Chapitre 28
Ecrit par R.D
« Ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah » coran (39 : 53)
Fatima
Hier nuit j’ai fais un rêve dans lequel on me montrait deux femmes qui
en avait après moi. Pas la peine de me poser la question pour savoir que
ça a quelques chose avoir avec ce que maman m’a dit.
Je ne
sais pas trop quoi penser. J’imagine que maman a raison sur toute la
ligne et que je devrais en parler à Ibrahim mais que pensera t il de
tout cela ? Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand cela va-t-il continuer ?
Pourquoi tout ceci s’abat sur moi ? Qu’ai-je fait ? Qu’ai-je fait de mal
?
Cette fois ci je pète vraiment les plombs et je remets tout
en question. Je n’ai pas le droit de me plaindre mais j’avoue que là, je
ne peux m’empêcher de me demander ce que j’ai fais pour mériter ça.
Je réfléchis tellement que j’ai l’impression que ma tête va exploser.
Tant de questions perdues dans le brouillard et tant d’inquiétude qui me
trouble au plus haut point.
J’ai toujours mis la prière en
avant et contre tout mais là je ne peux pas ne pas avoir peur de ce qui
suivra. Que faire ? Parler et prendre le risque de le perdre ou me taire
et prendre aussi le risque de le perdre ?
Je ne me suis jamais
retrouvée dans ce genre de situation. C’est dans ces moments que t’as
l’impression que tout le monde entier en a après toi. Tu n’arrives pas à
faire un choix aussi anodin soit il.
C’est une remise en
question et un total chamboulement lorsqu’on doit prendre des décisions
qui affectent directement notre vie. Avoir l’impression que notre
bonheur ou notre malheur ne dépend que d’une simple décision est un gros
poids.
Et dire que je suis peut être enceinte ? Non, je ne
voulais pas que ça arrive maintenant. Pas dans une situation qui menace
de virer au vinaigre du jour au lendemain.
Depuis que je suis
rentrée hier Ibrahim ne cesse de me demander ce qui ne va pas. A chaque
fois que je me blottis contre lui, je sens les larmes me montées aux
yeux et je suis obligée de faire un effort surhumain pour ne pas
pleurer.
Ne me dira t il pas que je mens si je décidais de tout
lui avouer ? Comment puis-je le lui dire sans avoir de preuve de ce
que j’avance ? Non ! Ce serait trop bête de ma part et je miserais
énormément gros.
Je n’imagine pas vivre sans lui à mes côtés.
Je n’imagine même plus mon destin sans lui. Que faire ? Que faire ? J’ai
vraiment l’impression de devenir folle.
Pourquoi son père en
aurait t il après moi ? Que lui ai-je fait concrètement ? S’il voulait
me faire du mal pourquoi avoir demandé à ce que je sois sa belle fille ?
Je me dis qu’il aurait pu avoir diverses manières de procéder et
celle-ci est loin d’être la bonne. Faire de moi sa belle fille pour
après vouloir abuser de moi ? soubhanallah ! Que Dieu m’épargne de ça.
Après avoir raccompagné maman malgré son insistance pour ne pas que je
sorte, je me suis rendue chez Anta, la cuisinière de tonton Abdel. Je
l’ai trouvée assise à même le sol devant la télé.
Moi : salam !
Anta : wasalam ma fille ! Comment tu vas ?
Moi : je vais un peu bien dis je en m’asseyant.
Anta : ça n’en a pas l’air.
Elle a posée sa main sur mon front avant d’émettre un cri de stupéfaction.
Anta : mais tu brûle !
Moi : non non.
Anta : mais si ! Attends, tu as prévenu Ibrahim que tu ne te sens pas bien ?
Moi : non !
Anta : mais pourquoi ? Tu attends de mourir ici ?
A vrai dire je n’aimerais pas que cette grossesse se sache, si c’est le
cas bien sûr. Pas avant de lui parler de cette histoire qui me taraude
l’esprit.
Moi : j’ai pas bien dormi hier et ça doit Sûrement être à cause de ça. Ibrahim m’a dit que tonton Abdel a voyagé ?
Anta : oui il me semble aussi. Moi-même je ne l’ai su que ce matin.
Quelque chose te tracasse ? Tu sais que tu peux m’en parler et je te
serais d’une grande aide si je le peux.
Moi : j’ai juste besoin de
repos, ne t’inquiète pas. Que Dieu te gratifie de tes intentions. Au
fait, tu ne sais pas là où il est allé ?
Anta : non je n’en sais rien ! Amine ! C’est normal. Tu es une bonne personne.
Moi : ok ! Bon, je vais rentrée me coucher un peu.
Anta : tu n’as pas besoin de quelque chose ?
Moi : je n’ai pas encore préparé le diner. Pourrais-tu m’aider là-dessus ?
Anta : ok ! Et si tu veux mon avis, je crois que c’est bébé Ibrahim qui pousse déjà.
Je me suis contentée d’esquisser un sourire avant de regagner mon appartement.
********
J’ai su que je me suis assoupie que lorsque j’ai ressenti une pluie de baisé sur mon cou.
Moi : hmm ! Ibrahim ?
Ibrahim ! Comment tu vas ?
Moi : bien et toi ?
Ibrahim (me touchant) : oh mais tu chauffe beaucoup !
Moi : non toi aussi.
Ibrahim : tu ne veux toujours pas qu’on aille à l’hôpital ? Je te dis que tu chauffes et tu me dis le contraire.
Moi (me redressant) : je t’ai déjà dit que ça doit être dû à la fatigue.
Il a posé un baisé sur mon front avant de s’asseoir à côté de moi.
Ibrahim : pourquoi refuses tu qu’on aille consulter ?
Je me suis mordue la lèvre avant de baissé la tête. C’est un signe de
honte chez moi et j’avoue que j’ai honte de lui mentir et de ne pas
vouloir d’un bébé actuellement.
Moi : juste comme ça.
Il m’a attrapée le menton pour m’inciter à relever la tête.
Ibrahim : depuis que tu es rentrée hier je ne te sens pas. Qu’est ce
qui ne va pas ? Tu sais que tu peux m’en parler si quelque chose te
tracasse n’est ce pas ?
Comment lui dire que c’est son père le problème ?
Je ne voulais pas mais j’ai littéralement fondu en larme en me tenant le visage dans le creux de mes deux mains.
Il s’est juste contenté de me prendre dans ses bras jusqu’à ce que je me calme.
Moi : excuse-moi.
Ibrahim (ton dur) : si tu oses me dire que tu as pleuré juste pour
rien, tu m’entendras crois moi. Qu’est ce qui ne va pas avec toi Fatima ?
J’ai voulu lui répondre mais c’est comme si ma langue était lourde dans ma bouche.
Il est allé dans la penderie pour me sortir une tenue. Il m’a aidé à
l’enfiler puis il m’a soulevé comme un bébé en se dirigeant vers la
sortie.
Moi : je peux toujours marché.
Ibrahim : ….
Il m’a portée jusque dans la voiture avant de m’installer et me mettre la ceinture de sécurité.
Ibrahim : je respecte ton silence. Je ne sais pas ce qui te tracasse
mais ton état de santé prime avant tout as t il finit par lâcher après
des minutes à conduire en silence.
Je sais à quel point ça
l’énerve que je sois si calme. J’ai comme l’impression que je redeviens
la Fatima du début qui l’énervait énormément mais malheureusement je n’y
peux rien. Je suis dans l’incapacité de lui dire ce qui me tracasse.
J’ai trop peur de briser le peu de lien qui l’unît avec son père.
*******
Après avoir payé pour la consultation, nous avons été reçus dans le bureau du docteur.
Docteur : alors, qu’est ce qui ne va pas ?
Ibrahim : depuis hier elle ne se sent pas bien. J’ai insisté pour
qu’elle vienne mais elle a refusée. J’ai été obligé de la trainer de
force jusqu’ici.
Docteur (s’adressant à moi) : tu ne te sens pas
bien et tu ne veux pas venir te faire examiner ? Ne t’inquiète pas je ne
vais pas te piquer plaisanta t il.
Moi : ok !
Docteur : qu’est ce qui te fait mal ?
Ibrahim : elle fait de la fièvre. Elle passe son temps à dormir et se plaindre de fatigue.
Docteur : vous êtes un nouveau couple marié ?
Ibrahim : oui !
Ibrahim me fusille du regard actuellement et je sais que s’il pouvait il m’aurait roué de coup tellement il a les nerfs à vif.
Le médecin a pris ma tension, m’a fait un touché vaginal et il m’a demandée de faire quelques prises de sang.
Nous étions assis dans la salle d’accueil en attendant les résultats.
Moi dans mes pensées et Ibrahim faisant des vas et viens incessant.
Lorsque le médecin nous a rappelés, nous nous sommes rendus dans un
silence total. Il nous a accueillis avec un très gros sourire.
Docteur : je me doutais bien que ce serait ça mais je ne voulais pas
parlé sans preuve. Votre femme est bien enceinte d’un mois. Mes
félicitations.
Ibrahim : al Hamdoulilah. Merci beaucoup.
J’ai sentis tout mes sens se crispés.
Après nous avoir prescrit des médicaments, nous avons pris congé de lui.
C’est une fois installé derrière le volant qu’Ibrahim a laissé éclater sa rage.
Ibrahim : ne pouvais tu pas au moins faire semblant d’être contente ou
de te comporter comme une personne normale ? Est ce que tu sais que tu
m’as fait passer pour un con ? Tu donnais l’impression au Docteur d’être
à la limite muette et apeurée devant moi qui suis ton mari. Je me
doutais bien mais maintenant je comprends exactement ce qui te tracasse.
Tu ne voulais pas de ce bébé n’est ce pas ?
Moi : ibrahim je..
Ibrahim (s’emportant) : et puis merde Fatima ! Si tu n’en voulais pas,
fallait utiliser des contraceptifs au lieu de te comporter comme une
femme battue. Même les femmes battues sont plus heureuses que toi avec
la tête que tu affiches actuellement. Quoi, je ne ferais pas un bon papa
d’après toi ?
Moi (pleurant) : tu n’as rien compris Ibrahim.
Ibrahim : ah bon ? Si je n’ai rien compris pourquoi ne parlerais tu pas ?
Aide-moi à comprendre alors. Aide-moi à comprendre pourquoi ma femme
n’est pas heureuse d’être enceinte de moi. Dis-moi ?
Oh mon Dieu, viens moi en aide stp !
Ibrahim
Qu’est ce qui ce passe avec elle ? Qu’est ce qui ne va pas ? J’ai
l’impression de me comporter comme un porc en lui criant dessus. Depuis
hier je ne la reconnais pas. Qu’est ce qui cloche avec elle ?
Au lieu de me répondre elle tremble comme une feuille devant moi. Qu’est
ce qui a bien pu se passer entre sa visite chez sa mère et son retour à
la maison ?
Je croyais avoir instauré assez de complicité
entre elle et moi pour ne pas avoir ce genre d’embrouille avec elle. Je
pensais qu’elle me faisait assez confiance pour m’en parler si quelque
chose la tracassait. Je suis triste de constater que c’est loin d’être
le cas.
Moi : tu ne veux toujours pas me dire ce qui ne va pas ?
Fatima : pardonne-moi !
C’est la seule phrase qu’elle a pu sortir de sa bouche.
J’ai démarré la voiture pour prendre la direction de la maison sans broncher.
Je m’inquiète énormément pour elle et je me disais qu’en la secouant
elle allait parler mais au lieu de ça, j’ai l’impression que maintenant
elle a même peur de me regarder dans les yeux.
Lorsque nous
sommes arrivés, j’ai remarqué qu’Anta avait déjà fait la table. C’est
dans un silence total que je l’ai aidé à prendre sa douche, voyant
qu’elle n’arrivait même pas à bien se tenir debout.
Après avoir dirigé la prière, je lui ai demandé de s’allonger pour que je lui apporte son diner.
Moi : elle a frit du poisson avec des frites. Je t’apporte ça ou bien tu vas manger quelque chose d’autres ?
Fatima : je crois que ça ira.
Moi : tu ne vomis pas j’espère.
Fatima : juste une fois ce matin.
Non mais cette fille n’est pas croyable !
Après lui avoir donné à mangée et fait prendre ces médicaments, je lui ai demandée de se reposer.
Je me suis rendue au salon pour manger à mon tour et m’installer devant la télé.
Je ne comprends pas Fatima. Aidez-moi à comprendre parce que là je suis
perdu. Qu’est ce qui ce passe avec ma femme ? Que lui arrive t il ?
J’ai été attiré par le bruit de son téléphone posé sur la table du
salon. Je n’ai jamais lu un de ces messages parce que j’ai confiance en
elle, mais lorsque j’ai vu le nom de Karim s’afficher, ça à attiser ma
curiosité.
Il a écrit « comment tiens-tu le coup ? J’espère que tu vas mieux ».
Mon cœur battait à mille à l’heure en voyant cela. J’ai dû analyser ce message pendant quelques secondes avant de réagir.
Tenir le coup ? Tenir le coup sur quoi ?
J’ai remonté le fil de leurs conversations et j’ai été étonné de
constater qu’ils étaient autant en contant d’autant plus qu’elle ne m’en
avait jamais parlé.
Ma femme et mon ami sont autant en contact
sans que je ne sache ? Leurs messages tournent sur tout. J’étais deux
fois plus ébahit en voyant un message en rapport avec un rêve qu’elle
aurait fait et le sacrifice qu’il lui avait demandé d’enlever.
Je sens mon cœur cogner fort contre ma poitrine. Si je ne me calme pas,
je crois que je ferais des choses que je regretterais. Qu’est ce qui ne
tourne pas rond chez eux ?
J’ai eu l’idée d’appeler Karim mais
j’ai laissé tomber. Je ne suis pas en état de parler ni de réfléchir
correctement. Cependant Fatima me doit des explications. Putain,
pourquoi ai-je l’impression de passer pour un con ?
Je suis rentré en vrac dans la chambre me souciant peu de si elle dormait ou pas.
Moi : Fatima ?
Fatima : hmmm ! Qu’est ce qui ce passe ?
Je lui ai laissé le temps de se redresser avant de balancer son téléphone sur le lit.
Moi (en rogne) : explique-moi. Fatima explique moi ce qui se trame
entre toi et Karim. Pourquoi êtes vous si liés ? Fatima parle moi bon
sang de merde !...............