Chapitre 27
Ecrit par Auby88
Aurore AMOUSSOU
Je m'applique, du mieux que je le peux, à déposer des bisous sur la peau de Femi. Je le fais avec douceur, sans me presser comme si je prenais divers clichés photographiques de son corps.
Ensuite, je descends mes lèvres plus bas pour lui offrir une belle gâterie qu'il n'est pas prêt d'oublier. Je goûte et regoûte son "bonbon d'amour" avec passion, comme les bonbons à la menthe que j'adore. (Sourire)
Par moments, je souffle doucement là-dessus, ce qui ne manque pas de lui arracher des gémissements rauques. Je le malmène tout en lui jetant par moments des regards coquins. Ce n'est que quand je le sens sur le point de lâcher prise, que je le laisse souffler. J'attends qu'il reprenne ses esprits avant d'entamer la prochaine phase...
Avec son aide, je m'assois au-dessus de lui en position andromaque. Je l'ai déjà prévenu que ce soir, c'est mon tour de m'occuper de lui. Il pose ses mains autour de mes hanches et m'aide à mouvoir autour de son membre bien érigé. Je me concentre au maximum sur ses gémissements, notant les moments où ils sont plus importants. Ce soir, je n'ai nulle autre envie que de lui donner du plaisir.
- Aurore, tu sembles déchaînée, ce soir !
Je souris.
- As-tu déjà entendu l'adage "faire l'amour comme si c'était la dernière fois" ?. Et bien, c'est que je fais ce soir. Et je vois que tu adores !
- Tu ne peux savoir à quel point, ma toute belle. Mais à présent, je veux m'occuper de toi et t'entendre crier mon prénom. Et ne me parle surtout pas des voisins. Je me fiche d'eux !
- Non ! Je ne …
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Il me fait culbuter sous lui et s'introduit en moi très profondément, d'un coup sec, m'arrachant un long gémissement. Il s'y meut quelques secondes avant de s'immobiliser. J'essaie de reprendre mes esprits.
- Femi, je te… jure que tu vas me le payer ! dis-je en souriant.
Il essaie de m'embrasser mais je détourne mon visage en riant. Il parvient finalement à m'embrasser. Je réponds à son baiser. Il reprend ses mouvements en alternant lenteur et douceur. Je murmure son prénom à n'en plus finir, surtout quand il empoigne mes tétons.
- Tu es fou, Femi !
- Je prends juste ma revanche !
Je suis prise d'un fou rire étrange. Il me suit dans mon délire...
Il se dégage de moi pour prendre une protection, mais je l'en empêche.
- Pas cette fois-ci, mon cœur. Je te veux tout entier.
- Est-ce que cela signifie que tu envisages l'idée de tomber enceinte de moi ?
- Pas exactement. Disons plutôt que je ne suis pas en mauvaise posture actuellement.
- Mauvaise posture !
- Oui, je ne suis pas dans une période à risque de mon cycle.
- Tu en es bien sûre ?
- Bien sûr que oui. Alors, tu es partant pour une envolée sans limites ?
- Avec plaisir, ma princesse.
Nous nous embrassons puis nous reprenons là où nous nous étions arrêtés...
* *
*
Femi dort à présent. Il était complètement épuisé, tellement sa jouissance était à son plus haut niveau. Et moi, j'ai adoré l'avoir en moi sans barrière. Le plaisir que j'ai ressenti était plus intense que d'habitude.
Femi ! Il dort, moi non. Je le contemple encore et encore, comme pour graver l'image de son corps nu dans ma mémoire. Parce que c'est certainement la dernière fois que j'aurai son corps nu si près de moi ou même en moi.
Je soupire tandis que des larmes coulent en continu de mes yeux.
Femi, l'amour de la vie, un homme exceptionnel que j'ai eu la chance de rencontrer. Je remercie Dieu de m'avoir accordé ces moments de bonheur avec lui. Mais aussi difficile que c'est, j'ai fait mon choix : celui de le laisser continuer sa vie … sans moi, celui de continuer ma vie … sans lui.
J'ai passé toute ma nuit précédente à cogiter là-dessus. Et j'ai pris ma décision.
Pourquoi ai-je subitement changé d'avis ? Pourquoi, alors que nous filions le parfait amour ?
C'est parce qu'un événement imprévu s'est produit et m'a fait reconsidérer les choses avec lui. Hier, pendant notre visite chez sa mère, j'ai surpris leur conversation à mon sujet. C'était par pur hasard. J'étais seule au salon quand le téléphone de Femi s'est mis à sonner. En voyant le numéro du directeur d'école, je me suis dit que ce devait être important. Je me suis donc aventurée vers ce qui m'a semblé être leur arrière-cour. Et c'est là que je l'ai entendu parler avec sa mère. J'étais si sidérée par ce qu'elle disait que j'ai eu du mal à bouger de là. Je suis restée prostrée là quelques minutes avant de revenir au salon.
Je sais que Femi m'a défendue devant sa mère, qu'il m'aime tel que je suis, mais je ne veux pas qu'il ait davantage de problèmes avec elle. Et surtout, l'idée de ne pas pouvoir lui donner de progéniture me tracasse à un haut point. Nous sommes en Afrique et ici un enfant reste le socle d'un foyer. Et puis quelle genre d'épouse serai-je pour Femi : celle qu'il devra soulever tout le temps, une véritable charge ?
Qui voudrait d'une belle-fille pareille ? Qui voudrait d'une épouse pareille ? Je l'ai entendu dire qu'il voulait me demander en mariage, mais je suis sûre qu'un jour certainement proche, il finira par se lasser de moi.
Femi, mon amour ! Je t'aime tellement que je préfère m'en aller, sacrifier notre amour, te redonner ta liberté pour que tu puisses trouver celle qui te correspondra vraiment.
Je sais que sans mon accident, je n'aurais jamais pu rencontrer Femi. Mais j'aurais préféré ne jamais passer par cette tragique nuit qui m'a pris ma meilleure amie, ma sérénité, ma confiance en moi et qui maintenant me vole mon bonheur.
Tout ce qui me reste à présent, c'est comment trouver la force et les mots pour le lui annoncer, pour lui dire que je le quitte, sans avoir forcément à faire référence à sa mère. Comment ?
J'ai bien pensé à lui écrire une lettre, mais je ne veux agir comme cette lâche de Rita.
Le pire, c'est que je quitte le pays très bientôt pour la France. Hier, j'ai finalement validé mon inscription dans l'une des meilleures écoles de stylisme de France. C'était avec des doigts tremblants et les larmes aux yeux que j'ai cliqué sur le bouton "Valider" affiché en bas du formulaire d'inscription en ligne.
Une fois encore, je regarde Femi. Intérieurement, je murmure :
" Je suis consciente que tu souffriras énormément, mais tu es fort et solide. Et je suis sûre que tu finiras par m'oublier, panser ton cœur et refaire ta vie. Peut-être que tu ne me le pardonneras jamais, que tu me détesteras, mais moi je prierai chaque jour pour que tu parviennes à être heureux sans moi. Je t'aime tellement ! Si seulement tout pouvait être différent. C'est la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre dans ma vie, mais la meilleure. Je n'en peux plus de devoir me battre contre la terre entière pour un instant de bonheur. Etre heureuse n'est définitivement pas pour moi. Ce sont sûrement mes erreurs du passé qui me rattrapent ainsi. Je me résigne. J'accepte ma défaite et je dépose les armes".
***************
Quelques jours plus tard
Femi AKONDE
Je viens d'arriver chez Aurore. Elle est au salon avec sa mère. Après les civilités, la mère d'Aurore nous laisse seuls au salon.
- Comment va ma princesse ?
- Bien.
La voix d'Aurore est faible et son visage triste.
- Quelque chose ne va pas, lui demande-je ?
- Femi, il faut qu'on parle.
Son ton est si solennel que je crains le pire. Ou bien elle est enceinte ? Non c'est impossible qu'elle le soit déjà car notre dernier rapport intime remonte à quelques jours seulement. Certes c'était sans protection, mais il est trop tôt pour qu'une grossesse soit confirmée. Et puis, elle m'a assuré qu'elle n'était pas dans sa période fertile. Je m'enlève donc cette idée de la tête. Ce doit être autre chose.
- Je t'écoute, Aurore.
- Nous ne pouvons plus ... continuer ensemble.
- Comment ? Quoi ?
Là, je suis perdu. Tout va pourtant pour le mieux entre nous.
- Je ne peux plus être avec toi.
- Pourquoi ?
- Parce que toi et moi, ce n'est qu'absurdité, impossibilité, incongruité ! Tu mérites plus qu'une infirme comme moi.
- Arrête, tu veux. Je t'ai toujours dit que pour moi, tu n'as aucun défaut.
- J'ai pris ma décision et rien ne me fera revenir en arrière.
- Ne me fais pas cela, Aurore. Ne nous fais pas cela, Aurore. Je sais que tu m'aimes et je t'aime. Le reste importe tellement peu.
- Non, le reste importe beaucoup. Par exemple, les enfants. Toi, tu veux en avoir alors que moi, je suis stérile. Tu comprends ?
La réponse me choque mais je ne l'accepte pas.
- Comment peux-tu parler de stérilité si nous n'avons pas essayé d'avoir un enfant ?
- C'est un fait. Les docteurs m'ont dit que mon handicap annulait toutes mes chances d'enfanter un jour.
- J'en doute encore. Et même si c'était le cas, ce n'est pas bien important. Je t'aimerai toujours avec ou sans enfants.
- Si, c'est bien important parce que ta mère veut des petits-enfants.
- La vie de couple est avant tout une histoire à deux. Ce sont nos choix qui comptent.
- Non, cela importe beaucoup pour moi. Ta mère ne m'aime pas.
- Ne dis pas cela.
- Ce n'est pas la peine de me mentir car je sais tout. J'ai surpris votre conversation la dernière fois par hasard. Je voulais t'apporter ton téléphone.
Je suis déboussolé par cette nouvelle. J'aurais voulu lui épargner ce mauvais moment-là.
- Aurore ! Je suis désolé que tu aies entendu les mots de ma mère. Cependant, tu auras compris combien je t'aime.
- Je sais, tu m'as défendu devant ta mère au point de te fâcher avec elle. Et de cela je n'en veux pas. Je ne veux pas être celle qui détruit une famille, un fils et sa mère.
- Aurore, s'il te plaît. Plutôt de vouloir abandonner, tu devrais te battre pour notre amour comme moi je m'efforce chaque jour.
- Je ne suis pas aussi forte que toi !
- A deux, nous le serons, Aurore. Je te veux dans ma vie pour toujours, Aurore. Je veux que tu deviennes ma femme, la mère de mes enfants, tu comprends ?
- Je t'ai entendu quand tu l'as dit à ta mère. Mais je ne peux accepter d'être ton épouse. Je ne te mérite pas, Femi. Non !
Je m'agenouille près d'elle et lui garde les mains.
- Aurore ! Tu es juste troublée. Dans quelques jours, tout sera plus clair pour toi.
- Je crains que non. Parce que demain à pareille heure, je serai dans un avion en partance pour la France. Je vais étudier en stylisme comme tu me l'as toujours suggéré et je ne sais pas si je reviendrai. Sache que rien ne pourra me faire changer d'avis !
Elle parle sur un ton ferme. Je suis dépité et en colère contre elle. Je m'accroche aux bras de son fauteuil et lui jette à la face.
- Comme quoi, tu as déjà tout prévu ! J'ai toujours voulu que tu t'en ailles étudier mais pas ainsi. Mais je vois que tu as déja tout décidé à ma place. J'espère que tu ne regretteras pas ton choix. Parce que crois-moi, si demain tu quittes le pays en laissant notre relation en suspens, je ne te le pardonnerai jamais Aurore AMOUSSOU. Tu m'as déjà fait mal une fois et je t'ai pardonné. Mais cette fois-ci, ce ne sera plus pareil. Garde bien cela à l'esprit.
- Je suis désolée, Femi.
- Epargne-moi tes mots, Aurore ! Ils sont faux. J'espère que tu auras la conscience tranquille là-bas. Je t'aime mais je ne peux continuer à me battre pour une personne si lâche et égoïste comme toi qui rend si facilement les armes !
Fou de rage, je quitte la maison des AMOUSSOU.
**********
Madame Claire AMOUSSOU
Les voix de Femi et d'Aurore me parviennent aux oreilles. J'ai tellement mal pour eux. Leur histoire d'amour est belle mais compliquée. J'ai essayé de faire revenir ma fille à la raison, mais elle est si troublée que renoncer à Femi lui semble la seule option qu'elle a actuellement. (Soupir).
J'entends un claquement de porte. Ce doit être Femi qui s'en va. Je descends précipitamment pour aller voir Aurore. Elle doit se sentir mal. C'est la deuxième séparation qu'elle vit. Je l'entends sangloter.
- Maman, il me déteste à présent.
- C'est dur Aurore, mais j'aurais fait pareil si j'étais à sa place. Ce garçon aurait donné sa vie pour toi. C'est triste que votre belle histoire d'amour se termine ainsi !
- Pourquoi l'amour fait si mal, pourquoi est-ce si compliqué, maman ?
Je ne sais quoi lui répondre.
- Tu peux encore changer le cours de ton destin Aurore et revenir sur ta décision.
- Non, maman. J'ai pris ma décision. Demain, je pars.
- Aurore, ne fais pas cela ! Réfléchis encore.
- C'est décidé, maman. Demain, je pars en France. Est-ce que tu viens toujours avec moi ?
- Oui. Je ne peux pas te laisser seule.
- Merci maman.
- J'espère juste que tu ne regretteras pas ton choix, que tu ne regretteras d'avoir sacrifié ainsi l'amour de ta vie.
Elle me regarde sans dire mot. Je demeure inquiète. J'espère vraiment qu'elle n'a pas fait le mauvais choix.
""**********
Le lendemain
Femi AKONDE
J'ai eu du mal à dormir cette nuit. Je suis resté accroché à mon téléphone dans l'espoir qu'Aurore m'appelle, mais rien. Mon cœur souffre énormément de sa trahison. Pourtant, je ne peux me résoudre à la perdre. Si je le pouvais, si j'en avais les moyens, je prendrai le prochain vol pour la France pour rejoindre l'amour de ma vie et la convaincre encore et encore.
Je regarde ma montre. Il est 8h. Je ne peux pas rester les bras croisés. Je me lave rapidement et enfourche ma moto en direction d'Abomey-Calavi. Je reste un peu coincé dans l'embouteillage, mais finis par en sortir. J'arrive finalement chez Aurore. A la guérite, j'apprends qu'elle et sa mère sont déjà parties. Je ne connais pas l'heure du vol, mais je compte me rendre à l'aéroport sis à Cotonou. Je reprends donc le chemin du retour.
J'avance de quelques kilomètres quand je remarque que je viens d'avoir une crevaison. La poisse ! Je perds quelques minutes chez le vulcanisateur puis à nouveau dans les embouteillages.
Je parviens finalement à l'aéroport, mais je n'ai pas la permission d'entrer. J'essaie de m'interposer mais l'un des gardes à l'entrée s'y oppose. Je regarde à l'intérieur, balaye la salle du regard mais ne la vois pas. Je me renseigne sur les vols en partance pour la France. Il y en avait qu'un seul qui est déjà parti, avec en son sein mon cœur. Je doute pouvoir respirer ou vivre normalement à présent. Quelque chose vient de se briser en moi.