CHAPITRE 28

Ecrit par Emyam

LYDIA

-Qu’est-ce que tu viens de dire ?

-Je demande qui est Marianne...Mon cœur ? Ça va ? Tu as l’air pâle tout d’un coup... Je fais mine de me préoccuper alors qu’en réalité je jubile de l’effet que lui fait ma bombe.

Comme s’il essayait de lire en moi, il me regarde d’une manière bizarre.

-Mon cœur tu es sûr que ça va ? Tu as l’air...

-Où tu as entendu ce nom ? Qui t’a parlé d’elle ? Demande-t-il durement.

-Non mais calme toi...On croirait que j’ai prononcé le nom d’un fantôme ! La dernière fois tu avais l’air de faire un cauchemar et tu as prononcé à plusieurs reprises ce nom...Tu avais l’air perturbé alors j’ai été intriguée...D’où la question.

Après un long moment de silence qui me fait me demander s’il m’a écouté, il finit par me répondre.

-Je...Considère que ce n’est personne. Comme tu l’as dit, c’est juste un fantôme. Et je souhaite qu’elle continue de le demeurer.

-Mais...

-Je ne veux plus parler d’elle ! Il s’emporte.

-Je croyais qu’on devait apprendre à mieux se connaître, ne rien se cacher ! J’insiste.

-Mais je ne te cache rien ! Juste que je ne vois pas en quoi remuer des squelettes de mon passé aidera notre relation à se porter mieux ! D’ailleurs je ne fais pas toute une histoire moi du fait qu’à part quelques informations basiques il n’existe pratiquement aucune information sur toi ! Je ne me suis pas non plus formalisée de la crise que tu avais faite l’autre fois dans ton sommeil !

Ah...Tu veux jouer à cela donc...Je vois qu’il fait allusion à notre première nuit ensemble. Et sans s’en rendre compte, il vient de m’avouer qu’il avait fait des recherches sur moi...Mais tu ne t’en sortiras pas aussi facilement monsieur Ehui !

-Et bien contrairement à moi, toi tu ne m’as posé aucune question. Sinon j’y aurais répondu car je n’ai rien à cacher.

-Mais je n’ai rien à cacher non plus.

-Et bien ce n’est pas l’impression que tu donnes ! Et je trouve cela dommage...Je termine avec l’air le plus blessé que j’ai en réserve avant de prendre mon sac et de sortir du restaurant. A maintes reprises il m’appelle mais je fais celle qui n’a rien entendu. J’arrête rapidement un taxi dans lequel je m’engouffre, direction son appartement. Je sais qu’il viendra m’y trouver. J’ai juste hâte d’écouter le mensonge qu’il viendra pondre.

 

****

MARC-ARIEL

 

Non mais quelqu’un peut m’expliquer ce qui vient de se passer ? Même morte Marianne n’arrête pas de me créer des soucis !

La simple mention de son nom a gâchée notre déjeuner. Voilà que je me retrouve à la porte de l’appartement sans savoir quelle décision prendre. Lydia demande la vérité...Mais quelle vérité ? Devrais-je lui dire que l’homme en apparence fort qu’elle voit n’a été qu’un cœur en guimauve brisé par une fine manipulatrice ? Devrais-je lui avouer cela ? Se serait me mettre à nue devant elle...Et cette éventualité m’horripile. Elle me rappelle comment Marianne s’est servie de moi quand j’ai osé me confier à elle, m’attacher à elle.

Je refuse que ce schéma se reproduise ! Mais en même temps, je sais que le schéma est déjà reproduit en partie...En tout cas pour ce qui concerne mes sentiments. On se connaît depuis peu mais Lydia a réussi à s’infiltrer dans ma vie, s’insérer dans mon cœur, dans ma peau, dans mes sentiments. Je peux mentir aux autres...Mais inutile de me mentir à moi-même. J’aime cette fille, c’est une évidence. Je suis fou d’elle. Elle est ma bouffée d’air fraîche, celle qui peut me faire le plus grand bien mais en même temps le plus grand tort...Merde...A quel moment mes sentiments ont-ils ainsi virés ? A quel moment suis-je tombé amoureux ?

Finalement, je fais demi-tour...Je sors de l’immeuble et décide qu’il vaut mieux que je rentre chez moi. J’ai besoin de me remettre les idées en place, trop de choses me bousculent le cerveau.

 

Lorsque j’arrive, c’est un Yoann tout joyeux qui m’accueille. Je le serre dans mes bras et le couvre de baisers. J’adore mon fils. Il est ma bouffée, mon plus grand accomplissement. Après avoir papoté un moment avec lui, je décide de monter quelques instants me débarbouiller.

En ouvrant la porte de notre chambre, je vous avoue que j’échappe à une véritable crise cardiaque ! C’est une Cynthia assise dans le lit, la mine grave que je découvre.

-Salut...

Je suis tellement gêné...J’ai l’impression qu’elle pourrait lire mes sentiments pour Lydia affichés sur mon front.

-Tu es enfin là...

-Je suis arrivée depuis un moment...J’étais avec Yoann.

-Assieds-toi Marc. Il faut que je te parle.

-Ecoute chérie laisse-moi prendre un bain et je suis tout à toi, ok ?

-Assieds-toi Marc ! C’est assez grave.

Elle a une mine bizarre en effet...Je le remarque mieux maintenant. Un mélange de choc, d’inquiétude et de colère.

Je finis donc par l’écouter et m’assieds.

-Ok je t’écoute !

-...

-Cynthia ? Tu commences vraiment à m’inquiéter la...Qu’y a-t-il ?

-Tu te rappelles de la question que je t’avais posée la dernière fois ? Il y a une semaine à la sortie de la boîte ?

Wahou...C’est quoi ça ? Une question piège ? Bien sûr que je m’en rappelle ! Mais hors de question que j’avoue quoi que ce soit !

-Ecoute chérie si c’est pour revenir sur des souvenirs de notre sortie laisse-moi au moins me débarbouiller non...

Pendant que j’essaie de me lever, elle balance dans ma direction un feuillet contenant des photos qui s’éparpillent un peu partout sur le lit.

Vient se poser juste sous mes yeux une photo de moi et Lydia dans une posture pas très catholique. Je vous dis cher tous, là présentement, si le sol pouvait s’ouvrir sous mes pieds je m’y serais sûrement abrité...

-Cynthia je...

-Tu quoi Marc-Ariel ? Tu quoi ? Après tous les sacrifices que j’ai faits pour toi ! Après tout ce que nous avons traversé ! Crie-t-elle presque, les larmes aux yeux.

Quand j’ai commencé cette liaison avec Lydia, j’ai toujours refusé de penser à la possibilité que Cynthia découvre tout...Mais je me disais en même temps que si ça arrivait, je trouverais les mots juste. Mais je suis là à l’écouter et les mots justes se sont envolés. Je ne sais pas quoi dire...

Comme je reste silencieux, elle continue...

-Mais ce qui me tue encore plus c’est surtout la PERSONNE avec qui tu me fais ça ! Si seulement tu savais...

Comme je semble perdu, elle me sort un autre feuillet avec d’autres photos. D’un tout autre ordre cette fois.

Des photos d’une fille...Plutôt une femme qui ressemble trait pour trait à Lydia mais qui est d’un autre style...Une femme qui a l’air plus mûre, plus distinguée. Une femme qui a l’air d’avoir une bonne situation financière...Une femme qui n’a rien d’une nounou, rien d’une fille de milieu défavorisé. Des photos de cette femme avec Stéphane Badou. Les tambourinements de mon cœur sont tels que je crois moi-même les entendre. Non mais c’est quoi le délire ? Putain c’est quoi ce cauchemar ? Des photos qui montre une Lydia...Car oui il est évident qu’il s’agit d’elle...Et un Stéphane Badou très complices... Des photos qui datent clairement d’un peu longtemps...Chaque image est comme une flèche dans mon cœur. Non...Ce n’est pas possible ! Elle n’a pas pu me faire un coup pareil...Elle n’a pas pu me faire ça non...Putain pas ça...Pas après Marianne ! Pas maintenant !

Merde...Est-ce normal de crier à la trahison alors qu’on a soit même trahit sa femme ? Est-ce normal cette haine pure qui me déchire le cœur ?

-Et ce n’est pas le plus grave...Continue Cynthia en me sortant une grosse enveloppe pleine de papiers. Cette fille s’est jouée de nous Marc. Elle s’est foutue de nous depuis le début. Elle est rentrée chez nous, a été avec notre fils ! DIEU seul sait le mal qu’elle avait prévu lui faire...

Comme un automate enragé, je saisi l’enveloppe qu’elle me tend. En même temps que je découvre avec horreur, incompréhension, déconcertement et rage le contenu de cette enveloppe, j’entends la voix, lointaine de Cynthia qui en commente le contenu.

-Cette fille n’est qu’une usurpatrice Marc ! Elle ne s’appelle même pas Lydia ! Son vrai nom est Stéphanie AKA. Elle est la sœur cadette de Marianne AKA ! Elle n’a jamais été une pauvre fille...Juste une cinglée et malhonnête comme sa sœur qui s’est mis en tête de nous faire mal...De s’en prendre à notre couple, à notre fils, à notre famille ! Mais nous ne devons pas la laisser faire...Nous devons être plus forts. Nous sommes plus forts ! Nous ne devons pas nous laisser avoir !

 

Deux fois dupé par des filles AKA...Deux fois désabusé...Mais cette fois sera la dernière ! Je le jure ! Je le jure...

COEUR SAUVAGE