Chapitre 26 : Envers et contre tous

Ecrit par Auby88

"Le véritable amour partagé ignore l'inquiétude, il sait sa force.

Jacques Chardonne ; Claire (1931)"


"Aimer donne la force de lutter, la force d’agir et de se dire que tout est possible.

Jean-Michel Adde ; La force d’aimer du livre "Paroles pour l’âme"


Sur les bords de la mer turquoise de Fidjrossè, nos nouveaux tourtereaux s'amusent à se courir après, leurs pieds nus plongés dans l'eau.

- Je n'en peux plus, Richmond. J'ai besoin de prendre une pause.

- D'accord. Viens. On va s'asseoir sur le sable.

Il lui prend la main, et sous une paillotte, ils vont s'étendre.

- La vue ici est magnifique !

- Oui, le bord de mer est mon endroit préféré. Parfois quand j'ai envie de composer sur mon saxophone, je viens me réfugier ici. D'ailleurs, j'ai trois surprises pour toi aujourd'hui !

- Un, deux, trois ! s'extasie Cica en comptant du bout de ses doigts.

- Oui.

- J'ai bien hâte de les voir. Déjà que je garde un bon souvenir des deux premiers cadeaux que tu m'as offert.

Il éclate de rire, se rémémorant la scène.

- Cette fois-ci aussi, tu ne seras pas déçue.

- Hmmm.

Ils se redressent. D'un sac posé derrière eux, il sort son saxophone.

- Voici ta première surprise : un hymne à l'amour, spécialement composé pour toi.

Avec attention, elle l'écoute. Fascinée, séduite, éblouie, elle est par tant d'attention envers elle. Quand il finit, elle l'applaudit et dépose une bise sur sa joue.

- Merci, mon coeur. J'ai adoré.

- Je suis ravi que cela t'ait plu.

- Je pense très bientôt​ me mettre à ton école, pour que tu m'apprennes les bases du saxophone.

- Pourquoi pas maintenant ?

- Vraiment !

- Oui, je m'y prêterai avec joie. Allez, viens t'asseoir ici.

Elle se lève et va se placer entre ses jambes. Il en profite pour lui faire des bisous dans le cou.

- Arrête Richmond. Là, tu triches !

Il s'exécute à contrecoeur, prend son saxophone. En l'entourant avec ses bras, il lui montre les doigtés de base du saxophone. Elle se laisse guider et souffle dans l'instrument. Il ne peut s'empêcher de rire. Elle en fait autant. Ils recommencent, elle s'y plaît. A nouveau, il lui dépose des bisous dans le cou. Elle sourit. Elle le laisse faire.

Il s'empare du saxophone et le dépose.

- Une petite pause s'impose, poursuit-il.

Elle ne s'y oppose pas. Etendus sur le sable et enlacés, ils se retrouvent à nouveau, s'embrassant passionnément. Elle adore se blottir tout contre lui, entendre les battements de son coeur. Sa présence la rassure et ses bras la réconfortent.

Etendus sur le sable, la tête de Cica posée sur le buste musclé de son homme, elle demeure.

Du sac, il parvient à retirer un coffret à bijoux.

- Voici ta deuxième surprise.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ouvre et tu verras.

Elle se redresse. A l'intérieur du coffret, se trouve un magnifique collier en argent, avec pour pendentif deux coeurs enlacés.

- C'est magnifique, Richmond, mais je ne peux l'accepter.

- Pourquoi ? s'étonne-t-il.

- Cela a dû te coûter une fortune ! Hors, je ne suis pas intéressée par les choses matérielles, encore moins celles si chères. Tout ce qui m'importe, c'est d'être avec toi.

- Je le sais, mais je tiens à ce que tu le portes ce soir. Dis-toi que ce bijou est un premier signe d'engagement entre nous. Et ce soir, nous nous montrerons en couple devant tous.

- D'accord, finit-elle par dire. Je l'accepte. Merci.

- J'en profiterai pour te présenter à ma mère.

- A ta mère ! Je crains qu'elle ne m'accepte pas, Richmond. Elle tient beaucoup à Sandra.

- Ma mère est peut-être dure d'apparence, mais elle reste préoccupée par le bonheur de Satine ainsi que du mien. Et c'est à tes côtés que je suis heureux. De toute façon, je suis assez grand pour faire mes propres choix. Es-tu rassurée ?

Elle hoche timidement la tête.

- Ce soir, je tiens à ce que tu sois la plus belle, comme lors de notre premier concert.

- Tu as honte de moi, c'est cela !

- Mais non, Cica ! Je t'ai toujours aimée comme tu es. Ce soir, nous nous montrerons officiellement en public pour la première fois, et je tiens à ce que tous contemplent la déesse que j'aurai à mes bras. Tu comprends.

- Je vois, mais tu sais que je ne suis autant riche comme toi, pour me permettre d'acheter de luxueux vêtements !

- Voyons, Cica ! Tout ce qui est à moi, est aussi à toi. Je te souffle que j'ai déjà tout arrangé avec Satine pour ce soir. Tu n'auras juste qu'à te laisser guider par elle. Je te le répète, je t'aime comme tu es. N'en doute jamais !

- Je n'en doute pas.

Il se redresse et lui dépose un bisou sur le front.

- A présent, il est temps de rentrer à la maison pour que je te montre ta troisième surprise.


Vers la maison, ils se dirigent, main dans la main. Dans la chambre d'amie, il la conduit pour qu'elle prenne une douche. Il insiste pour entrer avec elle, mais elle le repousse et ferme la porte à clé. Il reste quelques minutes sur le seuil, se marre puis va à sa chambre prendre une douche. Quand il finit, il la rejoint au salon. Elle l'attend sagement dans le canapé. Elle s'exclaffe en le voyant venir vers elle.

- Prends garde, Cica ! Prends garde !

Elle rit de plus belle, se lève, s'approche de lui et lui donne une bise sur la joue. Il l'attire contre lui. Elle s'imprègne de son parfum. Leurs lèvres se collent et s'entrouvent quelques secondes. Puis, elle se détache de lui.

- J'ai hâte de voir la troisième surprise.

Dans la cuisine, il l'emmène. Elle n'y comprend rien. Il la fait asseoir sur l'une des chaises de l'îlot central et lui apporte des magazines de musique et de mode.

- Je peux savoir ce qui se passe ?

Pour toute réponse, il met une toque et un tablier. L'esprit de Cica s'illumine enfin.

- Pour une surprise, c'en est vraiment une, Richmond. Je ne m'y attendais pas !

- Ok. Mais dès à présent, le silence est de rigueur dans cette pièce. J'ai besoin  de concentration.

- Oh ! fait-elle. Tu ne veux pas que je t'aide ?

- Non. Tu restes bien sagement là à feuilleter les revues.

- C'est compris, Chef !

Un léger sourire se dessine au coin des lèvres de Richmond...


A présent, il lui fait dos. Elle tourne les pages des magazines, et par moment, elle contemple le chef cuisinier devant elle. Il est occupé à préparer l'une de ces recettes exotiques dont lui seul connaît le secret...


- Ça y est, mademoiselle, vous pouvez venir goûter ! Il emploie un accent italien.

Elle s'approche et lui parle en usant de signes.

- Voyons, tu peux parler maintenant.

- C'est exquis ! dit-elle quand le délicieux mélange se pose sur son palais.

- Grazie ! Amore mio (Merci, mon amour ), répond-t-il en s'inclinant.

- Tu mérites un cadeau pour être si talentueux !

Elle lui enlève sa toque et l'embrasse.

- Tu me rends fou quand tu ris ainsi !

Il l'enlace. Elle sourit.

- Richmond, tu m'as promis d'être sage ! Là, j'ai faim !

Elle repart s'asseoir. Il secoue la tête, affiche un regard triste. Elle se moque de lui. Il enlève son tablier, met les couverts et prend siège en face d'elle.

- Tes pâtes sont un pur délice. Je découvre une facette de toi qui me plaît bien, cher cordon bleu !

- Et tu n'as pas à le dire ailleurs ! C'est un secret que seuls toi et mes amis du conservatoire de musique connaissent. J'avais l'habitude de les régaler.

- Je me demande quel autre talent caché, tu as encore.

- Suis-moi en haut et tu le sauras.

Il plonge son regard dans le sien.

- Je ne cèderai pas, sois sûr ! réplique-t-elle en avalant la dernière bouchée.

Elle se lève et se dirige vers l'évier.

Il revient vers elle, se colle tout contre elle et lui murmure des mots doux à l'oreille.

- Arrête, Ricky !

- Je suis sérieux, j'ai envie de toi !

Elle se dégage de son étreinte.

- Tu m'as promis d'être sage et d'apprendre à mieux nous connaître.

- D'accord. Mais j'espère que tu ne me feras pas attendre toute une éternité !

- Qui sait ! fait-elle en haussant les épaules.

Il secoue la tête.

- A présent, il faut que je file. On se voit ce soir.

- Tu me laisses ainsi, sans un dernier baiser ?

- Tu ne m'auras pas, Richmond !

Elle l'embrasse de loin.

- Attention, Cica ! À trop jouer avec le feu, tu finiras par te brûler ! Je t'aurais prévenue …



Quelques heures plus tard, dans une salle de réception d'un hôtel luxueux.

Richmond est debout, avec le vieux, Arsène et Samson. Par moment, il jette les yeux vers l'entrée de la salle. Près d'eux, un buffet composé de savoureux plaisirs pour le palais : bouchées, verrines, feuilletés, canapés …

Une femme à l'allure fatale, aux yeux maquillés en noir, portant une robe noire au décolleté encore plus vertigineux que d'habitude, s'avance vers eux. Des têtes se retournent sur son passage. Elle s'approche du groupe d'hommes.

- Bonsoir Richmond !

- Sandra ! Je suis content de te voir autant radieuse.

Samson ne peut s'empêcher de la dévorer du regard. Mais elle n'a d'yeux que pour Richmond.

- Oui, la vie continue ! réplique-t-elle. Tu es seul ce soir ?

- Non. Justement, ma cavalière vient d'arriver. Tu m'excuses, je vais l'accueillir.

Elle se retourne et manque s'effondrer. Elle n'en croit pas ses yeux. Elle quitte précipitamment le groupe d'hommes.


- Le vieux, tu vois ce que je vois ? s'enquiert Arsène.

- Je ne sais pas si l'on voit la même chose, mais ce que je vois ne me plaît pas !

Son regard s'assombrit.

- Moi, encore moins ! s'indigne Samson en son for intérieur !

Il va à la recherche de Sandra.


Cica, Satine et Richmond sont à l'entrée. Cica porte une longue robe rose pâle, ceinturée, avec bretelle au cou ornée de strass. A son cou, pendent les deux coeurs enlacés.

- Tu es splendide, mon amour ! Merci Satine.

Sur le front de Cica, Richmond dépose un baiser. Par la taille, il la tient. Ils avancent parmi les invités.


- Tous les regards sont rivés sur toi, Cica ! s'exclame Satine. Je vous laisse.

- Gare à celui qui osera te faire la cour ! prévient Richmond.

- Je suis plutôt stressée !

- Tu n'as pas à l'être, mon coeur. Je ne te lâcherai pas d'une minute. Il l'embrasse sur la joue. Elle est embarrassée.

- Richmond ! On nous regarde.

- C'est justement ce que je veux. Que tout le monde sache que tu n'es plus un coeur à prendre !

En levant la tête, elle aperçoit le vieux et Arsène. Elle se sent plus rassurée. Elle a bien hâte d'être près d'eux.


- Cica ! Je suis bien heureux de te revoir ! commence le vieux !

- Moi aussi, répond-t-elle.

- Je me trompe, ou vous deux formez un couple !

- C'est exact Arsène, répond Richmond en entourant Cica par derrière.

- Oui, nous sommes ensemble ! renchérit Cica.

- Félicitations au nouveau couple ! s'exclame Arsène.

- Le vieux, tu ne nous félicites pas ? demande Richmond.

- Non ! Je n'approuve pas cela !

Il s'en va. Cica se dégage de Richmond et suit l'homme dehors.


- Attends-moi, s'il te plaît !

Il s'arrête.

- Je pensais que mon bonheur te réjouirait.

- Oui, ton bonheur m'importe beaucoup, mais pas aux côtés de Richmond. Ce garçon n'est pas fait pour toi. Tu mérites beaucoup mieux !

- Mais c'est pour lui que mon cœur bat. Je n'y peux rien.

- Je le vois, et je ne peux m'empêcher d'être triste. C'est un garçon bien gentil certes, mais il ne sait pas aimer. Et puis, n'oublie pas qu'il est un coureur de jupons et qu'il y a des différences importantes entre vous.

- Je sais, mais je t'assure qu'il est un amour avec moi. Il est attentionné, doux, compréhensif et patient. Tu n'as pas à avoir de soucis. J'ai pleinement confiance en lui.

- Ne me dis que vous l'avez déjà fait !

- Fait quoi ? interroge-t-elle toute étonnée.

-  Faire crac-crac, balbutie-t-il. Tu vois ce que je veux dire.

- Ah ! Bien sûr que non, répond-t-elle en souriant. Cela fait à peine une semaine que nous sommes ensemble. Et je lui ai dit qu'on devait apprendre à mieux se connaître d'abord.

- Je ne pense pas qu'il résistera longtemps. C'est un homme habitué aux plaisirs de la chair.

- Peut-être, mais pour le moment, il ne me brusque pas.

- Quoi qu'il en soit, promets-moi que le moment venu, tu ne te donneras pas à lui sans protection. Je ne voudrais pas qu'il te laisse avec un enfant sur les bras.

- D'accord, j'ai compris. Mais Richmond est un amour. Il ne me fera jamais souffrir.

- Vous n'êtes qu'au début de votre relation. C'est normal qu'il soit ainsi. Mais quand les difficultés s'amèneront, il n'hésitera pas à t'abandonner.

- Je te le redis. J'ai confiance en lui.

- Je voudrais pouvoir te croire mais j'ai comme un mauvais pressentiment. Il te fera souffrir, Cica !

Il lui prend les mains. Elle réprime les larmes qui lui montent aux yeux.

- Je suis vraiment touchée par la manière dont tu te préoccupes pour moi, parce que je te considère comme mon père. Ta bénédiction compte beaucoup pour moi. Alors, plutôt que de me faire peur, tu devrais être content pour moi. J'ai pu reprendre le cours de ma vie, retrouver le sourire et la paix du coeur. Alors, je t'en supplie, fais semblant d'être heureux !

- Tu as raison. Viens !

Il sourit malgré lui. Elle se blottit contre lui. Le regard du vieux demeure triste.

- Désolé de devoir interrompre cette scène émouvante, mais je viens vous ravir cette magnifique créature, pour la présenter à ma mère.

A contre-coeur, le vieux laisse partir le couple. Il craint que l'intransigeante et hautaine Vanessa fasse du mal à Cica.


A l'intérieur de la salle. Richmond et Cica s'approchent de madame AKOWE.

- Maman ! Je te présente Cica, ma moitié.

- Bonsoir maman ! dit Cica avec plein d'enthousiasme.

En face d'elle, se trouve une femme d'un âge mûr, belle, coquette, à l'allure imposante, à la chevelure blonde et abondante telle une crinière de lionne.

- A mes yeux, tu n'as qu'une seule moitié, c'est Sandra ! Les autres ne valent rien. Et toi, petite opportuniste, je ne suis pas ta mère !

- Maman, je …

Elle n'écoute pas Richmond. Elle les laisse, en prenant soin de bousculer Cica qui manque de tomber. Richmond la rattrape.

- Elle ne m'aime pas, Richmond !

Ses yeux s'attristent.

- Ne fais pas attention à ce qu'elle dit. Elle est juste remontée contre moi parce qu'elle tient beaucoup à mon ex. Mais quand elle apprendra à te connaître, tu verras qu'elle changera d'avis.

- Je ne pense pas Ricky. Ses yeux étaient menaçants !

Elle repense aux propos du vieux.


Sandra les regarde depuis peu.

- Tu ne peux savoir à quel point ces deux-là m'énervent. Vois comment il la tient, comment il la regarde, comment il est attentionné avec elle. C'est moi qui devrait être avec lui et pas cette crève-la-faim !

- Sandra, calme-toi ! lui répond Samson. Pour le moment, on n'y peut rien. De toute façon, leur amourette ne durera pas longtemps. D'ici, on remarque que Vanessa ne voit pas cela d'un bon œil. Et la connaissant, elle fera tout pour y mettre un terme, sans même qu'on ait à lever le petit doigt.

Il ricane. Sandra ne tient plus en place.  Il essaie de la retenir mais elle le pousse et s'en va droit vers le couple. En chemin, elle prend une coupe de  champagne qu'elle vient renverser sur Cica.

- Tu n'es qu'une sale voleuse de mec !

Cica, surprise par le geste ne sait comment réagir.

Ils deviennent le centre d'attention.

- Sandra, qu'est-ce qui te prend ?  demande Richmond.

- Comment oses-tu t'afficher publiquement, sans honte avec cette opportuniste, Richmond ! Oui, ajoute-t-elle en criant, regardez-la bien tous. Elle joue à la fille modèle alors que ce n'est qu'une Marie-couche-toi-là !

- Je ne te permets pas de me parler de la sorte, tu entends, réplique Cica.

- Tu n'as aucun droit ici ! intervient Madame Vanessa.

- Tu es injuste maman ! riposte Richmond en tenant la main de Cica.

- J'exige que cette fauteuse de trouble sorte d'ici ! Elle vient de gâcher mon cocktail dînatoire.

- Tu sais très bien que c'est Sandra qui a commencé.

- Sandra est mon invitée. Pas cette malotrue !

- Assez, maman ! Si elle part, je pars aussi.

Il entraîne​ Cica derrière lui. Elle le suit, toute honteuse.

- Richmond, attends ! crie sa mère.

- Moi aussi, je pars, ajoute Satine. Tu m'as vraiment déçue, maman !

- Oh non, petite ingrate ! Toi, tu restes ici ! Je suis encore ta mère. Il faut qu'on ait une petite discussion parce que je suis sûre que tu y es pour beaucoup dans tout ce désordre.

Elle serre son bras.

- Lâche moi, maman.

Elle l'entraîne de force derrière elle.


Samson s'approche de Sandra.

- Tu n'aurais pas dû faire cela.

- Je te rappelle que je ne suis pas comme toi ! Tu aurais au moins pu me défendre. Tu es resté là, comme un niais sans rien dire.

- J'ai préféré rester neutre pour ne pas me dévoiler devant Richmond.


Au loin dans la salle.

- Tout cela ne sent pas bon, Arsène.

- Vraiment pas bon, le vieux. Je te le concède.


Quelque part à l'extérieur, sur la pelouse de l'hôtel.

- Tu es restée muette depuis tout à l'heure.

Cica soupire longuement.

- Je veux juste rentrer à l'orphelinat. C'est là-bas ma place. Ton monde n'est pas fait pour moi. Et peut-être que nous nous sommes trop précipités tous les deux, sans tenir compte des différences énormes entre nous !

Ses propos le vexent.

- Est-ce que tu essaies de me dire que nous devrions mettre un terme à notre relation parce que beaucoup de gens sont contre ?

Ses yeux s'emplissent de larmes.

-  Oui, Richmond. Il y a ta mère et la mienne qui ne voient pas notre relation d'un bon œil, le vieux qui ne te fait pas confiance et surtout Sandra qui m'accuse de vous avoir séparés. Je ne peux m'empêcher de me sentir coupable, face à elle.

- Tu n'y es pour rien dans notre séparation.

- Bien sûr que j'y suis pour beaucoup. Si tu ne m'avais pas rencontrée, si nous nous étions pas rapprochés, si tu n'étais pas intéressé à moi, vous seriez encore ensemble aujourd'hui, occupés a planifier votre cérémonie de mariage.

- C'est possible. Mais sache que plus rien n'allait entre elle et moi. Nous ne nous sommes jamais vraiment aimés. Regarde-moi, Cica.

Elle lève les yeux vers lui.

- C'est pour toi que mon coeur bat chaque jour. Mon monde, c'est toi. Tu me rends tellement heureux. Je sais que tout cela n'est pas facile pour toi, mais j'ai besoin que tu crois en moi, que tu crois en notre amour et que tu sois prête à le défendre contre vents et marées.

- Je ne suis autant forte que toi, Richmond ! Je ne sais pas si je tiendrai​ longtemps encore.

Il est quelque peu déçu.

- Cela fait à peine une semaine qu'on est ensemble, Cica ! Tu veux déjà qu'on rompt ? C'est vraiment ce que tu veux ?

Les larmes coulent sur le visage de Cica.

- Non, mais j'ai peur de souffrir à nouveau, peur que tu finisses par te lasser de moi, peur que notre entourage finisse par nous séparer.

- Jamais, Cica ! Personne ne s'interposera entre nous, je te le promets !

A l'aide d'un mouchoir en papier, il essuie ses larmes.

- Richmond, tu ne peux pas occulter le fait qu'on ne soit pas de la même catégorie sociale. Je n'ai rien à t'offrir, je n'ai pas de nom, pas de statut social. Je suis juste une pauvre orpheline que sa propre mère n'est même pas capable de reconnaître. Pendant que toi, tu es immensément riche, célèbre, fils d'une famille connue et …

Il l'embrasse.

- Richmond, je …

Il l'interrompt à nouveau.

- Cica, sache qu'avec toi, j'ai compris que ce qui fait de soi un riche, c'est plus ce qu'on est à l'intérieur que ce qu'on a à l'extérieur ! Les deux ensemble ne peuvent qu'être un mélange parfait, ce qui est notre cas. Disons que nous nous complétons au final et il n'y a plus d'inégalités entre nous. Nous sommes tous riches de quelque chose.

Il remarque une lueur d'espoir dans ses yeux.

- Et si l'on reconsidère le nombre de de gens pour ou contre notre relation, nous sommes plutôt favorisés. D'un côté il y a ma mère, ta mère, le vieux et mon ex qui n'approuvent pas notre relation. Mais de l'autre, il y a soeur Grâce, Arsène, Satine, Samson bien qu'il soit resté neutre pour ne heurter personne, ainsi que toi et moi. Soit six contre quatre. A nous la victoire !

Elle se surprend à sourire.

- Tu as toujours les mots pour m'arracher un sourire, même quand je suis au plus mal. Merci, mon coeur !

- Notre amour demeurera envers et contre tous !

Elle respire profondément, plus détendue et rassurée. A ses bras réconfortants, elle s'abandonne.








 













 























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