Chapitre 28

Ecrit par Jennie390

⚜Chapitre 28⚜

Germain Makaya

         Flashback

Le jeune médecin nous laisse les filles et moi dans la salle d'attente pendant ce temps, Bertille a été emmenée pour faire une radio et un scanner pour voir l'étendue des dégâts. Je vais à la boutique pour m'acheter de l'eau et des cigarettes. Je fume à l'extérieur et j'en profite pour téléphoner à Émile. Il laisse sonner pendant plusieurs minutes avant de finalement décrocher.

—Allô, dit-il d'une voix lasse.

—Bonsoir Émile.

— Germain je peux savoir ce qui te donne le loisir de m'appeler à près de 4h du matin?


Je lui fais directement un compte-rendu de la situation.


—Et donc tu m'appelles pour?

— Bah c'est évident non?

— Non Germain, ça ne l'est pas! Éclaire-moi s'il te plaît.


—J'ai besoin d'argent et vite!

— je t'avais déjà envoyé 6 millions, tu as besoin de quel argent encore? demande t-il, vraisemblablement agacé.

—Ma femme a raté la mort parce que j'ai voulu garder ton secret, tu dois nous dédommager pour...

—Et en quoi c'est de ma faute, si tu es incapable de garder un simple téléphone hors de la portée de ta femme? Même pas 3 mois et tu as déjà été découvert. Tu es l'epitome de la médiocrité!

—Tout ce que tu racontes là c'est trop long, je réponds sèchement. Le fusil a changé d'épaule, je te tiens entre mes mains! Je veux 10 millions ou je raconte tout et dépêche-toi !!!


Je ne le laisse pas terminer et je raccroche.


            Fin du flashback


—Maman! crie ma fille qui se roule au sol. Ma mère ne peut pas me laisser seule. Elle n'est pas morte! Oh Seigneur, dis-moi que c'est faux!

— Je veux voir mamaaaan! dit ma deuxième fille.


Elles sont inconsolables et très agitées, les infirmières font de leur mieux pour les consoler. Ce qui n'est pas chose facile.
Quant à moi, je suis sans voix. On a parlé avec Bertille il y a environ 3h de temps et là comme ça, elle fait un arrêt respiratoire? Je me retrouve maintenant veuf, je commence comment?
Ça n'était pas dans mes projets.


—Monsieur Makaya nous n'avons pas de morgue ici dans la polyclinique, dit le docteur qui s'est occupé de Bertille. Nous avons donc fait appel aux pompes funèbres qui vont bientôt arriver d'une minute à l'autre.

—D'accord mais j'aimerais la voir s'il vous plaît.


On m'emmène dans la chambre, je regarde le corps de Bertille, inerte. On avait beaucoup de problèmes, on se disputait tout le temps. Je ne la traitais pas  bien, je lui ai fait beaucoup de coups bas. Mais jamais je n'ai imaginé que Bertille allait mourir avant moi et qu'elle me laisserait avec nos filles. Je commence par où ?


Je regarde son corps et je revois des images de nous plus jeunes, amoureux, heureux. Mais ensuite notre vie de couple a changé, elle est devenue morose et pleine d'épines. À qui la faute? À coup sûr, c'est de ma faute. Je n'ai pas fait beaucoup d'efforts, au contraire.
J'ai un gros pincement au cœur, je serre les dents et refoule les larmes qui veulent couler. Il me faut être fort pour la suite.


L'infirmier vient me retrouver.

—Monsieur Makaya, les pompes funèbres sont arrivées, ils vont l'emmener.

—D'accord je vais les suivre.

Les pompes funèbres embarquent le corps de Bertille. Mes filles pleurent, m'insultent parce que d'après elles, c'est de ma faute. Nous prenons un taxi pour la morgue.

             ~~~~~~~~~

             Emile Biyoghe

Dès que je raccroche avec cet idiot de Germain,   je me lève de mon lit. Je fais les cent pas dans la chambre. Comment puis-je profiter de cette opportunité pour ôter une bonne fois pour toute Bertille de mon chemin? Maintenant qu'elle est au courant, elle peut la jouer très finement pour me tomber dessus vu qu'elle est assurément plus intelligente que son mari.

Je cogite pendant de longues minutes. Il m'a dit que le bon samaritain qui les a transportés a pris un raccourci pour les emmener  dans la Polyclinique la plus proche. Je connais le quartier dans lequel ils vivent, la Polyclinique la plus proche c'est Saint-Honoré.

Je connais deux personnes qui bossent là-bas. Landry Ratanga, mais lui c'est hors de question que je passe par lui. Il me reste donc Marleyne Ovono. C'était la filleule de mon père, c'est ce dernier qui a payé ses études de médecine.

De plus, il y a environ 7ans de cela, elle a empoisonné le gars avec qui elle vivait et qu'elle  soupçonnait d'être infidèle. La famille du gars en question la soupçonnait de sa mort et lui a porté  plainte. Elle est venue me voir pour l'aider, c'est moi qui ai fait étouffer l'affaire avec des relations et avec de l'argent. J'ai donné beaucoup d'argent à la famille et l'affaire c'est tassée.

Toutefois j'ai pris le soin de rassembler et conserver toutes les preuves de cette affaire pour les utiliser un jour pour la faire chanter. Je n'aide jamais sans avoir un intérêt derrière et là j'ai besoin d'elle. Elle doit m'aider, c'est dans son intérêt. Je lui téléphone, puis je lui expose la situation directement et je lui dis ce que j'attends d'elle.


—Figure-toi que tu as énormément de chance, me dit-elle. La femme dont tu parles vient d'être placée sous mes soins.

—Ah super, tu vas m'aider?


—Evidemment que je vais t'aider, tu es mon frère.


Son frère mdr...


—Et ne t'inquiète pas, je vais même pas te demander pourquoi tu veux qu'elle meurt. Quand  j'ai été en difficulté, tu m'as aidé sans me poser de questions. Donc oui je vais t'aider.

Ce n'est pas comme si tu avais le choix ma petite!



—Et comment tu comptes t'y prendre? je lui demande. Je veux un travail efficace, propre et sans bavures.


—Elle a vraiment mal, donc je vais passer par là pour lui donner une surdose de morphine et peut-être la mélanger à d'autres produits pour accélérer l'effet.


—Tu vas lui injecter à chaque fois? je demande.


—Pour faire simple, je vais directement remplir toute une poche avec de la morphine et je vais y ajouter d'autres substances. Je la lui donnerai ensuite sous forme de perfusion, elle ne finira même pas cette perfusion qu'elle fera un arrêt respiratoire.


—Tu es sûre de ça?



—Je suis sûre Émile, tu n'as pas à t'inquiéter.


—Ok! Assure-toi que mon nom ne soit juste pas cité ou que ce soit.


—Emile je te considère vraiment comme mon frère, la famille. Quand je te dis que je gère, c'est que je le ferai vite et bien. Tu peux dormir tranquille, je t'appelle dans quelques heures quand ce sera fait.


—Ok top! je réponds avant de raccrocher.


                Fin de flashback 


Je suis de très bonne humeur aujourd'hui, à tel point que j'apporte même le petit-déjeuner à Yolande ce matin. Elle me regarde de travers à cause du grand sourire que j'affiche, mais je ne vais pas encore lui dire la dernière nouvelle en date à propos de sa tante. Je garde cette information au chaud pour le moment.

Bertille a elle-même cherché sa propre mort,  je ne pouvais pas la laisser en vie pendant qu'elle mettait mes intérêts en danger, surtout que bientôt Mélissa viendra vivre avec nous. Je ne veux rien en travers de mon chemin. Mon but dans cette histoire de Mélissa n'a jamais été de tuer qui que ce soit. La preuve, si je l'avais voulu, j'aurai déjà tué Yolande pour avoir le champ libre avec sa sœur, mais ce n'est pas le cas.

C'est cet idiot de Germain qui n'a pas su être plus discret. Comment laisser des détails aussi importants et incriminants dans son portable qui est carrément à la portée de sa femme. Et dans tout ça, il trouve quand même le moyen de vouloir me soutirer des sous. Il pense avoir trouvé sa poule aux œufs d'or...
J'ai un voyage de deux jours en Guinée Équatoriale, à mon retour. J'étudierai son cas de près .

                 ~~~~~~~~~~

                  Landry Ratanga

Je gare mon véhicule dans le parking et j'entre dans la Polyclinique.


—Bonjour Docteur, me salut la réceptionniste. Comment allez-vous?


—Bonjour, je vais bien et toi?


—Ah ça va mais on a eu un décès très tôt ce matin.


—Ah bon? Qui ça?


—Une dame qui apparemment a été emmenée aux urgences hier dans la soirée, une patiente du Docteur Ovono qui occupait la chambre 103. Les pompes funèbres viennent de partir avec son corps, si vous aviez vu ses deux filles, leurs cris étaient déchirants. C'était trop triste...



Je tique...



—Deux filles, tu dis? La dame ne s'appelait pas Makaya par hasard?


—Bertille Makaya, répond  t-elle après avoir consulté son ordinateur. Elle a fait un arrêt respiratoire, vous la connaissiez?


—Ouais on peut dire ça, je répond, la gorge tout à coup très sèche.


Je me dirige vers mon bureau et je m'assois. Le moins qu'on puisse dire, c'est que je suis choqué. Je suis médecin je sais que ça ne se passe pas toujours bien, qu'on peut perdre des patients. Mais cette mort particulièrement me dérange, ça me chiffonne tellement que je vais voir Axel l'urgentiste.


—Bonjour Axel, dis-je en arrivant dans son bureau. Tu rentre?



—Bonjour Landry, me répond t-il en rangeant son sac.



—J'ai appris que Madame Makaya est morte. Je ne pensais pas que son cas était aussi sérieux.  Elle avait des organes perforés ou alors la cage thoracique déboîtée qui aurait pu altérer sa respiration?


—Elle n'avait rien de tout ça, moi-même jusqu'à présent je ne comprends pas ce qu'il s'est passé.



—Tu as fait le scanner et la radio?



Il fouille dans un tiroir et me tend les résultats que je lis.


—À ce que je vois elle n'avait qu'une côte cassée et d'ailleurs elle n'a même pas l'air cassée mais plutôt fissurée. Donc qu'est-ce qui s'est mal passé?


—Tout le reste était normal Landry. Après le scanner, je lui ai même fait un électrocardiogramme pour voir l'état de son coeur dit-il en me tendant le papier du résultat. C'est toi le cardiologue et je n'ai pas besoin de te dire que les résultats étaient bons.


—Son coeur battait entre 65 et 72 fois par minutes, c'est bon je réponds. Mais qu'est ce qui s'est passé?


—La tension aussi était régulière. Donc quand je l'ai remise aux soins du Docteur Ovono, tout était Ok. Elle m'avait même dit que vu que son cas n'est pas trop grave, elle va juste lui donner une seule injection de morphine et qu'elle la laisserait bien se reposer. Et qu'aujourd'hui normalement elle allait lui permettre de quitter l'hôpital en lui donnant une ordonnance de médicaments à suivre. Donc honnêtement, je ne comprends pas.


Je suis assis avec les résultats devant moi, totalement effaré et sans voix.


—C'est le Docteur Ovono qui s'occupe d'elle, elle n'a pas récupéré les résultats des examens que tu as fait?


—On en fait toujours en deux exemplaires, parce qu'une partie du dossier du patient doit rester ici aux urgences. Donc j'ai remis au Docteur Ovono ses exemplaires, ce que tu tiens en mains, ce sont les miens que je vais faire archiver.


—Ah ok , ça te dérange si je les garde un moment  s'il te plaît ?!


—Non sans soucis. Bon moi je rentre je suis épuisé. Avec le travail qu'on fait là et les décès inopinés qui peuvent surgir, il faut garder la tête  froide.


—Ouais tu as raison. Allez passe une bonne journée.


—Merci, pareillement.


On se sépare dans le couloir et je marche un petit moment en regardant les résultats. Quand je lève la tête je me rends compte que je suis devant la chambre 103 de Madame Ratanga.


—C'est la chambre de la patiente qui est décédée ce matin, dis-je à une infirmière qui passe par là. Le ménage a déjà été fait?

—Non pas encore Docteur, voilà pourquoi la porte est fermée.

—D'accord.


Dès qu'elle s'en va, j'ouvre la porte qui n'est pas fermée à clé vu que le nettoyage devra bientôt se faire. Une fois à l'intérieur, je me rends  compte que tout est apparemment resté dans le même état. J'ai un pincement au cœur en voyant ce lit vide, j'avais promis à cette femme que tout irait bien. Pourtant en temps que médecin, on ne devrait faire aucune promesse aux patients. Finalement ça a mal tourné...

Je m'apprête à sortir lorsque mes yeux tombent sur la perfusion qui est toujours là. La poche du liquide est pratiquement pleine. À ce moment je ne sais pas pourquoi mais mon instinct me dit de prendre cette poche. Vu que je suis quelqu'un qui fait beaucoup confiance à son instinct, je décroche la poche à perfusion et je sors de la chambre.

J'arrive dans mon bureau et je m'assois. Je cogite pendant une quinzaine de minutes avant de ranger la poche dans un tiroir. Je prends ensuite en charge cinq patients en consultation jusqu'à la pause déjeuner. Puis je récupère la poche à perfusion que je mets dans un sac plastique. Je sors de la clinique et démarre mon véhicule. Je sais que ce que je fais n'est pas bien,  ça peut même me causer des problèmes et remettre en cause le travail de mes collègues.

Mais c'est plus fort que moi, je suis littéralement mon cœur. Je gare dans le parking d'un  laboratoire privé d'analyses médicales. Je demande à voir Annie, une jeune femme avec qui j'ai sympathisé il y a un mois dans un resto. J'envoie souvent ici des patients qui ont des examens plus poussés à faire et qu'on ne peut pas faire à la polyclinique. Tout comme Annie me recommande souvent auprès de certaines personnes qui ont besoin de voir un cardiologue.

Je la trouve dans le couloir, on se salue et on se demande des nouvelles.

—Alors mon petit doc, qu'est-ce qui t'emmène ici? demande t-elle en regardant sa montre. Tu es souvent très occupé que tu fais rarement le déplacement. So?


—J'ai besoin d'un service, c'est urgent.



—Tu as des échantillons à me faire analyser? du sang, des urines ?



—Non pas vraiment. J'ai besoin que tu me dises quelle est la composition exacte de cette poche.


—Tu veux que j'analyse le contenu d'une poche à perfusion ? demande t-elle en froissant la mine. C'est basique vous pouvez bien le faire où tu bosses.


—Oui mais je préfère que tu le fasses ici.



—Pourquoi j'ai l'impression que c'est louche? De quoi s'agit-il exactement?


— Je vais te raconter plus tard, mais j'ai besoin que tu analyses cette poche urgemment.



—Ça ressemble à un plan foireux, c'est non mon chéri. Oublie-moi dans ton projet.


Je lui fais mon regard de chien battu...


—S'il te plaît Anne, je te serai extrêmement reconnaissant. Je veux juste me rassurer de quelque chose.


Elle soupire...


—D'accord dit-elle en prenant le sac plastique. Mais sache que ça va te coûter un dîner dans un restaurant très chic et je ne consomme que  du Champagne hein.


—Vendu ma belle, on va manger quand tu veux!


—Super! Bon laisse-moi voir ça et je te fais signe dans la soirée. Ça te va?


—Parfait!



Bonne lecture.

Dans le secret