CHAPITRE 25: ÉPOUSE MOI

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 25 : ÉPOUSE MOI.

**LOYD MBAZOGHO**

Toc, toc ?

Je lève les yeux de mon ordi et je regarde la porte, Alex y est debout. 


Alex : (Me regardant) Je peux ?

Moi : (M’adossant sur mon siège)Oui, vas-y. 


Il rentre et viens s’asseoir sur le siège en face du mien. Quand je partais pour la pause tout à l’heure, il m’a interpellé pour me demander si on pouvait déjeuner ensemble car il voulait me parler mais j’ai décliné en disant que j’étais attendu ailleurs, que s’il voulait me parler, il devait attendre mon retour. Je suis revenu il y a plus de 2h maintenant, il était occupé avec des tâches qu’il devait accomplir, je suppose qu’il les a terminées. 

On se regarde avant qu’il ne prenne la parole


Alex : Avons-nous un souci tous les deux ?

Moi : (Arquant un sourcil) Je ne comprends pas.

Alex : Je me demande si nous avons un souci toi et moi.

Moi : Pourquoi ça ?

Alex : À cause de ton attitude. Je ne sais pas, depuis la dernière fois en boite, tu as pris tes distances. Tu déclines toutes les offres de sorties ou de déjeuners, tu réponds à peine aux messages et tu ne prends aucun appel. C’est à peine si nous parlons encore quand nous sommes au bureau d’où je me demande si nous sommes en froid.


Je le regarde pendant un moment sans lui répondre. Depuis ma discussion avec Lucrèce, j’avais effectivement décidé de prendre un peu de distance. Le lundi qui avait suivi le week-end en question, on s’était croisé dans le parking et il m’avait salué en prenant également des nouvelles de Reb, il souriait quand il le faisait mais ça se voyait que son sourire n’était pas sincère, qu’il faisait un véritable effort pour le faire paraître naturel. J’avais vaguement répondu à ses questions avant de me tourner pour partir, il marchait derrière moi. Je m’étais brusquement retourné sans qu’il ne s’y attende et j’avais pu voir toute la colère qui était peinte sur son visage et dans ses yeux à mon égard. Cela s’était fait très rapidement avant qu’il ne change d’expression pour arborer celle que je lui connaissais. Il m’avait demandé ce qui se passait et je lui avais dit que je pensais avoir oublié quelque chose dans la voiture mais que finalement ce n’était pas si important. J’avais continué jusqu’à mon bureau et il avait fait de même. De là-bas, je m’étais mis à réfléchir car j’avais réalisé que c’était Lucrèce qui avait raison. Je me demandais ce que j’avais bien pu lui faire pour qu’il m’en veuille ? Je ne comprenais pas. En venant ici il y a deux ans, j’avais énormément d’appréhensions et j’étais assez réservé par rapport à mon intégration surtout à cause de la langue. J’avais été agréablement surpris de constater que l’une des conditions de recrutement ici au Ghana dans la société était le fait d’être bilingue, mes proches collaborateurs s’exprimaient en français même s’ils parlaient le plus clair du temps en anglais, mais Alex avait été le premier à se rapprocher de moi et avait en quelque sorte facilité mon insertion auprès des autres. Il avait tout fait pour me mettre à l’aise et m’avait permis d’élargir mes connaissances. De tous, il était le plus proche alors je ne comprenais pas. Depuis quand avait-il eu ce genre de ressentiment à mon égard ? Je n’avais pas de réponse alors j’avais simplement décidé de prendre des distances et rester uniquement professionnel avec lui mais aussi avec toutes les personnes que j’ai connues par son canal. Quand je repense à ce qu’il a dit sur moi à Lucrèce et le fait qu’elle m’ait dit qu’il a des vues sur elle, je me demande qui est véritablement l’individu qui est en face de moi.


Moi : Nous n’avons aucun problème, du moins pas à ma connaissance.

Alex : Dans ce cas, pourquoi ce retrait de ta part ?

Moi : Parce que je suis occupé dernièrement. Comme tu le sais, je ne suis plus tout seul donc mon temps est compté.

Alex : Je vois. Donc on se fait une sortie ce week-end ?

Moi : Ce ne sera pas possible, j’ai déjà des choses à faire.

Alex : (Après un moment) Ok. Et sinon madame, comment va-t-elle ?

Moi : (Me redressant et posant mon regard sur mon ordi) Elle va bien. 

Alex : Ok. Je vais retourner à mon poste. À plus tard.

Moi : Ok. 


Il s’est levé et est parti, j’ai soupiré longuement avant de reprendre mon boulot. 16h30, j’étais dans mon véhicule en route pour chez Mommy récupérer Lucrèce. Je la retrouve en train de rire au salon avec Johanna et les enfants.


Johanna : Deux fois de suite dans la même journée ? C’est un exploit monsieur MBAZOGHO. Et dire que l’on te croyait lourd. (Sourire en coin) À la vérité c’est qu’on n’avait pas percé ton centre d’intérêt.

Moi : (Souriant) Joha oublie moi pardon. 

Johanna : Ok. Je voulais juste te dire qu’avec Rebecca, nous avons décidé qu’elle viendra faire trois jours à la maison.

Moi : (Regardant la concernée avec insistance) Pardon ?


Elles ont toutes les deux éclaté de rire.


Johanna : (Riant) Rentre les gros yeux pardon, il ne faut pas sortir en vampire. 

Lucrèce : (Souriant) Elle te fait marcher.

Moi : Hum. Tu as fini ?

Lucrèce : Oui. On peut y aller.

Moi : Et Mommy ?

Lucrèce : Elle a un entretien avec des gens dans son bureau, je doute qu’elle puisse sortir tout de suite. De toutes les façons nous nous sommes déjà dit au revoir, je vais simplement l’appeler plus tard pour lui dire que je suis bien rentrée. 

Moi : Ok. (À Johanna) Il faut rentrer chez toi madame.

Johanna : Viens me faire sortir. 


On rit, je dis au revoir aux enfants et on s’en va. Dans le véhicule je lui demande.


Moi : Vous avez pu vous voir en privé ?

Lucrèce : Oui. 

Moi : Alors ?

Lucrèce : C’était bien. Nous avons parlé de beaucoup de choses et notamment de fornication.

Moi : (La regardant rapidement avant de regarder la route) Je vois.

Lucrèce : (Après un moment) Tu savais que c’était interdit par la Bible ?

Moi : Oui.

Lucrèce : Ah.


(Silence)


Lucrèce : (Reprenant la parole) Tu m’as dit n’avoir jamais couché avec Janaï, c’est ça ?

Moi : C’est exact.

Lucrèce : Tu as dit vouloir attendre le mariage pour le faire.

Moi : En effet.

Lucrèce : Pourtant en ce qui me concerne tu n’as jamais parlé de ça et tu as couché avec moi tout en sachant que c’était interdit. Est-ce parce que je n’avais pas connaissance de ces choses que tu l’as fait ou est-ce parce que je suis venue me donner à toi?

Moi : (Silence)

Lucrèce : Tu étais prêt à te priver avec elle pour faire les choses dans les normes mais avec moi, tu n’as fait preuve d’aucune hésitation. Ne suis-je pas quelqu’un pour qui l’on puisse attendre ?

Moi : (Silence)

Lucrèce : (Me regardant) Tu n’as rien à dire ?

Moi : Je ne veux pas avoir ce type de conversation au volant. Laisse-moi arriver à la maison et je te répondrai.

Lucrèce : Ok.


Elle n’a plus rien dit. Je me doutais bien en la laissant aller chez Mommy qu’elle lui parlerait de ce genre de choses, je connais le personnage et ce n’est pas la première fois qu’elle le fait avec les jeunes femmes ou des adolescentes qu’elle prend en entretien même si je ne m’attendais pas à ce qu’elle le fasse avec Lucrèce eu égard à ce qu’elle connaisse notre histoire. Mais bon, j’ai roulé jusqu’à la maison et nous sommes rentrés. Je suis allé me changer, j’ai pris une douche et je suis venu me poser au salon. Elle m’a remplacé à la douche et pendant ce temps, je discutais par messagerie avec Arsène d’une part qui prenait de mes nouvelles et Marwane d’autre part qui m’emmerdait comme à son habitude en me parlant de mon mariage. Ce dernier est un cousin qui vit en France, on s’est connu il y a trois ans dans des circonstances bizarres et nos débuts étaient assez particuliers. À cette époque, il était homosexuel, pas par choix mais à cause de la méchanceté des hommes. Il s’est avéré que lorsque nous nous étions vus pour la première fois, il avait eu des vues sur moi, je lui plaisais et sachant ces choses, j’avais développé une certaine barrière et une distance entre nous pour éviter qu’on en vienne aux mains. Mais depuis le temps, il a eu une délivrance avant d’aller en France suivre une thérapie et un encadrement spirituel. L’année dernière nous avons plus ou moins renoué et on s’écrit de temps en temps pour prendre des nouvelles, les choses sont claires entre nous maintenant même si pour m’emmerder il m’appelle toujours chouchou, nom qu’il m’avait donné dans un cadre où pour des questions de survie, j’avais dû me faire passer pour un gai. Aujourd’hui, il n’a pas fait d’exception. C’est quelqu’un de très taquin et j’ai fini par comprendre que c’était l’un des moyens qu’il utilisait pour ne pas s’apitoyer sur son sort.


-Marwane M : J’avais réussi à avoir une autorisation spéciale pour ton mariage et j’apprends que tu as annulé ? Pourquoi tu me fais ça ?

-Moi : Je ne savais pas que c’était avec toi que je me mariais.

-Marwane M : Avoue que tu aurais kiffé que ce soit avec moi que tu le fasses.

- Moi : Je crois que tes médocs n’ont plus aucun effet, il faut changer de doses.

-Marwane M : (Émoji qui rit) Laisse ça chouchou, toi et moi connaissons la vérité. Tu me kiffes de malade.

-Moi : Heureusement pour toi, tu suis déjà une thérapie sinon je t’aurais conseillé d’en suivre une. 

-Marwane M : (Émoji qui rit) Trop tard. 

-Marwane M : Mais plus sérieusement, pourquoi tu as annulé ton mariage ? Tu t’es rendu compte qu’elle ne t’intéressait pas ?

-Moi : Qu’est-ce que tu racontes ?

-Marwane M : Bah le fait que ta fiancée ne t’intéressait pas. Tu sais quand j’ai appris pour tes fiançailles, je me suis demandé pourquoi tu avais poussé le bouchon aussi loin.

-Moi : (Emoji qui arque un sourcil)

-Moi : Qu’est-ce qui t’a fait croire que Janaï ne m’intéressait pas ?

-Marwane M : Ça se voyait que tu n’étais pas heureux avec elle. 

-Marwane M : C’est toi qui m’a fait penser ça.

-Moi : Comment ça ?

-Marwane M : Franchement, un mec qui laisse sa meuf dévaler des marches d’escaliers au lieu de la rattraper ? Qui fait des choses comme ça ?

-Moi : Je te rappelle que la chose s’était passé très vite et je n’avais pas eu le temps de la rattraper.

-Marwane M : Pourtant tu l’avais fait avec la fille de ya Leslie.

-Moi : Elle était plus proche de moi que Janaï.

-Marwane M : C’est sûr…

-Moi : Qu’entends-tu par là ?

-Marwane M : On en reparle prochainement, ma séance est sur le point de commencer. Saches juste que tu me dois un voyage pour m’avoir privé de celui-ci. Bye. 


Je n’ai pas répondu et en même temps, Lucrèce sortait de la chambre. Elle a fait un tour en cuisine avant de revenir au salon.


Moi : (Posant mon téléphone sur la tablette ) Tu peux venir t’asseoir une minute ?


Elle s’est exécutée en s’asseyant en face de moi. On s’est regardé un moment puis j’ai pris la parole.


Moi : Tu m’as posé plusieurs questions dans la voiture tout à l’heure et je veux y répondre. (Après un court moment)Oui, je connais la fornication. Pour aller à l’église assez fréquemment, lire la Bible de temps à autre et avoir suivi des cours de préparation au mariage dans le cadre de mes fiançailles et même un peu plus tôt pendant le travail que nous faisions avec le reste de la famille, j’ai eu un enseignement à ce sujet. Oui j’ai été en couple avec Janaï pendant trois ans sans que nous ne franchissions cette étape et oui j’attendais le mariage pour le faire avec elle mais pas pour les raisons auxquelles tu penses. Ce ne sont pas les occasions qui m’ont manqué pour le faire et si je voulais coucher avec elle, sans prétention aucune, je l’aurais fait. 


J’ai fait une grande pause durant laquelle je l’ai regardée dans les yeux pour qu’elle essaie de me sonder pour analyser la véracité de mes propos comme elle a pour habitude de le faire.


Lucrèce : Dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir fait ?

Moi : Parce que je savais que le faire avec elle aurait créé des liens que je n’étais pas prêt à assumer.

Lucrèce : Mais tu étais prêt à l’épouser.

Moi : Toi mieux que quiconque sait pourquoi j’avais résolu de le faire.

Lucrèce : (Silence)

Moi : La raison pour laquelle je n’ai pas voulu toucher Janaï, c’est toi. C’est toi que je voulais Reb, c’est toi que j’aimais et c’est avec toi que je voulais le faire. Je ne vais pas te mentir Reb, j’ai failli coucher avec elle à deux reprises, ici même dans cette maison mais je n’ai pas pu aller jusqu’au bout parce qu’à ces moments là c’est à toi que je pensais. Elle ne me faisait pas ressentir la même excitation que je ressentais quand je te voyais et te touchais, ses caresses ne produisaient pas les mêmes effets et sa chaleur ne contentait pas mon corps. Tout était différent de ce que je vivais et ressentais avec toi Reb alors non, je ne l’ai pas fait. J’aurais très certainement couché avec elle dans le cadre du mariage mais je l’aurais fait par devoir et pas parce que j’en aurais eu envie. Alors oui, il m’était facile de ne pas forniquer avec Janaï en attendant le mariage parce que dans le fond Janaï ne m’a jamais intéressé, ce qui n’est pas le cas pour toi. Depuis la première fois que j’ai posé mes yeux sur toi, tu m’as fait perdre mes moyens. À cause de toi, j’ai jeûné, j’ai prié, j’ai pleuré, j’ai subi une délivrance, je me suis comporté comme un pré adolescent, j’ai mis ma famille en danger et je me suis battu avec quelqu’un d’autre. Me voici au Ghana Reb alors que j’étais censé être au Gabon, penses-tu vraiment que tu es une femme pour laquelle je ne puisse pas attendre ? J’ai couché avec toi Reb et si tu me demandes de le faire tout de suite avec toi, je le ferai sans doute parce que tu m’attires et tu mets mes sens en mouvement. Mais si tu décides de ne plus le faire, je respecterai ta décision et je ne te forcerai pas à le faire. Le sexe avec toi n’est que la conséquence de l’affection que j’éprouve pour toi, ce n'est pas ça qui m’attire inéluctablement vers toi. Si tu ne veux plus de sexe entre nous, dis le moi et on arrête. Tu veux une relation chaste, on aura une relation chaste, tu veux que je quitte la chambre, tu me le dis et je prendrai la deuxième chambre. Je n’ai jamais eu l’intention de profiter de ton ignorance des principes bibliques pour faire quoique ce soit avec toi, je te le jure. Si tu veux que l’on attende, on le fera Reb car pour toi, je suis prêt à tout. 


On s’est regardé pendant un moment avant qu’elle ne se déplace pour venir s’asseoir sur mes cuisses et poser sa tête sur ma poitrine.


Lucrèce : (Croisant ses doigts aux miens) Je ne voulais pas penser à mal, je voulais juste comprendre les raisons de tes actions. Je n’ai pas envie de ne plus avoir une intimité sexuelle avec toi, je ne veux pas non plus que tu changes de chambre. Tout ce que je veux c’est être une bonne femme pour toi. Je ne veux pas être celle qui t’oblige à renier tes principes.

Moi : Tu ne m’obliges à rien et tu es une bonne femme pour moi, je n’aurai pas pu trouver mieux que toi. 

Lucrèce : (Levant la tête pour me regarder) Moi aussi je n’aurai pas pu trouver mieux. J’aurais juste voulu être ta femme pour ne plus avoir à forniquer.

Moi : Dans ce cas faisons le.

Lucrèce : (Surprise) Hein ?

Moi : Épouse moi Lucrèce.

Lucrèce : (Silence)

Moi : Qu’est-ce que tu en dis ?

Lucrèce : T’es pas sérieux n’est-ce pas ?

Moi : Bien-sûr que si.


Elle s’est mise à rire pendant un moment.


Lucrèce : Tu es complètement fou MBAZOGHO.

Moi : Tu es ma folie MEFOUMANE.

On se regarde pendant un moment sans parler.

Lucrèce : C’est une vraie proposition ?

Moi : (La regardant)

Lucrèce : (Mettant ses deux mains devant ses yeux) Tu es complètement fou Loyi, complètement fou mais j’accepte ta demande (Me regardant) Je veux t’épouser…


L'AMOUR SUFFIT-IL ?1