Chapitre 23

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 23

 

Il Ya des souffrances qui vous changent. Elles vous rendent soit plus fort, soit plus faible que vous ne l’êtes déjà.

Aux sorties de ces épreuves, vous devenez une autre personne. Un sphinx qui renait de ses cendres. Du moins c’est le plus grand mal que je souhaite à mon amie. Qu’elle puisse surpasser et surmonter cette épreuve ; aller au-delà de tout ça.

Je ne sais quoi lui dire.

Elle a arrêté de pleurer ; mais elle a toujours cette expression de mort sur son visage. C’est Martine, c’est son visage, mais cette expression qu’elle a la rend méconnaissable. C’est comme si on lui avait retiré le cœur, comme si elle ne vivait plus. Elle est pâle et livide. J’en ai eu peur et j’ai demandé à Sié qui m’a dit que c’est normal vue la quantité de sang qu’elle a perdue. Quant au bébé il dort. Adorable comme pas deux ! Innocent et exempt de tout péché. Une âme pure dans un corps tout aussi pur.

Je ne cesse de me demander ce qui a bien pu pousser Moctar à agir de la sorte. Qu’est ce qui a pu le pousser dans les bras d’Akabla ? Je donnerai tout et n’importe quoi pour savoir ce qui a traversé la tête de Moctar pour qu’il fasse cela a Martine. Briser autant d’année de mariage pour quelques instants de plaisir ; ne même pas tenir compte des circonstances avant de faire quoique ce soit. Et cette fille… cette Akabla, elle a tellement su bien cacher son jeu qu’on ne l’a pas vu venir. Qui l’aurait cru ? J’avoue avoir toujours du mal à y croire ?

Je lance une énième fois le numéro de Moctar. « Votre correspondant ne peux être … » ; je raccroche exaspérée. Et pour couronner le tout le beau diable a disparu. Il n’est joignable nulle part. Je ne sais plus quoi faire. Martine s’est rendormir après avoir pleuré toutes les larmes de son corps et de son cœur. Elle est anéantie et ne cesse de se lamenter. Je me demande comment toute cette histoire finira.

Quand je retourne après dans sa chambre, je la trouve éveillée donnant à téter à son bébé. Elle a le regard perdu et continue de pleurer. Cette vue me brise le cœur. La voir ainsi me fais prendre conscience que rien n’est acquis dans cette vie ; tout ne tient qu’à un fil ; on peut tout perdre du jour au lendemain et se retourner sans rien ni personne. Mais heureusement pour Martine qu’elle peut encore compter sur sa famille et surtout sur moi. Par ailleurs, elle a le droit de pleurer car c’est elle la première concernée dans cette affaire. Elle souffre plus que tout le monde ici ; mais quant à nous, nous ne devons pas pleurer. Nous sommes dans l’obligation de la soutenir. Et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai ce pressentiment que les temps à venir ne seront pas du tout facile pour nous.

Que ne donnerais je pas pour t’éviter toute cette souffrance ma chérie ? Tu ne mérites pas ce qui t’arrive. Mais c’est la vie et nous n’y pouvons rien. J’espère cependant que Moctar reviendra vite se repentir auprès de sa femme.

—Martine ; il faut que tu te calme. C’est la première tétée du bébé et ce n’est pas bon pour lui que tu sois aussi triste. Tu sais très bien que les enfants ressentent toutes les émotions de leurs parents ; mais encore plus ceux de leur maman.

—Tu sais quoi Fatou ?

— Dis-moi ma sœur.

—Je ne cesse de voir défiler cette image. Je les revoir encore tous les deux, heureux. Akabla assise sur le levier de la cuisine, de MA cuisine, dans MA maison, avec la bouche de MON mari entrain de lui faire des cochonneries. Tu n’imagines pas ce que j’ai ressentis. J’ai encore mal à a colonne vertébrale ; car la douleur m’a transpercé le cœur et s’est faufiler partout en moi.

Sa voix était morne. Comme si elle revivait la scène de leur trahison.

—Je n’ose pas imaginer ce que tu as pu ressentir Martine. Dis-je pour la réconforter ; et crois-moi que peu de femme à ta place aurait eu la force d’accoucher après une aussi tragique… découverte. Mais n’oublie pas que tu es forte Martine. La vie est un livre, et un mauvais chapitre ne signifie pas forcément la fin du livre. Surement que tout ça ne vient que pour t’ouvrir les yeux sur tout ce que tu ignores de ta vie.

—C’est tellement facile à dire.

—En effet, c’est même très facile à dire. Plus compliqué à faire, mais jamais impossible à réaliser. Tu es une femme, ne l’oublie jamais.

—A quoi ça sert d’être une femme si je ne peux pas être heureuse ? Dis-le-moi Fatou ? À quoi ça sert d’être mariée si c’est pour finir trompé et humiliée par celui qu’on pense être l’homme de sa vie ?

Je ne sais quoi répondre à mon amie. Je lui prends l’enfant des mains et le fais coucher dans son lit. Il gigote satisfait d’avoir prié sa première tétée. Il est content, je suppose d’avoir pu gouter là cette mamelle nourricière qu’est le sein de sa mère ; cette source intarissable qui le nourrira toujours. Qui ne s’assèche jamais, et ce même lorsqu’on devient grand ; car la mère et son sein reste toujours à notre disposition.

—Je ne sais pas quoi faire Fatou. J’ai peur.

—Peur ?

—Oui Fatou, j’ai peur et je ne sais pas comment ni quoi faire. J’ai essayé de joindre Moctar en vain. Son numéro est hors ligne. C’est comme s’il a disparu. Et j’ai peur de ne plus le revoir. C’est vrai que j’ai mal pour ce qu’il m’a fait, c’est vrai que je lui en veux de sa trahison. Mais plus que tout ça, j’ai peur de ne plus le revoir ; je veux qu’on parle et qu’il me dise juste pourquoi il m’a fait ça.

—Tu le reverras Martine ; ne t’inquiète pas. Le plus important c’est de sortir d’ici.

—Je le sais. Il Ya tellement de chose à faire. La déclaration de la naissance de l’enfant doit être faite, et sans compter les autres courses. Je ne sais plus où donner de la tête. Je remercie déjà Dieu de m’avoir permis d’accoucher sans grande complication. C’est vraiment une grâce immense.

—Tu vois que tu ne dois pas désespérer de la miséricorde du tout puissant ? Il saura prendre en charge tes charges

—J’ai l’impression d’entendre maman.

—C’est d’elle que je tiens cela. Et pour ce qui est de déclarer la naissance, il faudra le nom de l’enfant. Ainsi que vos autres papiers.

—C’est Moctar qui s’en occupe d’habitude. Oh Fatou, il n’est même pas là pour donner le nom du bébé.

—Ne te presse pas, c’est lui le père. Il le fera. Jusqu’à la semaine prochaine, nous avons encore le temps de faire l’extrait de naissance de l’enfant. Alors calme-toi. Je t’ai dit qu’il Ya toujours une solution pour tout.

—Merci pour ta présence ma sœur. Je me demande ce que je ferai sans toi.

—C’est normal ma chérie ! C’est à ça que serve les amis.

Elle me sourit doucement. Je lis plus que de la reconnaissance dans ses yeux ; elle est soulagée de me voir ici ; et moi aussi d’ailleurs. Je ne pouvais pas être ailleurs si ce n’est ici. Martine à besoin de moi, c’est vrai qu’elle est un peu calme plus que ce matin. Mais je sens qu’elle cache une douleur sans nom au fond d’elle. Elle a peur, moi aussi j’ai peur. Mais au-delà de tout ça, je suis révoltée par l’attitude de Moctar ; il pourrait au moins être là. Ne serait-ce que pour donner le nom de l’enfant. Mais non, il a tout bonnement disparu et personne ne sait où il se planque.

Je massais doucement les pieds de Martine lorsqu’on tape légèrement à la porte.

Ce sont ses parents !  Une peur bleue s’empare de moi. Ils poseront surement des questions et qu’est-ce qu’on va leur répondre. En tout cas moi je me vois mal leur dire quoi que ce soit.

—Ma fille chérie ! Félicitations mon bébé.

—Merci maman.

Je me mets à l’écart pour les laisser profiter de leur fille et leur petit fils. C’est un beau tableau familial ; la famille est la chose la plus importante pour moi. Nous pouvons tout perdre sauf ceux-là. Ils sont là, avec nous et ne nous abandonne jamais. Je suis heureuse que les parents de Martine soient là ; ils pourront lui remonter le moral. Même si j’appréhende leur réaction quand ils découvriront ce qui se passe réellement.

—Où est Moctar ? demande monsieur Memel.

Voici la partie que je craignais le plus. Le père de Martine a des poussées de colère très intempestive. Surtout lorsqu’il s’agit de sa fille chérie il devient tout autre chose. Je glisse un coup d’œil à Martine, la suppliant du regard de ne rien dire. Sinon c’est sûr qu’il va retrouver Moctar et lui botter le cul.

—Euh… il est sorti papa.

—Comment ça il est sorti ? Et où est-il parti pour te laisser dans cet état ? Toute seule ici avec ton bébé. Et si jamais tu as besoin de quelque chose comment fais-tu alors ?

—Fatou est là papa. Et puis c’est quand elle est venue qu’il est sorti.

—D’accord. J’espère qu’il ne tardera pas. Je veux lui parler avant de partir.

—Pour lui dire quoi ? demande-t-elle inquiète.

—Tu aime trop ton mari là ma chérie. Je ne vais pas le manger. C’est juste qu’on a une affaire ensemble. Alors je voulais juste profiter du fait d’être à Abidjan pour que nous en discutions. Satisfaite ? dit-il en riant.

—Oui papa.

—Bon je vais vous laisser entrer femmes. Je sors passer des coups de fil.

Il lui fait un câlin et sort de la chambre.

—Où est donc Moctar ?

Cette fois c’est la maman de Martine qui s’y met. Je sais qu’elle a dû remarquer le trouble de sa fille, et notre coup d’œil quand son mari a demandé d’après leur gendre.

—Il est sorti maman. Répond Martine ; sa voix tremblante. Elle est assaillie par toutes ses émotions qu’elle essaie de refouler depuis ; mais elle finit par craquer. Et se met à pleurer.

—Ma puce ; qu’est ce qui ne vas pas ?

Elle ne lui répond pas. Moi je reste toujours à l’écart en priant Dieu pour qu’elle ne me demande surtout pas ce qui se passe. Je ne me sens pas la force de lui dire ce qu’il Ya.

—Maman c’est terrible ce qui se passe. C’est Moctar… et ma nounou…. ils ont une liaison.

—Doux jésus. Tu dis quoi ???

—Je l’ai ais surpris hier nuit. Et c’est pour ça que je suis ici.

Elle lui relate les faits tels qu’ils se sont déroulé. Je vois le visage de Madame Memel se décomposer au fil des explications de sa fille. Quand elle finit de parler, on n’entend que le bruit des appareils et leur bip. Un silence très gênant mais surtout triste s’installe dans la pièce. Je comprends les émotions qui traversent l’esprit de la dame. L’incrédulité, l’étonnement, la surprise, la colère, le découragement, le sentiment de trahison qui fait mal. Et on retombe encore dans l’incrédulité. Et on se demande pourquoi ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Et surtout pourquoi maintenant ? Pourquoi maintenant que sa femme venait lui donner un autre enfant, vue toutes les galères qu’ils ont vécues ensemble.

—Martine, ne pleure pas. Ne te décourage surtout pas. Rien n’arrive au hasard ; comprends que ce que t’a fait Moctar n’est pas fortuit. Mais c’est fait pour t’ouvrir les yeux sur un aspect de ta vie que Dieu veut que tu changes. Alors prends ça comme un enseignement et avance.

—Maman s’il te plait. Tu ne vas pas recommencer avec cette histoire de Dieu. Je t’en prie, ce n’est pas le moment. Je souffre là dans mon cœur.

—Je sais très bien que tu souffres et tu penses que c’est une raison pour me parler ainsi. Surveille ton langage jeune fille.  Je ne tolère pas que tu me manque de respect.

—Mais maman…

—Tu te tais et tu m’écoute. Rien ne sert de pleurer comme une Madeleine. Le mal est déjà fait et il faut penser à comment le réparer.

—Sauf que moi je ne sais pas comment faire maman. J’ai une peur bleue de ce qui va se passer par la suite. Je suis toujours sous le coup du choc. Tu sais très bien ce que Moctar représente pour moi. Et avec ce qu’il a fait, c’est comme si mon cœur était parti en même temps que lui.

—Mais il n’est pas parti Martine. Essayais-je de la raisonner.

—Mais où est-il donc ? cria-t-elle comme d’une hystérique. Où est-il ? Pourquoi n’est-il pas là avec nous pour accomplir ses devoirs de père et d’époux ? Sa place est ici avec nous et nulle part ailleurs. Mais non, il est coincé dans les cuisses de cette maudite nounou.

—Calme toi ma chérie.

Sa maman la prend dans ses bras et elles pleurent toutes les deux. La scène est difficile à supporter. Je n’ai pas envie de pleurer mais c’est plus fort que moi. Moctar qu’est-ce que tu as foutu comme ça ? Martine a raison, tu devras être ici avec eux. Non pas avec Akabla. Ce serpent venimeux qui détruit tout sur son passage.

—Bon on va faire simple. dit madame Memel après s’être repris. Nous allons être pragmatique et faire les choses comme elle doit être faite. Sais-tu si la mère de Moctar est informée ?

—Je suppose que oui. Mais de la naissance ou de ce qui se passe entre son fils et Martine ?

—De la naissance bien sûr. Je ne crois pas qu’elle soit pour ce que fait son garçon. Aucun parent avec toute sa tête au complet ne cautionnerait cette connerie.

—Je n’en sais rien. Je vais demander à Sié ; vu que lui fais partie de leur famille.

Je sors voir Sié et ce dernier me dit que la maman de Moctar a bien passé tout le temps avec eux et ce jusqu'à ce que Martine accouche. Ce qu’il me dit par la suite me laisse sans voix. Akabla était avec eux, ainsi que le petit Orphée.

—Attends tu peux bien m’expliquer s’il te plait ? Demandais-je interloquée.

—C’est Moctar et Akabla qui sont venu avec Martine ici. Ils étaient avec Orphée. Ensuite sa mère est venue les rejoindre. Et après que j’ai annoncé la naissance du bébé, maman Justine s’en est allé avec Akabla et le petit. Moctar est resté un moment avec sa femme et son fils. Ce n’est qu’après que lui aussi s’en est allé. Moi aussi cela m’a semblé bizarre que personne ne soit resté avec Martine, vue son état. C’est vrai qu’elle dormait, mais sait-on jamais.

—D’accord. Merci pour cette information Sié.

—De rien Fatou.

Je retourne dans la chambre le cœur encore plus en morceau. C’est quoi cette histoire de malade ? Comme Moctar a-t-il permis qu’Akabla vienne avec lui à l’hôpital ? Il n’a pas pu m’appeler moi ou même une autre personne. Mais il a préféré venir avec celle qui est à la base de tout ça. Mais pire il la fait partir avec sa mère et son fils.

Lorsque je rapporte ce que Sié m’a dit, Martine voit rouge. Elle explose de colère.

—Je peux accepter qu’il me fasse voir de toutes les couleurs. Mais je ne peux tolérer qu’il mêle mon enfant à sa bâtardise ; et pire qu’il permette à cette fille de rester encore avec Orphée. Elle n’est plus sa nounou et que cela soit claire pour eux ; mon enfant ne restera pas avec lui, encore moins avec elle.

—Je ne veux et ne peux pas croire que Justine soit informée de ce qui s’est passé avec Akabla. Dit madame Memel incrédule.

—Maman, je vois que tu ne connais pas bien ma belle-mère. C’est une vipère. Elle ne m’aime pas ; et je t’avoue que c’est maintenant que je comprends son attachement à Akabla. Cette dernière prépare à mon insu et lui envoie ça chez elle et ce avec la complicité de Moctar.

—Non ! Ce n’est pas possible.

—Puisque je te le dis maman. Et ce n’est que hier que je l’ai su. Je me rends compte que j’ai été naïve et négligente. Mais elle avait l’air tellement gentille maman.

—Ce n’était qu’un air Martine. Dis-je avec un air de « je te l’avais bien dit ».

—Moi aussi je t’avais prévenu de faire attention à cette fille, car tu l’as trop impliqué dans la gestion de ton foyer. Elle est et reste une domestique ; donc une aide. Malheureusement elle avait plus de présence et de droit que toi dans ta propre maison. Tu vois comment elle t’a trahi en prenant ton bien le plus précieux.

—Oh maman ! Tu avais raison. Fatou aussi m’avais prévenu. Mais je ne pouvais pas le savoir maman ; comment l’aurais-je su ?

—Le mal est déjà fait ma chérie. Ne te casse pas la tête pour cela. Le plus important c’est que tu sortes d’ici saine et sauve avec ton bébé. Nous allons nous occuper d’Orphée ; j’irai avec Fatou voir si ton fils est chez sa grande mère. Je verrai s’il doit rester là-bas ou venir avec moi.

–Non maman, il n’y a rien à voir. Prends-le et va avec lui à Dabou. Je ne veux pas qu’Orphée reste chez elle.

—Et si elle refuse ? demanda cette dernière avec appréhension.

—Tu le lui arrache. Trancha Martine. Elle grimaça de douleur. La plaie de l’opération est encore fraiche et l’effet de l’anesthésie s’estompe. Donc les douleurs ne lui feront pas de cadeau.

—Calme-toi Martine. Lui recommandais-je. Ce n’est pas bon pour toi ; n’oublie pas que tu es nourrice.

—Je suis pressée de quitter ce lit. Est-il obligatoire que je reste ici jusqu'à la fin de la semaine.

—Très obligatoire même ; lui répond sa mère.

Elle fait une moue de dépit. Je sens qu’elle bout de colère. Je peux la comprendre, car à sa place c’est sûr que j’aurais faire pire. Imaginer mes jumeaux avec l’une des maitresses de Bouba… non je ne peux imaginer cette scène. Je serai capable de tuer Bouba et sa salope qui lui sert de maitresse.

—Nous allons partir ; reprirent-elle. L’heure de visite est passée et il ne faut pas abuser de la gentillesse de Sié.

—Tu en parleras à papa ?

—Oui. La situation l’oblige.

—D’accord.

—Je reviendrai demain. Tout ira bien ma chérie ; les épreuves de la vie sont faites pour nous renforcer et nous rapprocher de Dieu. Termina-t-elle.

Nous lui faisons nos adieux et sortons de l’hôpital.

Le père de Martine était assis sur l‘une des chaises qui sont au parking de la clinique. Sa femme lui annonça qu’ils devaient partirent, car Martine dormait ; donc il ne pourra pas lui dire au revoir. Elle lui expliqua qu’ils doivent se rendre chez la maman de Moctar. Il fronce les sourcils, car lui non plus ne supporte pas beaucoup cette dame. Martine et son père se ressemble tellement, qu’ils ont tendance à aimer et détester les mêmes choses.

Mais la fureur de ce dernier fut multiplier par mille quand sa femme lui résume la situation.

—Il n’a pas osé faire ça ? Je vais lui botter le derrière à cet homme. Il ne m’a jamais inspiré confiance ; je savais bien que je ne pouvais pas me tromper sur lui. Un beau parleur, mais surtout un pauvre imbécile.

—Doucement chéri ; lui intima sa femme. Tu sais que c’est mauvais pour ta santé non.

Il se tut et monte dans leur voiture. Je prends la mienne ; direction chez la mère de Moctar. Je me demande bien comment cela se passera. J’ai peur que ça ne tourne mal même si je sais que cela est une évidence.

Quand nous arrivons chez elle, la domestique nous fait patienter le temps qu’elle ne sorte nous recevoir.

—Bonjour. Lança-t-elle d’une voix pincée lorsqu’elle nous voit.

—Bonjour Justine. Répond madame Memel.

—Bonjour maman ; répondis-je.

Et quant au père de Martine, il ne broncha pas. Ses mâchoires sont crispées comme s’il s’apprête à combattre un ennemi invisible.

— Que puis-je faire pour vous ? Enchaina-t-elle.

Elle aussi percevait l’ambiance lourde et les tensions qui passaient dans l’air. Elle n’est pas dupe et sait parfaitement ce qui se passe.

—Comme tu le sais, Martine a accouché hier nuit. Elle devra donc rester à l’hôpital jusqu’en fin de semaine. Par ailleurs tu sais très bien ce qui se passe, et vue qu’il n’y a personne pour s’occuper d’Orphée, elle m’a demandé de passer le prendre.

—Moi je ne suis donc pas une Personne ? Je vous rappelle que je suis sa grande mère au même titre que vous. Donc j’ai tous les droits sur lui.

—Tu n’as pas plus de droit que sa mère, et c’est elle qui veut qu’il reste avec nous. S’il te plait Justine ne rend pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà.

—C’est à toi que je dois dire ça. Aussi c’est le père de l’enfant qui me l’a confié. Je ne peux donc pas le laisser partir sans son accord.

Madame Memel inspire profondément pour se calmer. Elle est sur le point d’exploser ; je sens qu’elle fait preuve d’un sang-froid hors norme. Pour ma part, je ne pense pas en être capable. Même si c’est une personne âgée, je suis sûre que j’aurai, à la place de cette dernière pette les câbles, mais aussi je lui aurai déjà bousillé la gueule. Apparemment je ne suis pas la seule à ressentir cela ; car le père de Martine se lève et sort de la maison. Je sais que lui non plus n’en peux plus. Il aurait sûrement fait un malheur s’il était resté une minute de plus. Ne pouvant faire la même chose, je reste avec madame Memel.

—Appelle le donc Justine. Parce que depuis ce matin il reste injoignable. Nous n’avons pu entrer en contact avec lui ; alors tu nous ferrais une très grande faveur si toi sa mère arrivait à l’informer que sa femme et son fils ont besoin de lui.

Elle ne relève pas l’ironie et resta silencieuse.

—Ecoute Justine ; repris Madame Memel, rend nous la vie facile s’il te plait. Remets nous Orphée. Nous n’avons pas que ça à faire.

Elle nous regarde et souri méchamment. Cette femme est surement la nièce du diable. Comment peut-elle être aussi méchante ? Mais pire cautionner un comportement aussi inexcusable. Et comme si cela ne suffisait pas, elle appelle Akabla. Cette dernière sort de l’une des chambres, sous nos yeux ébahis, avec le petit qui court se jeter dans les bras de madame Memel.

—Merci Akabla. Assois-toi.

Celle-ci se pose dans le canapé. Et ose même nous saluer. Nous ne pouvons répondre, car trop stupéfaite pour émettre un seul son.

—Merci Justine. Mais sache que tout se paie sur cette terre.

—Je le sais. Mais merci quand même pour le rappel.

—Et toi Akabla ; j’espère que tu auras assez de larme et de salive pour te repentir.

—Mais maman…

—Ne l’appelle pas maman. Sale hypocrite.

Je venais de me mettre debout ; sortant de ma torpeur. Je voulais plutôt me jeter sur elle et lui casser la figure. Il faut qu’elle ressente au moins deux pour cent de la douleur qu’elle fait subir à Martine et à sa famille.

— Calme-toi Fatou. Ne te salit pas la main sur elle ; elle n’en vaut pas la peine. Laisse-la.

—Sortez de chez moi. Bande de sauvage. Cria maman Justine.

—Toi tu ne perds rien pour attendre vieille sorcière. Répliquais-je avec une violence qui la surprit elle-même.

Elle m’a toujours connue calme et sans histoire. Elle ignore que je peux être plus dure que du granit.

— Mêle-tout de ce qui te regarde jeune fille. As-tu fini de gérer ton foyer ? Ou bien toi aussi tu le laisse à une nounou qui va venir te prendre ton mari sous ton nez ? Dit-elle en éclatant de rire. Aider par cette peste Akabla.

—Hum ! Le jour tu te rendras compte de ton erreur le soleil sera déjà au zénith.

—Oui c’est ça. Allez oust. Sortez de ma maison. Je me demande ce que Moctar vous a trouvé. Mais tout ça, c’est terminé.

Le ton montait et je risquais de perdre le peu de self-control qui me restait. Je prends Orphée et je demande à madame Memel de me suivre. Nous sortons rejoindre le père de Martine. Ils partent avec lui et moi je rentre chez moi ; plus de mauvaise humeur que jamais.

J’entends encore leur rire de harpie ; elles ont peut-être gagné cette bataille, mais qu’elles retiennent qu’elles ne gagneront jamais la guerre.   

La nounou de mon fil...