Je t'aime toujours
Ecrit par Plénitudes by Zoé
Chapitre 29 : Je t’aime toujours
**** Sabine ****
Après quelques minutes, il se gare devant la maison d’hôtes dans laquelle je loue une chambre. Nous hésitons tous les deux un moment puis je pose ma main sur la serrure de la portière.
Dan : Tu ne m’invites pas à rentrer prendre un verre ?
Moi : … Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…
Dan : Juste quelques minutes je te promets que je ne tenterai rien.
Moi : …
Dan : J’essaie de faire la paix avec mon passé et je crois que c’est l’occasion pour que nous puissions parler de ce qui s’est passé entre nous et tout mettre à plat.
Moi : Hum très bien, mais je te préviens, je n’ai que du thé.
Je sors de la voiture et il fait pareil avant de la fermer. Je me dirige vers le portail avec Dan sur mes talons. Je croise Mme Bertrand, ma logeuse, dans la cour et lui lance un rapide bonjour avant de me diriger vers ma chambre située dans un magnifique cottage qui sert de dépendance au fond du jardin. J’ai eu beaucoup de chance de trouver une si charmante maison. Et Mme Bertrand est tout à fait charmante avec ses rides de sourire, comme une grand-mère un peu gâteuse.
J’ouvre la porte de la chambre et le laisse passer devant. Je lui propose un siège avant de me diriger vers le coin cuisine pour mettre l’eau à bouillir et sortir deux tasses que je dispose sur la table basse où il y a déjà du sucre puis je sors le lait du frigo avant de le mettre sur la table avec le reste. Lorsque j’entends la bouilloire siffler je m’en vais fermer le gaz et ramener l’eau chaude sur la table.
Pendant que je m’activais, Dan était resté très silencieux, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Quand j’ai relevé la tête pour voir ce qu’il faisait, j’ai vu qu’il fixait un truc sur la commode près de mon lit. En suivant son regard, j’ai vu qu’il regardait une photo dans un cadre où étaient représentée Nathaniel et Sara Grâce lorsque cette dernière avait fêté son premier mois de vie. Elle était si petite, j’en ai les larmes aux yeux, qu’est-ce qu’ils me manquent tous les deux !
Dan (se tournant pour me regarder droit dans les yeux) : Qui est-ce sur la photo ?
Moi (soutenant son regard) : Mon fiancé et ma fille.
Dan : …
Moi : Un thé vert avec un morceau de sucre, comme tu l’aimes, tiens.
Dan (se levant) : Tu as un enfant…
Moi (reculant) : …
Dan (se rapprochant) : Et un fiancé
Moi (dans un souffle) : Oui
Dan (à quelques centimètres de moi) : Tu lui as fait un enfant sans être marié alors que tu as tué le mien !
Sans même me rendre compte de ce que je faisais, je lui ai asséné une gifle retentissante. Mon cerveau a réagi un peu trop tard par rapport à mon corps. Après coup je regrette d’avoir réagi aussi violement. Il m’a regardée les yeux injectés de sang pendant une longue minute et pour la première fois j’ai eu peur de Dan. Il respirait aussi fort qu’un bœuf et ses épaules remuaient de haut en bas au rythme de sa respiration. Il avait les poings tellement serrés que les jointures de ses doigts étaient blanches.
Moi (le défiant) : Je t’interdis de dire cela. Lorsque je t’ai appris que j’étais enceinte, du jour au lendemain tu m’as mise sur liste noire, aucun de mes appels ni messages ne passaient. Tu as complètement disparu de la circulation. J’étais désemparée, je pensais n’avoir aucun autre choix. Tu es réapparu mais uniquement lorsque c’était trop tard.
Dan : Ce jour était le plus beau de toute ma vie, je n’’en revenais tellement pas que j’ai raccroché pour me rendre immédiatement auprès de toi. Ma voiture était en panne et j’ai décidé de venir à pieds. Sur le chemin, j’ai été fauché par un camion. Je m’en suis sorti par miracle mais j’ai passé un mois dans le coma et un mois supplémentaire en rééducation. La première chose que j’ai faite en sortant de l’hôpital a été de venir te voir. Mais tu m’as claqué la porte au nez en me balançant à la figure qu’il n’y a plus d’enfant.
Moi (mouvement de recul) : Oh non ! (portant ma main devant ma bouche) C’est impossible, tu n’en voulais pas de cet enfant, tu ne m’aimais pas autant que tu le disais.
Dan (avançant) : Si j’en voulais et bien sûr que je t’aimais, comme un fou. Et je t’aime toujours Sabine.
Moi (me bouchant les oreilles) : Non non non. C’est du passé, de l’histoire ancienne. Je ne veux pas entendre ça.
Dan (me prenant dans ses bras) : Je vais te laisser pour le moment, tu as beaucoup de choses à digérer. Mais sache une chose, je veux faire ma vie avec toi et peu importe que tu aies eu un enfant avec un autre, je l’aimerai comme s’il était le mien. Je t’aime Sabine.
Moi (sous le choc) : …
Dan (se détachant de moi) : Bonne soirée.
Il sort et ferme la porte derrière lui. Ça je ne l’ai pas vu venir, que dois-je faire Seigneur ? Je suis complètement perdue. J‘aime Nath, nous avons des rêves, des projets et une fille ensemble. Mais Dan a été mon premier amour, il a toujours gardé une place dans mon cœur même si je ne voulais pas me l’avouer.
**** Tawfiq ****
Je n’arrive pas à croire que je suis encore là cette année, obligé de faire mes études à l’université de Dakar. La procédure Campus France que j’avais lancée n’a pas abouti. Pourtant je m’étais démené comme un dingue pour trouver les 65 mille francs de frais de dossier mais malgré cela, rien. Je demande à Dieu pourquoi il m’a permis de commencer cela et d’y investir toutes mes économies si c’était pour que ça ne marche pas. Aujourd’hui mes frères et mon père se moquent de moi parce mon Dieu ne m’a pas offert ce voyage tant désiré.
Mon frère aîné m’a contacté hier pour que je puisse l’aider à voir nôtre mère. Lui et moi avons la même mère. Mais lorsqu’il est parti, chassé par nôtre père, je lui en ai voulu parce qu’il ne m’a pas pris avec lui pour aller en France, avec sa famille de blancs. Je ne sais pas encore si je vais l’aider alors qu’il a été si égoïste. Et maman qui ne parle que de lui « Mon fils » par ci « mon fils » par là, comme si je n’existais pas.
**** Ruben ****
Ça fait dix bonnes minutes que je fais le pied-de-grue dans le parking à attendre que ma belle vienne récupérer sa voiture et s’en aille. Ensuite, je me dirige vers la mienne et la suis. Ce manège dure depuis une semaine déjà et je me fais l’effet d’un stalker. Je ne sais même pas ce qui m’arrive. Pourquoi j’ai du mal à aller la voir directement ? J’ai l’air d’un détraqué à la suivre partout. C’est pitoyable mon pauvre. Aujourd’hui c’est décidé, j’irai lui parler. Advienne que pourra. Justement, j’entends des bruits de talons qui résonnent, ce sont les siens j’en suis sûr. Je me prépare à sortir de ma cachette mais une voiture s’arrête juste devant elle et j’aperçois le fils du PDG, Thierry Diop si je me souviens bien de son nom, qui baisse la vitre et la belle se pencher pour se mettre à sa hauteur. Ils échangent quelques mots et il sort de la voiture. Ce que je vois ensuite achève de me démoraliser.
Mr Diop sort de sa voiture, fait le tour et se penche avant d’émerger avec un petit garçon dans ses bras. Puis il le passe à la belle et se repenche pour sortir un siège auto et un sac à langer. Il referme la voiture et ils se dirigent ensemble vers celle de la belle. Celle-ci le déverrouille et ils y installent le siège auto et le bébé. Ensuite, ils s’échangent un câlin avant que chacun ne prenne sa route.
Ainsi cette belle demoiselle est soit la femme, soit la copine de Mr Diop et ils ont un enfant ensemble. C’est bien ma chance ça ! Encore une fois je craque pour une femme qui ne peut pas être à moi. Autant l’oublier et me concentrer sur le moyen de voir ma mère. J’espère que Tawfiq pourra m’aider. Il tarde à me répondre.
**** Nadège ****
Maman (au téléphone) : Alors ? Comment ça va ?
Moi : Je vais bien, tu sais la routine, entre le boulot et le petit je suis bien occupée.
Maman : J’imagine. Mais dis donc, parce que Thierry ne veut plus de toi tu comptes finir vieille fille ?
Moi : Ah maman, comment tu peux me dire ça aussi facilement ?Tu sais bien que je n’ai pas ça en tête.
Maman : Humm en tout cas je t’ai parlé ici tu as fait celle qui connaît mieux que tout le monde n’est-ce pas ? Assume maintenant. En tout cas je veux un gendre. Tu es ma seule fille, faut venir m’enlever la honte devant mes coépouses. La dernière fois la fille d’Assétou a fait ses fiançailles avec la dote et tout. Il ne reste que toi.
Moi (soupire) : Ayo j’ai compris. Mais c’est Dieu qui donne oh.
Maman : Fais vite en tout cas.
Moi : Oui maman. Hummm
Elle est marante maman, comme si j’avais le temps pour une relation… Et puis, le jeune homme charmant que j’avais rencontré au boulot, Ruben je crois que c’est son nom, me fuit chaque fois qu’il me voit. Donc pour moi, côté sentiments c’est sans espoir quoi ?