Chapitre 29

Ecrit par Djelay

Lili est une fille extrêmement sentimentale. Il ne faut pas grand-chose pour l’affecter profondément. C’est sans doute cette fragilité émotionnelle qui m’a conquis. Elle est tellement vraie.

-         Moi je serais heureux que tu portes mon enfant !

Je ne m’attendais pas à ce qu’elle réagisse de la sorte. Les yeux plissés,  les sourcils froncés, les lèvres retroussées, et le regard réprobateur, Lili ne cache pas son mécontentement. Quoi ? Est-ce à ce point une catastrophe que d’avoir un enfant de moi ? Suis-je si diabolique pour ne pas le mériter ? La réaction de Lili me blesse profondément ! Et dire que je suis en train de risquer ma vie pour cette jeune fille qui me voit comme le démon en personne. Elle est sur le point de dire quelque chose mais je la devance.

-         J’ai compris, pas besoin de dire quoi que ce soit.

-         Mais…

-         Non Lili ! Dis-je d’une voix certes douce mais meurtrie. Il ne vaut mieux pas.  Alors que se passera-t-il avec Emy ? Enchainé-je pour changer de sujet.

Lili me regarde d’une manière bizarre cette fois-ci. Comme si, j’étais une sorte de spécimen inconnu qu’elle tentait d’étudier, de comprendre. Je fais mine de l’ignorer et insiste sur le sujet Emy !

-         Qu’est-ce qui te prends d’un coup Mike ?

Sa question me surprend.

-         J’ai peur de ne pas te suivre.

-         Que crois-tu que j’allais répondre lorsque tu m’as dit vouloir avoir un enfant avec moi ?

-         Nous en avons fini avec…

-         Non. Tu en as fini, moi non. Pourquoi penses-tu toujours à ma place ?  Je t’ai dit à plusieurs reprises que je t’aimais Mike, tu le sais alors pourquoi crois-tu que je ne voudrais pas avoir un enfant de l’homme que j’aime ?

La sincérité dans sa voix me laisse bouche bée. Je n’arrive pas à croire ce que j’entends.

-         Tu parles sérieusement ?

-         Te souviens-tu ? Une fois nous parlions de préservatifs et le fait que je puisse tomber enceinte… Je dois t’avouer que ce jour-là j’étais à un doigt de te dire que j’adorerais porter ton enfant !


Lili,

Mike a la tête de quelqu’un qui vient de voir un extraterrestre. Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. Celui-ci d’un air sérieux, reprend en disant :

-         Sois sincère Lili, crois-tu pouvoir assurer en tant que mère à ton jeune âge ?

-         Pourquoi cette question ?

Je cesse aussitôt de rire n’y croyant pas une seconde. Songerait-il réellement à avoir un enfant ? Maintenant ?

-         Répond juste s’il te plait.

Son regard perçant me fait presque peur. Bien sûr que je le pourrai. J’adore les enfants et je ferai tout pour être une bonne mère. Mais devrais-je le lui dire ? Serait-il correcte d’avoir un enfant maintenant alors que sa vie n’est que tumultes et danger ? Il en est conscient mais cela ne l’empêche pas de l’envisager ? Serait-il en train d’abandonner cette vie sombre ? Il m’a avoué une nuit, vouloir la liberté. Est-ce à cause de moi ? Une lueur d’espoir apparaît soudainement et je n’ai plus aucun doute.

-         Je suis prête à avoir un enfant à cet instant même mon amour.

Mike se lève brusquement, contourne la table et me serre dans ses bras si fort que j’en ai des larmes aux yeux. Pourquoi cette anxiété tout d’un coup ? J’ai l’impression que quelque chose d’horrible va arriver. Non ! Je ne veux pas perdre Mike, je ne peux pas le perdre.

-         Promets-moi de ne jamais m’abandonner Mike. Promets le moi.

-         Je te le promets.

Je console Emy qui pleure à chaudes larmes. Ses parents viennent d’apprendre pour sa grossesse et comme prévu, son père l’a mise à la porte et ce malgré l’intervention de sa mère. Cette dernière est complètement anéantie. Ne voulant pas laisser sa fille seule à son sort, elle a menacé son mari de le quitter s’il ne revenait pas sur sa décision. Ce dernier lui a fait comprendre qu’il ne la retenait pas avant de sortir de la maison. Tante Simone, en larmes faisait sa valise pendant que je faisais celle d’Emy. Cela fait maintenant une semaine qu’Emy cherchait les mots pour annoncer la nouvelle à ses parents sans provoquer leur colère. Même si elle espérait que son père réagisse bien, elle savait au fond d’elle que ce ne serait pas le cas.

-         Je crois que ton père finira par l’accepter avec le temps. Dis-je pour la la réconforter.

Le dernier vêtement rangé, je referme la valise.

-         En plus, tu as toujours adoré séjourner chez ta tante Ama. Elle sera heureuse de vous avoir avec elle le temps que ton père se reprenne.

Emy, toujours silencieuse me gratifie d’un faible sourire. Jusqu’ici, je n’ai pas mentionné Tom. Je ne sais toujours pas pourquoi mon amie a refusé de dire à ses parents qu’il était l’auteur de sa grossesse. Je crois que c’est la raison pour laquelle son père est devenu furax.

-         Je sais ce que tu te demandes Lili. J’ai déjà assez honte d’avoir été rejeté par Tom, je n’ai pas envie qu’il répète à mon père ce qu’il m’a dit.

-         L’enfoiré ! Quand j’y repense je te jure que j’ai envie d’aller le trouver et l’étriper. Comment a-t-il pu oser te dire qu’il ne t’a jamais demandé d’écarter les cuisses et qu’en plus c’est toi qui ne cessais de le harceler.

Je vais m’assoir près d’elle sur le lit. Elle me regarde d’un air à la fois coupable et désolé.

-         Tu sais, au fond il n’a pas complètement tort. La première fois que nous avons couché ensemble, c’était lors de mon dernier week-end passé  chez toi. C’est moi qui me suis faufilé dans sa chambre et comme une putain, je lui ai dit que je voulais qu’il me fasse l’amour.

Son regard est tellement triste que je n’ai pu m’empêcher de verser une petite larme. Je me rappelle très bien cette nuit. J’avais constaté son absence lorsque je me suis réveillée au milieu de la nuit.

-         Les jours qui ont suivi n’ont pas été différent. Pire ça s’est empiré lorsque tu es allé vivre chez Mike. J’allais voir Tom tous les jours parce qu’il était mal en point. Pourtant cela ne nous empêchait pas de baiser. Crache-t-elle durement. Quelle conne j’ai été !

Et elle fond de nouveau en larmes. Ne pouvant rien faire de plus, je la prends dans mes bras et lui répète que tout ira pour le mieux et que je serai toujours là pour elle ainsi que pour mon futur neveu ou ma future nièce.

-         Excuse-moi Lili, j’aurais dû t’écouter.

-         Là, là ! Ce n’était pas ta faute. Tu étais simplement amoureuse. C’est lui le salaud.

Mon portable sonna au moment où je terminais ma phrase.

-         C’est Mike ? Demande Emy après m’avoir libéré.

J’acquiesce avant de décrocher.

-         Coucou

-         Tout va bien bébé ?

-         Oui, je suis avec Emy, je l’aide à faire sa valise.

-         Sa valise ? Ses parents l’ont jeté dehors.

-         Je te raconterai tout lorsque je rentrerai.

-         Tu l’emmènes avec toi ? Me demande-t-il.

-         Non, elle ira chez sa tante avec sa mère.

-         Avec sa mère ?

-         Mon amour, je t’expliquerai tout plus tard, là je dois raccrocher.  Ne m’en veux pas s’il te plait.

-         Appelle-moi quand tu auras fini, je viendrai de chercher.

-         Ok. Je t’aime tu sais. Dis-je tout bas en jetant un regard furtif à Emy.

-         Je t’aime aussi ma p’tite poupée. A plus.

Je raccroche et m’apprête à affronter de nouveau le regard triste et envieux d’Emy. Heureusement, sa mère choisit ce moment pour faire son apparition.

-         Allez les filles, c’est l’heure d’y aller. Le taxi nous attend.

Il est dix-neuf heures lorsque je prends congé d’Emy. Mike m’attendait déjà devant la maison tante Ama. Celle-ci habite dans la somptueuse commune de Cocody. Retraitée depuis trois ans, elle vit dans cette villa de sept pièces avec seulement son époux. Leurs enfants étant tous les trois en Australie.

-         Je t’appelle demain ma chérie et promet moi de ne plus pleurer.

Emy hoche la tête et m’enlace très fort. Je m’écarte au bout de quelques secondes, lui souris puis pars rejoindre Mike dans la voiture. Ce dernier, depuis son siège fait un signe de la main à Emy qui l’imite avec un sourire.

-         Tu as l’air épuisé. Dit-il une fois que je me sois installée.

-         Epuisé est bien trop peu pour décrire mon état actuel.

Il rit, puis m’embrasse avant de m’ordonner de mettre la ceinture.

-         As-tu envie d’aller diner au restaurant ?

-         Non, rentrons s’il te plait. J’ai besoin d’un bain et d’un massage. Ajouté-je d’une voix coquine.

Il détourne ses yeux de la route un instant pour me regarder. Immédiatement, des charges électriques envahissent  l’habitacle

-         Regarde la route s’il te plait.

-         Pas quand tu me dis ce genre de choses. Ce dont j’ai envie maintenant, c’est de me garer sur le côté et de faire l’amour dans la voiture.

J’aurais dû lui dire qu’il est fou. Mais l’excitation et le désir m’ont rendu muette. Ayant dû prendre cela pour un oui, Mike se  gare sans plus attendre. Il enlève ma ceinture, et m’attire sur ses genoux. J’ai à peine le temps de réaliser ce qui est en train de se passer que sa bouche s’écrase sur la mienne. Des picotements font immédiatement ressentir entre mes cuisses me poussant à onduler frénétiquement sur lui. J’ai envie de lui maintenant. Mike a sûrement dû le sentir car son membre dur et tendu fait son apparition. Heureusement que j’ai eu l’idée de mettre une robe patineuse aujourd’hui. Dans la hâte, Mike écarte mon string et m’empale sur lui sans interrompre notre baiser. Je laisse échapper un gémissement satisfait lorsque je le sens au fond de moi. Je commence à bouger d’abord lentement puis très vite soutenue par Mike. Les mains sur mes hanches, il fait accélérer mes mouvements à un rythme impressionnant. Nous avons l’air de deux bêtes assoiffées l’une de l’autre. Mes cris percent le silence de la nuit.  Une chance que cette route ne soit pas beaucoup fréquentée. Au bout de quelques minutes j’explose de plaisir, extenuée. Mike me rejoint dans un grognement libérateur après deux derniers coups de rein.

-         Putain, Lili qu’est-ce qui  t’a pris de me sauter dessus comme ça !

J’éclate de rire tandis qu’il m’aide à reprendre ma place. Je le sens remettre ma ceinture et démarrer la voiture. J’ai juste eu le temps d’entendre je t’aime mon ange avant de sombrer dans un sommeil. Me réveillant brusquement, le corps trempé, je suis encore bouleversée et effrayée. Mes yeux  se dirigent automatiquement sur le côté à la recherche de Mike. La panique me gagne à l’instant où je réalise que la place est vide. Sortant à la hâte de la chambre, je lutte de toutes mes forces pour chasser ces images de mon esprit. Je n’ai pas l’habitude de faire des cauchemars et celui-ci avait l’air tellement réel.

-         Mike, l’appelé-je en descendant en trombe les escaliers.

Aucune trace de lui dans la cuisine. J’espérais qu’il y serait pour boire de l’eau ou n’importe quoi d’autre. Sa salle de sport est aussi vide. Mais où se trouve il à la fin à la fin.

-         Mike ? Hurlé-je cette fois-ci.

Toujours pas de réponse. Je cours en direction de la chambre de Kevin dans laquelle j’entre sans prendre la peine de frapper.

-         Kevin où est…

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en voyant le corps sans vie de Kevin sur le sol au milieu de la pièce. L’air me manque subitement et j’ai l’impression d’étouffer. Inspirant de grosses bouffées d’air, je me tiens à la porte lorsque je sens mes jambes flageoler. Tout se déroule exactement comme dans mon rêve. Ce qui voudrait dire que Mike est…

N’osant pas le dire, je me précipite hors de la chambre,  puis gravis à la hâte les escaliers. Le cœur battant j’entre de nouveau dans notre chambre et à pas de loup, me dirige vers la salle de bain. La main posée la poitrine, j’ouvre la porte m’attendant au pire. Dans la baignoire dont l’eau est devenue aussi rouge que du sang, flotte le corps de Mike. Déchirée par la douleur, je me laisse tomber sur le sol avant de pousser un effroyable ci.

-         Lili, Lili…

Des mains me secouent vivement alors que je me débats de toutes mes forces.

-         Lili, c’est moi Mike, calme toi, tout va bien mon ange.

Mes yeux s’ouvrent aussitôt. Surprise de le voir, je me jette dans ses bras pour m’assurer qu’il ne s’agisse pas d’un rêve. Tout en pleurant je le serre très fort, refusant un seul instant de m’éloigner.

-         Là, ça va ma p’tite poupée. Ce n’est qu’un vilain rêve. Tu es ici avec moi dans notre lit.

-         Tu étais mort Mike… et Kevin aussi. Bégayé-je en reniflant.

-         Tu vois bien que je suis là plus vivant que jamais et Kevin aussi. Alors n’y pense plus.

Mike, prend ma tête en coupe, essuie mes larmes de ses pouces et pose un doux baiser sur mes lèvres.

-         Tout va bien, je ne mourrai pas avant deux cent ans.

Je souris avant de le reprendre dans mes bras.

-         Quelle heure est-il ?

-         Trois heures du matin mon ange.

-         Désolée de t’avoir réveillé.

-         Mais non, voyons ! J’aime quand tu me réveilles.

Lorsque je ris, je le sens enfin se détendre. Bien qu’il parût tranquille, son inquiétude sautait aux yeux. Nous nous recouchons et Mike se mit à me bercer jusqu’à ce que je me rendorme.

Dans deux heures, il ne reste plus que deux heures et j’aurai enfin mes résultats. Depuis ce matin, mon regard ne cesse de harceler l’horloge du salon. Déjà trois semaines qu’Emy n’habite plus le quartier. Tom ne s’est toujours pas manifesté. Chaque fois que je vais à notre ancienne maison, il refuse de m’ouvrir. Quel sale enfoiré ! Il aurait fait honte à nos parents si ces derniers étaient encore en vie. Il ne mérite même pas que je m’inquiète pour lui. Bon sang, ce stress ne me lâche pas une seule seconde. Emy doit certainement être dans le même état car elle ne fait que me téléphoner depuis ce matin. Mike aussi d’ailleurs. Ce dernier semble plus stressé que moi. Quand on parle du loup. Pensé-je en décrochant au téléphone.

-         Alors ?

-         Tu m’as posé la question, il y a à peine une minute.

-         Je ne tiens plus en place Lili. Je n’arrive même pas à être concentré. Tu sais quoi je rentre tout de suite.

-         Détend toi mon amour, les résultats seront disponibles à quatorze heures.

-         C’est encore loin.

-         Je me demande dans quel état tu serais si c’était toi qui avait passé l’examen.

Il éclate de rire.

-         Peut-être moins stressé, je suppose. Tout ce qui te concerne est plus important pour moi que tout le reste.

Quelle femme ne fondrait pas devant de telles paroles ?

-         Je t’aime mon amour.

-         Moi aussi mon ange. Merde j’ai un autre appel, je te rappelle plus tard ma p’tite poupée.

Je bondis sur le téléphone en entendant la sonnerie. J’ai à peine eu le temps de dire ‘’Allô’’ qu’Emy me déchire le tympan. N’y tenant plus, je me mets moi aussi à hurler comme une folle.

-         Nous avons réussi ma belle. Nous avons notre Bac. Dit-elle à bout de souffle.

-         Félicitations Emy, je suis heureuse tu ne peux pas savoir à quel point.

-         Moi aussi. Ma mère est tellement fière qu’elle ne cesse de pleurer depuis tout à l’heure.

-         Cela me fait plaisir. Tante Simone est un amour et elle mérite que sa fille unique réussisse dans la vie.

-         J’ai une excellente nouvelle à t’annoncer ma chérie. Me dit Emy, la voix toute excitée.

-         Quoi, tu attends une fille ?

-         Mais non, t’es bête ! C’est trop tôt pour le savoir.

Je pouffe de rire après avoir réalisé qu’elle avait raison.

-         Alors c’est quoi ? La pressé-je.

-         Mon père m’a téléphoné quand il a appris pour mon examen.

-         Vraiment ? Qui le lui a dit ? Ta mère ?

-         Oui.

-         Alors ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

-          Il s’est d’abord excusé, ensuite il m’a félicité et m’a dit qu’il était très fier de moi, tu peux le croire ? S’écrie-t-elle joyeuse.

-         Oh ma chérie... Dis-je, une larme à l’œil.

-         Et j’ai gardé le meilleur pour la fin.

-         Crache vite le morceau.

-         Je reviens au quartier. Papa vient nous chercher donc d’ici ce soir je serai de retour.

Je ne pus retenir un cri de joie. J’étais sur le point de lui dire que j’étais heureuse de la nouvelle  lorsque mon téléphone me signala un double appel. Mike ? Oh mon Dieu, j’ai oublié de l’appeler.

  Fin du vingt-neuvième chapitre. Bizbi.


Ps: Hello les filles! Vous devez sûrement m'en vouloir pour cet abandon forcé. Je m'en excuse. Je vivais une situation assez douloureuse, il m'était donc impossible d'être avec vous. Merci à toutes celles qui m'ont laissé des messages, spécialement à DITO. J'en suis très touchée.

Facette obscure