Nouvelle vie
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 24 ****Martine**** Nous ne sommes jamais aussi vulnérables que
lorsque nous faisons confiance à quelqu'un ; mais paradoxalement, si nous
ne pouvons pas faire confiance, nous ne pouvons pas trouver l'amour ni la joie. Les plus petits détails de votre vie sont ce
qui compte vraiment dans une relation ; ce n’est pas la maison, les voitures,
la propriété, l’argent en banque. Ceci crée un environnement favorable pour la
joie mais ne peut donner la joie à soi-même. Alors trouvez du temps pour être l’ami de
votre époux ou épouse et faites ces petites choses l’un pour l’autre qui créent
l’intimité. Réglez vos problèmes, communiquez, et soyez heureux. Je crois avoir suivi ces préceptes ou même
ces conseils de vie. Ce n’est pas tant l’échec de mon mariage qui continue de
me tuer, non pas ça. C’est plutôt les circonstances qui ont tôt fait de me
rendre presque folle. La désolation s’est abattue sur moi et ma famille. J’ai
pleuré, ma famille a pleurée, mes amis ont pleuré, mes enfants ont pleurés. Je
lis l’interrogation dans les yeux de mon petit Orphée chaque matin au réveil et
chaque soir au coucher. Il veut voir papa, son papa qu’il aime de tout son cœur
et à qui il ressemble comme un jumeau venu du futur. Je l’ai maintes fois appelé
pour lui parler de notre nouveau-né, mais il n’était pas joignable. Il n’a pas été là quand j’avais besoin de lui
pour qu’on puisse décider du nom de l’enfant. Je savais déjà comment je voulais
l’appeler ; mais je voulais son avis en tant que père. Je voulais qu’il
prenne ses responsabilités de parent. Mais c’était mal le connaitre. Il n’a pas
daigné me faire signe ; je me suis rendu compte que je ne devais surtout
pas compter sur lui au risque que mon fils ne porte pas de nom. Je l’ai donc appelé
Elyakim. C’est le prénom que j’ai toujours voulu pour lui ; depuis le
premier jour où j’ai su qu’il est dans mon sein, j’ai pris la décision de le
nommer ainsi. Et ce fut le cas. J’avais mal que son père ne puisse le voir et
voir comment son fils est beau et fort. Je
pensais que Moctar reviendrait, que ce n’était surement qu’un caprice, une
crise de la quarantaine avant la quarantaine. Je pensais que lorsqu’il se lassera
des fesses d’Akabla, il reviendrait à la maison nous demander pardon et nous
tomberons l’un dans les bras de l’autre en pleurant. J’ai pensé qu’il
regretterait son acte, sa trahison, et que son cœur d’époux aimant et bon reviendrait
le hanter. Que son cœur de père serait mis à rude épreuve ; que la fibre
paternelle prendrait le dessus et qu’il ne pourra pas se passer longtemps de
l’adorable bouille de son petit garçon ; alors il reviendrait voir ce
dernier et le prendrait dans ses bras comme il aimait si bien le faire. Mais j’ai tôt fais de redescendre de mon
petit nuage quand un mois plus tard, son avocat m’a contacté pour demander le
divorce. Mon cœur a voulu cesser de battre. Cette
sensation, cette douleur, ce trop-plein de tristesse a failli me rendre folle. Seigneur
tu sais à quel point j’ai souffert de tout ça. J’en ai encore des frissons rien
que d’y penser. Je me suis poser tellement de questions, je me suis remise en
cause, j’ai cherché le moment où j’ai abandonné mon foyer à la main de cette
fille. En même temps je me dis que le mal était déjà fait, la balle de la
trahison avait déjà atteint le cœur de notre mariage. Je ne pouvais plus rien
n’y faire ; et pourtant j’ai eu des signaux. Ils ne m’ont pas trompé,
c’est plutôt moi qui ait refusé de voir et de comprendre. Sinon mon intuition
de femme se mettait toujours en alerte quand je les voyais ensemble. Mais la naïveté
m’a aveuglé ; et voilà que j’en paie le prix fort. Le divorce ! Je ne l’ai pas vu venir. Je ne le vis pas
bien pourtant. Il me rend malade, il a fait de moi une femme méfiante, prudente,
peureuse. Il m’a rendu morne, terne, ma joie de vivre s’en soit allé loin avec
ce divorce. Il n’y a que mes enfants qui me donnent la moitié de ma joie ;
l’autre moitié je l’ai enterré avec la fin de mon mariage. Je n’ai pas voulu être forte sur ce coup. J’ai
baissé les bras et je me laissé faire ; j’ai voulu me battre pour mon
foyer comme maman me l’avait conseillé. J’ai refusé de signer les papiers du
divorce. Et j’ai donné une commission à l’avocat pour Moctar vue que je n’avais
plus de nouvelle de lui. Après la fameuse nuit où je les avais démasqués, je
n’avais plus revu mon mari. Alors j’ai dit à son avocat que je ne signerai les
papiers que si c’est Moctar qui me les apportait. Ma tactique a fonctionné. Car il s’est présenté
à la maison la semaine qui a suivi. Mais quand je l’ai vue, mon cœur s’est serré
de douleur. Je voulais juste lui demander pourquoi il a agi de la sorte ? Pourquoi
m’a-t-il trahi ainsi ? pourquoi n’a-t-il pas pensé à moi ? À ce que
j’aurai pu ressentir ? pourquoi n’a-t-il pas pensé à nos enfants. À ma
condition de femme enceinte et à ce que cette découverte aurait pu causer comme
dégâts dans nos vies respectives ? De plus, il ne semblait nullement mal à
l’aise. Au contraire, j’ai eu l’impression qu’il voulait en finir au plus vite
et s’en aller, loin de moi, de cette maison, et de ses enfants. Son sang, sa
chaire. J’avoue que je n’ai pas reconnu mon mari, je n’ai pas reconnu Moctar. J’étais
face à un inconnu qui voulait se débarrasser de tout ce qui le retenait dans
son ancienne vie. Il avait hâte de partir la rejoindre elle, je l’ai su dans
son regard. Je l’ai senti dans sa manière de se comporter avec moi, je l’ai su
dans ses paroles. Il semblait m’être étranger, étranger à cette maison, à cette
foutue maison que nous avons construite ensemble. Il s’est assis loin de moi, et ne voulait surement
pas que je le touche. Je me suis sentie comme une pestiférée. Il n’a pas voulu
du verre d’eau que je lui ai proposé ; il n’a pas voulu prendre son enfant
dans ses bras. Il a juste fait un câlin à Orphée. Lui a passé les mains sur la tête. —Martine il faut que tu te grouille. Je n’ai pas que ça à faire. A-t-il
dit d’emblée. —Pourquoi Moctar ? Il me fixe comme s’il ne comprenait pas ce que je demandais. —Pourquoi quoi Martine ? — A ton avis, de quoi pourrais-je te parler ? —Je n’ai pas le temps pour les devinettes et je n’y suis pas doué de
toutes les façons. Alors fais l’effort d’être brève, concise et précise. J’inspire profondément pour me donner une contenance et ne pas perdre la
face. —Pourquoi as-tu fais ça ? —Je ne suis pas là pour parler de ça. Je veux juste que tu signe ces
papiers et qu’on passe à autres choses. La vie ne s’arrête pas là Martine. —Qu’est ce qu’elle t’a fait ? Qu’est ce qu’elle t’a donné que je
n’ai pu te donner ? Il secoue doucement la tête et sourie. Je lis dans ses yeux quelque
chose que je n’y avais jamais vue. Je ne saurais le décrire, mais ça me brûle
le cœur d’y voir ça. Car je sais que c’est à elle qu’il pense à l’instant —Tu ne pourras jamais comprendre. Et même si tu le comprenais, tu ne pourras
jamais faire pareil. —AH BON ? —Bien sûr. Ce que cette fille me donne est au-delà de ce que tu peux
imaginer. C’est de l’amour plus qu’il
n’en faut. —Mais moi aussi je t’en fais donner de l’amour. Dis-je la voix triste. —Mais il y a deux sortes d'amour Martine, celui de la conscience, de la
raison, du quotidien et l'autre, l'amour fou, celui qui fait faire tout et
n'importe quoi, celui qui vous pousse à tout plaquer, celui qui vous fait vivre
en marge de la société, celui qui empêche de prêter attention aux regards des
autres. Si le destin souhaite votre rencontre, Vous vous
retrouverez. Fussiez-vous séparés par des milliers de lieues. Mais si le destin
s’oppose à la rencontre, Vous aurez beau être là, face à face, Vous resterez
étrangers l’un à l’autre. C’est de ce genre d’amour dont il est question ici. Il se tait et
me regarde avec douleur. Pourquoi tout ça n’est pas qu’un simple cauchemar ?
J’ai besoin de me réveiller. —Je ne sais
pas quoi te dire Moctar. —Moi non plus
je ne sais quoi te dire pour que tu comprennes ce que j’attends de toi. Et
pourtant ce n’est pas bien compliqué. Prends ces maudits papiers et signe-les
qu’on en finisse. Il a élevé la
voix comme si un démon avait pris possession de lui. Cet homme m’est
étranger ; je ne sais pas ce qu’est devenu le Moctar doux et calme que j’ai
connu et épousé. Parce que celui en face de moi n’est pas mon mari. C’est un
autre homme ; avec cette expression animale et carnassière que j’observe —Je n’ai pas peur
de toi Moctar. Dis j’en m’approchant de lui ; je sais qu’au fond de toi tu
regrettes cette situation… Son rire sarcastique
m’interrompt dans mon développement. —Tu ne me
connais pas Martine. Je me rends compte que tu ne m’as jamais connu. Tu as
toujours voulu voir en moi ce que tu voulais, ce qui t’arrangeais. Mais tu ne
sais pas de quoi je suis capable pour que tu puisses m’accorder ce foutu
divorce. Alors prends ces papiers et signe. Je ne vais pas te le répéter. Je
serai capable de te péter la gueule si tu t’obstine à ne pas le faire. Je ne
veux plus de toi et je ne reviendrai jamais avec toi. Cette dernière
phrase a eu le don de me mettre en colère. —Tu es menteur et un lâche
de la pire des espèces. Tu m’as trahi et tu n’as pas une once de regret en toi.
Je te hais, jamais… —Chuuttt ! Ça suffit
maintenant. Je comprends que tu sois en colère mais je ne suis pas là pour t’écouter
déverser tes frustrations de femme abandonnée sur moi. Murmura-t-il. —Lâche moi Moctar ; Pitié.
Qu’est ce tu fous ainsi ; tu sais que je suis nourrice et je n’ai pas
encore eu de retour de couche. Je pourrai tomber enceinte encore une fois. Plus que la peur de tomber
enceinte, une autre peur en moi était plus grande ; celle qu’il puisse me
prendre sans mon consentement. Je ne pourrai pas supporter qu’il me touche dans
ces conditions. Mon cœur et mon corps ne le supporterait pas. Aucune femme ne
devrait vivre ce que j’ai vécu, je ne le souhaite à personne d’être ainsi
humiliée par la personne la plus importante de notre vie. C’est un sentiment
auquel on ne s’habitue pas réellement. —Non je ne te lâcherai pas. C’est
que tu veux n’est-ce pas que ; que je t’encule et que je te baise n’est-ce
pas ? Sinon pourquoi refuses-tu de me laisser partir ? C’est du sexe
que tu veux alors je t’en donne. Ne fais pas ta prude avec moi. Ne fais pas
semblant de ne pas vouloir. Même si tu n’as pas la même saveur qu’Akabla. Elle
c’est une femme, elle n’est pas frigide et rigide comme toi. Aussi ne
t’inquiète pas, car tu ne tomberas pas enceinte. Dieu ne te ferra pas deux fois
la même grâce ; car toi et moi savons que tu stérile à mort. Tu ne
connaitras plus jamais la joie de l’enfantement. Tu ne tomberas plus jamais
enceinte, pas de moi en tout cas, car mes prochains enfants seront ceux d’Akabla. —Je t’en supplie ne me fait
pas ça. Pitié Moctar. Pitié. Je priais intérieurement pour ne pas que mon bébé
se mette à pleurer ou encore pour ne pas que Orphée sorte de la chambre et
qu’il tombe sur cette scène. Je ne veux pas le traumatiser plus qu’il ne l’ait
déjà. —Arrête de te débattre et laisse-toi
faire. Me coupa-t-il. L’envie de mourir a pris
possession de moi. Je ne voulais pas vivre cette honte, cette humiliation sera la
goutte de trop. Dégoutée, je me suis mise à
l'insulter en vain, il retira mon soutien et ma culotte de force. Je crois que
je ne pourrais jamais oublier ce jour. L'expression de son visage, son regard
assombri, le son de sa voix, mes sanglots et les cris de douleur qui s'était
échappé de mes lèvres lorsqu'il s'était brutalement introduit en moi. C'était
horrible et... douloureux. Quand il a
fini sa sale besogne, il s’est levé, a mis de l’ordre dans ses vêtements. —Tu vois ce
que tu me fais faire ? Tu es une mauvaise femme et tu fais sortir le
mauvais côté qui est en chaque homme. Je ne veux plus avoir à te dire ce qu’il
y a à faire nous concernant. Signe ces papiers et nous seront quitte. Tu n’as
pas su prendre soin de moi, une autre à bien voulu le faire ; alors laisse-moi
profiter de cette chance Martine et sors de ma vie pour toujours. Sur ce il s’en
alla, en laissant les papiers bien en évidence sur le guéridon. Je ne l’ai plus
revu après cette scène. J’ai signé les papiers du divorce, et je les ai
transmis à son avocat. Je me rappelle
encore de maman et Fatou qui me grondaient parce que j’ai trop vite capituler. Que
je ne me suis pas assez battue pour mon couple. J’ai laissé Akabla et la mère
de Moctar gagner. Je ne leur en veux pas, car je n’ai dit à personne ce que
Moctar m’a fait. Il m’a déshonorée en tant que femme. Je devrais lui en
vouloir, le détester et le haïr de toutes mes forces ; mais cela est
impossible. En raison de la relation qui nous a liés depuis notre première
rencontre, je ne peux le détester. C’est peut-être stupide de ma part vue tout
ce qu’il m’a fait, mais c’est comme ça et pas autrement. Je n’ai pas eu à leur
dire cela ; je n’aurai pas pu supporter la pitié que je lis dans leur
regard chaque fois qu’on se voit. Moctar n’est
pas le seul fautif dans cette histoire, dans la mesure où il a suivi son cœur. Et
ce dernier l’a conduit dans les bras d’Akabla. J’ai été celle qui a ouvert la
porte au diable. J’ai fissuré mon mur, et le cafard s’y est introduit. Ce
cafard avait non seulement mon autorisation et ma bénédiction pour prendre
place dans mon le temple qu’est mon foyer ; et de s’approprier mon mari. Cette expérience m’a rendu sensible. Je me sens affaiblis ; et j’ai
fini par me faire un moral, comme quoi il ne sert à rien de porter des masques
et de se créer un monde de beauté. Se mentir à soi-même est le pire des
leurres. J’ai toujours voulu être ce petit garçon que mes parents n’ont jamais
eu. Plus proche de mon père que de ma mère, j’ai été éduquée comme un homme. Mon
cœur ne faisait pas de concession avant que je ne marie à Moctar. C’est peut-être
pour cela que je n’ai pas été gênée qu’il soit moins âgé que moi. Au final j’aurai eu mon plein d’émotions ; je serai devenue une
personne avec un cœur d’artichaut. Qui s’émeut de tout. Les personnes sensibles
ne sont pas naïves, ni stupides, ni sans défense. En fait, elles sont si fortes
qu'elles peuvent se permettre de ne pas porter de masque. Libres d'être
vulnérables, d'éprouver des émotions, de courir le risque d'être heureuses. Je
suis de ces personnes car je ne veux plus me cantonner à une image. Je suis
libre d’éprouver des émotions ; je ne dois plus m’interdire d’être moi. Je me dis que si j’avais montré ce côté de moi à mon mari, peut-être
qu’il ne m’aurait pas lâchée pour notre nounou. Elle a su lui donner ce que je
n’avais pas. De la sensibilité, de la douceur, de la tendresse, de la passion,
de « l’amour plus qu’il n’en faut » ... Mais j’ai fini par comprendre qu’on a besoin de tout le monde dans la
vie. Les belles personnes nous donneront l'exemple. Les mauvaises personnes, la
détermination de ne pas devenir comme elles. Je ne voulais pas être comme Akabla,
encore moins comme mon mari. Non ex-mari. Car plus rien ne me lie à Moctar. Je
ne sais pas non plus s’il veut encore de ses enfants, donc je ne peux prendre
le risque de dire que nos enfants nous lient. Il semble les avoir reniés. Surement
que Akabla est déjà enceinte de lui. Qu’est ce qu’ils deviennent tous les deux ? Je n’ai plus jamais eu de leur nouvelle après le fameux jour Moctar est
passé me faire signer les papiers du divorce. Je ne les aie pas non plus vues
au mariage de Nouria. Mais bon cette dernière m’avait déjà prévenue qu’elle ne voulait
pas le voir, ni lui ni sa catin comme elle aime l’appeler. Cette histoire a
fini par diviser la famille de mon mari. D’un côté Moctar et sa mère qui se
soutienne et de l’autre il Ya Nouria et Sally qui ont pris parti pour moi. J’avoue
que j’aurai voulu éviter tous ces drames familiaux. Pourquoi tant de souffrances pour si peu ? Je ne voulais pas qu’on en arrive à ce point. Il est vrai que ce divorce
m’a fait perdre beaucoup de chose, mais j’ai fini par grandir aussi. Je suis
plus sensible à ce qui se passe autour de moi ; je fais plus attention à
moi et surtout à mes enfants. J’ai déménagé et j’ai vendu la maison car elle
portait mon nom. Par ailleurs j’y avais trop de souvenir. Je me suis pris et un
appartement de deux chambres avec tout le confort nécessaire pour moi et mes
garçons ; j’ai aussi demandé à maman de me trouver une fille qui restera
avec les enfants quand je ne serai pas là. J’ai une sacrée phobie des nounous
et c’est peu de le dire. Comme le dit le proverbe, quand on a été mordu par le
serpent, on a peur du ver de terre. —Tantie j’ai fini. La voix de la petite Zita me tire de mes pensées. —Dépose ça sur la table. Merci ma chérie. Je commence à manger ma papaye quand mes deux garçons sortent de la
chambre en courant. Ils sont grand mes hommes. Orphée avec son air sensible et son regard
coquin ; Elyakim du haut de ses deux ans est un vrai chenapan. Ses grands
yeux tirés et son regard franc lui octroie un air de grand garçon, alors que ce
n’est qu’un bébé. Comme le dit maman, il fait plus grand que son âge, mais
surtout on pourrait croire qu’il est le grand frère et Orphée le petit frère. Il
lui donne des ordres et s’octroie des droits d’ainesse. Je me demande bien d’où
il tire tout ça. Chaque fois que je les vois ainsi, mon cœur se gonfle d’amour, mais
surtout de compassion pour eux. Ils ne connaitront peut-être jamais la joie
d’avoir et de grandir avec un père. Orphée a eu la chance de le connaitre, mais
le cadet, quant à lui, il ne le voit qu’en photo. Cela dit il ne le réclame
jamais, car ne le connaissant pas. Ce qui est tout le contraire de l’ainée, qui
lui adore son père et ne cesse de le réclamer. J’use de tact et de subterfuge
pour qu’il ne demande pas chaque fois après son père mais c’est peiné perdue.
Et le plus dur c’est lorsqu’il rentre de l’école car c’est là qu’il me parle du
père de son amie Nathan. Il ne cesse de me rabâcher les oreilles avec des trucs
du genre « le papa de Nathan lui a acheté ceci ; le papa de Nathan
l’envoie à la piscine, le papa de Nathan ci, le papa de Nathan ça… » Il
n’en fini jamais et a toujours de quoi raconter. J’ai fini par faire la connaissance du « fameux papa de Nathan ».
Cela m’a plus que fais souffrir de voir un homme aussi dévoué pour son fils. Tandis
que le mien est entre les cuisses d’une autre. —Maman ! Maman Ely ne veut pas me donner mon jouet. Encore une autre bagarre que je dois trancher sans partie prit. —Chéri remet le jeu de ton frère… s’il te plait. —Hum pourquoi maman ? Demanda-t-il d’une toute petite voix. —Parce qu’il dit que c’est le sien. —Non c’est le mien. Rectifia-t-il en posant la main sur sa bouche. Il a ce
tic quand il commence à devenir faux joueur. Je ne pus m’empêcher de rire devant l’air contrit d’Orphée. Il va
falloir que je puisse réfléchir au risque de déclencher une troisième guerre
mondiale dans ma maison. —Bon nous allons faire simples. Commençais-je. J’offre une glace à celui
à qui n’a pas de jouet. Comme si le jouet en question est devenu une boule de feu, Ely le jette
très loin de lui. Et Orphée court le récupérer. —Tu vois maman ! Moi je n’ai pas de jouet. Je peux avoir une glace
non ? J’éclate de rire. Je connais bien mes garçons et sais parfaitement que
le plus petit raffole des glaces tandis que le plus grand adore le chocolat. Cela
me sert souvent à trancher des litiges du genre. —Bien sûr que tu auras ta glace mon grand. —Et moi maman ? demande le laisser pour compte. —Et toi tu auras une part de gâteau au chocolat mon chéri. Ils crièrent tous les deux de joie et nous partons vers la cuisine. C’est à ça que se résume ma nouvelle vie. Mon boulot et mes enfants. Je
passe du temps avec eux et je les suis partout dans tous ce qu’ils font. Parce
que je sais une chose, je peux tout perdre ; ils peuvent tous
m’abandonner, ils peuvent tous se léguer contre moi, me juger et me trouver
mille et un défauts, mais ces deux petits anges-là ne me quitteront jamais. Je
suis et reste leur mère pour toujours et à jamais ; car il Ya une ex-femme,
mais il n’Ya pas d’ex maman… Et il n’y en aura jamais.
Je n'ai pas pu continuer ma phrase car il s'était
dirigé vers moi et posa brusquement un doigt sur mes lèvres pour me
faire taire.
Son ton était ferme, il avait parlé en caressant du
bout de ses doigts le contour de mes lèvres. Une peur bleue m'envahit et me
paralysa alors qu'il approcha d'avantage son visage du mien pour m'embrasser.
J'ai tenté de me dégager mais il me retint fermement et je m'étais remise à
pleurer lorsque ses lèvres touchèrent les miennes. Ce n'était pas un baiser de
tendresse non. C’était brutal et d'une agressivité effrayante comme s'il
voulait me montrer que je l’avais perdu et que plus jamais il ne
m’appartiendrait plus jamais. Et ça me dégoûtait je ne supportais pas ses
caresses ni sa bouche sans cesse contre la mienne. J'avais rassemblé le peu de
force que je possédais pour me dégager de son étreinte mais il était trop fort.
Il m'a allongé sur le canapé. Je n'arrêtais pas de me débattre et il a fini par
m'immobiliser en attrapant mes poignées. J'ai commencé à sangloter et à le
supplier de me lâcher.
Rapidement, il retira la robe que je portais et se
mis à scruter avidement mon corps presque nu. C'était peut-être mon mari mais
jamais je ne me suis sentie aussi humiliée de toute ma vie. Je tentais de
cacher ma nudité avec mes mains mais il les écarta.