tout en feignant l’ignorance, ce qui m’a semblé très suspect. Très amusé, Richard ajoute.
- Jamal ! Jamal ! P’ti malin !
- Comment ne pas connaitre Klariza ? Nous sommes les seuls noirs de
notre école ! On s’connait bien, nous sommes juste camarades !
Ils pouffent encore de rire tous les deux, ensuite Richard empoigne
amicalement Jamal par les épaules et reprend la parole tout en me
regardant moi, et non Jamal, droit dans les yeux.
- Content de le savoir ! Fais gaffe, c’est ma fille !
Il lui donne deux tapes sur les épaules avant de tourner les talons et
de nous laisser seuls tous les deux. Je suis restée muette et un peu
gênée pendant tout cet échange, ne sachant quoi dire ni quelle attitude
adopter, je n’ai fait qu’acquiescer par un petit sourire maladroit.
Jamal se rapproche alors de moi et me chuchote à l’oreille.
- Désolé pour la surprise !
- C’est quoi ce petit manège ? A quoi vous jouez ?
- Tu vas pas l’croire… A Bordeaux, à peine ai-je posé le pied à terre
que mon vieux m’accueille avec cette nouvelle, celle de me rendre illico
presto sur Paris le représenter à une réception qu’organise son grand
ami, Richard Ndoum qui arrive tout droit du Cameroun. Chui pas très
d’accord au départ… Mais quand il a prononcé : « Son Excellence… » J’ai
marqué une pause, j’ai directement fait le lien avec tout ce que tu
m’as raconté la veille de ton départ…J’ai pas hésité une seule seconde…
J’ai eu envie de te revoir.
- Ça alors ! Le monde est vraiment petit ! Richard est donc l’ami de ton père !
- Exact !
- Ça veut dire que tu connais donc toute la famille ?
- Non ! Nuance ! Je ne connais que Richard, et ta maman je ne l’ai vue
qu’une seule fois lors de leur dernier séjour ici, ils étaient venus
nous rendre visite à Bordeaux. C’est la première fois que je viens ici !
- Je vois ! Pour une surprise, je peux dire que je ne suis pas au bout de mes peines !
- Voilà ! En passant jolie robe du soir ! Elle te va à ravir ! Tu es très belle !
- Merci… Tu as très bon goût ! C’est un joli cadeau de ta part !
- Je sais ce qui te plait !
Il me fait un clin d’œil, et nous éclatons de rire. De temps en temps
je peux apercevoir Richard nous lancer des petits regards bien furtifs.
- On … on dirait que mon père nous épie… Ne te retourne pas, il saura qu’on parle de lui !
- En effet, j’l’ai remarqué ! Il n’est peut être pas dupe !
- D’après toi, il sait ?
- Je crois qu’il nous soupçonne ! Il n’y a qu’à voir la façon dont tu
as été surprise de me voir, tu avais l’air très hébétée, toute troublée !
- Tu vois l’effet que tu me fais ?
- Normal, après la nuit d’amour mémorable que nous avons passée, il y a de quoi être encore toute émoustillée !
- Tu… es malade !
- Aller avoues ! Tu as aimé ? Je sais que tu as aimé ! Cette
question est restée en suspens…J’ai été pendu à tes lèvres, attendant en
vain une réponse ! T’as pas voulu répondre !
- Ça me gêne !
L’endroit est très inapproprié, je te rappelle que Richard a l’air de
nous tenir à l’œil ! Pas moyen d’aller causer à l’extérieur, ça gèle !
- Il nous voit de loin, certes, mais il ne nous entend pas !
- Tu me fais rire ! Je te dirai, sois patient !
- De toutes les façons c’est le moindre mal !
Pour ne pas trop attirer l’attention, nous finissons par nous séparer
provisoirement. Jamal a vraiment l’air de ne pas connaître grand monde à
part mon père qu’il rejoint assez rapidement et ce dernier lui présente
encore bien d’autres personnes, en l’occurrence les filles et fils de
ses amis. Je joue tout juste les indifférentes lorsque je le vois
sympathiser avec toutes ces personnes… Je le toise discrètement,
lorsqu’il me lance sournoisement des petits regards anodins, ce qui a le
don de l’amuser un tout petit peu. Il a l’air de très bien me
connaître, ce qui lui donne le dessus, chose que je déteste par-dessus
tout. C’est vrai, tous les mecs ne sont pas des « Steve », mais Jamal
sait me rendre folle… Bref il m’a rendue folle en une nuit d’amour, la
veille de mon départ. Adossée au bar, tout en sirotant une boisson non
alcoolisée, j’y repense par à-coups…
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Je
repense à la façon dont il m’a câlinée tendrement, sans pression mais
avec une pointe de malice très accrue, qui n’a fait qu’augmenter le
désir de m’ouvrir à lui et le plaisir de le sentir si près de moi. Je
n’ai pas hésité, ni tergiversé une seule seconde, je l’ai laissé venir à
moi, en moi, de main de maître…
Seuls mes gémissements ont
suffi à faire comprendre le degré d’intensité, la beauté et la
profondeur de cet acte partagé qui nous a unis. Son regard plongé dans
le mien ou encore sa respiration si vive dans le creux de mon cou, et
entre le creux de mes seins, la grâce avec laquelle il s’est
contorsionné amoureusement entre mes jambes n’a fait que le rendre si
beau à mes yeux ; je lui ai effleuré, voire caressé tout le long du dos,
jusqu’à parvenir à son arrière train ; il a aimé ça, il a aimé le fait
que je lui mordille inconsciemment l’épaule, et n’a eu de cesse de me le
répéter encore et encore qu’il aime ça, qu’il adore le fait de se
sentir si désiré, si vénéré de la sorte.
Lorsque je me suis
retrouvée au-dessus de lui cette fois ci, et qu’il s’est laissé dominé
par mes gestes d’une langueur et d’une douceur exquise, il s’est
redressé brusquement et m’a maintenue fermement contre lui ; ma poitrine
contre la sienne, je l’ai enlacé à mon tour, nos langues et nos bouches
n’ont fait que communiquer savamment et décoder ce langage inconnu de
l’amour. C’est lui qui, presque au bord de la volupté, m’a renversée et
retournée en une fraction de seconde, et m’a démontré énergiquement
avec toute sa force et sa détermination une virilité presque parfaite
qui n’a fait que me faire grimper au rideau de manière hystérique avec
la peur de ne jamais pouvoir redescendre ...
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J’en ai encore des frissons rien qu’à y penser. Soudain, je le
surprends lui Jamal entrain de m’observer, on aurait dit qu’il lit et
devine parfaitement ce qui se passe dans mes pensées. Je ris
honteusement, tout en soutenant son regard, on se lance discrètement des
petits défis, ce qui a l’air de bien nous plaire. Je finis par me
retourner ; je me retrouve nez à nez avec ma tante Claude.
- A quoi tu penses ?
- Oh … Tu … tu m’as fait peur !
- Normal tu es rêveuse…Rick est en haut, il t’attend, il faut le mettre au lit !
- D’accord je monte !
- Je te suis !
- Si tu veux !
- Tu me fais des cachoteries maintenant !
- Dans quel sens tata ?
- Que tu as un nouveau copain !
- Qu’est ce qui te fait dire ça ?
- En plus c’est pas n’importe qui ?
- Comment ça ?
- Le fils de l’ambassadeur !
- Qui ? Quel ambassadeur ?
- Le fils de l’ambassadeur, l’ancien ambassadeur de la Guinée Conakry ici en France !
- Mais ? Et comment le sais –tu ? Tu viens à peine d’arriver !
- J’ai entendu ton père parler de lui, il n’a pas pu se déplacer, alors
son fils est venu le représenter… Jamal Moussa ! Beh dis donc ! Tu ne
fais pas dans la dentelle toi ! Et tu ne me dis rien ! On s’est
toujours presque tout dit !
- Est-ce que papa est au courant ? Maman ?
- Non ! Je ne crois pas ! Moi j’ai tout de suite flairé l’affaire ! Et
quand tout à l’heure je te cherche, je vous surprends tous les deux
entrain de vous envoyer des signes ou alors je ne sais quoi à distance.
Je ne trouve pas ça mauvais rassure toi, tu es jeune et belle et tu as
besoin de vivre à nouveau ! S’il est sincère, c’est l’essentiel !
- Je me sens bien avec lui !
- Tant mieux ! On ne vit qu’une fois… comme on dit… alors… il faut en profiter !
Je perçois du coup une petite lueur de tristesse dans ses yeux et même dans sa voix.
- Tata ? Dis-moi, de quoi souffres-tu ? Tu n’as pas voulu qu’on en parle la dernière fois au téléphone !
- De rien je te dis !
- C’est toi-même qui viens de me dire qu’on s’est toujours presque tout
dit ! Alors dis-moi, de quoi souffres-tu ? Tu n’es pas venue ici pour
rien n’est ce pas ?
- Bof ! Ils disent que c’est le
cancer…J’ai commencé à suivre un traitement au pays, mais ils disent que
ça ne régresse pas, alors tes parents ont voulu que je vienne me faire
suivre ici !
Sur le champ, je la vois ôter sa perruque, et je
découvre avec stupéfaction qu’elle a le crâne presque dégarni. Son
extrême pâleur et sa perte de poids ne font que confirmer sa maladie.
- Oh mon Dieu, tata !!! C’est donc si grave ? Je comprends pourquoi,
tu as fondu, tu es pâle… C’est …C’est une perruque que tu portes ?
- Je suis fatiguée de tout ça, j’ai perdu mes cheveux à cause de cette
foutue chimio … Je veux juste profiter de tous ces jours tu comprends ?
Le reste je m’en fou !
- Ne dis pas ça ! On va bien te soigner ici ! Ne t’en fais pas, tu seras bien suivie !
- Oh ma fille ! J’aimerai bien que le ciel t’entende…
- Ça va aller, il faut rester positive !
- Mais je suis positive ! La preuve je garde le moral, le même depuis !
Je ne me fais vraiment pas de souci sinon ça ne fera que précipiter
les choses… Je garde le moral, rien de plus !
- Il faut garder le moral ! Rick s’est endormi !
- Oui ! Ton copain est-il au courant ? Que tu as un fils ?
- Non ! Je lui ai parlé de moi, de ma vie, de tout, sauf de ce détail !
- Aie ! Pourquoi tu fais ça ?
- Je ne sais pas ! Lui aussi ne m’a pas tout dit ! Je ne savais pas qu’il était fils de diplomate !
- Il va t’en vouloir ! Ne basez pas votre relation sur le mensonge et les cachoteries !
- Je sais, mais j’essaie de gagner du temps !
- Tu fais mal ! Plus tu crois gagner en temps, mais en réalité, tu ne
fais que perdre le temps et il le découvrira avant que toi tu ne lui
dise !
- J’ai justement peur…
- Et tu souhaites que
Rick reste ici avec toi! Ça n’a aucun sens ! Réfléchis bien à ça !
Bon moi je vais me coucher… Ordre de ta maman ! Les fêtes à n’en plus
finir je crois que je les supporte de moins en moins !
Les
invités commencent eux aussi à rentrer ; je le cherche lui du regard,
mais je ne le trouve pas. Je fais presque le tour de la salle, rien pas
de Jamal, il s’est volatilisé. Je piaffe tout simplement, de toutes
les façons il n’était pas mon invité, il représentait valablement son
père auprès de Richard. Ce dernier me croise en passant et me manière
désinvolte, me fait comprendre que Jamal est parti.
- Ah ma petite ! Ton camarade Jamal vient de partir ! Il m’a chargé de te dire au revoir tout simplement !
- D’accord, merci papa !
Puis, je croise Sébastien, qui n’a pas l’air très en forme, il est ivre
et commence à vociférer. Je préfère l’éviter au maximum, mais j’ai
l’impression que c’est moi qu’il cherche. Je cherche Richard pour
l’avertir de ce qui se passe, mais c’est peine perdue, lui et ma mère
sont tout juste entrain de raccompagner les derniers invités. Sébastien
me suit un peu partout et me lance des mots assez virulents. Pendant
que je m’éclipse vers le couloir, il me suit rapidement et ne mâche pas
ses mots.
- Hé ma putain de sœurette ! Viens par-là, nous n’avons pas fait connaissance !
- Fou moi la paix, je ne te connais pas !
- Ah oui ? Et c’est qui qui vient foutre la merde ici ? Ma relation
tu viens de la foutre en l’air ! Tu n’avais pas à mettre ces putains
d’idées à la con dans le cerveau d’Arlette tu piges ? Dans quel but ?
Tu crois que tu auras tout pour toi ? Hein ? D’ailleurs d’où tu sors ?
Tu débarques d’un trou pourri et tu viens jouer les justicières et les
filles légitimes ? C’est moi qui ne te connais pas ! Personne ne te
connait ici ! T’es qui toi ? T’es personne ! Richard c’est mon oncle,
et c’est pas ton père ! Tout me revient de droit ici ! Tu m’entends ?
- Laisse-moi tranquille ! Je ne sais pas de quoi tu parles !
- Je vais te rafraîchir la mémoire … chère « sœur » ! L’enfant
qu’Arlette porte est le mien, et peut être le futur héritier ! Pourquoi
lui as-tu demandé de me quitter ? Dans le simple but que je ne
reconnaisse pas l’enfant qu’elle porte et qui est de moi ? Tu te crois
maligne ! Tu crois que tout reviendra à Rick ?
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?
- Pourquoi ? Alors que t’es pas fière de t’occuper valablement de ton
rejeton, ton bâtard et que les autres le font à ta place ?
- Je… je t’interdis de parler de mon fils de la sorte ! Tu ne sais pas comment je l’élève ok ?
- Oh que non !!! Je me tairai pas et je vais le crier sur tous les toits !
- Dans ce cas tu n’as qu’aller le dire à qui veux l’entendre, ça te regarde !
- Hé ! Tu ne me manques pas de respect d’accord ?
Il est sur le point de vouloir s’en prendre physiquement à moi quand je
vois Jamal surgir de nulle part, l’attraper par le col, le menacer et
lui intimer l’ordre de me laisser tranquille.
- Tu ne lui parle pas comme ça ok ?
- Mais t’es qui toi ? Un autre larbin c’est ça ? Klariza ne me dit
pas que c’est lui qui te b**** ! Maintenant ! Les bâtards tu vas les
semer à tout va ! Le premier rejeton que tu as eu ne te suffit pas !
- Ça suffit !
Jamal lui assène une bonne droite sur le visage, le sang gicle un peu,
je me cache le visage, apeurée. Richard et ma mère viennent à la
rescousse. Les gardiens s’emparent brutalement de Sébastien et le
maîtrisent une bonne fois pour toute. Je me précipite vers Jamal qui se
frotte la main et plisse le visage de douleur ; le coup qu’il lui a
porté a été assez violent.
- Jamal ? Ça va ?
- Oui et toi ?
- Je vais bien, je suis désolée !
- Ne t’en fais pas ! Je m’apprêtais à partir, quand je me suis rendu
compte que j’ai oublié les documents que ton père m’a remis pour
transmettre à mon vieux, que je vous aperçois tous les deux, lui,
entrain de te menacer !
Plus de peur que de mal, Sébastien est
mis hors d’état de nuire, Richard se confond en excuses auprès de tous
ceux qui ont assisté de près ou de loin à cet incident ; dans la mêlée,
je ne remarque pas que Jamal vient de s’éclipser discrètement, je le
rattrape vite fait à l’extérieur.
- Hé Jamal ! Tu t’en vas sans me dire au revoir ?
- J’l’ai fait plutôt ! J’ai dit à ton père de te dire que je m’en allais !
- Oui… Mais je parle de tout à l’heure ! Tu aurais pu au moins dire que…
- Écoute ! Tu ferais mieux de rentrer ! Tu n’es pas couverte ! Je te
souhaite de passer de très belles fêtes de fin d’année ! On se voit
l’année prochaine !
Je vois un gros véhicule venir se garer
juste devant lui. A peine il ouvre la portière que je lui attrape le
bras ; il se laisse faire et me regarde avec arrogance ; je suis
consciente de ce qui se passe et je devine très bien ce qu’il a pu
entendre de ma dispute avec Sébastien.
- Jamal, je sais que tu as dû entendre des choses, mais je te jure que…
- Klariza, que tu aies un fils c’est une chose, mais de là à me cacher ça c’en est une autre !
- J’allais te le dire de toutes les façons ! Je ne savais même pas que
tu viendrais ici, je ne savais pas que tu es un fils de diplomate, tu
me caches aussi des choses !
- Passe de belles fêtes au revoir !!!
Sans demander son reste, il m’a tourné le dos et s’est engouffré
rapidement dans le véhicule qui a aussitôt démarré en trombe. Je suis
restée figée un bon moment sur place, transie de froid, j’ai les dents
qui claquent et les membres qui tremblent, mais je m’en fou ! Tout ce
que je fais c’est de regarder le véhicule qui transporte Jamal s’en
aller au loin et disparaitre progressivement…
- Klariza ? On te cherche partout ! Qu’est ce que tu fais là ?
- Rien maman, Je…
- Viens rentre ! On doit parler !
- De quoi ?
- De Sébastien, de tout ça !
- Je suis fatiguée ! Sébastien est tout simplement malade dans sa tête
! Il parle sans cesse d’héritage, il me casse les pieds et me pourrit
la vie !
- Justement, il faut qu’on en parle, ton père vient
de régler son compte à Sébastien ! Il finit avec le reste d’invités et
on se retrouve dans le petit salon ! Quant à l’héritage…
- Non !
je m’en fou de tout ça ! Si il y a un héritage eh bien moi je n’en veux
pas, tout ce que je veux c’est de vivre une vie normale, c’est tout !
Là c’est bon, je vais aller dormir !
- Sébastien, ne t’enquiquinera plus, c’est terminé !
- C’est tout ce que je souhaite, Bonne nuit maman !
En ce 1er janvier, nous sommes tous réunis à table pour ce premier
repas familial de l’année, les vœux ont été échangés, les promesses et
les résolutions ont été prises, c’est chacun qui s’est exprimé à ce
sujet. Richard a tenu à ce que cela se fasse dans la bonne ambiance et
tous les sujets ont été évoqués ; cette année a été placée sous le signe
de la santé ; nous avons prié pour tante Claude qui a été hospitalisée
de toute urgence, à la veille de la Saint Sylvestre. Son état s’est
empiré ses derniers jours et nous gardons espoir que tout aille pour le
mieux. Cette année a également été placée sous le signe de la paix, et
de la réconciliation. Bien entendu, cela concerne ma relation avec mon
demi-frère Sébastien, ce dernier a du rappliquer chez sa maman et depuis
nous n’avons aucune nouvelles de lui, et Richard a conclu en disant
ceci.
- Tout en espérant que Sébastien refasse surface avec un
esprit plus calme et serein, je compte contacter sa mère et lui
souhaiter mes vœux les meilleurs au nom de toute la famille. Quant à «
l’héritage » dont il fait sans cesse allusion, je dirai qu’il n’y en a
aucun ! Et même si il y en avait, aucun de vous n’en serait le
bénéficiaire ; c’est à chacun de vous de travailler dur pour mériter ce
qui lui revient de droit. Klariza, tu as tes études à terminer, et lui
il n’a qu’à se remettre sur le droit chemin ! Voilà !
Dans mon
cœur j’ai ardemment souhaité que l’entente et la paix revienne entre
Jamal et moi. Depuis la fête de Noël nous ne nous sommes plus reparlés.
Je lui ai envoyé la veille, une photo de moi et de Rick accompagnés de
souhait de nouvel an, comme pour lui signifier que seule la vérité et
l’ouverture d’esprit comptent dans une relation. Il m’a répondu ce
matin.
« Merci, tous mes vœux de nouvel an à toi et à ta famille ! Jolie photo ! »
Ce qui a apaisé mon cœur. Je lui ai ensuite envoyé un autre message
pour lui dire qu’il me manque, mais il n’a pas daigné me répondre.
Concernant Rick et mon souhait de l’avoir avec moi ici en France, mes
parents n’ont vu aucune objection, mais les propos que Richard m’a tenu
m’ont clouée le bec.
- Nous sommes entièrement d’accord… Ok !
Imagine le scénario, toi qui fais dans l’audiovisuel là ! Tu prends
Rick et tu l’amènes à Montpellier ! Ok ! Tu vas lui trouver une place à
la crèche, c’est déjà ça ! Ensuite comment ça va se passer entre les
cours à gérer et le moment de s’occuper de lui ? Sans oublier que ça te
fera une bouche à nourrir ! L’argent que nous t’envoyons suffit
largement à couvrir uniquement tes dépenses et tes besoins, tu as le
privilège de ne pas jobber, chose que tu seras contrainte de faire pour
que ton gosse puisse vivre normalement. Je te passe les détails d’un
nouvel emploi du temps chargé, boulot, école, crèche et j’en passe… Je
peux me tromper, mais si tu as une meilleure idée, je t’écoute !
- Euh…je…J’ai rien à dire !
- Ta mère va rester encore pendant un bon bout, pour s’occuper de
Claude qui est très très malade ! Rick sera avec elle ici, pour combien
de temps ? Je ne sais pas ! Je retourne au pays en fin de semaine, je
ne ferai que des allées et venues constantes ! Nous pourrons dans ce
cas venir te voir à Montpellier ! Ça te va ?
- Ça me va !
Je suis retournée moi aussi à Montpellier le lendemain, car les cours
reprennent de plus belle le jour suivant. Rassurée de savoir que les
miens seront encore là, j’ai pris la peine d’aller dire au revoir à ma
tante sur son lit d’hôpital. Elle m’a fait un petit sourire, mais je
sais qu’elle souffre beaucoup, ce qui m’a fendu le cœur et j’ai tout de
suite fondu en larmes.
- Pourquoi pleures - tu ?
- Je n’aime pas te voir ainsi !
- Tu as tort ! Tu vas devoir t’y habituer…Demain je passe une autre
séance de chimio, pries pour moi, c’est tout ce que tu peux faire…Les
larmes je n’en veux pas d’accord ?
- D’accord !
- Et Jamal ?
- Jamal est fâché ! Il… on ne s’est pas parlé depuis ! Tu avais raison, il a appris, et il m’en veut jusqu’à ce jour !
- Oh le lâche ! En plus il joue les gros boudeurs ! S’il tient à toi il va revenir !
- Je l’espère ! Je venais te dire au revoir, je retourne à Montpellier
! Soignes bien, sois forte et on se voit bientôt n’est-ce pas ? Je
prierai pour toi !
- Oui…on… se voit bientôt… Très bientôt !
- Je vais te garder quelques bouteilles d’alcool bien au frais, comme tu les aimes !
- Oh ma fille !!! Les autres je n’ai même pas pu les toucher, mais
t’inquiète, nous les siroteront toutes les deux la prochaine fois.
J’ai eu le cœur très lourd en quittant ma tante à l’hôpital, et en
laissant mon fils auprès de ma mère à Paris. Dans le train, qui m’a
ramenée, je n’ai pas cessé de couler les larmes à cause de ce que j’ai
eu comme pressentiment, comme de quelque chose de triste qui pourrait
subvenir dans les jours à venir. Malgré tout je garde quand même la
tête haute et j’essaie de rester optimiste. Les jours qui ont suivi,
Jamal n’a fait que jouer les indifférents et les orgueilleux ; c’est à
peine s’il m’adresse même les salutations, chose que mes amies Coralie
et Jasmine ont vite perçu.
- Vas le voir ! Il boude! Me suggère Coralie
- Jamais ! Il n’a qu’à aller se faire voir !
- Ca s’trouve, d’après ce que tu nous as raconté, il se sent diminué !
Il pense que tu es peut être en contact avec l’autre, le père de Rick !
Je pense qu’il a besoin que tu le rassure! Rajoute Jasmine.
- Ok ! J’irai le voir !
En me rendant chez Jamal, j’ai le pas déterminé cette fois ci et je
compte bien faire la part des choses, à savoir lui faire comprendre que
j’ai tort mais que lui aussi a tort de se comporter comme un gamin,
qu’il doit agir en grand et me dire clairement ce qu’il a dans la tête
et s’il tient encore à notre relation ou pas ; voilà ce que je me suis
répété à plusieurs reprise en cours de route. Une fois devant sa porte,
j’ai sonné spontanément, sans réfléchir. Soudain je perçois une voix
féminine, ça rigole, je reconnais ensuite la voix de Jamal qui
l’accompagne dans le même rire et qui murmure des mots dont je perçois
difficilement le sens… Je fais rapidement un pas en arrière, ma
respiration s’accélère…Au même instant je suis envahie par le souvenir
de Steve que j’avais surpris dans les bras de LaSimone… Je ne peux pas
revivre ça une seconde fois.
- Quelle idiote je suis ! Je ferai mieux de m’en aller…Je ne peux pas revivre ce genre de cauchemar ! Noooon !!!
Mais j’ai déjà sonné, et en faisant rapidement demi – tour, la porte s’ouvre derrière moi.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
J’ai continué d’avancer sans me retourner.
- Klariza ? Klariza ???