Chapitre 28

Ecrit par Meritamon


Leurs lèvres se rejoignirent passionnément alors qu’ils sentaient que le barrage qu’ils avaient érigé entre eux était en train de s’effondrer. Ils se retrouvèrent sur la couchette, le sommier grinçant sous le poids de leurs corps qui s’étreignaient.

      -         Ne plus t’embrasser aussi a été un martyr, avoua Tahaa en s’emparant de la bouche de la jeune femme, passionné.

 

La chemise de Serena glissa sur ses seins, puis sa taille et une seconde plus tard, les doigts tendres et la bouche insistante de Tahaa exploraient la peau douce de son ventre, de ses cuisses. Serena, enivrée par les ondes de plaisir qu’il éveillait en elle, se pressa contre Tahaa, contre l’érection grandissante qu’elle sentait dans le creux de son ventre, de son désir pour elle.

          -         Serena, tu as un goût d’interdit, tu le savais?

-         Fais-moi l’amour… chuchota-t-elle dans son oreille, prête à se donner à lui.

Son abandon complet accentua l’excitation de Tahaa qui enfouit son visage dans le creux de son épaule, au bord du supplice.

 

       -         Chérie… Une part de moi voudrait te prendre maintenant, pour te faire connaître le plaisir sous toutes ses formes…. Et puis, il y a l’autre part, la plus raisonnable et sensée qui désire te préserver… encore un peu.

Puis avec un ultime effort, Tahaa s’arracha à son étreinte et bascula sur le dos à côté d’elle. Il prit quelques profondes inspirations pour se calmer. Il ne voulait pas précipiter les choses. S’il avait attendu jusqu’ici, il était certain de pouvoir patienter encore un peu, pour respecter son vœu.

-         Écoute-moi, Serena… il y a une dernière chose que je veux à présent, commença Tahaa la voix rauque d’excitation. Il recouvrit la nudité de la jeune femme avec la chemise.

« Tu as créé Nubia pour être indépendante de ton père, pour t’affranchir financièrement… « 

-         C’est exact.

-          Mais tu resteras sous la coupe de Malick Hann, parce que c’est ton père et il en sera toujours ainsi.

Le regard de Tahaa se fit plus pénétrant.

-         Heureusement, il existe un moment dans la vie d’une femme où elle s’affranchit définitivement de son père. Et c’est lorsqu’elle s’unit à un autre homme par le mariage.

-         Je ne comprends pas exactement où tu veux en venir… murmura Serena.

Tahaa garda le silence un moment. Il réfléchissait à comment lui exposer le fil de sa pensée.

-         Une fois, tu avais affirmé que tu ne te marieras uniquement que motivée par la raison et les intérêts, tu t’en rappelles?

-         Oui, je l’ai peut-être dit… Fit vaguement la jeune femme.

-         Est-ce le cas encore?

-         Oui, je crois.. enfin, Tahaa… je ne sais plus. Que veux-tu?

Son cœur battait à tout rompre, elle voulait qu’il dévoile sa pensée même si elle en devinait les contours.

-          Je voudrais rendre les choses simples pour toi et moi. Est-ce que Diarri t’intéresse, ce domaine agricole, si dénué et loin de tout?

-         Tu connais ma réponse. J’aime cette région.

-         Suffisamment pour y vivre?

-         Oui.

Tahaa précisa parce qu’il fallait qu’elle comprenne tout l’enjeu:

-         Suffisamment pour vivre ici avec moi?

 

Lorsqu’il prononça cette phrase une lueur apparut dans son regard grave alors qu’il remarquait son émoi à elle.

-          Alors, je te donne l’occasion de te libérer de ton père, de faire ce que tu veux quand tu auras porté mon nom.

-         Mais j’aurais seulement changé de maître, parce que je serais encore sous la responsabilité d’un homme, protesta-t-elle.

-         Pas avec moi, fit-il avec une détermination franche. Tout ce que je désire c’est que tu me respectes, tu sais comment je fonctionne. Et surtout, qu’on ait confiance l’un en l’autre. Après cela, tu trouveras que je suis facile à vivre. C’est un bon compromis, n’est-ce pas?

 

Serena avait arrêté de respirer, envahie par l’émotion et peut-être par la panique. C’était une demande en mariage. Elle était inattendue, elle était surprenante par la façon que Tahaa l’avait formulé.

Il avait son argent, il avait tout ce qu’il ne pouvait espérer et il y avait quelques minutes à peine elle était prête à se donner à lui, sans rien en échange. Pourquoi voulait-il encore plus?

Elle leva les yeux voilés de larmes.

 

-         Tu as besoin que je te donne le temps de réfléchir à cela? Insista encore Tahaa comme la jeune femme gardait le silence et qu’une panique intérieur semblait l’avoir gagnée.

 

-         Bien sûr que oui. Quelle question ! Ce n’est pas une décision à prendre à la légère.

Il avait soupiré, qu’est-ce qui était si compliqué à cela?

-         Combien de temps as-tu besoin pour me donner ta réponse?  Parce que, vois-tu, je suis pressé, Serena.

-         Tu appelles ça une demande formelle en mariage? S’écria-t-elle, choquée.

Tahaa se renversa sur la couchette en riant. Il la rapprocha tendrement contre lui, visage contre visage, les yeux plongés dans les siens, ses doigts sur sa nuque.

-         Ce n’est pas assez romantique pour toi?

Il arborait son éternel sourire moqueur, visiblement amusé de la déstabiliser.

-         Espèce de tête de mule, écoute-moi!  Je n’ai jamais parlé ainsi à une autre femme et j’ai attendu trop longtemps pour te dire tout ça. Je ne veux plus perdre de temps. Je te veux.

 

Serena avait arrêté de respirer, en proie à une forme de panique, de joie, un tumulte inexplicable qui s’emparait de son corps. Alors que l’homme gardait son calme comme s’il ce fut d’une décision quelconque, un contrat régulier.

 

-         Mais enfin, pourquoi tu voudrais de moi Tahaa?

-         Pourquoi je ne voudrais pas de toi ? Depuis que je te connais, je compare toutes les femmes à toi. Et pourtant je ne t'idéalise pas. Je te connais, toi et tes défauts. Je te veux avec ton caractère de merde, ton impulsivité, ta maladresse. Je veux ton corps dans mon lit. Je te veux tout entière, tout comme je serais prêt à me donner entièrement… »

Elle porta sa main à sa bouche, alors que des larmes d’émotion coulaient sur ses joues.

-         Je te veux aussi…Seulement mon père ne le permettra pas. Il te jugera indigne de moi.

C’est alors que Tahaa eut une idée, une lueur de défi dans ses yeux clairs.

-          Nous ne sommes pas obligés de le prévenir, fit-il avec une détermination inébranlable. Ton père ne te prendra pas à moi une fois que nous serons mariés.










  
L' héritière