Chapitre 24: Un air de déjà vu...
Ecrit par MTB
Que se passait-il entre Moraine et Elvire ? Ou qu’est-ce
qu’il s’est passé entre elles ? Car les deux avaient l’air de se connaître
et de façon très remarquable. Avec la scène à laquelle j’avais assisté, on ne
peut pas dire qu’elles se portaient dans le cœur. Je ne savais quelle attitude
adopter tant les choses pourraient me retomber dessus. En tout cas, ça fait
partie de la nature des femmes de toujours rejeter la faute sur autrui. Rien
n’est jamais de leur faute. Ce soir-là, je passais mon temps à réfléchir à ce
qui se passerait après. J’eus même envie de démissionner et de changer
d’appartement. Au moins, les soucis s’éloigneraient. Sinon comment expliquer
comment une ambiance peut pourrir aussi rapidement autour de quelqu’un s’il n’y
avait pas un truc louche ? Je sais que certains crieraient à la
sorcellerie des tantes du village.
Mon attitude déterminerait sûrement le cours des événements
futurs. Le week-end fut un peu bizarre. Mais j’avais quand même décidé de
bouger un peu pour ne pas me laisser submerger par les émotions négatives. Un
homme ne sait pas que trébucher sur un caillou ; il doit aussi savoir
comment se relever. J’avais donc pris ma voiture et me suis rendu dans un
village au bord de la mer à une trentaine de kilomètres de Lomé. Ce village du
nom d’Agbodrafo portait autres fois le nom Porto Seguro et disposait d’un lieu
historique qui servait de lieu de traite des noirs. Passer devant ce lieu
historique m’a fait comprendre à quel point l’esclavage continuait toujours.
Pas sous cette même forme barbare. Mais plutôt de façon sentimentale. Nous
sommes tellement prisonniers de nos sentiments que certains n’hésitent pas à
s’en servir pour nous faire chanter.
Le bord de mer était dans un état d’érosion avancée. Je me
demandais bien ce que faisaient les autorités pour préserver nos côtes. Non
loin de là, il y avait l’usine d’extraction du phosphate qui déversait à
volonté les déchets dans la mer. Le résultat était la coloration orangée des
vagues devenues boueuses. Heureusement, que tout n’était pas que triste. Un
coin situé au bord de la mer dont les vagues presque miraculeusement
échappaient à la pollution accueillait des citadins voulant s’évader avec une
proposition de menu à base de farine de manioc et de poisson frais. Tu
sélectionnes le poisson de ton choix et tu patientes soit sous une paillote ou
dans un bungalow. J’avais sélectionné une petite paillote. Je me sentais un peu
bien seul mais bien dans un endroit où presque tout le monde était soit en
couple soit en famille. Je mangeai avec un très bon appétit avant de rentrer à
Lomé où les problèmes m’attendaient.
Cynthia était là, avec un air furieux. J’étais un peu surpris
de sa visite. C’est vrai que de temps en temps, elle débarquait sans crier gare
mais généralement elle s’assurait que j’étais à la maison.
-
Tu
étais où et tu sonnais inaccessible sur ton téléphone ?
-
Bonsoir
Cynthia.
-
Bonsoir
Charles.
-
Je
ne sais pas quel bon vent t’amène mais entrons et discutons calmement.
-
Discuter
de quoi ?
-
Je
ne sais pas. Mais à voir l’expression de ton visage, on dirait que tu as vu le
diable en personne.
-
Oui
c’est vrai que j’ai vu le diable et il est en face de moi actuellement.
-
Dans
ce cas, entrons pour l’exorcisme.
-
Tu
penses que je m’amuse ?
-
Je
ne sais pas et franchement je n’ai pas envie de penser. si tu crois que je n’ai
que cela à faire.
-
Donc
tu confirmes que tu es très occupé.
-
Ecoute
Cynthia, je ne suis pas d’humeur et si tu ne peux pas être cohérente ni calme,
alors je crois qu’il vaut mieux que tu retournes d’où tu viens sinon quelqu’un
pourrait se retrouver en garde à vue.
-
Tu
me menaces ?
-
C’est
juste un conseil.
-
Après
tout ce que j’ai fait pour toi, c’est comme cela que tu me remercies ?
En cet instant précis, j’étais non seulement surpris mais
également hors de moi. De grâce, les femmes sont-elles cyniques de nature ou
elles l’apprennent ? L’exécution de son coup était parfaite. Je voulus lui
répliquer de façon cinglante mais mon cerveau m’avait alerté sur les coups bas
des femmes.
-
Je
crois qu’il doit y avoir une incompréhension. Et si on entrait et que je
t’offre une crêpe ? Je te le ferai avec amour. En plus j’ai une bouteille
de Baileys que tu pourras inaugurer.
-
Des
crêpes ? Tu me rappelles que je n’ai presque rien mangé de la journée.
Son visage se décrispa et elle me laissa le passage pour
ouvrir la porte. Elle ne savait pas encore à quoi elle avait échappé car je
m’apprêtais à faire demi-tour et la laisser seule là-bas si elle avait daigné
rejeter la proposition. Il fallait quand même que je sache davantage sur ses
allégations. Si je ne trouve rien de logique, alors je conclurai à une tactique
de sa part pour me désarmer. En faisant cuire les crêpes, j’engageai la
conversation :
-
Alors,
il se passe quoi de si grave ?
-
Je
n’arrive pas à comprendre comment tu peux encore sortir avec d’autres filles.
Je ne te suffis pas ? Ou plus ? Ou je ne te plais plus ?
-
Si
tel est le cas, rassure-toi que je viendrai te l’annoncer en personne chez ton
nouveau copain.
-
Qu’est-ce
que tu veux dire par-là ? répliqua-t-elle avec un air de panique mal camouflé.
-
Rien
de sérieux. Juste que si tout doit s’arrêter entre nous, je te tiendrai au
courant.
-
Tu
as l’intention de te séparer de moi plus tard ?
-
Ne
me fais pas dire ce que je n’ai pas dit s’il te plait. Mais éclaire-moi un peu.
C’est quoi cet interrogatoire ? on t’a raconté quelque chose sur
moi ?
J’avais pris un air indigné en m’exprimant. Ce qui a eu pour
effet de lui faire comprendre que je n’appréciais pas ce qu’elle fait comme
théâtre. Elle se ressaisit et continua :
-
Si
tu me confirmes que je suis la seule alors je serai rassurée.
-
J’avoue
que je ne comprends rien à rien de tout ce que tu racontes. Ou bien tu veux
dire que j’ai d’autres copines ?
-
C’est
ce qui se raconte sur toi.
-
Où
et par qui ?
-
Comme
sur cette photo par exemple.
à suivre...