CHAPITRE 23: Un choix cornélien
Ecrit par kaynaliah
Deux jours plus tard
Dans la tête de Rehyma
Je marche douloureusement vers l’autel et fixe toutes ces personnes présentes avec mon visage baigné de larmes. Tout mon maquillage a coulé. Je me sens enchaînée, oppressée, emprisonnée. Je recherche un visage familier mais je ne vois personne. Je vois mes bourreaux devant moi avec des sourires carnassiers et qui me regardent comme si j’étais une viande qu’ils s’apprêtaient à dévorer. Au fur et à mesure que je m’avance, je me sens mal. J’ai l’impression de manquer d’oxygène. Je fais tomber le bouquet de fleurs et m’arrête en plein milieu. J’ai l’impression que le sol se dérobe sous mes pieds et je ne sais pas quoi faire. J’entends soudainement la voix de mes deux pères et ma mère mais je n’arrive pas à les voir. Le temps que je me ressaisisse, je vois cet homme devant moi qui me lance des éclairs et qui rapproche ses mains de mon cou. Il me soulève du sol et je manque d’air. Je crois que je suis entrain de mourir.
J’ouvre les yeux et découvre avec effroi quelqu’un.
-« Arrghhh » hurlai-je de toutes mes forces
-« Rehyma calme-toi »
-« Non laisse-moi . Tu veux me tuer »
-« C’est moi. C’est Luca »
Entendre cette voix, sa voix si douce a réussi à me calmer.
-« Luca ? »
-« Oui c’est moi. Calme-toi stp »
-« Luca…. »
-« Tu as encore fait un cauchemar »
-« Oui. Toujours le même »
-« Comment tu te sens ce matin ? »
-« A vrai dire je ne sais pas trop »
-« C’est-à-dire ? »
-« J’ai toujours aussi peur de m’endormir le soir car je revois tout ce que j’ai vécu là-bas snif. Je me sens désabusée. Je ne comprends toujours pas pourquoi on m’a fait cela snif. Pourquoi on m’a fait vivre tout cet enfer ? J’ai vraiment cru que j’allais y laisser ma vie snif »
-« Tu devrais essayer de ne plus penser à cela »
-« Je n’y arrive pas snif. J’ai l’impression de revivre cet enfer peu importe où je me trouve. Le moindre bruit me fait sursauter. Le moindre toucher snif me fait frissonner comme si j’avais le diable devant moi. J’ai tout le temps peur. Je vis dans la peur. J’ai peur de sortir d’ici car je ne sais pas ce qui m’attend dehors et comment je pourrai réussir à l’affronter snif »
-« Tu n’es pas seule Rehyma. Tout le monde est là pour toi »
-« Tu veux que je reste avec toi ? »
-« Je ne veux pas te déranger »
-« Tu ne me déranges nullement. Allez fais-moi de la place »
Je me suis poussée pour lui faire de la place sur le lit.
-« Il est quelle heure au fait ? »
-« Il est 01h03 du matin »
-« Mais tu n’as pas le droit d’être là non ? »
-« J’ai dû user de mon charme pour avoir un laisser-passer »
-« Tu n’es qu’un coquin toi »
-« Je sais »
Il m’entoura de ses bras et me serra contre sa poitrine.
-« Tu te sens bien là ? »
-« Oui »
-« ….. »
-« …. »
-« Je sais que ce n’est certainement pas le moment mais j’ai vraiment eu peur de te perdre Rehyma »
-« ….. »
-« Je tiens énormément à toi et je ne sais pas si je m’en serai remis s’il t’était arrivé quelque chose »
-« ……Je suis désolée…… de t’avoir fait peur »
-« Tout le monde était inquiet. Parce qu’on t ‘aime tout simplement »
-« Tu crois que Michael m’en veut au fait ? »
-« Pourquoi ? »
-« A cause de son père »
-« Il sait que tu n’étais pas au courant. Il connaît la vérité. Ne t’inquiète pas. Il compte te rendre visite bientôt avec sa maman »
-« Je me sens honteuse tout de même »
-« Tu n’es en rien responsable de tout ce qui s’est passé. Essaye de dormir maintenant. »
-« Ok. Merci d’être là Luca. Ca me touche beaucoup »
-« Je le fais volontiers t’inquiète »
-« Merci en tout cas »
-« De rien princesse »
Il m’a fait un bisou sur la tête avant que je ne parvienne à m’endormir.
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Dans la tête de George
Il est sept heures et demie du matin et je m’active pour me rendre chez mon avocat. Je trouve Mélissa assise à la salle à manger et je sais qu’elle est anxieuse.
-« Bonjour Méli. Ca va ? »
-« Ca pourrait aller mieux. Et toi ? »
-« Ca va. Mais toi tu ne vas pas bien. Que se passe-t-il ? »
-« Je vais aller voir maman aujourd’hui »
-« …. Ok »
-« Je préfère lui avouer que c’est moi qui l’ai dénoncée avant qu’une autre ne le fasse »
-« Bien. C’est normal et je sais que tu te sen s mal car c’est ta mère mais n’oublie pas que ma fille a failli mourir par sa faute aussi »
-« Je sais George »
-« Je suis désolé »
-« Je te comprends. Ne t’inquiète pas »
-« Bien. Ton père est au courant ? »
-« Oui et il est furieux »
-« J’imagine. Que comptes-tu faire ? »
-« Je ne sais pas encore. Je me sens bien ici, dans ce pays, dans cette maison. Tu es un second père pour moi. Mais si je vais rejoindre papa en Espagne, je ne sais pas si je serai aussi heureuse que je le suis ici. »
-« Peu importe ta décision, ma porte te sera toujours ouverte »
-« Merci beaucoup. Ca me touche vraiment »
-« Bon je vais devoir m’en aller. On se voit plus tard ? »
-« Ok. Bonne journée »
-« Merci à toi de même et bon courage avec ta mère »
Je sors de la maison et me rends chez mon avocat avec qui j’ai rendez-vous. Il me reçoit rapidement.
-« Bonjour Laurent »
-« Bonjour George. Alors ça va ? Et la petite ? »
-« Grâce à Dieu ça va. Elle s’est réveillée il y a trois jours et sort normalement aujourd’hui »
-« Tant mieux alors »
-« Alors je suis là pour plusieurs choses comme je t’en ai parlé il y a quelques jours au téléphone »
-« Alors déjà sache que la vente de ton entreprise est nulle. Tu es l’unique propriétaire jusqu’à maintenant. Il faudra juste que tu me signes des documents pour valider tout ça. Concernant Clarisse, je veux être sûr que tu sais ce que tu fais car si je lance la procédure, il n’y aura aucune possibilité de retour »
-« Lance la procédure. Je veux la voir en prison pour tous les actes qu’elle a commis »
-« Bien je vais m’en occuper dans la journée »
-« Ok »
-« Ne t’inquiète pas. Il y a un dossier solide contre Clarisse et Jean-Denis »
-« C’est toi le professionnel. Je veux qu’ils paient pour tout le mal qu’ils ont causé à ma fille et à moi »
-« Estime que le travail est déjà fait »
-« Merci pour tout Laurent »
-« Je ne fais que mon travail Georges »
Nous avons encore discuté de quelques points avant que je ne sorte de là et me dirige vers l’hôpital. Je me suis arrêtée à une boulangerie prendre des brioches pour Rehyma. Marc m’a dit qu’elle aimait bien en manger. Je cogne à la porte et j’entre. J’ai la désagréable surprise de voir que ma fille dort dans son lit avec un homme : Luca. C’est quoi ce cirque ? Je m’avance du lit et le secoue légèrement. Il ouvre les yeux et dès qu’il me voit, il se tient comme un piquet.
-« Je peux savoir ce que vous faites dans le lit de ma fille ? »
Rehyma a ouvert les yeux au même moment.
-« Il se passe quoi ici ? » demanda-t-elle
-« Je peux savoir ce qu’il faisait sur ce lit avec toi ? »
-« Papa c’est moi qui lui ai demandé de passer la nuit avec moi »
-« Hein ? »
-« Il a été gentil d’accepter et tu devrais commencer à t’habituer à sa présence car tu le verras souvent »
-« Qu’est-ce que ça veut dire ? »
-« Il est mon ami et nous nous sommes considérablement rapprochés. »
-« …Ok »
Je laisse cette conversation pour l’instant mais je promets d’avoir une conversation sérieuse avec cet homme plus tard.
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Dans la tête de Mélissa
Je viens d’arriver au B2 et tout le monde me regarde de haut. C’est même quoi leur problème ici ? Tchip. On m’installe dans une salle et j’attends ma mère. Je m’assois et elle ne tarde pas à arriver. Quand je la vois, j’ai les larmes qui me montent aux yeux car elle a tellement changé en quelques jours. Les cheveux en bataille, des traces d’eye-liner sur ses joues, des faux ongles à moitié enlevés…. : il est clair qu’elle a perdu de sa superbe. Elle se rapproche de moi et me serre dans ses bras.
-« Bonjour maman »
-« Mélissa. Ca va mon bébé ? » dit-elle en pleurant
La voir comme ça me rend mal mais je n’avais pas le choix.
-« C’est à toi que je dois poser cette question ? »
-« C’est l’horreur ici. J’ai hâte de sortir d’ici. Mon avocat y travaille »
-« Maman il y a trop de preuves contre toi. Je ne pense pas que tu sortiras d’ici. Pas maintenant en tout cas »
-« Je suis une citoyenne française. Je ne resterai pas ici »
-« ….Si tu le dis. Il y a quelque chose que je dois te dire »
-« Oui je t’écoute »
-« C’est de ma faute si tu es ici ? »
-« Comment ça ? » dit-elle en ayant un mouvement de recul
-« C’est moi qui t’ai dénoncée »
-« Quoi ? Tu as fait quoi ? » hurla-t-elle
-« C’est moi qui ai prévenu George »
Sans que je ne la vois venir, je me suis prise une gifle monumentale qui me propulsa au sol
-« J’ai mis au monde une vraie garce. Ma propre fille, mon sang me trahit »
Je n’avais que mes larmes aux yeux mais je ne regrettais pas ma décision.