Chapitre 27
Ecrit par Plénitudes by Zoé
Chapitre 27 :
**** Thierry ****
Moi (passant la tête par la porte) : Tu viens stp ?
Nadège : Ok
Elle me suit dans le séjour après avoir couché Carl dans son berceau et mis en marche le baby-phone.
Moi : Je voulais te parler de notre avenir
Nadège : Je t‘écoute.
Moi : D’abord, je ne veux pas que tu interprètes mal la situation. Pour moi, il n’est pas question qu’on se remette ensemble. Si j’ai ré-emménagé ici c’est uniquement pour Carl.
Nadège (accusant le coup) :…
Moi : Je ne te dis pas cela pour te faire du mal, je ne veux juste plus te faire perdre du temps, ce ne serait pas du tout honnête vis-à-vis de toi.
Nadège (les larmes aux yeux) :…
Moi : Ensuite, mon père veut rencontrer son petit-fils, il nous demande donc de nous rendre à Dakar le plus tôt possible. Et vu comme il me répète qu’il veut que je prenne sa suite, cela m’étonnerait qu’il me laisse revenir en France. Alors je voulais que nous décidions de comment organiser la garde de Carl. Parce qu’il est hors de question que mon fils vive loin de moi. Si tu veux revenir, tu reviendras seule.
Nadège : Tu n’as pas le droit de prendre ce genre de décision tout seul. Je ne vivrai pas séparée de mon fils mais je ne vois pas pourquoi je devrais vivre en fonction de toi si tu ne comptes pas revenir avec moi. Snif… Tu n’en as pas le droit tu m’entends ? Snif
Moi : J’ai dit ce que j’avais à dire, tu as voulu de cet enfant, tu vas devoir assumer les conséquences de ton choix.
Nadège (en larmes) : On verra qui de nous deux a poussé cet enfant de ses entrailles !
Sur ces mots elle se lève en trombes en va s’enfermer dans la chambre du petit. Par le baby-phone, je l’entendais pleurer en répétant à Carl « personne ne me séparera jamais de toi ». J’aurais préféré éviter cette situation mais la vie ne se déroule pas toujours comme on le souhaite.
+++ Six mois plus tard +++
**** Sabine ****
J’ai assez repoussé le moment de partir en stage. La petite à six mois aujourd’hui et elle ira passer les trois mois que j’aurai à faire en stage chez maman. Nath passera chaque fois qu’il sera en permission et moi aussi j’ai décidé de revenir le plus souvent possible. Heureusement que le stage est bien rémunéré parce que sinon les billets de train me ruineraient complètement. Je rentrerai chaque week-end si je peux sinon toutes les deux semaines. Me voici à la gare centrale en compagnie de ma fille, de Nath et de ma mère. Cette dernière est beaucoup trop émotive, elle a commencé à pleurer depuis que nous étions dans la voiture. Comme si je n’allais plus jamais revenir. Avant de prendre la route, nous avons prié de longues minutes tous ensemble, chacun recommandant mon voyage et mon séjour entre les mains du Seigneur.
Moi (faisant des bisous à Sara Grâce) : Mon bébé comme tu vas me manquer…
Nath : Donc nous là on ne va pas te manquer quoi ?
Maman : Demande-lui bien. On dirait que nous sommes invisibles.
Moi (à Sara) : Dis-leur chérie « bande de jaloux ». Maman m’aime plus que vous.
Maman : C’est comme ça maintenant ?
Moi : C’est comme ça oui.
Nath : Tu ne perds rien pour attendre toi. On verra comment tu vas faire quand tu seras loin.
Moi (lui tirant la langue) : Mouf
J’ai commencé à ressentir un picotement derrière la nuque comme si quelqu’un me regardait de manière insistante mais lorsque je me suis retournée je n’ai remarqué aucun visage familier dans la foule. Certainement mon imagination.
« Le train en partance pour Liège vient d’entrer en gare. Nous prions tous les passagers de se rapprocher de la rame 6 »
Moi (me tournant vers les miens) : Eh bien, c’est l’heure.
Maman (me prenant dans ses bras) : Fais bon voyage ma chérie et que Dieu t’accompagne et facilite ton séjour.
Moi (quittant son étreinte) : Amen maman
Nath (s’avançant vers moi) : Tu m’appelles dès que tu arrives, tu fais attention à toi, tu ne parles pas aux étrangers.
Moi (sourire) : Oui papa.
Nath (me prenant dans ses bras) : Je t’aime ma future épouse.
Moi (le serrant très fort) : Je t’aime aussi.
Après ces au revoir et avoir fait un très long câlin à ma fille, je monte dans le train et prends place sur mon siège. Je fais une dernière dois au revoir de la main à ma famille jusqu’à ce que quelqu’un vienne prendre place à côté de moi. Je me tourne vers le nouvel arrivé pour lui dire bonjour quand ma phrase meurt sur mes lèvres.
Lui : Bonjour Sabine.
Je reconnaîtrais son visage et sa voix entre mille. À une époque je pensais ne pas pouvoir vivre sans eux.
Ce n’est pas possible. Qu’est-ce qu’il fait là ? Et il a fallu qu’il soit mon voisin de siège, comment vais-je supporter le trajet ?
**** Marla ****
Vous le croyez ? J’ai décroché mon diplôme avec les honneurs. Mention très bien, je vous dis. Je me sens sur un petit nuage là. Seule ombre au tableau, mon père veut que je rentre faire le master au pays. Je ne comprends pas du tout la logique, je crois qu’il ne peut ou ne veut plus dépenser autant d’argent pour mon éducation. Je peux le comprendre mais j’aurais préféré qu’il puisse m’accorder encore deux ans. Bref, c’est la vie.
Lors de ma soutenance, tout s’était tellement bien passé que j’ai encore du mal à le croire. Je me suis rendue compte ce jour-là que beaucoup de personnes tenaient vraiment à moi, tout le monde ou presque s’est mobilisé pour m’aider avec les préparatifs, le document et avec ma potesse de toujours Dina, nous avons veillé jusqu’à 3-4h du matin pour que je puisse finaliser le document et réussir à le présenter en moins de 15 min (mon temps imparti), la pauvre je l’ai trop gênée ce soir-là. Le lendemain, elle m’a encore plus aidée et lorsque j’ai fini ma présentation, elle était encore là pendant la délibération du jury, je ne pourrai jamais assez la remercier. Ce jour-là, le sourire n’a pas quitté mes lèvres. J’étais tellement fière d’y être enfin arrivée.
Le même soir, nous avons fait une sortie au restaurant pour célébrer avec toutes les personnes importantes pour moi et avons passé un très bon moment. Le lendemain, Dina m’a invitée chez elle où elle m’a régalée avec un plat digne des meilleures cuisinières du pays. Bref cette semaine a été extraordinaire et je remercie le Seigneur qui m’a fait la grâce de pouvoir la vivre.
Aujourd’hui, je prends l’avion pour rentrer définitivement au Togo, du moins en ce qui concerne les études, je ne retournerai pas en France. Cela me rend plutôt triste parce que je laisse derrière moi de fortes amitiés mais je préfère me dire que j’ai encore beaucoup de choses à vivre désormais. Au revoir Angers.
**** Ruben ****
Marla est partie il y a une semaine et je dois avouer qu’elle me manque. Nous avions soutenu nos mémoires la même semaine et je prends l’avion demain pour rentrer à Dakar. J’en ai parlé avec Simone et Paul et ils ont accepté de me laisser y retourner pour six mois et si dans cet intervalle je ne trouve pas de travail, je reviendrai en France pour chercher. On dit qu’on peut sortir un homme de son pays mais on ne peut pas sortir le pays d’un homme. C‘est vrai que mon expérience en France a été des plus enrichissantes mais je ne me sens pas d’y faire ma vie. Et puis je ne veux pas continuer jusqu’au master immédiatement, j’ai envie de me faire mes propres sous et puis éventuellement suivre des cours en ligne. On verra bien.
Lorsque je suis revenue vers Marla, j’avais décidé de renoncer à mes sentiments pour elle parce que je me suis rendu compte que nous ne pouvions pas être ensemble, pas que je ne le voulais pas mais parce sortir de la friendzone ce n’est pas si évident. Et puis au final, c’était mieux que nous restions amis, au moins, nous n’aurions pas à nous préoccuper de comment continuer à être amis si ça ne marchait pas entre nous. Bref, c’était ma décision de ne jamais lui dire ce que je ressentais pour elle.
Demain, je m’envole vers d’autres cieux et qui sait ce que le Seigneur me réserve ? Je ne peux que garder confiance.
**** Thierry ****
Nous sommes au Sénégal depuis trois mois maintenant, et comme prévu mon père n’a pas voulu entendre parler d’un quelconque retour en France. Heureusement que j’avais démissionné de mon boulot avant mon départ. Avec Nadège au début ça n’a pas été simple. Et puis mon père a eu l’idée de lui trouver du travail dans l’une de nos succursales. Aujourd’hui, elle est détendue, je dirais même épanouie. Elle est très bien payée et fait venir sa mère de temps en temps dans l’appartement que la boîte a mise à sa disposition. Je crois qu’elle a fini par abandonner l’idée qu’on se remette ensemble. En tout cas je l’espère.