Chapitre 26
Ecrit par Annabelle Sara
Chapitre
26
C’était
la fin Pulchérie le savait, construire sur du sable était risqué, mais
construire en plus un château de carte était la plus grande bêtise qu’elle est
faite de sa vie. Elle n’aurait jamais dû imaginer qu’elle pourrait garder
éternellement le secret de son escapade à Bamenda pour elle. Ne pas en parler à
ses enfants. Maintenant, non seulement elle ne sera pas la seule à souffrir de
cette situation mais en plus elle avait provoqué le malheur dans sa famille
toute entière et cela risquait se répercuter et entrainer des dommages
démesurés si personne ne prend les devants et n’essaie de sauver la journée.
Elle
ne pouvait aller se coucher sans parler avec son fils, il était directement
concerné et il fallait qu’elle lui donne des explications, mais avant cela elle
avait un coup de fil à passer, un d’une importance capitale.
Après
le coup de fil qui fut très bref car elle avait été rassurante elle décida
d’aller trouver Ronald, elle s’était assurer à l’avance qu’il était bel et bien
dans la maison, Martine lui apprit qu’il était dans le bureau avec ses frères.
Le souffle court à l’idée d’affronter tous ces enfants à la fois elle se
dirigea vers le bureau de son défunt mari et s’apprêtait à frapper à la porte
lorsqu’elle entendit une voie fuser de la pièce, c’était Stéphane, elle tendit
l’oreille pour écouter…
« Je ne peux pas croire que tu essais de défendre maman… est-ce que tu te
rends comptes que si elle nous avait parlé de notre sœur tu ne serais pas dans
cette situation ? »
« C’est un fait mais je ne crois pas que si les intentions de Ju… de cette
femme avait été saines elle aurait fait un pareil scandale avec des révélations
aussi horribles sans penser à ce que cela aura comme impact sur moi ou même…
sur toi qui est son frère ! »
« Elle s’appelle Justine et c’est aussi ta sœur, à mon avis elle était
déboussolée… »
« Pourquoi ne veux-tu pas accepter que si elle est venue au départ ce
n’est pas pour tomber amoureuse ! Elle est venue pour se venger de cette
mauvaise mère qui l’a abandonnée de l’autre côté du pays en brisant le cœur de
son pauvre père… pourquoi ne veux-tu voir sa vraie nature… elle est
aigrie… »
Pulchérie
sut qu’elle devait intervenir avant que la conversation ne dérape et que le
bureau ne se transforme en ring de boxe.
« N’importe qui le serait si en plus de tous ce qu’elle a pu vivre elle se
retrouvait ici enceinte de son frère ! »
Le
silence se fit sentir dans la pièce tous avaient le regard figé sur elle, ils
ne s’attendaient surement pas à ce qu’elle se retrouve là. Car une chose que Pulchérie
ne savait pas faire c’était bien donner des explications sur ce qu’elle faisait
et ce quelque soit le degré de gravité des situations qu’elle engendrait.
« Elle est peut être aigrie chéri, ce n’est pas une raison pour que toi tu
le deviennes aussi Ronald ! », continua-t-elle avant de se diriger
vers le siège qu’occupait son mari et qui était devenu celui d’Etienne jusqu'à
ce qu’il s’en aille de la maison, l’absence de son beau-frère lui pesait
vraiment et c’est ce soir qu’elle s’en rendait compte.
Elle
s’installa et invita ses enfants à faire de même face à elle.
« Vous savez que j’ai horreur de donner des explications sur mes faits et
gestes, eh bien sachez que ce scandale ne va pas me changer… néanmoins je vais faire un bref résumé des
origines de Stéphane et de sa sœur Justine qui est aussi la votre… à Cassie et
toi Ronald ! »
Elle
inspira finalement elle savait maintenant ce qu’avait vécue ce mannequin
à qui le monde entier a demandé des comptes dernièrement.
« J’ai rencontré Theodore Atah il y’a trente-quatre ans, c’était un jeune
gars Bamenda qui tenait un restaurant snack avec un ami à lui, ils étaient venu
faire fortune à Yaoundé. Et moi je suis tombée amoureuse de cet homme,
j’adorais ses country potatoes, sa cuisine en général. Nous étions
jeunes, naïfs et follement amoureux l’un de l’autre… alors quand papa à appris
que je m’étais liée avec un Bamenda et que nous avions des projets tous les
deux, il ne le supporta pas et décida de me trouver un époux au plus vite. Mais
personne ne pouvait me conquérir je n’étais pas une jeune fille facile à vivre
et il faut dire que très peu d’homme supporte les femmes à forte tête… »
Elle
prit une pose car sa voix se coupa dans une toux et Cassie lui tendit un vers
de whisky pour la calmer.
« Merci chérie ! », fit-elle avant de boire une grande gorgée.
« Alors mon père qui avait remarqué que Samuel était le seul de notre
classe qui acceptait ma compagnie et qui en plus m’appréciait décida qu’il
m’épouserait moi, même si c’était votre tante Inès qui était à cette époque sa
petite amie. De plus la mère de Samuel, votre grand-mère qui était une vraie
harpie a trouvé que ce choix était le meilleur pour son fils. Je ne me suis pas
résolue à accepter ce dictat de la part de nos parents même si Samuel lui ne
s’y opposa pas tout en sachant qu’il brisait le cœur de ma sœur qui était folle
de lui. Ted et moi nous avions planifié une fugue et nous allions quitter Yaoundé
lorsque la veille mon père a fait un arrêt cardiaque qui a failli l’emporter.
Je ne pouvais pas partir pas en laissant mon père entre la vie et la mort et
encore moins après lui avoir promis de ne pas déshonorer son nom et de me
marier avec le fils Edang dès la semaine qui suivait pour qu’il puisse au moins
voir sa petite fille chérie convoler en juste noces… »
Les
larmes aux yeux elle poursuivit.
« Je peux être opiniâtre mais pas à ce point là… Ted le cœur brisé est
retourné à Bamenda… et moi je suis devenue Pulchérie Medou Edang sauf que …
j’étais enceinte de deux mois. »
« Et papa l’a su ? », s’enquit Cassie.
« Une chose que nous avons cultivé ton père et moi dès le premier jour
chérie, c’est la vérité, il savait qui était le père de mon fils qui d’ailleurs
dès sa naissance est devenu le sien. Et je l’ai aimé pour cela… du moins j’ai
appris à l’aimer et les trois premières années de notre mariage j’étais la
femme la plus heureuse en couple que vous auriez rencontré à Yaoundé… jusqu'à
votre naissance où… j’ai fait une crise post-partum, en clair je ne vous
supportais pas… chaque fois que je voyais vos deux visages qui me fixaient
j’avais des envies de meurtre et cela avait beaucoup meurtrit votre père, le
fait que je ne supportes pas mes enfants… ceux qui naissaient de notre amour.
Alors notre couple c’est éteint au fur et à mesure que je plongeais dans mon
dédain pour vous. Un matin je suis tombé sur une carte postale que m’avait
envoyée Ted et aussi instinctivement je fis ce que je paie aujourd’hui. Samuel
avait comprit ce matin là ce qui se passait dans ma tête, il arrivait toujours
à lire en moi, il m’interdit d’emmener son fils avec moi parce qu’il te
considérait comme son fils, son ainé. »
« Et tu es partie… »
« Je vous ai tous laissé derrière moi, sans aucun regret, j’ai retrouvé
Ted qui était étonné mais heureux de me voir faire ainsi irruption dans sa vie.
Je lui fit savoir ce que j’avais fait de ma vie et je lui ai parlé de toi, il
était heureux de savoir qu’il avait un fils et qu’il était bien traité par
celui qui était son père même s’il aurait préféré t’avoir pour lui tout seul.
Nous nous sommes retrouvé et de nouveau aimé passionnément et puis Justine est
venue au monde, elle était belle avec ses cheveux … Dieu merci tu n’as pas les mêmes mais vous
avez les mêmes traits et ce nez, ce superbe nez… nous nous aimions mais… parce
qu’il y’a un mais il ne faut pas cracher sur les promesses que l’on fait, le
plus important il ne faut pas mettre en doute les dogmes des anciens, nombreux
sont fondés. »
Pulchérie
prit un moment pour respirer.
« Avez-vous déjà vu un fils d’ici
survivre loin d’ici ? Je ne pouvais pas vivre avec ces gens au fil des
années leur habitudes me donnaient les nerfs, ça en devenait maladif. Tout cela
déteignait sur notre relation de plus je ne pouvais pas l’épouser et c’était
une épine dans notre lit. Je ne pouvais pas me résoudre à demander le divorce à
Samuel, mais je venais de faire huit ans loin de mon foyer et plusieurs choses
me manquaient, les fou-rires que nous avions, ses attentions, sa bonne humeur
continuelle et toutes ces choses que j’avais feint de ne pas voir lorsque
j’étais avec lui… et au moment où les faits me frappaient de plein fouet je ne
savais pas quoi faire. Ted m’aimait, Samuel m’avait aimé et je ne savais pas si
c’était encore le cas. Seulement moi mon cœur me demandait de rentré, de plus
mon fils me manquait… et ses jumeaux qu’étaient-ils devenus avec leurs immenses
sourires et leurs regards candides… »
« Alors tu es revenue… »
« Oui… Ted m’a maudit car je lui brisais à nouveau le cœur et m’arracha ma
fille comme je lui avais arraché son fils ! Il a dit que nous étions
quitte, je me souviens du regard de votre sœur quand elle me suivait du regard
en m’appelant pendant que je les quittais... Je suis rentrée… auprès de Samuel
et là j’ai su que tout était perdu, je ne pouvais plus retrouver mon mari je
l’avais quitté bien trop longtemps et il était fatigué de m’attendre, espérant
mon retour. Alors j’ai décidé de payer ma dette à la vie et aussi à vous mes
enfants j’ai décidé de rester avec l’homme que j’aimais mais qui lui
ne…m’aimais plus. Il m’avait tout donné, tout ce dont aurait pu rêver une femme
et moi je n’ai pas pût le lui rendre, alors j’ai décidé de rester à ses côtés…
je le lui devais ! Car le l’aimais ! Et je lui avais fais beaucoup
trop de mal… »
Ils
furent tous abasourdies de l’entendre parler ainsi, personne parmi eux n’aurait
imaginé les vrais sentiments de leur mère à l’égard de leur père. Stéphane
était complètement troublé par l’histoire de sa mère et les deux hommes de sa
vie qui étaient tous les deux ces pères.
« Il faut que tu parle avec… Justine il faut que vous mettiez toute cette
histoire au clair et que vous preniez une décision ensemble… ensuite je
voudrais que tu la ramène à la maison nous devons discuter toutes les
deux. »
« Je le ferais dès que possible ! », assura Ronald.
« Je sais que vous voudriez me poser des questions mais il faut que je me
repose… »
« Bien-sûr m’man, laisses moi t’aider ! », proposa Cassie en
tenant sa mère tandis que celle-ci essayait de se lever de son siège.
« Chéri, je crois que tu dois des excuses à une jeune femme… ne la laisse
pas s’endormir en ayant du ressentiment envers toi… », dit-elle à Stéphane
en passant devant lui. « Souhaites lui bonne nuit de ma part, tu
veux ? »
« Je le ferais maman, bonne nuit à toi ! », répondit-il en
l’embrassant sur la joue.
Une
fois seuls, les deux frères s’observèrent une minute, ils n’arrivaient pas
toujours à croire toutes ces choses que leur avait révélées leur mère.
« Elle l’aimait hein ? », s’enquit Ronald subjugué.
« Oui, à bien y réfléchir, elle adorait papa et je crois que lui aussi
seulement… »
« Il avait peur de la voir s’en aller à nouveau loin de lui, il avait peur
de souffrir ! Mon Dieu ça fait froid dans le dos d’imaginer que des gens
n’ont pas pu être heureux ensemble alors qu’ils s’aimaient aussi
fort ! »
« C’est la pire des choses qui puisse arriver à des âmes sœurs… il vaut
mieux que j’y aille ! Il y’a une femme en colère qui m’attend quelque
part. »
Victoire
fut très surprise en arrivant chez elle, pour commencer cette journée avait été
très rude pour elle et le pire c’est qu’elle venait de finir dans un immense
fiasco et que la seule chose qu’elle voulait à présent c’était s’endormir.
Alors arriver devant sa porte et tomber sur un homme qu’elle n’avait pas vu
depuis plus de deux ans cela la bouleversait profondément de plus que chaque
fois qu’il cherchait à la voir c’était pour une seule et unique raison…
« Alors combien dois-tu cette fois papa ? »,
fit-elle en lui tendant le verre de cognac qu’il lui avait demandé en entrant
dans la demeure de sa fille.
Jacques
Esso’o sourit en entendant le ton cynique que prenait sa fille en parlant de ses
dettes. En l’observant de plus près Victoire se demanda pour qu’elle raison
est-ce que les femmes se tuaient à toujours à tomber amoureuse du mauvais gars
uniquement parce qu’il avait une belle gueule.
« Je ne suis pas là pour ton argent ma puce et tu le sais je… t’avais
promis d’arrêter et tu vois… je l’ai fait! »
Ces
airs de repentis ne dupait pas le mannequin elle l’avait entendu dire cela tant
de fois et puis il se retrouvait la seconde qui suivait dans une situation
encore plus grave que la dernière. Lucas ne lui avait jamais fait confiance et
il était une des raisons pour lesquelles ils s’étaient éloignés l’un de
l’autre.
« Si je suis ici c’est à la demande de ta sœur, Ange ! »
En
entendant nommer sa sœur Victoire prit place et se concentra pour écouter ce
qu’avait à dire son père.
« Elle m’a fait part de vos dernier différents… elle me dit que tu l’as
renié à cause d’un homme, que tu l’aurais séduite sachant qu’elle
l’aimait ? Rassure moi ma fille, tu en as fait des choses, mais tu ne
serais pas allé aussi loin quand même ! »
Victoire
fut irritée par le ton de son père, ils essayaient de lui faire porter le
chapeau du méchant-loup, de la faire culpabiliser, mais elle en avait assez
donné et elle allait faire exactement ce qu’elle aurait due faire il y’a des
années lorsque Lucas le lui avait conseillé.
« De qu’elle droit viens tu chez moi pour me traiter de mauvaise
sœur… »
« Ce n’est pas ce que j’ai dit ! »
« C’est exactement ce que vous voulez me faire croire tous les deux, Angèle
et toi ! Pour ta gouverne je n’ai pas renié ma sœur elle m’a jeté hors de
chez elle en me traitant de trainée parce qu’elle à soit disant le béguin pour
un homme qui ne l’aime pas et qui me préfère moi à elle. D’ailleurs c’est un
peu de ta faute si je suis aussi belle tu n’avais qu’a être un peu plus présent
lors de ma conception comme tu l’as été pour celle de ma sœur. Alors vous ne
devriez vous en prendre qu’à vous-même Mr Esso’o. », lui cracha-t-elle au
visage, le reproche à peine voilé.
« Tu fais passer un homme avant ta sœur alors qu’elle à toujours été là
pour toi quand tu avais besoin d’elle… »
« C’est le monde à l’envers, ma parole ! Je suis celle qui a toujours
assistée tous les membres de cette famille. Lorsque tu ne pouvais payer ses
études ou même l’héberger je me suis occupée de ma petite sœur, et tu sais
comment elle m’a remercié, elle m’a mise à l’écart lorsqu’elle a rencontré
David et s’est mariée sans me convier ! Quand il est mort qui a
rappliqué ? Vicky… problème de facture que ce chère mari a laissé qui
paye… moi, qui la console lorsqu’elle a le cafard… encore moi, moi, moi, moi…
mais quand j’ai besoin de ma sœur alors que mon monde s’écroule ?
Pouf ! Il n’y a personne, je suis toute seule, seule avec mes doutes et
mes frayeurs… non il y’a une personne un homme qui m’épaule et croit en moi il
me soutient me comprend et le plus important m’aime et me veux malgré toutes
mes souillures… toi tu débarques trois ans sur trois pour me faire la leçon et
me demander de quitter cet homme pour les beaux yeux de ta fille
bien-aimée ? »
Elle
s’arrêta devant son père et lui sourit en lui tendant la main, signe qu’il
devait rendre son verre et surtout quitter les lieux.
« Je vous en ai assez donné de mon temps, de mes larmes et de mon bonheur,
il n’est pas question que je laisse cette chance me glisser entre les doigts…
même pas pour tous les parents du monde ! Si vous m’aimez vous allez me
laisser vivre ! »
Sans
plus de formalités elle raccompagna son père à la porte. Au moment où
elle ouvrait, ils tombèrent sur Stéphane qui s’apprêtait à sonner au portail.
« Oh hum salut… il faut que je te parle j’espère que je ne dérange
pas ? »
« Non ! Tu tombes bien mon père partait, au fait Mr Esso’o voici
l’homme pour qui nous nous battons ma sœur et moi, qu’est-ce que tu en penses
un beau morceau, non ? »
« Bonsoir Mr Esso’o, heureux de vous voir… », dit Stéphane en lui
tendant la main.
« Le plaisir est le mien à présent que je sais à qui je dois la déchirure
de ma famille ! », répondit ce dernier en serrant la main de Stéphane
avant de prendre congé de sa fille et de son compagnon.
Stéphane
suivit Victoire dans le bungalow un peu abasourdie par ce que venait de dire le
père du mannequin.
« Qu’est-ce qu’il voulait dire… »
« Oh n’écoutes pas ces inepties, comme s’il avait jamais eu une
famille… », déclara-t-elle en se servant un verre de cognac à son tour.
« Dis moi plutôt ce qui t’amène jusqu’ici à pareille heure ? »
« Sers moi un verre et peut être que j’aurais la force de te
raconter. », murmura-t-il en s’allongeant sur le divan de la pièce
principale.
Victoire
remarqua alors qu’il avait les traits tirés, il était visiblement lessivé par
toute cette histoire avec sa sœur, son frère et sa mère.
« Je
suis sure que tu n’as pas mangé ! », dit-elle en lui tendant un
verre. « Je vais plutôt nous préparer un bon risotto, j’en ai moi-même
grand besoin et ensuite tu me raconteras ce qui c’est passé, c’est
d’accord ? »
« Je ne cracherais pas sur un bon plat ! »
Alors
elle prépara le repas tandis qu’il se rafraichissait. Elle fit une salade avec
des laitues, des carottes, des avocats, une bonne salade riche en apport
calorique. Le risotto prêt elle alla chercher une bonne bouteille dans sa
réserve et fit la table. En remarquant que Stéphane n’était pas sorti pour la
rejoindre elle alla le chercher dans sa chambre. Il était allonger dans cet
immense lit mais il restait imposant dans la pièce très imposant. Elle
s’avança, à première vue on pourrait croire qu’il dormait mais non, il avait
les yeux grands ouverts.
« Elle l’aimait Vicky, elle l’aimait de tout son cœur ! »
Cette
phrase lâchée ainsi ne voulait absolument rien dire pour Victoire qui ne
comprenait pas de qui il parlait.
« Qui aimait qui ? »
« Ma mère aimait mon père… Elle avait
une obsession et une sensation de non achevé avec mon géniteur ! Mais elle
aimait Samuel Edang… Nous n’aurions jamais pu le deviner vu la vie qu’ils ont
vécu tous les deux ! »
Elle
l’observa une minute.
« Viens manger chéri, ça va refroidir ! », fit-elle en le tirant
par la main.
Sans
aucune résistance il la suivit. Ils dinèrent en silence chacun ruminant chacun
des moments clés de cette folle journée en écoutant le cliquetis des
fourchettes contre les assiettes en porcelaine. Après le diner il
s’installèrent sur le divan qui se trouvait sur la terrasse, Stéphane
s’allongea et posa sa tête sur les jambes de la jeune femme. Ainsi bercé par le
silence de la nuit, caressé par les doigts de Victoire dans ses cheveux il lui
relata l’histoire de sa mère. Elle l’écouta en silence et lorsqu’il eut fini
elle se décida à faire un commentaire.
« Ils se sont vraiment aimés, elle a décidé de revenir et lui l’a gardé
auprès de lui… qu’est-ce que c’est beau ! »
Stéphane
secoua vivement la tête en signe de négation et se releva.
« Je ne le souhaites pas même à mon pire ennemi de vivre près de celle
qu’il aime sans pouvoir l’atteindre, la toucher, lui faire l’amour, pire lui
dire qu’il l’aime… moi je n’ai aucune envie de vivre cela ! »
La
gravité du regard de Stéphane lui coupa le souffle. Et l’effraya en même temps.
« Je veux pouvoir toucher l’être aimé… la caressé en la regardant droit
dans les yeux dans une ambiance comme celle-ci… »
Il
prit le visage de Victoire dans ses mains et plongea son regard dans celui de
sa compagne, elle fut tout de suite aspirée par le tourbillon de ses yeux.
« … l’embrasser du bout des lèvres… »
Il
illustra ses paroles par un geste qui arracha un soupir de gourmandise à Victoire.
« … ou à besoin lui prouver mon désir pour elle… »
Il
prit ses lèvres dans un baiser fougueux qui traduisait d’une certaine manière le
besoin impérieux qu’il avait d’elle. Il accentua son baiser en l’attirant à lui
et en s’allongeant contre elle. Il entreprit d’explorer chaque parcelle
de son corps de goûter à chaque délices qu’il renfermait. Il lui enleva sa robe
et commença par savourer son corps du regard avant de le prendre d’assaut par
ses lèvres et ses mains.
Il
embrassa son cou en traçant des arabesques par lesquels il réécrivait
l’histoire de leur désir mutuel, pendant qu’il avançait sur ce terrain inconnu,
ses mains apprêtaient ce dernier en caressant, dénudant et en arrachant des
frissons au mannequin. Lorsque la bouche de Stéphane se posa sur l’auréole d’un
sein de Victoire, tandis que ses doigts titillaient l’autre, elle crut
défaillir. Même s’il la tenait fermement contre lui elle sentait qu’elle
s’enfonçait au fond d’un gouffre de sensations toutes aussi déroutantes
et délicieuses les unes que les autres, au fur et à mesure qu’il prenait
possession d’elle. Elle n’était plus rien d’autre que soupir et gémissement,
ondulant sous ce corps chaud afin d’en tirer le maximum de chaleur tout en le
provoquant et en répondant à ses assauts.
Quand
il alla jusqu'au cœur de son désir elle trembla de tout son être et s’agrippa à
ses épaules en le suppliant d’arrêter ou de ne pas au contraire. Stéphane était
comblé de la savoir aussi réceptive à ces caresses, il avait eu quelques
appréhensions à cause de l’expérience de sa compagne et sa réaction le
réconforta, l’enhardie et le poussa à aller plus loin, de lui en donner un peu
plus. Alors relevant la tête pour plonger ces yeux dans ceux de Victoire et en
remplaçant ses lèvres par ses doigts dans la chaire douce de sa compagne, la
poussant une bonne fois pour toute dans le gouffre du plaisir murmura :
« …et lui dire que je l’aime… »
Il
l’a pris dans ses bras tandis qu’elle se calmait doucement et il l’enveloppa
dans la chemise qu’elle avait réussi à déboutonner. Il la serra contre lui et
ils se regardèrent droit dans les yeux. La brume dans ceux de Victoire se
dissipa et elle lui sourit en passant une main dans ses cheveux et l’autre
autour de son cou.
« Je t’aime Victoire ! »
Le
cœur de Vicky fit un raté en l’entendant dire ces mots qu’elle avait tant
espéré. Elle l’embrassa doucement et lui répondit :
« Je t’aime Stéphane Medou ! »