Chapitre 23
Ecrit par Meyroma
Quatre jours !
Voilà exactement le temps qui reste avant le grand jour . Entre les préparatifs qui n'en finissent pas et la date du mariage qui approche à pas de géant , j'ai l'impression de jouer dans un film "Quatre jours chrono".
L'organisation d'un mariage requiert plus de Constance et de dynamisme que je l'imaginais, surtout quand le délai dont on dispose est très limité.
Ce matin, j'ai rendez-vous avec Mariam et Djamila pour faire les dernières emplettes, vu qu'à partir de demain, commencera la cérémonie de henné. Il s'agit d'une tradition qui consiste à garder la future mariée en hibernation pendant un certain nombre de jours durant lesquels il lui sera appliqué du henné et certaines plantes mystiques empaillées de vertues. J'ignore l'origine de cette pratique ancestrale, mais C'est un véritable arsenal spirituel incontournable dans nos coutumes.
Comme à son habitude, Mariam nous fait attendre longtemps avant de nous honorer de sa présence . Le retard est une seconde nature chez elle. C'est pour cela que Je l'ai surnommé GMT plus.
À croire que son fuseau horaire n'est pas le même que le nôtre!
-Pas trop tôt quand même, Reine Elisabeth ! M'exclamé-je, quand enfin elle pointe son nez chez moi, avec une heure de retard.
- Oh vous n'allez jamais deviner ce qui m'est arrivé les filles.
Elle ne tarit jamais d'exuses celle là , pensé-je, sceptique.
À voir ses gros yeux tourner en rond et les mille aller-retour de sa langue , il ne fait aucun doute que c'est maintenant qu'elle essaye de conconcter une belle justification.
Sacrée Mariam!
-Trêve de débat ! Nous interpelle Djamila qui jusque là se contentait d'observer notre guéguerre.
Il faut dire que l'épreuve de la prison nous a beaucoup rapproché toutes les trois. Je suis en quelque sorte le centre de gravité de ce nouveau trio car je suis leur amie mitoyenne. Fort heureusement et à mon plus grand plaisir, peut-être est-ce à cause de leur grande similitude de caractère, mais le courant passe merveilleusement bien entre elles.
Après avoir consacré toute la matinée à dévaliser le grand marché de Niamey, nous nous rendons au salon de beauté Bellissimo pour mon rendez-vous Hamam, manucure,pedicure, maquillage...bref le kit complet jeune mariée.
Il est environ 13h lorsque la fatigue, la faim et les impitoyables rayons du soleil nous contraignent à chercher refuge dans le rafraichissant local du restaurant Amandine, situé non loin du marché. Nous choisissons exprès une table disposée en face de l'énorme climatiseur verticale dont le souffle glacé assèche d'un coup toute la sueur dont nous sommes submergés. C'est comme si nous venons d'atterrir au paradis .
Nous commandons des boissons gazeuses fraîches que nous buvotons en faisant le bilan de nos courses.
Tout à coup la sonnerie de mon portable qui m'indique spécifiquement les appels de Djibril retenti du fond de mon sac à main.
Je me saisi de l'appareil et décroche de la plus douce voix que puisse le permettre ma corde vocale. Mais c'est Djibril qui parle en premier.
- Comment se porte la plus belle des futures mariées?
À l'expression coquine de mon visage, les deux acolytes assises devant moi se lancent un regard complice en se tapant des mains.
- Je vais bien et toi?
- J'aimerais en dire autant, mais je ne pourrai aller mieux que le jour où tu seras officiellement mienne. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde qui me sépare de ce moment est un supplice pour mon âme. Tiens, entends tu les mugissements de mon coeur?
Devant le regard curieux des filles, je m'abstient de répondre et me contente de murmurer un gazouillis qui en dit long.
Maître Djibril saisi le message et change aussitôt de sujet.
- Autrement, comment passes tu tes derniers moments de célibat?
- Complètement noyée dans les courses du mariage, repond-je en lorgnant le tas d'achats que nous avons fait.
-Dis, je t'ai appelé pour t'inviter à déjeuner. mais avant, j'ai une surprise pour toi.
- Euh j'étais justement sur le point de déjeuner avec Mariam et Djamila. D'ailleurs elles te passent un coucou.
Mes deux compères se hâtent de me faire signe de la main d'accepter son invitation et je n'hésite pas une seconde.
Dès qu'il raccroche, je cours aux toilettes pour me rafraîchir le visage et retoucher mon maquillage.
Quelques minutes après, me voilà dans le véhicule de Djibril en direction de ma surprise. Pendant tout le trajet, je le harcèle de questions pour qu'il lève le voile sur le mystère, mais il ne flanchi pas.
Finalement, nous arrivons à Lossogoungou, un des plus récents quartier de Niamey. Avec l'urbanisation, les quartiers périphériques sont en constante agglomération, chics et modernes.
Nous nous arrêtons devant un majestueux château dont la peinture encore fraîche et l'architecture ultramoderne, digne d'un chef d'oeuvre indique qu'il s'agit d'une nouvelle construction. L'imposante muraille vêtue de fleurs rampantes ainsi que l'énorme portail en fer forgé illustrent le mariage parfait entre l'esthétique et la haute sécurité. Rien que la vue de dehors suffit à tomber amoureux de ce palais, qui aurait dû être construit dans un musée pour permettre aux visiteurs de se rincer les yeux.
Djibril m'observe tandis que je suis perdue dans la contemplation, d'un air amusé.
Quand enfin je retrouve l'usage de mes sens, je lui pose la question qui me brûle les lèvres.
- Ou sommes nous?
Il s'approche de moi, m'attrape par la taille en me tendant un trousseau de clefs.
- Tu ne me fais pas visiter ta maison?
Devant mon regard hagard il ajoute entre deux baisers.
- C'est ainsi que tu reçois tes invités? Spécialement ton invité d'honneur? Allons ma chérie!
Cette fois, un bref court-circuit se passe dans ma tête et lorsque je recouvre mes esprits, une vague d'émotion m'englouti. Il est évident à mon esprit que Djibril est un disciple de Cupidon. Il est si doué dans l'art du romantisme que si je n'étais pas là, entrin de vivre ce moment magique, je jurerais qu'il n'existe ce prototype d'homme nulle part ailleurs que dans les séries télévisées et les romans Wattpad.
Mais il est là, mon Djibril, la preuve vivante que la réincarnation de l'amour existe bel et bien!
Il sort un mouchoir et essuie les deux gouttes de larmes qui sont stagnées dans l'angle de mes orbites.
-Laisse les couler mon amour, ce sont des larmes de joie, lui dis-je d'une voix amortie par l'euphorie.
- Ouf, tu m'as fait une grosse peur! Je pensais que la maison ne te plaisait pas. Répond-il d'un air taquin avant de poursuivre:
- Tu ferais mieux d'économiser tes larmes car si l'extérieur de la maison te fait ce effet, il me faudra une bassine pour recueillir tes larmes quand tu verras l'intérieur.
Cette plaisanterie me soutire un éclat de rire, mais lui vaux une petite claque à laquelle il se dérobe en s'enfuyant.
Je me lance à sa poursuite et nous pénétrons la Maison en se pourchassant et en riant, comme deux gamins.
L'intérieur de la maison me laisse effectivement sans voix. De la porte d'entrée, s'étend une allée en pavé sinueuse dessinée par des plantes de bordure et scindée à quelques mètres en deux labyrinthes dont la droite débouche sur la terrasse et l'autre sur un jardin exotique.
Toutes les pièces de la maison sont dimensionnées en format XXL. Au rez de chaussée, on distingue cinq chambres à coucher avec chacune sa salle de bain, une cuisine, une salle à manger, une véranda principale et deux petits salons dont l'un serait aménagé en bibliothèque, l'autre en salle de jeux peut-être, en imaginant la ribambelle d'enfant qu'on aurait. À cette pensée, je souris comme une zinzin.
Le premier niveau comprend autant de pièces , à la différence de la véranda qui est unique et plus grande. Elle pourrait être équipée comme une salle de sport ou de ciné.
Le troisième niveau est entièrement dédié à une terrasse couverte d'une toiture en paille raffinée dont l'aspect traditionnel créé un contraste parfait avec le style contemporain de l'architecture.
- Que dirais-tu d'aller déjeuner, puis de faire un tour dans les boutiques de décoration pour voir ce qu'on pourrait y dénicher? Ne te sens pas obligée d'aménager la maison dans la précipitation. Tu pourrais prendre le strict minimum pour le moment et équiper la maison progressivement, à ton aise. De toute les façons tiens, et surtout ne t'abstient pas. Sur ce, Djibril me tend une carte bancaire gravée Bank Of Africa.
Décidément, cet homme ne finira jamais de me surprendre!
- Je suis touchée par ta générosité et ta marque de confiance, mais je ne peux accepter cette carte Djibril.
- Dans quatre jours insha Allah tu seras mon épouse, tu porteras mon nom et tu auras ta propre carte de plein droit. Pourquoi ne pas anticiper?
- Je préfère patienter. Je t'en prie respecte mon choix, Djibril.
- D'accord, finit-il par lâcher en hochant la tête. Par contre, je n'accepterai pas que tu déclines mon invitation pour les meubles.
Je mime de réfléchir un instant, puis je fini par ceder.
- Marché conclu.
tandis que je lui tend la main, Djibril essaye d'attraper autre chose.
- Espèce de pervers, lui crié-je en riant, avant de m'enfuir.
Il se lance à ma poursuite et le même scénario que notre entrée se répète.
Quand nous arrivons à la voiture essoufflés, Djibril me rattrape et m'enlace. À bout de force, je me laisse faire et y prend plaisir.
Tout à coup, le regard de Djibril se fige dans le sens opposé à moi et il me retourne de toutes ses forces pour prendre ma place.
En une fraction de seconde, un coup de feu retenti et Djibril est étalé inconscient, dans une marée de sang.
Oh mon Dieu que vient-il de se passer?