Chapitre 23: De l'électricité dans l'air
Ecrit par MTB
Elvire était assise en face de moi, avec un regard admirateur
sur mon corps. La situation me rappela la dalle et mon érection souleva
légèrement la serviette.
-
Désolée
de t’avoir fait peur.
-
Non,
ça va. Tu es là depuis combien de temps ?
-
A
peu près dix minutes
-
Dix
minutes ? Et tu ne m’as pas réveillé ?
-
Oh
que si. J’ai essayé mais tu devais être très fatigué.
-
Désolé,
je t’ai laissée seule dans la cuisine.
-
Tu
as un corps de ouf. Toutes les femmes rêvent sûrement d’avoir un truc pareil à
la maison.
-
Euh…
Merci pour le compliment.
-
En
plus, tu as l’air plus en forme que la fois passée sur la dalle.
-
S’il
te plait, oublions ce qui s’est passé sur la dalle. Cela n’aurait dû jamais se
produire.
-
Mais
c’est déjà arrivé et tu ne peux pas changer le passé.
-
Mais
je peux au moins empêcher que cela se reproduise encore.
Puis je m’habillai en enfilant une culotte qui dépassait
légèrement le genou avec un t-shirt léger.
-
Comme
elle sent bon ta cuisine !
-
Merci.
Allons-y avant que le plat ne refroidisse.
Elle avait préparé un plat de couscous avec des petits pois
et du gésier de poulet. J’avais sorti de ma réserve une bouteille de vin blanc.
Nous mangeâmes puis dégustâmes le vin. Puis elle débarrassa la table. J’en
profitai pour allumer la télévision et m’installer dans le canapé. Quand elle
eut fini de débarrasser et de laver le couvert, elle posa ses mains autour de
mon cou en se tenant derrière moi puis commença à me caresser. Cela faisait du
bien de sentir une si douce main relaxer les muscles de votre corps. Mais je
l’arrêtai quand je me rendis compte que sa main glissait un peu trop vers le
bas.
-
Tu
es sûr que tu ne veux pas que je continue et que je descende plus bas ?
-
Si
je le veux mais il ne le faut pas.
-
Et
pourquoi donc ?
-
Juste
comme cela. Tu as un fiancé même si ça ne va pas bien entre vous actuellement
et moi aussi j’ai une petite amie.
-
Avec
laquelle ça ne va pas bien également. Alors pourquoi ne pas se consoler
mutuellement ?
-
Excuse-moi
mais je ne peux pas.
-
Elle
s’appelle comment ta copine ? Elle doit avoir de la chance.
-
Elle
s’appelle Cynthia.
-
Cynthia ?
Répliqua-t-elle d’un air un peu ébahi.
-
Tu
la connais ?
-
Je
ne sais pas trop. Je ne suis pas sûre. On ne sait jamais vue je suppose.
-
Ok.
-
J’espère
faire sa connaissance quand elle passera.
-
Que
je te fasse signe quand elle sera là ?
-
Oui.
-
Tu
es sûre que c’est une bonne idée ? Je ne saurai être dans une même pièce
que vous deux.
-
Tu
as quelque chose à te reprocher ?
-
Et
ton fiancé s’appelle comment ?
-
Fabrice.
-
Tu
me le présentes la prochaine fois ?
-
Je
me demande même s’il aura une chance de revenir par ici. Mais rassure-toi, je
te ferai signe.
-
Je
me tiendrai prêt à lui casser la gueule si tu le souhaites. Ça lui apprendra à
faire souffrir une jolie demoiselle comme toi.
-
Prépare-toi
à casser également celle de sa sœur au passage.
-
Vous
vous détestez à ce point ?
Le crabe n’est pas le bienvenu au jeu de contorsion. J’étais donc
déjà debout entrain de la raccompagner. J’espérais que personne ne vous voie.
Car les rumeurs sont ce que je détestais le plus. Les gens n’ont pas accès au
fond du dossier mais n’hésitent pas à colporter toutes sortes d’allégations,
juste pour se rendre indispensables auprès des fainéants qui n’ont rien à faire
de leur temps. Je me fendis encore en remerciements pour le repas afin de
verrouiller la porte derrière moi. Ouf, je pouvais respirer et laisser éclater
ma colère en même temps. Cependant, je me félicitais d’avoir été sage avec elle
à mes côtés. Les événements d’Abidjan m’avaient servi de leçon et j’avais donc
décidé de jouer la carte de la prudence. Sinon l’envie était là et très forte.
Le week-end était d’ailleurs déjà fini. La semaine qui suivit
était tellement bizarre que j’avais l’impression que quelqu’un tirait sur les
ficelles du temps un peu plus vite qu’il n’en faut. Déjà le lundi, Moraine
avait collé un post-it sur mon bureau avec la mention J-4. Chaque jour, elle
déposait un nouveau message en réduisant les jours comme pour me dire de ne pas
oublier les crêpes promises.
Nous étions déjà mercredi et aucun signe de Cynthia. Je
voulus appeler pour prendre de ses nouvelles mais je me disais que ce serait
une façon de lui dire qu’elle avait gagné. Le jeudi matin, Moraine vint me
trouver avec un visage moins enchanté que les autres jours :
-
J’ai
une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par laquelle ?
-
Je
préfère que tu commences avec la mauvaise nouvelle, lui répondis-je.
-
Ok.
La mauvaise nouvelle, c’est que nous recevrons de la visite à la maison demain.
Des cousins viendront passer le week-end avec nous. Mes parents rentreront donc
plus tôt que prévu.
-
Jusque-là,
je ne trouve pas cette information si mauvaise que cela. Nous n’aurions qu’à
reporter la séance de crêpes.
-
Attends
au moins d’entendre la bonne nouvelle.
-
Ah
oui, il y avait deux nouvelles effectivement. J’écoute.
-
La
bonne nouvelle, c’est que nous pourrons faire la soirée crêpe. Mais chez toi.
-
Mais.
-
Chut !
Non négociable. Sauf si tu as une petite à gérer.
-
Non,
ce n’est pas cela. Juste que….
-
Rassure-toi,
je ne vais pas passer la nuit chez toi.
-
Ok.
Comme tu insistes…
Le lendemain, dix minutes avant l’heure officielle de sortie,
elle était déjà prête. Je pouvais sentir son excitation. Elle se pointa à
dix-sept heures trente minutes exactement devant mon bureau pour m’intimer
l’ordre de rentrer. Je la suppliais de m’accorder une dizaine de minutes supplémentaires
sans réussir à la faire fléchir. Tout ce qu’elle trouva pour me répondre,
c’était : « Ce que femme veut, Dieu veut ». Elle rangea
elle-même mon matériel et ferma mon laptop. Elle me fit comprendre en fait
qu’elle devait rentrer un peu plus tôt à cause des cousins. Sinon elle aurait
été patiente envers moi. Je m’arrêtai au supermarché pour acheter de la farine,
de la levure, de la poudre de vanille, du lait écrémé, quelques œufs ainsi que
du Nutella et une confiture de fraise. J’ajoutai aussi un peu de fromage,
jambon et du beure gastronomique. Elle était sous le charme à la façon dont
elle me regardait.
Une fois chez moi, je l’installai dans le salon et je mis mon
tablier de cuisinier pour faire aussi vite que je pouvais. Elle me regardait
mélanger la farine, le sucre, les œufs, le lait, la vanille, de battre
l’ensemble pour avoir une pâte liquide et homogène que je faisais cuire dans
une poêle légèrement chauffée. Tout se passa en quelques minutes seulement.
Pendant ce temps, elle découpait le fromage et le jambon en de fines tranches
prêtes à être dégustés. Je sortis un beaujolais du réfrigérateur et je dressai
la table. Dans nos échanges, je lui demandai des nouvelles de la maison, de sa
cousine d’Abidjan. Sur ce point, elle me demanda si j’étais toujours intéressé
par elle. Je répondis spontanément par la négation. L’amour à distance, je n’y
crois pas. Donc c’était totalement exclu de ma pensée. Puis elle
enchaîna :
-
Alors
moi je te plais ?
-
Moraine,
je ne pense pas qu’il faille que nous ayons ce genre de discussion. Tu es une
très belle fille. Qui pourrait rester insensible à ton charme ?
-
Merci
mais cela ne répond pas à ma question.
-
Si
tu permets, je préfère ne pas y répondre.
-
J’en
conclus donc que c’est oui.
-
Ça
se pourrait. Mais j’ai déjà une petite amie.
-
Je
sais. Cynthia. Et si tu lui proposais de me laisser sa place ?
-
Hahahaha.
Tu as vraiment un bon sens de l’humour.
-
Je
parle sérieusement. Charles, tu me plais énormément et je ne fais que penser à
toi tout le temps. Je serai ravie que tu me donnes une chance.
-
Je
risque de te faire souffrir dans ces conditions.
-
Pour
toi je suis prête à tout, même à souffrir le martyr.
-
Je
n’en doute pas un seul instant. Comment trouves-tu ma cuisine ?
-
Très
excellente. Moi-même je ne me rappelle pas savoir cuisiner des crêpes comme tu
le fais si bien et facilement en plus.
Elle venait de finir de parler quand son téléphone sonna.
C’était son père. Il était déjà vingt-heures. Elle se servit un dernier verre
de vin et demanda la permission de rentrer. Avant de lui ouvrir la porte, elle
se retourna, me regarda droit dans les yeux et baissa la tête comme pour me
dire qu’elle aurait aimé rester plus longtemps ou qu’elle attendait quelque
chose. Sans hésiter, je la pris dans mes bras puis lui caressa la joue avant de
fourrer ma langue dans sa bouche. Elle m’enlaça et répondit à mon baiser. Juste
que la sensation que j’avais ressentie à Abidjan avait disparu. Le baiser
n’avait plus le même goût. Je relâchai mon étreinte et je la reconduisis vers
sa voiture garée au parking de l’immeuble. En franchissant le portail, nous
nous retrouvâmes nez-à-nez avec Elvire qui rentrait. Elle resta figée, devenant
toute rouge. Moraine avec le visage grave commença à marcher rapidement vers sa
voiture quand Elvire lui barra la route. Je pouvais sentir une rage monter en
elle. Elle commençait à lever la main comme pour la frapper mais finalement
pointa le doigt en direction de son visage et tout ce qui sortit de sa bouche
était :
- TOI ?
à suivre...