Chapitre 27

Ecrit par Verdo

LA SACOCHE AUX SECRETS (ROMAN)


CHAPITRE 27 : FIN (Deuxième partie)


Ayélévi poussa la porte de l’auberge avec précaution, son cœur battant à tout rompre. Elle savait qu’Éthiam avait perdu plus que des biens matériels ; il avait perdu une partie de lui-même. Pourtant, elle ne s’attendait pas à le trouver dans cet état. Là, dans un coin sombre de la chambre, Éthiam était assis sur un vieux fauteuil, le regard fixe, comme pétrifié. Ses épaules affaissées trahissaient le poids d’une vie brisée.


Dès qu’elle le vit, Ayélévi se précipita vers lui. Elle s’agenouilla devant son mari, saisit son visage entre ses mains tremblantes, et plongea son regard dans le sien.


— Éthiam... murmura-t-elle, la voix brisée par l’émotion.


Il leva les yeux vers elle, mais ses pupilles semblaient vides, comme si son âme s’était évaporée. Ayélévi ne put retenir ses larmes. Elle se jeta dans ses bras, enfouissant son visage contre son torse.


— Je suis désolé, murmura-t-il d’une voix rauque. Désolé de t’avoir entraînée dans tout ça. Désolé pour tout le mal que j’ai fait.


Ils pleurèrent ensemble, les sanglots d’Ayélévi résonnant dans la petite chambre. Elle sentait le désespoir d’Éthiam, mais au fond d’elle, une force s’élevait, un instinct de survie qu’elle savait devoir partager avec lui.


Après un moment, elle se redressa légèrement, caressa sa joue, et tenta de lui parler avec douceur.


— Éthiam, écoute-moi. Ce que nous avons perdu... c’est dur, je le sais. Mais tant que nous sommes en vie, nous pouvons reconstruire. Nous partirons de zéro, ensemble. Je suis là pour toi. Tu ne manqueras de rien, je te le promets.


Éthiam baissa la tête, secouant légèrement les épaules, incapable de parler. Ayélévi lui prit la main et se leva.


— Viens. Cet endroit n’est pas fait pour toi.


Il se laissa guider, tel un enfant, jusqu’à la maison d’Ayélévi. La route fut silencieuse, mais chaque pas semblait un effort monumental pour Éthiam, qui peinait à accepter sa nouvelle réalité.


À leur arrivée, Ayélévi ouvrit la porte et l’invita à entrer. L’intérieur était modeste mais chaleureux, une maison qui portait la marque de l’amour et du soin qu’elle y avait apportés.


— C’est ici que tu resteras, déclara-t-elle en fermant la porte derrière eux. 


Il s’assit sur un fauteuil dans le salon, scrutant les lieux comme un étranger. Le contraste avec sa villa luxueuse à Avépozo était frappant. Chaque mur, chaque meuble semblait lui rappeler ce qu’il avait perdu.


— Je ne sais pas si je pourrais m’habituer à cette vie, Ayélévi, murmura-t-il.


Elle s’agenouilla à ses pieds et prit ses mains dans les siennes.


— Tu le peux, et tu le feras. Tu es plus fort que tu ne le crois. L’essentiel, c’est que tu sois en vie. Tout le reste, on le reconstruira ensemble.


Il hocha la tête sans grande conviction, mais le regard d’Ayélévi portait une détermination qui semblait illuminer la pièce.


Les jours qui suivirent furent un combat silencieux pour Éthiam. Habitué à la richesse et au respect, il devait maintenant apprendre à vivre modestement et à faire profil bas. Les regards des voisins, certains empreints de pitié, d’autres de mépris, étaient un rappel constant de sa chute.


Mais Ayélévi était toujours là, l’encourageant, le soutenant, et surtout, lui montrant que l’amour qu’elle avait pour lui était plus fort que toutes les pertes matérielles.


Un soir, alors qu’ils partageaient un repas simple, Ayélévi posa sa main sur celle d’Éthiam.


— Tu sais, tout ceci peut être une bénédiction déguisée, murmura-t-elle. Peut-être que c’est l’occasion de devenir un homme nouveau.


Il releva les yeux vers elle, et pour la première fois depuis des jours, un léger sourire apparut sur son visage.


— Tu as raison. On repartira de zéro. Ensemble.


Ce fut un moment fragile, mais rempli d’espoir. Pour Éthiam, la route serait longue, mais avec Ayélévi à ses côtés, il savait qu’il avait une chance de trouver une nouvelle vie, loin des ombres de son passé.


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Sika, vêtu de vêtements simples, errait dans les rues de Lomé, son regard perdu dans le vide. Le poids des derniers jours l’écrasait. Il n’avait plus de famille, plus d’espoir. Les rues qu’il connaissait si bien semblaient désormais hostiles, remplies de souvenirs douloureux. Chaque coin, chaque bâtiment lui rappelait ce qu’il avait perdu : son fils emporté par ce pacte avec les ancêtres de Fongbé-Zogbédzi, Sélinam qui l’avait chassé, et Martiella, lointaine et silencieuse depuis des lustres.


La nuit tombée, il s’assit sur un banc au bord de la lagune, fixant les reflets scintillants de la lune sur l’eau. Il n’avait nulle part où aller, personne à appeler. Les mots de Sélinam résonnaient encore dans son esprit comme un coup de poignard :

« Je ne veux plus jamais te voir. Ne t’approche plus de mes enfants. »


Les souvenirs de Sélinam le hantèrent. Il se rappela leurs moments de complicité, leurs projets d’avenir, avant que tout ne s’écroule sous le poids de ses choix et de sa lâcheté.


« Elle ne me pardonnera jamais, » pensa-t-il, son cœur lourd.


Ne trouvant aucune issue à son désespoir, Sika prit une décision : il devait fuir. Quitter Lomé, laisser derrière lui tout ce qui le rattachait à son passé. Avec ce qui lui restait de ses économies, il acheta un billet d’avion pour les États-Unis. Avant de partir, il se rendit à une banque et ouvrit un compte au nom des enfants de Sélinam, y déposant une grande partie de son argent.


« C’est tout ce que je peux faire pour eux maintenant, » murmura-t-il en signant les derniers documents.


À l’aéroport de Lomé, Sika patientait dans la salle d’embarquement, une petite valise à ses pieds. Lorsque son vol fut appelé, il se leva lentement, jetant un dernier regard à la ville qui l’avait vu naître et sombrer.


« Au revoir, Lomé, » dit-il dans un souffle. « Je ne reviendrai plus ici. »


Le vol fut long et silencieux. Sika évitait de croiser le regard des autres passagers, plongé dans ses pensées sombres. En atterrissant à New York, il fut submergé par l’agitation de la grande ville. Tout était si différent, si bruyant. Mais il avait un objectif précis : retrouver Martiella.


Sika prit un taxi pour se rendre à l’adresse qu’il avait soigneusement notée. En descendant devant une grande villa aux murs impeccablement blancs, il sentit une vague de nostalgie l’envahir. Il imagina Martiella et leurs enfants dans ce cadre idyllique, heureux et épanouis.


Il frappa à la porte avec hésitation. Une femme ouvrit, mais ce n’était pas Martiella.


— Bonjour, je peux vous aider ? demanda-t-elle avec un accent américain.


— Je cherche Martiella, répondit Sika, un tremblement dans la voix.


— Martiella ? Attendez un instant.


La femme s’éloigna, et quelques minutes plus tard, Martiella apparut. Elle était plus belle que jamais, vêtue d’une robe élégante, mais son regard changea dès qu’elle reconnut Sika.


— Que fais-tu ici ? demanda-t-elle sèchement.


— Martiella, je... Je suis venu te voir. Et voir nos enfants. Je veux me faire racheter. 


Elle eut un rire amer.


— Nos enfants ? Tu veux dire ceux que tu as abandonnés ?


Sika baissa les yeux, honteux.


— Je sais que j’ai fait des erreurs. Mais je suis là maintenant. Je veux réparer ce que j’ai brisé.


À cet instant, un homme grand et bien bâti entra dans le hall, les bras croisés.


— Quelqu’un a un problème ici ? demanda-t-il en fixant Sika.


— Non, chéri, répondit Martiella en s’approchant de lui.


Martiella posa une main possessive sur l’épaule de l’homme.


— Sika, je te présente Jonathan, le père de mes cinq enfants.


Sika sentit le sol se dérober sous ses pieds.


— Le père ? Mais... je suis leur père !


Martiella leva les yeux au ciel.


— Non, Sika. Tu as renoncé à ce rôle il y a longtemps. Jonathan est là pour eux depuis des années. Il est tout ce que tu n’as jamais été.


Sika ouvrit la bouche pour protester, mais aucun mot ne sortit. Il recula lentement, le cœur brisé.


— Pars, Sika. Tu n’as plus ta place ici, ajouta Martiella avant de refermer la porte.


Sika resta debout devant la maison pendant de longues minutes, incapable de bouger. Il n’avait plus rien, plus personne. Il marcha sans but dans les rues animées de New York, une valise à la main, ses pensées noyées dans le chaos de sa vie.


Il savait qu’il devait continuer à avancer, mais il ne savait plus pourquoi…


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Sélinam était assise dans le salon, essayant de distraire les deux bébés qui jouaient sur une couverture posée au sol. Depuis la disparition de son troisième bébé, elle avait fait de son mieux pour avancer. Mais l’ombre de ses erreurs continuait de planer au-dessus d’elle.


Son téléphone vibra, interrompant ses pensées. Elle décrocha sans regarder l’écran, pensant que c’était Nadine qui l’appelait pour donner des nouvelles.


— Madame Sélinam ? C’est le responsable de la banque centrale, au service gestion de comptes.


Elle fronça les sourcils, surprise.


— Oui, c’est bien moi. Que puis-je pour vous ?


— Nous avons une information importante à vous communiquer. Monsieur Sika a transféré la totalité de ses fonds sur un compte dédié aux noms de vos enfants. Nous avons besoin de votre présence pour compléter les formalités.


Sélinam resta figée, le téléphone collé à son oreille.


— Je... Je ne comprends pas. Pourquoi ferait-il une chose pareille ?


Le responsable marqua une pause avant de répondre.


— Il a précisé qu’il quittait le pays définitivement et voulait s’assurer que ses enfants soient pris en charge.


Sélinam, encore sous le choc, murmura un faible merci avant de raccrocher. Elle déposa lentement le téléphone sur la table, ses pensées tourbillonnant.


— Qui était-ce ? demanda la mère de Nadine en entrant dans la pièce.


Sélinam, visiblement troublée, lui raconta l’appel.


— Et qu’est-ce que tu comptes faire ?


Sélinam secoua la tête avec amertume.


— Rien. Je ne veux rien de cet homme. Pas son argent, pas ses excuses, rien !


La mère de Nadine la fixa longuement, puis s’assit à côté d’elle.


— Écoute-moi bien, Sélinam. Sika t’a causé beaucoup de tort, je ne le nie pas. Mais il reste le père de tes enfants. Ce qu’il a fait, c’est pour eux, pas pour toi. Refuser cet argent, c’est les priver d’une sécurité future.


Sélinam hésita, mais son cœur restait lourd de rancune.


— Il est parti, maman. Il m’a laissée seule avec tout ce chaos. Pourquoi devrait-il encore avoir une place dans ma vie ?


— Parce qu’il en a une, que tu le veuilles ou non. Pense à tes enfants.


Après une longue réflexion, Sélinam accepta à contrecœur d’aller à la banque, mais uniquement pour écouter ce que le responsable avait à dire.


Le lendemain matin, Sélinam entra dans le bâtiment imposant de la banque centrale. Chaque pas qu’elle faisait semblait alourdir son cœur. Elle fut guidée vers un bureau spacieux où l’attendait le responsable.


— Bonjour, Madame Sélinam. Merci d’être venue.


Elle hocha la tête, restant froide et distante.


— Je ne suis pas là pour accepter quoi que ce soit. Je veux juste comprendre pourquoi il a fait cela.


Le responsable sourit doucement, comme s’il comprenait ses réticences.


— Monsieur Sika a laissé une lettre pour vous. Il tenait à ce que vous la lisiez.


Il tendit une enveloppe scellée. Sélinam hésita avant de la prendre. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu’elle déchira le sceau et déplia la lettre.


Ma chère Sélinam,


Je sais que cette lettre est la dernière chose que tu veux recevoir de moi, mais c’est la seule manière que j’ai trouvée pour te parler une dernière fois. Je ne cherche ni pardon, ni réconciliation. Je veux seulement m’excuser pour tout ce que je t’ai fait subir. Mes choix, mes erreurs, ont détruit ta vie et celle de nos enfants. Je n’ai aucune excuse pour cela.


Je quitte ce pays parce que je sais que ma présence ne fait qu’aggraver les choses. Mais je ne pouvais partir sans laisser quelque chose à nos enfants. Cet argent est pour eux, pas pour moi, ni même pour toi. Utilise-le pour leur donner la vie que je n’ai pas su leur offrir.


Je t’en supplie, Sélinam, prends bien soin de nos deux bébés. Ils sont tout ce qu’il me reste, tout ce qui a encore un sens dans ma vie. Je n’attends rien de toi, mais sache que, où que je sois, je penserai toujours à eux... et à toi.


Sika.


Sélinam sentit les larmes couler sur ses joues malgré elle. Elle serra la lettre contre sa poitrine, incapable de parler. Le responsable la laissa seule un moment, respectant son silence.


En quittant la banque, Sélinam était toujours en conflit avec elle-même. Une part d’elle voulait refuser ce geste, mais une autre, plus rationnelle, savait qu’elle devait accepter. Pas pour elle, mais pour ses enfants, comme Sika l’avait écrit.


Ce jour-là, elle décida de faire ce qu’elle n’avait jamais imaginé : mettre de côté sa rancune pour penser à l’avenir. Pour ses enfants. Pour leur bien.


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La maison de la famille de Kodjo était en effervescence depuis des semaines. Les femmes du village et les proches de la famille avaient pris en charge les préparatifs de la cérémonie de dot et du mariage. Le bruit des mortiers résonnait dans la cour, des chants s’élevaient dans l’air tandis que des enfants couraient partout, remplis d’excitation.


Nadine, bien que dans son sixième mois de grossesse, rayonnait de bonheur. Sa mère, Selinam, était à ses côtés à chaque étape, s’assurant que tout était parfait. Elle veillait à la robe, au repas, aux décorations, et même aux moindres détails des invitations. Pour sa mère, ce mariage représentait plus qu’une simple union ; c’était un espoir renouvelé pour sa fille, une promesse d’un avenir meilleur malgré les épreuves passées.


Kodjo, fidèle à lui-même, faisait tout pour prouver qu’il méritait Nadine. Il avait insisté pour organiser la cérémonie au plus vite, ne voulant plus attendre pour faire d’elle sa femme, malgré les critiques de certains.


Le jour tant attendu arriva enfin. La cour de la maison de Kodjo était méconnaissable. Des tentes colorées avaient été dressées, des fleurs ornaient les tables, et une scène avait été aménagée pour les discours et les bénédictions. Les invités affluaient de partout, habillés de leurs plus beaux vêtements.


Nadine, vêtue d’un pagne traditionnel magnifiquement tissé, était assise dans une pièce à l’intérieur, entourée de sa mère et des tantes qui s’affairaient à lui donner les derniers conseils.


— Ma fille, aujourd’hui est un grand jour. Rappelle-toi que le mariage, ce n’est pas toujours facile, mais avec de l’amour, de la patience, et de la confiance, tout devient possible, murmura Selinam en ajustant la coiffe de sa fille.


Nadine sourit, les yeux brillants de larmes.


— Merci, maman. Je n’y serais jamais arrivée sans toi.


Elle l’embrassa sur le front avant de l’aider à se lever.


Lorsque Nadine fit son apparition dans la cour, un murmure d’admiration parcourut l’assemblée. Elle était splendide, et son sourire radieux illuminait les lieux. Kodjo, vêtu d’un boubou blanc immaculé, l’attendait près de l’autel improvisé, le regard plein d’émotion.


Les deux échangèrent leurs vœux devant leurs familles réunies. Kodjo prit la main de Nadine, la regardant dans les yeux.


— Nadine, tu es la lumière de ma vie. Aujourd’hui, je promets de te protéger, de t’aimer, et de te soutenir, peu importe les tempêtes que nous devrons traverser.


Les larmes coulèrent sur les joues de Nadine tandis qu’elle répondait d’une voix tremblante :


— Kodjo, tu as été mon roc, ma force quand tout semblait s’écrouler. Je promets de t’aimer, de te respecter, et de construire un avenir avec toi, pour nous et pour notre enfant.


Lorsque les alliances furent échangées, des acclamations éclatèrent dans l’assemblée. Les invités applaudissaient, certains lançaient des cris de joie, d’autres versaient des larmes d’émotion.


Selinam, debout parmi les invités, regardait la scène avec un mélange de fierté et de tristesse. Au fond d’elle, une petite voix chuchotait : Et toi ? Quand connaîtras-tu à nouveau le bonheur ? Si et seulement si tu n'avais pas quitté Kodjo! 


Elle détourna le regard un instant, refoulant une larme. L’image de Sika traversa son esprit. Malgré tout ce qu’il avait fait, elle ne pouvait ignorer qu’il avait laissé un vide dans sa vie. Mais elle chassa rapidement cette pensée. Ce jour était pour Nadine, pas pour ses regrets personnels.


Après la cérémonie, la fête battit son plein. Les invités dansaient au rythme des tambours, tandis que les femmes servaient des plats traditionnels en abondance. Les cadeaux s’amoncelaient sur une table dédiée : tissus, ustensiles, chèques, et même une chèvre offerte par un vieil oncle.


Kodjo et Nadine, désormais mari et femme, ouvraient le bal. Nadine, malgré son ventre arrondi, dansait avec grâce, et Kodjo ne la quittait pas des yeux, comme si elle était le seul être présent.


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Marie était allongée dans son lit d’hôpital, ses yeux fixant le plafond blanc. Depuis des mois, elle était prisonnière de son propre corps, incapable de bouger. Seule sa tête répondait encore, un maigre vestige de ce qu’elle était autrefois. Chaque jour, elle se battait, espérant un miracle, quelque chose qui lui permettrait de retrouver sa vie d’avant.


Un matin, alors que la lumière du soleil traversait les rideaux de la fenêtre, Marie sentit une étrange sensation dans sa gorge. Elle essaya de murmurer un mot. Un faible son sortit.


— Am... Amavi...


Sa voix était rauque, à peine audible, mais elle était là. L’infirmière, qui venait juste d’entrer dans la chambre, s’arrêta net.


— Marie ? Tu as parlé ?


Marie tenta à nouveau, plus fort cette fois.


— Amavi...


Des larmes jaillirent des yeux de l’infirmière qui se précipita pour appeler le médecin. Quelques minutes plus tard, une équipe médicale était autour de Marie, la félicitant pour cette première victoire. Ce fut un moment émouvant, une lueur d’espoir dans ce long tunnel d’incertitude.


Les jours qui suivirent furent marqués par des progrès constants. Marie, bien que paralysée, retrouvait petit à petit sa voix. Elle pouvait articuler des phrases courtes, puis de plus longues. Ses paroles, d’abord hésitantes, devenaient de plus en plus claires.


Amavi, sa fidèle amie, était à ses côtés, l’encourageant chaque jour.


— Marie, tu es forte. Regarde tout ce que tu as traversé ! Si tu as retrouvé ta voix, alors je suis sûre que d’autres miracles t’attendent, lui disait-elle en lui caressant les cheveux.


Marie, les larmes aux yeux, répondait :


— Merci, Amavi. Merci de ne jamais m’avoir abandonnée.


Cependant, son corps, lui, restait immobile. Les médecins, après plusieurs examens, conclurent qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour sa paralysie. Ce fut un coup dur pour Marie, mais elle ne se laissa pas abattre.


— J’ai ma voix. C’est déjà un cadeau. Je vais apprendre à vivre autrement, déclara-t-elle un jour à Amavi.


Quelques semaines plus tard, les médecins prirent la décision de libérer Marie de l’hôpital. Elle ne nécessitait plus de soins intensifs et pouvait continuer sa rééducation et sa vie chez elle.


Amavi était là pour l’accompagner. Elle avait tout préparé : une chambre spécialement aménagée pour Marie, un fauteuil roulant, et une aide à domicile pour les tâches lourdes.


— Je suis prête à tout pour toi, Marie. Tu es ma sœur, ma famille, lui dit Amavi avec un sourire réconfortant.


Marie, émue, répondit doucement :


— Tu es un ange, Amavi. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi.


Lorsqu’elles arrivèrent à la maison, Amavi poussa le fauteuil roulant de Marie jusqu’à sa chambre. Les murs étaient décorés de photos de leur amitié, des souvenirs heureux d’un temps où tout était encore normal.


— Tu es chez toi, ma chère, dit Amavi en ouvrant les rideaux pour laisser entrer la lumière.


Marie sentit une vague d’émotions l’envahir. Être chez elle, malgré sa condition, lui donnait un sentiment de réconfort.


Les premiers jours furent difficiles. Marie devait s’adapter à sa nouvelle réalité. Elle dépendait d’Amavi pour presque tout, mais elle refusait de se laisser abattre. Elle utilisait sa voix retrouvée pour exprimer ses pensées, pour rire avec Amavi, et même pour chanter parfois.


Un soir, alors qu’Amavi préparait le dîner, Marie lui dit d’une voix douce :


— Amavi, je crois que Dieu m’a laissé en vie pour une raison. Peut-être que ma voix peut encore servir à quelque chose.


— Bien sûr, Marie. Tu as une histoire à raconter, et je serai là pour t’aider à la partager, répondit Amavi avec conviction.


Ce fut un moment déterminant pour Marie. Elle décida qu’elle ne laisserait pas sa condition définir qui elle était. Elle commença à écrire, dictant ses pensées à Amavi, qui les transcrivait avec soin.


Petit à petit, Marie retrouvait un sens à sa vie. Bien que son corps soit paralysé, son esprit et sa voix étaient plus vivants que jamais. Amavi, fidèle à elle-même, restait son pilier, la soutenant dans chaque étape de cette nouvelle aventure.


Marie, bien que brisée physiquement, avait trouvé une force intérieure qui l’élevait au-delà des limites de son corps. Elle était déterminée à vivre pleinement, à sa manière.


À suivre…


Écrit par Koffi Olivier HONSOU, Prix des jeunes écritures PJE AUF 2019. 


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La sacoche aux secre...