Chapitre 26 : Une famille, deux camps.
Ecrit par Dalyanabil
Chapitre 26 : Une famille, deux camps.
Farid
La décision de mon père a été sans appel, si je voulais l’approbation du souverain du Mandras ils devaient la rencontré.
« Je ne peux pas prendre le risque de l’amener jusqu’ici. »
Mon père balaie mon objection « ce n’est pas à ça que je pensais. »
Mon cœur à un raté « via Skype ? » je suggère hésitant.
« Quoi ? » s’exclame Ma, « il est hors de question que je rencontre ma potentielle belle-fille via ce truc. »
« On doit la voir, lui parler. » conclut Nana.
Mon père commencé à faire les cent pas pendant que je les observe plus perplexe que jamais, il ne me vient même pas à l’esprit qu’ils veulent faire le trajet tellement l’idée en elle-même me semble abracadabrante. Quand j’ai émis comme objection le fait que je ne pouvais pas prendre le risque de l’amener jusqu’au palais, il l’a balaye d’une main, m’a assuré qu’il se chargeait de tout avant de sortir de la pièce. Ma m’explique qu’il est allé donner des ordres car il va s’absenté pour quelques jours.
« Juste lui ? »
« Bien sûr que non, je veux aussi la rencontrer. » Affirme Nana.
« Vous allez vraiment vous absenter pour venir la rencontrer ? » je suis dubitatif.
« Oui » répondent-elles en cœur.
Nana me tends les bras, je vais m’assoir à ces pieds et pose ma tête suis elle. La pièce est faite de telle sorte qu’on n’a pas à prendre le café sur la table à manger si l’on décidé de prolonger le repas. Ce petit coin doté de deux grands canapés et un grand fauteuil, ont été le témoin de nombreux moment en famille. À nous trois nous avons vécu tellement de bons moments dans cette pièce, des disputes au dîner sur mes vadrouilles aux célébrations de tous mes accomplissements. Mes parents se sont toujours assurés de me célébrer en privé plus qu’ils ne le faisaient publiquement, il faut avouer que me protéger le plus possible de leurs ennemies, passait aussi par le fait de me donner la possibilité d’avoir une vie privée.
Quelques coups de fil c’est tout ce qu’il a fallu à Pa pour planifier leur absence. Il revient en nous annonçant qu’il vient d’organiser un voyage improvisé de cinq jours avec sa femme et Nana. Là encore j’ai objecté, laisse le royaume sans souverain même pour une période aussi courte me semble dangereux mais il me rassure. Je suis encore tellement sous le choc par leur décision que je ne sais pas toujours quoi dire.
Donc je repose encore la question en me redressant, mon regard passe à tour de rôle sur eux trois « donc vous rentrez avec moi sur l’île ? »
« Oui » Nana répond « et j’ai hâte. »
« Parle nous de cette A » mon père demande curieux.
Un peu perdu, ne comprenant pas bien sa question je prends quelques minutes pour lui donner une réponse « elle est une force de la nature. » J’affirme, « la manière dont elle s’occupe des jumeaux, de sa famille, de toutes les personnes qu’elle rencontre… » je marque une pause à court de mots. « Elle est juste phénoménale. »
La tristesse envahit le visage de Ma « donc ça serait difficile de lui prendre les jumeaux ? » Elle se tourne vers mon père « on pourrait perdre leur garde une fois qu’on aura prouvé qu’ils sont à nous. »
Les lèvres de Pa bougent mais mon esprit est trop embrumé pour réellement saisir ce qu’il dit, mon regard passe de l’un à l’autre. Tout doucement je me mets debout, l’afflux soudain de sang à mon cerveau quand il arrive enfin à comprendre ce que dit ma mère me donne une soudaine migraine et un goût de bile dans la bouche. C’est impossible que ce que ce que mes oreilles aient compris soient vrai. Parce que jamais les personnes qui m’ont élevé ne ferait ça, néanmoins juste pour être sûr parce que c’est clair que mon esprit doit me jouer des tours. « Vous allez prendre les enfants de A ? » Même à mes propres oreilles ma question sonne incroyablement incrédule.
« Ils sont à nous » répète ma mère apparemment surprise par ma question.
« À vous ? » je répète bêtement plus perdu que jamais pas leur affirmation, « ce sont ces enfants. »
« Ils sont de sang royal » dit mon père comme si cette affirmation à elle toute seule justifiait ce que ma mère venait de dire.
En les observant de plus près je me rends compte que pour eux oui, mais qu’avais-je fait ? Amsetou Mahmoud m’avait accueilli chez elle les bras ouverts, avec compassion, empathie et moi je venais juste de laisser entrer les loups dans la bergerie. Je me tourne vers ma mère « tu as l’intention d’utiliser ton pourvoir pour faire à une autre ce qu’on t’a fait ? » et toi je me tourne vers Nana « et toi tu vas laisser faire ? » Mon ton est accusateur et cinglant à souhait.
« Ils sont nos petits enfants, des membres de la famille royale du Mandras. » s’écrie ma père visible choqué par ma réaction.
L’affirmation de Pa fait remonter mon dîner dans ma gorge, je recule dans un coin de la pièce alors que mon cœur bat à un rythme fou, je recule en tenant l’une des chaises à portée de main. Quand mon regard se brouille et que le goût de bile devient de plus en plus prononcé dans ma bouche j’attrape un saut à glace sur la table pour y vider le contenu de mon estomac. Les trois se lèvent comme un seul homme alors que je le repose d’une main tremblante avant de me laisser tomber sur le sol.
« Farid. » Mon nom me parvient comme dans un ralenti, la première chose que je vois c’est le visage de ma mère suivie de la voix de Nana et de mon père leur inquiétude empli l’atmosphère autour de moi. Cependant le visage affable de A, les rires des jumeaux, l’innocence enfantine de Fadia, la camaraderie de Malick, les taquineries de May inondent mon esprit. Je me dégage de leur étreinte, fait quelques pas en essayant de calme ma respiration, de me reprendre, ils parlent tous en même pour savoir une chose : si je vais bien ? J’ai envie de criée que non, mon désarroi se transforme rapidement en rage.
Le regard planté dans celui de ma mère « tu vas faire à une mère ce qu’on t’a fait alors que contrairement à toi, elle n’a pas de mari ni de deuxième enfant vers qui se retourne. » Je la voir reculer à chacun de mes mots, « tu vas publiquement détruire la vie de cette femme qui n’est rien d’autre que la bonté personnifie, déraciner ces enfants pour les jeter dans ce nid de vipère. » je continue implacable « tu vas te transformer en monstre pour apaiser ta propre douleur ? »
« Tu veux nous faire la morale alors que tu as volontairement trompé cette famille. » demande mon père dédaigneusement. Son accusation tombe sur moi comme un coup de massue.
Son acuité me fait mal, alors quand fou de rage je réplique je ne mesure pas mes mots « pour retrouver tes enfants que tu as laissé à la merci de tes ennemis parce que tu étais trop naïf. »
« Farid » c’est un murmure de protestation de la part de Nana.
Mais je ne l’écoute pas « trop obsédé par le pouvoir, tellement que quand il a fallu choisir entre ta famille et le trône tu as hésité. » Peut-être parce son accusation de trahison est vrai, que je la ressens comme un coup bas je me sens en droit de continuer sur ma lance pleins de hargne « et aujourd’hui pour réparer tes erreurs tu vas devenir comme ces ordures ou peut-être as-tu toujours été comme eux. »
Je n’ai pas vu venir la gifle encore moins senti l’impact sur ma joue néanmoins la douleur est là, cuisante. La stupéfaction sur les visages de Nana et ma mère doit reflète la mienne, car jamais au grand jamais mon père n’a lève la main sur moi. Le choc de sa réaction à laisser Ma et Nana troublées, elle sont comme deux statues ayant trop peur de bouger par peur de déclenché un tsunami par inadvertance.
Devant moi se tient le souverain du royaume de Mandras, son altesse royale sérénissime, roi du royaume de Mandras Assam Zayn Seyf Al-Naser. Devant moi se tient le commandant en chef de l’armée, le leader politique. L’homme dont chaque ordre fait office de loi, personnellement je ne l’ai jamais rencontré malgré toutes mes bêtises au fil des ans j’ai toujours eu affaire à mon père mais apparemment aujourd’hui je vais faire sa connaissance.
De toute sa hauteur il tonne avec puissance, « il est temps que tu assumes tes responsabilité de prince héritier. » Il marque une légère pause avant de continuer « Nous t’avons beaucoup trop couvé ce qui t’as permis de croire que tu pouvais tout simplement oublié qui tu étais. Nous ne t’avons pas donner la possibilité de fréquenter les meilleurs établissements, toute la haute société du monde pour ne recevoir que ton ingratitude. »
J’ouvre la bouche pour parler mais un regard de sa part me clou sur place.
« À partir de demain tu vas assumer les responsabilités qui sont les tiennes en prenant la place qui te revient dans l’administration du royaume. Tu vas remplir tes obligations. »
Pendant tout le temps qu’a duré son speech j’ai eu l’impression de tout voir en différé, au fur et à mesure de ces mots la rage n’a cessé de bouillonner en moi « et si je refuse ? »
« Tu n’as pas le choix. TU ES LE FUTUR ROI du Mandras. » il crie presque, jamais je n’ai vu mon père perdre patience. Jamais.
Mon corps s’embrasse, par endroit je sens comme des piques de glaces s’enfoncent en moi, j’ai envie de crié parce que je me sens pris au piège mais aussi par pur esprit de contradiction. Je n’ose pas croisé le regard des deux femmes toujours dans la pièce ne disant rien pour me défendre. Je me redresse, fait ressorti mes épaules avant de lui donner une réponse « Alors tu ne me laisse pas d’autre choix. » Je marque une pause pour rassembler mon courage car je suis conscient qu’une fois prononcé ces mots changeront ma vie à tout jamais. Je ne pourrais pas les reprendre toutefois ne pas les dire reviendrait à être témoin d’une injustice en silence. Ne pas les dire impliquerait de ma de la complicité, de la trahison envers une famille que j’ai juré de protéger et d’unir. « Je renonce à ma place dans l’ordre de succession du trône du Royaume de Mandras. »
Mes paroles font l’effet de plusieurs éclairs s’abattant sur le palais tellement le cocktails d’émotions dans la pièce passant de la rage, la surprise à l’horreur me submergent. Cette fois je suis prêt à recevoir une autre gifle mais elle ne vient pas, les sanglots de ma mère m’apprenez qu’elle s’est jeté aux pieds de mon père en signe de supplique. Et le bras droit de Pa est retenue par Nana qui me regarde comme si elle ne me connaissait pas, le regard du souverain est hagard, vide de toute expression, il me regarde avec une telle douleur que j’ai envie de suivre l’exemple de ma mère en le suppliant de me pardonné mon égarement cependant je ne peux pas, A compté sur moi.
« Il en ai hors de question. » Mon père tonne, sa voix emplit tellement la pièce que je ne serais pas surpris que tout le château soit figé en ce moment même se demandant ce qui aurait bien pu provoquer une telle colère chez leur souverain.
Je dois pas fléchir, « demain je ferais publier un communiqué de presse pour annoncer ma décision au peuple. »
« Tu vas choisir cette femme au lieu de ta famille. » demande Nana tenant toujours le bras de son fils plus désorienté que jamais.
« C’est aussi ma famille. » J’aimerais lui en dire tellement plus pour qu’elle comprenne comment puis-je juste m’écarté et les laisser se détruire alors que mon frère n’est même pas là pour défendre les siens. Quel genre de frère serais-je ? Quel genre de fils/petit-fils laisse les siens commettre une telle injustice sans intervenir?
Je fais un pas en arrière, ensuite un autre et encore un autre et un autre jusqu’à avoir la poignée de la porte entre les mains, mon regard toujours dans celui de mon père à sa douleur se mêle la stupeur, à chacun de mes pas elle a grandir. Comme si son esprit n’arrivait pas à réaliser que j’avais dit ce que j’avais dit mais surtout par-dessus tout que j’étais en train de partir. Sur le seuil juste avant de sortir je me tourne vers eux pour leur rappeler que même avec la colère, même dans la discorde ils sont ma famille « j’ai promis de réunir cette famille, de me battre pour elle contre tous. J’ai promis de vous ramener vos enfants, de ramener le premier dans l’ordre de succession au trône et je n’ai pas l’intention de failli à cette promesse. »
Quand je sors de la pièce je ne prends pas une minute pour m’arrête, je cours directement dans ma chambre car je suis conscient qu’un seul coup de fil et mon père pourrait fermé les frontières du royaume et rendre mon départ plus compliqué que jamais. J’attrape mon sac non défait, change de chaussures avant de prendre la sortie secrète dans ma penderie. J’ai l’impression qu’il me faut plus temps pour finalement arrivé à l’endroit où ma voiture était garé. Avec la commande vocale, je réserve un billet en direction de la chine avec l’un de mes différents pseudonymes. Dans ma tête défilent toutes sortes de moyens pour protéger la famille de mon frère des miens, la première étape étant de maintenir l’emplacement de l’île secret. Je ne resterais pas les bras croisés sans rien faire pour protéger ma famille même contre elle-même.