Chapitre 25
Ecrit par Jennie390
⚜Chapitre 25⚜
Emile Biyoghe
Le jour où Yolande m’a emmené rencontrer son oncle et sa tante pour leur demander sa main, j’ai directement su quel genre d’individus était Germain Makaya. Une personne capable de faire tout et n’importe quoi pour avoir une place au soleil, quelqu’un avec le regard brillant d’une ambition démesurée. Depuis autant d’années de mariage, Bertille ne connait pas le goût de son mari pour l’argent? Comment peut-elle se présenter à moi accompagnée de lui? Qui va en guerre avec sa faiblesse?
Elle est venue me montrer qu’elle est venue pour en découdre, je ne pouvais donc pas aller m’assoir chez moi et attende qu’elle me nuise. Je n’ai alors fait qu’utiliser son mari pour la mettre à terre. Pour l’instant elle a de gros problèmes sur le dos, ça va l'occuper pour un moment mais pas pour toujours. Toutefois, lorsqu’elle va se décider à revenir me provoquer, je serai prêt à m’occuper d’elle proprement.
Je me trouve dans le rayon des boissons alcoolisées d’un supermarché lorsque j’aperçois cette poule de Diane. J’ai parfois l’impression qu’elle me suit partout où je vais et surgit lorsque je m’y attend le moins.
—Salut toi, me dit-elle en me prenant dans ses bras. Comment vas tu?
—Je vais bien et toi?
—Je me porte comme un charme.
—Ravi de l’entendre, comment va Vincent?
—C’est ton ami, appelle-le si tu veux avoir de ses nouvelles?
Je me remet à pousser mon chariot, cette sangsue passe son temps à me coller et à raconter tout et n’importe quoi. Je lui réponds á peine, elle m’emmerde. Je paie mes courses et je les charge dans le coffre de mon véhicule.
—Alors Emile, quand est-ce que tu m’invites en week-end?
—On verra ça quand Vincent sera en congés et quand j’aurais moins de boulot.
—Je te parle d’un week-end à deux, toi tu me parles de Vincent? Tu n’es pas un enfant, tu as du capter mes jeux de phare. Je ne comprends donc pas pourquoi tu fais celui qui ne voit pas.
Celle-ci commence réellement à me taper sur le système. Elle met definitivement ma carapace de façade à l’epreuve. J’ai de plus en plus du mal à faire semblant de l’apprécier. Si je supporte toutes ses simagrées, c’est bien à cause de Vincent que j’apprécie beaucoup. Il ne manquerait plus qu’à cause des techniques d’approche stupides de Diane, Vincent pense que je me tape sa femme. Pourtant, je n’en n’ai rien à branler d’elle.
—Tu es la femme de Vincent, voilà pourquoi je fais celui qui ne voit rien, c’est donc à toi de te ressaisir.
—Je n’en ai pas envie Emile, tu me plais et…
—Diane s’il te plait, j’ai des choses à faire, à plus tard.
—Écoute, commence t-elle en enroulant ses bras autour de mon cou. Tu n’as pas besoin de…
Au moment où elle s’apprête s'apprête à rajouter des conneries supplémentaires, nous apercevons ce petit impertinent de Landry Ratanga qui passe sur le parking accompagné d’un homme avec qui il discute. Diane se dépêche de se détacher de moi. Ils se rapprochent de nous et nous nous saluons.
—Alors Landry, tu as deja retrouvé tes marques? Demande Diane.
—Oui la réintégration se passe bien merci.
—J’ai appris de Richard que tu as trouvé du boulot, c’est cool que tu n’aies pas eu à attendre longtemps dans le chomage, dis-je avec un de mes sourires qui en disent long.
—Je suis excellent dans mon domaine, donc piston ou pas, j’aurais trouvé du boulot.
Décidément je ne supporte pas ce petit. Déjà que je n’ai toujours pas digéré le cinéma qu’il a fait lors du diner chez sa soeur et en plus de ça, je devine à son regard qu’il ne m'apprécie pas tout comme moi non plus je ne l’apprécie pas. Il est exactement comme sa soeur, j’ai toujours la sensation qu’ils ne disent pas réellement ce qu'ils ont sur le coeur.
—Bon, on va vous laisser, fait Landry. Passez une bonne journée.
—Bye landry, repond Diane. Je hoche tout simplement la tête puis, son compagnon et lui entrent dans le magasin.
—J’espère qu’il ne va pas emmener mon nom quelque part.
—Je croyais que quand tu as le courage d’enlacer un homme autre que ton mari dans la rue, ça veut dire que tu assumes tes actes aux yeux de tous, dis-je avec ironie.
—En tout cas on en reparle.
Elle me fait un bisou à la comissure des lèvres, embarque dans son vehicule et s’en va.
Pendant qu’une essaye de s’échapper, cette maboule de Diane veut entrer. Elle est tellement harassante. En ce qui concerne Landry Ratanga, je suis convaincu que nos rapports lui et moi à la longue vont faire des étincelles.
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Odile Odjele
Je me retourne dans mon lit et j’observe Melissa qui est profondément endormie dans le sien avec son doudou serré très fort contre elle. Elle a eu du mal a s’endormir, elle a passé toute la nuit à pleurer, tellement sa soeur lui manque beaucoup. Depuis que cette dernière s'est mariée, elle vient ici rarement. J’espère juste que maintenant qu’elle est mariée et qu’elle va certainement chercher à fonder une famille avec son mari, qu’elle ne va pas délaisser Melissa. Cette petite a besoin d’amour et d’attention , ça fait partie de son processus de progression.
Quand Melissa est arrivée à l’Institut, elle avait 10 ans, toute timide et toute fragile. Elle ne parlait pas, faisait ses besoins dans ses vêtements, ne pouvait rien faire par elle elle-même. Aujourd’hui à 17 ans, elle fait des phases tordues et incomplètes mais, on comprend ce qu’elle veut dire. Sa comprehension des choses s’est largement améliorée. Elle arrive quand meme à se doucher, s’habiller et manger seule meme si c’est vrai qu’il faut toujours l’assister.
Elle ne fait plus pipi au lit, arrive à se nettoyer après être allée au toilette ou même quand elle a ses règles. Sa situation s’est beaucoup améliorée mais il lui reste énormément de chemin à parcourir. Son esprit est encore beaucoup trop enfantin.
Elle est encore comme une toute petite fille qui pense par exemple qu’il y a un monstre caché sous son lit et qui croit meme au père Noël.
C’est une bonne chose qu’il y ait un institut comme oasis pour des personnes comme Mélissa. À l’extérieur ce n’est pas facile à cause des préjugés et du regard des gens. Beaucoup les considèrent même comme des fous, parce que d’une part la plupart des attardés sont comme des enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de raison et d’autre part les fous ont perdu cette raison, donc dans les deux cas la raison est absente.
Je quitte mon lit et après ma douche, je prend mon petit-déjeuner avant de revenir réveiller Melissa. Je la bouscule légèrement, elle gigote et ouvre les yeux.
—Bonjour Mélissa, bien dormi?
Elle hoche la tête.
—Il faut répondre ma chérie, tu dois dire “j’ai bien dormi”.
—Bien… dormi, me répond t-elle avant de se lever.
Je n’insiste pas davantage parce que je sais qu’elle est triste ces derniers temps. Apres sa douche, on va ensemble à la cuisine pour le petit-déjeuner.
—Ma chérie qu’est ce que tu veux pour ton petit-déjeuner?
—Lait…
—Avec du pain, des céréales ou des biscottes?
Elle me montre la boite de céréales. Je lui dépose donc le carton puis le lait avec une tasse. Elle se sert toute seule même si ça se renverse un peu partout puis elle se met à manger.
—Odiii, Yoyo…
—Bientôt elle va venir ma chérie.
—Yoyo n’est pas… venue,dit-elle au bord des larmes.
—Ne pleure pas ma puce, tu vas la voir bientôt. D’accord?
Elle hoche la tête et continue à manger.
Un peu plus tard, je la laisse dans l’atelier de peinture avec les autres jeunes de l’institut puis je vais voir la Directrice.
—Madame Odile, ne me dites pas qu’il y a un soucis avec la petite.
—Il n’y a pas de soucis en tant que tel, mais sa soeur lui manque beaucoup.
—En ce qui concerne sa soeur ,Melissa n’a d’autres choix que d’être patiente. Si elle ne vient pas voir la petite, c’est qu’elle doit être occupée. Elle aime beaucoup Mélissa, elle ne peut pas avoir de temps libre et ne pas passer ici.
—Je comprends bien mais, faites un effort de l’appeler l’appeler regulierement, lui laisser des messages ou des mails pour qu’elle trouve du temps pour Mel. Il ne faut pas que Madame Yolande oublie que c’est elle la motivation de la petite. Quand cette dernière ne la voit pas, elle perd l’envie d’apprendre, de faire des efforts.
—Madame Odile, je vous ai compris.
—Ok merci, à plus tard.
En début d’apres-midi, la directrice me fait savoir que Monsieur Emile Biyoghe est venu déposer le chèque mensuel pour la pension de Mélissa et qu’avant de partir, il avait envie de lui faire un coucou. Nous le trouvons Mélissa et moi, adossé à son véhicule, les yeux plongés sur son téléphone. Il lève la tête et sourit en voyant Mélissa.
—Mélissa comment vas tu?
—Ça va, répond t-elle en regardant vers le véhicule. Yoyo…
—Malheureuement, elle n’est pas venue avec moi.
Le visage de la petite se décompose, elle est visiblement déçue.
—Elle est en voyage pour acheter la marchandise de son nouvel institut de beauté. Mais à son retour, on viendra voir Mélissa. Madame Odile, trouvez un moyen de le lui expliquer pour ne pas qu'elle soit triste.
Je hoche la tête pendant qu’il sort un gros carton de son véhicule. Je remarque grâce à l’emballage qu’il s’agit d’un ensemble de jouets, précisément des figurines représentant les personnages de plusieurs dessins animés différents qu’il tend a Mélissa.
—On dit merci ma puce, je lui dis.
—Merci Emiii, répond t-elle en prenant le paquet.
Elle fait un bref sourire à Monsieur Emile et retourne dans le bâtiment.
—Elle n’est vraiment contente que sa soeur soit absente, elle ne m’a même pas dit au revoir.
—Ça va lui passer, je vais lui expliquer Monsieur Biyoghe.
Il hoche la tête et lorsqu’il s’apprête à monter dans son véhicule, je l’interpelle.
—Monsieur Biyoghe , je pense qu’il ne faudrait plus apporter ce genre de distraction pour Mélissa. Elle n’a pas besoin de jouet comme les enfants mais plutôt de choses pour des ados par exemple. De son âge quoi.
—De son âge? Vous et moi savons le genre de divertissement des adolescents de nos jours. Vous êtes sure que c’est ce dont elle a besoin?
—Apportez lui par exemple des films jeunesse ou des contes en version audio, ça va l'aider à developper son niveau de compréhension et elle pourra répéter correctement avec le temps ce qu’elle entend.
—D'accord. Quand elle viendra vivre avec nous, nous trouverons un moyen efficace pour la faire assimiler plus vite. Bonne soirée Madame Odile.
—Bonne soirée à vous également.
Il s’en va et j’ai la sensation qu’il n’a pas apprécié ma remarque.
En arrivant dans la chambre, je trouve Mélissa assise à même le sol en train de jouer avec ses figurines.
—Mélissa … belle, dit-elle en caressant la figurine de Cendrillon.
—Ça c’est Melissa qui est aussi jolie?
Elle hoche la tête en souriant. Je fais un tour dans la salle de bain et en sortant je l’entend toujours jouer.
—La robe de Yoyo… jolie, Emiii… noir!
Elle le répète à nombreuses reprises, je m’approche d’elle pour comprendre de quoi elle parle. Je la vois qui tient la figurine de Blancche neige et du loup noir qui est dans l’histoire du Petit Chaperon rouge.
—Yoyo jolie…Emiii noir.
Je suis assez surprise par ce que je vois, je m’assois près d’elle.
—Ça c’est Yoyo qui est aussi belle?
Elle me sourit.
—Et ca c’est Emile? Je demande en lui montrant la figurine du prince.
Elle bouscule le tête négativement puis me montre à nouveau le loup.
—Emiii noir, répète t-elle.
Le moins que l’on puisse dire c’est que je suis vraiment dérangée par ce qu’elle dit.
—Mélissa, ça c’est le loup. Ce n’est pas un être humain donc ce n’est pas Emile, tu comprends?
—Odiii, je veux crêpe!
—Oui tu auras des crêpes mais est ce que tu as compris ce que je suis en train de te dire, tu…
—Odii je veux, crêpes, lait, jus, ajoute t-elle en se levant.
Elle sort de la chambre et se dirige vers la cuisine. Je la suis et sur place, je lui sers un verre de jus et je me mets à préparer les crêpes.
— Ma chérie, Yoyo, Emile, toi et moi, on est des êtres humains, pas des animaux. Donc Emile ce n’est pas le loup. En plus le loup est méchant mais Emile est gentil, d’accord?
Elle fronce les sorcils en me regardant mais n’ajoute plus rien avant de se concentrer sur son jus. Je ne sais pas si elle le dit parce qu'elle estime que depuis que sa soeur est mariée à Monsieur Emile, elle s'est éloignée. Qu'il la prive de sa soeur, ou qu'elle le dit pour autre chose.
Je n’aborde plus le sujet mais une chose est sûre, tout ceci est trop bizarre selon moi.
Bonne lecture.