CHAPITRE 25: JE SUIS PAPA
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 25 : JE SUIS PAPA.
**LOYD MBAZOGHO**
Nous venons d’arriver sur Libreville Marwane et moi et nous
sommes encore au pk8 là où il y a l’agence de transport. Nous avons récupéré
nos bagages et après avoir échangé quelques mots avec les dirigeants de la
structure, nous sommes sortis de là pour nous mettre sur la route.
Marwane : Tu viens à la maison où tu pars chez
toi ?
Moi : Je ne sais pas.
Marwane : Vu que tu ne comptes pas durer ici d’après
tes calculs, viens à la maison comme ça cela t’évitera toutes les tracasseries du
rangement et nettoyage.
Moi : Ok
Nous avons hélé un taxi qui s’est arrêté et après avoir fait
notre proposition qu’il a de suite accepté, nous sommes partis de là pour chez
lui où nous sommes arrivés 20 minutes plus tard.
Marwane : (Descendant du véhicule, au chauffeur) C’est
lui qui paie.
Moi : Par rapport à quoi ?
Marwane : Parce que tu es mon grand frère.
Moi : C’est quoi le rapport ?
Marwane : (Regardant le chauffeur) Mon frère, quand on
monte en voiture avec son aîné, est-ce que c’est le petit frère qui paie ?
Le chauffeur : (Souriant) Non, c’est le grand.
Marwane : (Attrapant son oreille en souriant) Tu as
entendu non ? Il faut payer.
Moi : (Sortant mon portefeuille) Tu es un vrai rigolo,
c’est moi qui te le dis.
Marwane : (Souriant davantage) Je suis à l’image de mon
grand frère. (S’adressant une fois de plus au chauffeur)N’est-ce pas ma
personne ? Nous nous ressemblons non ?
Moi : (Au chauffeur ) Si tu essaies de dire oui là je
ne te paie pas ton argent et tu vas te débrouiller avec ce fou.
Chauffeur : (Riant) Non chef, il n’y a aucune ressemble
entre vous deux.
Moi : (Lui tendant un billet de 5 milles) Tu as
intérêt.
Marwane : (Riant) Tu fais maintenant dans le trafic
d’influence, tu n’as même pas honte.
Moi : (Descendant du véhicule) Garde la monnaie.
Chauffeur : (Rangeant les deux milles qu’il devait me
remettre) Merci chef.
Marwane : (Souriant en regardant le chauffeur) Tu vois
maintenant pourquoi je voulais qu’il paie non ? Mon frère a un grand cœur
et il est très généreux.
Chauffeur : (Large sourire) Je vois ça en tout cas tu
as beaucoup de chance, ils ne sont pas nombreux. Merci encore chef et que Dieu
fructifie vos affaires.
Moi : (Esquissant un faible sourire) Amen.
J’ai fermé la portière avant de poser mon sac aux pieds de
Marwane.
Marwane : (Souriant)Tu fais quoi ?
Moi : (Le dépassant les mains en poche) J’ai quelqu’un
qui se vante partout d’être mon petit frère, il va porter mon bagage.
Le chauffeur et lui ont éclaté de rire.
Chauffeur : (Riant) Pour ça seulement vous avez raison,
c’est le petit frère qui soulève les affaires du grand.
Marwane : (Riant en se penchant sur la vitre de la
portière avant) Mon ami rend l’argent de mon frère, on est plus potes.
Ils ont davantage éclaté de rire avant de se saluer comme de
vieux amis puis le chauffeur est finalement parti. Marwane a pris nos deux sacs
et nous avons marché jusqu’à chez lui car ce n’était pas très loin, il reste à
Damas (quartier) dans un appartement très bien situé. Il est en location pour
le moment mais c’est par choix car il a une grande maison à lui du côté de
Rougier (quartier) mais il ne veut pas y vivre selon lui d’abord parce que
c’est loin, c’est la campagne et surtout c’est grand pour une seule personne.
Il a commencé la construction de cette maison alors qu’il était encore au Ghana
et l’a achevée quand il vivait son idylle avec Bless. Il ne l’a jamais
ouvertement dit mais je sais qu’il pensait y vivre avec elle si leur relation
aboutissait. Pour la décoration intérieure de la maison, il lui avait
d’ailleurs demandé son avis et ce qui lui ferait plaisir. Il avait aussi fait
plusieurs petits ajustements dans la maison selon ce que Blessing voulait mais
finalement il n’y a jamais vécu depuis 3 trois ans qu’elle est terminée et
partiellement meublée.
Nous sommes arrivés devant la maison et il a ouvert la
porte.
Marwane : (Se mettant sur le côté) Bienvenue chez moi
et à Libreville.
Moi : (Passant devant lui les mains toujours en poche)
Hum. Je ne suis plus habitué à vivre dans un espace aussi restreint.
Marwane : (Souriant) Ce n’est pas de ta faute, c’est la
mienne.
J’ai poursuivi ma route jusqu’au salon où je me suis assis. Il
m’a suivi après avoir fermé la porte et est parti dans les chambres poser nos
sacs. À son retour, il a ouvert les fenêtres et est venu s’asseoir en face de
moi.
Marwane : Tu vas d’abord te détendre un peu ou tu veux
maintenant l’appeler ?
Moi : (M’adossant sur le canapé) Je ne sais pas. Je
crois que je vais me reposer quelques heures et l’appeler autour de 17h-18h.
Marwane : Je partage cet avis. Dans tous les cas, je
vais prendre une douche, tu sais où sont tes affaires.
Moi : Ouais.
Il s’est levé et s’est rendu dans sa chambre, j’ai fait de
même en regagnant la deuxième où je me suis lavé et changé. J’ai enfilé une
culotte, un débardeur, un t-shirt et une babouche avant de rejoindre Marwane au
salon qui était vêtu dans le même style. Il a décapsulé une bière qu’il m’a
tendu en prenant la deuxième et nous sommes retournés nous asseoir sur le
canapé.
Marwane : Ça te fait quoi d’être de retour ici ?
Moi : Je ne suis pas de retour, je suis là uniquement
pour un passage éclair, demain à pareille heure je serai de retour chez moi.
Marwane : Hum.
Moi : Et je ne suis plus habitué aux bruits d’ici, je
préfère le calme de chez moi, Libreville est trop bruyante.
Marwane : Ça c’est sûr. En tout cas pour ton retour, je
préfère ne pas me prononcer car j’ai la conviction que ce n’est pas demain que
tu partiras.
Moi : Je vais rentrer demain.
Marwane : (Prenant une gorgée un sourire sur les
lèvres) On verra bien. Nous en reparlerons ce soir après que tu l’auras
rencontrée mais mon petit doigt me dit que ce n’est pas demain que tu le feras.
Moi : (M’adossant)Prend pas tes rêves pour des
réalités.
Marwane : Le seul et unique rêve que j’avais vient de
se réaliser, le reste n’est que détails.
Moi : (Le regardant) Et c’est quoi ce rêve ?
Marwane : (Souriant) Te ramener ici. Maintenant que
c’est fait, le reste n’est que détail.
Je l’ai regardé sans lui répondre en continuant à boire ma
bière. Il a changé de sujet et m’a demandé ce que je voulais manger. On a tous
les deux la flemme de préparer alors on a commandé et avons été livrés 45
minutes plus tard. On a mangé et nous sommes allés chacun nous coucher autour de
15h. C’était assez difficile mais j’ai pu fermer l’œil 2h de temps car j’étais
fatigué par le voyage et aussi la nuit que j’ai passé éveillé. Quand je me suis
réveillé, il était quasiment 18h. J’ai appelé Lucrèce pour lui proposer de nous
voir et après avoir raccroché la première fois, elle m’a rappelé pour me dire qu’elle
viendra ici avec Lucia. Cela m’a intrigué car je pensais que nous ne serions
que tous les deux mais après j’ai pensé que ce n’était pas plus mal, avec des
gens autour de nous, il n’y a aucun risque de rapprochement de ma part car à
vrai dire je n’ai aucune idée de comment je vais réagir quand je l’aurai en
face de moi. Je suis très anxieux mais j’essaie de me tenir.
Après cet appel, je fais un tour à la douche me soulager et
me rincer le visage puis je sors rejoindre Marwane qui manipule son téléphone
au salon. En écoutant mes pas, il tourne la tête dans ma direction.
Marwane : Ah, tu t’es finalement réveillé. Je me
demandais s’il fallait te déranger à cause de l’heure ou finalement te laisser
dormir car tu étais vraiment fatigué.
Moi : Je vois. (M’asseyant) Je me suis réveillé tout
seul et j’ai déjà appelé Lucrèce pour avoir sa position.
Marwane : Et que dit-elle ?
Moi : Elle est disponible pour que l’on se voit
maintenant.
Marwane : Où ?
Moi : Ici. Elle sera là d’une minutes à l’autre avec
Lucia et je lui ai dit que tu seras également présent. Elle a dit que ça
l’arrange.
Marwane : Ce n’était pas censé être une discussion
privée ?
Moi : (Bougeant les épaules) C’est ce que je croyais
mais après ce n’est pas plus mal que l’on ne soit pas que tous les deux, vous
pourriez tous les deux attester que nous n’avions rien fait de mal à cet
entretien pour éviter tout problème à l’avenir.
Marwane : Hum. En tout cas j’ai eu papa Mathurin tout à
l’heure et il demandait de le rappeler.
Moi : (Sortant mon téléphone de la poche) Il y a un
souci ?
Marwane : Je l’ignore.
J’ai manipulé et lancé l’appel sur son numéro, on m’a dit
que mon crédit était insuffisant sur mes deux sims. Au lieu de payer par mobile
money, j’ai préféré sortir pour aller mettre du crédit chez le boutiquier car
je voulais aussi marcher. Je l’ai fait et j’ai appelé à Lambaréné, il m’a dit
qu’en allant faire quelques courses que je lui ai dites de faire, il a eu un
petit souci avec la voiture et il l’a emmenée chez le mécanicien, rien de grave
mais il tenait à me le faire savoir. J’ai acquiescé et j’ai également fait un
transfert pour les frais de réparation qu’il a payé puis je suis revenu à la
maison où j’ai trouvé une voiture garée à côté de celle de Marwane, j’ai tout
de suite compris qu’elles étaient déjà là. Mon cœur a commencé à battre
rapidement dans ma poitrine et mon corps s’est mis à trembler légèrement. J’ai
joint mes deux mains devant ma bouche et j’ai soufflé grandement par la bouche
pour me redonner courage et contenance.
Moi : (Devant la porte) Calme toi Loyd, tout va bien se
passer. Vous allez simplement discuter et chacun retournera à sa vie
J’ai soufflé une fois de plus puis j’ai inséré la clé dans
la serrure, la porte était bloquée.
Marwane : (À l’intérieur) Attends je viens t’ouvrir, il
y a une clé derrière la porte.
J’ai retiré la clé et j’ai attendu. Il a ouvert et m’a
regardé avec le sourire sur les lèvres. Sans qu’il ne dise quoi que ce soit,
j’ai compris qu’il confirmait ce que je savais déjà. Il m’a tourné le dos et je
l’ai suivi en fermant la porte derrière moi.
Marwane : (Joyeux) Nous sommes là.
Elles ont toutes les deux tourné les têtes dans notre
direction et mon cœur a raté un battement quand mon regard a croisé celui de Lucrèce.
J’ai marqué un arrêt de plusieurs secondes durant lesquelles personne n'a dit
un mot.
Marwane : (Qui s’était avancé vers elle) Tu vas rester
là-bas ?
Moi : (Regardant toujours Lucrèce) Bien sûr que non.
Je me suis rapproché d’elles et à leur niveau elles se sont
levées.
Moi : Bonsoir.
Elles : Bonsoir.
Moi : Asseyez-vous (ce qu’elles font) J’étais chez le
boutiquier.
Lucia : Marwane nous l’a dit.
Moi : Ok.
Je me suis assis à côté de Marwane en regardant Lucia.
Moi : Je vois que ce fou s’est au moins occupé de vous.
Lucia : (Esquissant un faible sourire) Oui.
Marwane : (Souriant) Mais le gars là me prend même pour
qui ? Tu crois que je suis un sauvage qui ne sait pas accueillir des
invités ?
Moi : (Le regardant en souriant) En effet. C’est
exactement ce que je crois.
Marwane : (Riant) Je préfère ne pas te répondre à cause
des filles mais crois moi tu ne perds rien pour attendre.
Moi : (Souriant) Si au lieu de dire des conneries, tu
te rendais utile en m’apportant quelque chose à boire.
Marwane : Je suis ton travailleur ?
Moi : Non mais tu es mon petit frère et avec tout ce
que tu me coûtes comme dépenses, normalement tu mérites d’être mon esclave même.
Il prend un pouf et me le tape dans les côtes avant de se
lever et fuir.
Moi : (Regardant dans sa direction en riant) Tu as
intérêt à rester là-bas, vilain.
Marwane : (Riant) Le plus beau de cette famille c’est
moi.
Moi : (Souriant) Dans tes rêves.
Il a disparu derrière la porte de la cuisine et j’ai reporté
mon regard sur les filles qui assistaient à la scène un sourire sur les lèvres.
Moi : (Me raclant la gorge en redevenant sérieux)
Hum-hum. Je suis désolé pour cette scène.
Lucia : (Souriante) Ne t’inquiètes pas, ça ne nous a
pas dérangé. Et pour ma part je suis contente de voir que votre relation
amoureuse à tous les deux n’a souffert d’aucun trouble.
Moi : (Esquissant un faible sourire) J’ai tenté d’y
mettre un terme, mais malheureusement je me suis heurté à une fin de non recevoir,
il est collé à moi comme une seconde peau.
Elle sourit et Marwane revient s’asseoir avec nos boissons.
Marwane : (Souriant) S’il vous a dit que je le colle,
c’est un mensonge, qui est chez l’autre là et qui a l’air de coller qui ?
Moi : Ce n’est pas de ta faute.
Un petit silence s’est installé après ce moment qui a bien
détendu tout le monde et j’ai porté mon attention sur Lucrèce. Elle a paru
toute timide d’un coup et je pouvais voir qu’elle était stressée. Malgré tout
elle était magnifique et avait l’air d’aller bien.
Moi : (Après un moment) Tu disais vouloir me parler.
Lucrèce : (Voix fluette) Oui. (Se raclant la gorge)
Hum-hum. Désolée. Je disais oui.
Moi : Je t’écoute, de quoi s’agit-il ?
Elle a regardé Lucia
et a paru plus stresser que tout à l’heure, cela a commencé à m’inquiéter.
Lucia : Vas y Lucre.
Lucrèce : (Me regardant à nouveau) Je veux avant tout
que tu saches que si je l’ai fait, ce n’était pas contre toi ou pour te causer
du tort. Je voulais simplement essayer de ne plus créer des soucis autour de
nous à cause de tout ce qui s’était déjà passé après la découverte de notre
histoire.
Moi : (De plus en plus intrigué ) Que se
passe-t-il ?
Lucrèce : (Soupirant) Quand je suis partie du Gabon il
y a 3 ans pour la Belgique après la nuit que nous avons passée chez toi
(frottant sa main gauche contre sa cuisse de façon frénétique) j’ai découvert
que, que j’étais enceinte.
Mon cœur a raté un battement dans ma poitrine et j’ai froncé
les sourcils.
Lucrèce : (Poursuivant la voix tremblante) C’était,
c’était un mois après mon départ que j’ai fait un malaise et plus tard avec
tata Luce, que nous avons découvert cette grossesse.
Moi : (Avalant difficilement ma salive) Tu es en train
de me dire que j’ai un enfant avec toi ? Que je suis père depuis plus de 2
ans ?
Lucrèce :
(Petite voix) Oui.
Moi : (Me levant de façon brusque) C’est une
blague ?
Elles ont eu un mouvement de recul toutes les deux.
Lucrèce : (Tremblante) Je, je suis désolée Loyd.
Moi : (La regardant) Tu es sérieuse Lucrèce ?
Tu es vraiment sérieuse ?
Lucrèce :
(Silence)
Moi : Nous avons un enfant tous les deux et ce n’est
que maintenant que je l’apprends ?
Lucrèce :
(Hésitante) En fait, ce n’est pas un mais deux.
Moi : (Écarquillant les yeux) Pardon ?
Lucrèce : Nous avons deux enfants ensemble. Ce sont des
jumeaux.
Je la regarde et j’éclate nerveusement de rire en me passant
les deux mains sur la tête.
Moi : (Regardant Marwane en riant) Tu entends ça Mezui ?
(Touchant nerveusement ma poitrine) Je suis papa de deux enfants depuis plus de
deux ans maintenant. Tu t’en rends compte ?
Marwane : (Tout autant choqué que moi, silence)
Moi : (Regardant Lucrèce) 2 ans Lucrèce (Mettant mes 2
doigts devant elle) 2 ans ? (Ramassant mes clés et mes téléphones que
j’avais laissés sur la table) Il faut que je sorte d’ici, j’ai besoin d’air.
Lucia : Loyd écoute
Moi : (Levant ma main) Reste en dehors de ça Lucia.
Lucia : (Silence)
Moi : (À Marwane) Tes clés de voiture ?
Marwane : Sur le meuble à côté de la porte.
Je suis passé pour les prendre avant de sortir de la maison,
j’ai grimpé dans la voiture et j’ai démarré sans direction fixe en continuant à
rire nerveusement tout seul. J’ai roulé jusqu’à la plage d’Acaé où j’ai garé.
Je suis resté là en train de fixer le vide en me demandant comment elle avait
pu me faire une chose pareille ? Comment elle a pu me priver
volontairement de ce droit ? De connaître mes enfants ? Deux enfants ?
Je suis papa de deux enfants depuis des années et je n’en savais rien ?
Oui cette histoire était compliquée et nous avions dû arrêter à cause de ça
mais était ce une raison suffisante pour me cacher l’existence de mes
enfants ? On fait ça aux gens ?
Je suis resté là à me
poser toutes ces questions avant de me demander comment étaient-ils ?
Étaient-ce des filles ou des garçons ? À quoi ressemblaient-ils ? Qu’est-ce
qu’ils aimaient ? Quelles étaient leurs habitudes ? Et s’ils
cherchaient à me voir et me connaître ?
Moi : (Réalisant) Je suis père. Je suis père. Ô mon
Dieu ! Et moi qui croyais que cela n’allait jamais arriver. Donc ça
c’était déjà fait.
L’un de mes téléphones s’est mis à sonner et je l’ai regardé,
c’était Marwane. Ça fait plus d’une heure que je suis parti de la maison.
«Moi : (Décrochant) Oui Mezui? »
«Marwane : Ça fait maintenant un bon moment que tu es
parti, tu ne rentres pas ? »
«Moi : (Silence) »
«Marwane : Elles sont parties, reviens à la
maison pour qu’on en discute. »
«Moi : (Soupirant) J’arrive. »
J’ai coupé l’appel sans lui donner l’opportunité d’ajouter
quoique ce soit. J’ai démarré et je suis parti de là pour la maison.
Marwane : (Dès que j’ai passé la porte ) Je suis
rassuré de voir que tu n’as rien de casser.
Je me suis avancé et je suis venu m’asseoir lourdement sur
le canapé.
Marwane : (Me passant une bouteille de bière) Tiens.
Moi : (Regardant la bouteille avant de le regarder) C’est
comment avec les bières aujourd’hui ?
Marwane : (Toujours devant moi) Arrête de faire ton
intéressant et prends cette bouteille, je sais que tu en as besoin.
Moi : (Prenant la bouteille) Hum.
Il s’est assis à côté de moi avec sa bouteille en main.
Marwane : Ça va ?
Moi : Non. Ça ne va pas. Deux enfants, tu t’en rends
compte ?
Marwane : J’avoue que moi aussi ça m’a sidéré. Je ne
l’ai vraiment pas vu venir ce coup.
Moi : Et moi donc ? Ce matin encore j’étais un homme
sans aucune attache.
Il me lorgne.
Moi : Excepté toi bien-sûr.
Marwane : Merci.
Moi : Et ce soir j’apprends que je suis père, père de
jumeaux depuis plus de 2 ans. (Me passant la main sur le visage en regardant le
plafond) J’ai l’impression de rêver ou de vivre une caméra cachée.
Marwane : Je comprends. Je ne sais pas comment j’aurais
réagi si j’étais à ta place.
Moi : (Silence)
Marwane : Que comptes-tu faire maintenant ?
Moi : À vrai dire je l’ignore. Je n’ai pas encore eu le
temps de penser à la question. Il me faut d’abord faire asseoir cette idée que
je suis un père.
Marwane : Je vois. Mais s’il te plaît ne soit pas trop
dur avec elle. C’est vrai qu’elle a merdé mais elle s’en voulait vraiment pour
son acte et elle n’a pas arrêté de pleurer après ton départ.
Moi : (Après un moment) En tout cas.
Marwane : Et sinon, tu comptes encore partir demain
comme tu l’avais prévu ?
Il dit cette phrase un sourire sur les lèvres et le regard
moqueur.
Moi : Tu es un vrai rigolo.
Marwane : (Éclatant de rire) Je te pose une simple
question.
Moi : Et tu sais pourquoi.
Il continue de rire et je m’adosse sur le canapé en
continuant à boire ma bière.
Marwane : (Faisant de même un sourire sur les lèvres)
Loyi-Loyi, mon cher petit Loyi, tu n’es pas sorti de l’auberge avec cette
histoire qui vient de te tomber sur les bras.
Moi : (Silence)
Marwane : Dans tous les cas, des félicitations
s’imposent. Tu vas être papa et moi tonton, mes premiers vrais neveux après
ceux d’Olivia.
Je le regarde et bouge la tête sans rien dire. Il continue à
parler en me demandant si je les ai imaginés et ce à quoi je pense qu’ils
ressemblent. Je lui réponds que oui et que très certainement ils sont une
combinaison de nous deux. Ce sujet nous grignote une trentaine de minutes puis
je me retire dans ma chambre pour me soulager en laissant mes téléphones sur le
lit. À mon retour, je vois mon téléphone vibrer avant d’afficher la
notification d’un message WhatsApp . Je m’approche du téléphone et le saisis
pour voir qui c’est Lucrèce, le numéro n’est pas répertorié mais les premières
notes m’informent qu’il s’agit de Lucrèce.
-Inconnue : Bonsoir Loyd. Je sais que tu es fâché contre
moi à cause des enfants mais je te jure sur tout ce que j’ai de plus cher que
je ne voulais pas te faire du mal. Quand j’ai pris cette décision il y a trois
ans, je croyais que c’était la chose à faire pour éviter d’autres problèmes. J’ai
cru qu’une telle nouvelle aurait pu davantage fragiliser la santé de maman qui
n’était déjà pas au beau fixe. J’ai cru que cela aurait pu pousser les gens à
nous détester plus que ce que notre relation avait suscité en eux. J’avais peur
de perdre aussi cette grossesse comme j’avais perdu la première à cause de la
pression. Je n’étais pas sûre de ta réaction à l’annonce de mon état. J’ai
pensé que peut-être tu aurais réagi comme la première fois où tu m’avais dit
après la perte de notre bébé que c’était mieux ainsi car cela aurait été
embarrassant pour toi d’avoir un enfant avec moi et tu ne voulais aucun lien
avec moi, j’ai pensé que peut-être tu aurais rejeté cette grossesse et m’aurait
demandé d’y mettre un terme. D’un autre côté et c’était cela ma plus grande peur,
j’ai cru que peut-être tu aurais apprécié cette nouvelle au point de me
rejoindre à Bruxelles et que tu aurais été près de moi tout au long du
processus… J’avais peur d’une éventuelle proximité avec toi Loyd, notre rupture
était trop récente et je craignais de la balayer d’un revers de la main si nous
étions tous les deux au même endroit… Je sais, je n’aurais pas dû mais ce sont
ces raisons qui m’ont poussée à prendre une telle décision. Je te prie de trouver
en toi la force de me pardonner et crois moi je suis sincèrement désolée.
J’ai lu son message puis j’ai posé le téléphone après être
sorti de la conversation sans lui répondre. Je me suis assis sur le lit en pensant
au contenu de son message.
Marwane : (Toquant à ma porte) Loyd ?
Moi : Oui.
Marwane : Je nous ai commandé à manger, ça vient
d’arriver .
Moi : J’arrive.
J’ai soupiré et je suis sorti pour le rejoindre. Je suis
allé en cuisine me laver les mains puis nous nous sommes attablés en parlant du
fait que c’était dimanche demain et qu’on devait aller à l’église.
Moi : (Sans le regarder) Je ne viendrai pas là-bas et
tu sais pourquoi alors ne perds pas ton temps.
Marwane : Donc tu vas rester à la maison sans aller
rendre grâce et gloire à Dieu qui a fait de toi un père et moi un oncle ?
Moi : (Levant mon visage pour le regarder)
Marwane : Ça c’est quelle ingratitude avec toi ?
Moi : Mieux je ne te réponds pas Mezui.
Marwane : Mais tu ne peux pas me répondre, tu es
ingrat. Dieu souffre avec toi cadeau sincèrement. Avec tout ce qu’il fait pour
toi dans tes faux plans et tes actions foireuses, tu ne peux pas aller
correctement lui dire merci pour les deux enfants qu’il t’a donné et tu es là
pour te fâcher contre Lucrèce. Lucrèce au moins c’est toi hein, toi c’est Dieu.
J’ai terminé mon repas et mon verre d’eau avant de me lever
de table.
Moi : Bonne nuit.
Marwane : Il va où ? Et qui débarrasse ton
assiette ?
Moi : (Silence)
Marwane : (Dans mon dos) Tu as trop raison, c’est moi qui
ai mal fait de te donner à manger.
Je suis arrivé dans ma chambre et j’ai fermé la porte à clé.
J’ai refait un tour à la douche pour me brosser et j’ai fini par prendre une
douche même si je sais que c’est déconseillé juste après le repas. Je suis
revenu dans la chambre et j’ai fait le lit sur lequel je me suis couché. J’ai
regardé mon téléphone avant de le prendre. Je suis retourné sur WhatsApp et je
suis rentré répondre à Lucrèce.
-Moi : Je veux voir mes enfants.
-Inconnue : (Aussitôt) Ils ne sont pas à Libreville
pour le moment, ils sont partis hier en Ntoum avec les parents et rentreront demain
en après-midi.
-Moi : Quels parents ?
-Inconnue : Papa et maman.
-Moi : Je ne comprends pas.
-Inconnue : Les enfants sont avec maman Leslie et papa
Arsène Loyd, ils sont partis avec eux en Ntoum pour le week-end.
J’ai cligné des yeux plusieurs fois en lisant son message et
elle m’a envoyé une note vocale pour répondre aux questions qui se sont
soulevées dans mon esprit sans traverser mes lèvres ou dans le cadre de notre
conversation mes textes.
-Inconnue : (Note vocale) J’ai présenté les enfants aux
parents mardi et ils se sont attachés à eux au point de vouloir partir avec eux
ce week-end en Ntoum. Je n’y ai pas vu d’inconvénient car j’ai été contente que
malgré tout, ils ne rejettent pas les enfants. Ils vont rentrer demain en
après-midi et je te contacterai pour que tu puisses les voir.
-Moi : Ok.
J’avais encore énormément de questions à lui poser mais j’ai
décidé de ne pas le faire, du moins pas aujourd’hui. J’ai posé mon téléphone et
je suis resté à regarder le plafond. Mon téléphone s’est mis à vibrer deux fois
et je l’ai pris pour voir que Lucrèce venait de m’envoyer un message et une
photo des enfants.
-Inconnue : Je me dis que tu as certainement envie de
savoir à quoi ils ressemblent.
-Inconnue : (Photo) Les voici.
Mon cœur rate un battement et se met à cogner rapidement
dans ma poitrine. Je ramène ma main tremblante devant ma bouche quand je vois
l’image d’un petit garçon et une petite fille qui sont une réplique de moi et
de ya Leslie. Les larmes me montent rapidement aux yeux et finissent par couler
le long de mes joues.
Moi : Seigneur, j’ai vraiment des enfants. Je suis papa…