Chapitre 30
Ecrit par Djelay
Je ne pus retenir un cri de joie. J’étais sur le point de lui dire que j’étais heureuse de le savoir lorsque mon téléphone me signala un double appel. Mike ? Oh mon Dieu, j’ai oublié de l’appeler.
- Emy, peux-tu raccrocher s’il te plait, j’ai un double appel.
- C’est Mike ?
- Oui, je te rappellerai, raccroche s’il te plait.
- Mon amour ?
- Avec qui étais tu au téléphone ? Demande-t-il sèchement.
Ah, Ce côté de lui ne changera jamais.
- Avec Emy.
- Oh !
Sa voix se fait plus douce.
- Alors comment va-t-elle ?
- Bien, elle m’a appelée pour m’annoncer ses résultats.
- Alors tu as les tiens ? S’empresse-t-il de demander.
- Oui.
- Et ?
J’observe un moment de silence, histoire de mettre un peu de suspense.
- Ah je vois. Ce n’est pas la fin du monde ma chérie. Tu pourras le repasser l’année prochaine. Tu es encore jeune tu sais et je suis sûr que…
- Mike, j’ai mon bac en poche.
Une éternité s’écoule avant qu’il ne se décide enfin à répondre.
- Putain Lili ! J’étais tellement triste. Ne joue plus à ce genre de jeu.
- Excuse-moi. Dis-je en riant.
- Oh mon ange, je suis tellement heureux et soulagé. Je rentre tout de suite, il faut fêter ça. Toutes mes félicitations ma p’tite poupée. Je savais que tu réussirais.
- Merci mon amour.
- A tout de suite. Je veux que tu m’attendes toute nue dans notre lit.
- Quoi ? M’écrie-je.
- Et allongée sur le ventre. Ajoute –il
- Tu es sérieux ?
- Plus que sérieux.
Et il raccrocha sans un mot de plus. L’idée de me retrouver nue et offerte m’amuse et m’excite à la fois. Ne sachant pas dans combien de temps il sera là, je me dépêche de gravir les escaliers afin d’exécuter la tâche qui m’a été confié. Un quart d’heure plus tard, alors que je commençais à m’impatienter, j’entendis des bruits de pas dans le couloir. Ne tenant plus sur moi-même, j’essaie tant bien que mal d’adopter une position provocante. J’opte pour les jambes grandement écartées et les fesses légèrement rebondies.
Un long silence suivit le claquement de la porte. Je pouvais deviner son désir à travers sa respiration bruyante et saccadée. Je ne fis aucun mouvement, dressant juste l’oreille à l’affût du moindre mouvement. Le bruit de froissements m’indique qu’il retire ses vêtements. Je l’entends ensuite avancer vers moi. Pourquoi suis-je aussi agitée ? Le cœur battant à vive allure, j’ai l’impression qu’il va éclater à tout moment. C’est ridicule de se sentir comme ça. Nous ne sommes pas à notre premier acte sexuel après tout. Je cesse aussitôt de penser lorsque je sens ses mains se poser sur ma paire de fesses. Mike commence par les caresser, puis les presse pour ensuite les inonder de baisers. Sa langue remonte le long de mon dos jusqu’à ma nuque où elle marque une pause avant de lécher le lobe de mon oreille. Je me sens défaillir tant le plaisir est incommensurable. Mike s’étant à présent sur moi de tout son poids. C’est étrange, son poids ne me pèse pas du tout. Mes jambes écartées, lui entre elles, me pénètre sans grand effort. Et il me fit l’amour, dans cette position si érotique jusqu’à ce que je sois secouée de spasmes et que je bascule dans les abîmes de l’extase. Quelques instants après, Mike se déversa en moi dans un grognement digne d’un mal.
- Toutes mes félicitations mon ange. Me susurre-t-il à l’oreille
J’éclate de rire en enfonçant le visage dans le matelas.
- Est-ce cela mon cadeau ? Demandé-je sans cesser de rire.
- Le premier oui.
Je crois que mon hilarité l’amuse. Il me retourne pour que nos regards puissent enfin se croiser.
- Parce qu’il y en a plusieurs ?
Je froisse les lèvres, curieuse de savoir ce qu’il me réserve.
- Non juste deux. Tu as déjà déballé le premier cadeau et il ne reste plus que le second.
- Et qu’est-ce que c’est ?
- Regarde sous l’oreiller.
- Quoi ? A quel moment l’as-tu mis là ?
Je me demande comment a t-il fait pour que je ne m’aperçoive de rien. Impatiente de découvrir ce que c’est je passe vite la main sous l’oreiller d’où je sors une petite boîte noire habillé d’un seul ruban rouge. Hésitant à l’ouvrir, je l’interroge du regard. Je pense que ce sont des boucles d’oreilles, ou une chaîne.
- Alors qu’attends-tu pour l’ouvrir.
D’un geste lent, j’ouvre alors la boîte. Je faillis m’évanouir en voyant les clés d’une voiture.
- Tu plaisantes ? Demandé-je en le fixant.
Il se contente de me sourire.
- Mike, non, c’est trop. Je ne peux pas…
- Bien sûr que tu vas l’accepter. Tu es ma femme et tu mérites bien plus que ça.
- Mais je n’ai même pas le permis et je ne sais pas conduire. Protesté-je.
- Tu apprendras dès demain.
- Mon Dieu Mike. Tu m’as offert une voiture ?
Je croyais être dans un rêve. Moi qui galérais pour me trouver ne serait-ce que de quoi m’acheter des serviettes hygiéniques, aujourd’hui j’ai une voiture. Heureuse et touchée par cette attention, je l’étreins en pleurant.
- Tu ne vas pas pleurer maintenant. Dit-il en me serrant dans ses bras. Souris moi plutôt et file ensuite dans la salle de bain car ce soir je t’emmène au restaurant.
Je ne reviens pas que les membres de comité d’organisation m’ait lâchée. Le président ainsi que son second, n’ayant pas eu le bac ont décidé de se retirer laissant l’organisation du bal de fin d’année aux mains des six autres membres dont je fais partie. Comme je m’y attendais, les autres refusent d’endosser une quelconque responsabilité liée à l’organisation de l’évènement. Tout repose donc sur moi. Comment vais-je m’en sortir ? Bon sang ! Face au proviseur, je réfléchis à la réponse que je dois lui donner. D’ailleurs il semble s’impatienter.
- Mlle BOUADI, alors le bal aura-t-il lieu ou pas ? N’oubliez pas que vous devriez restituer sur le champ l’argent qui vous a été prêté par le lycée.
- Bien entendu. Etant donné que nous n’avons encore effectué aucunes dépenses, l’argent se trouve toujours dans la caisse.
Je le sais parce que je suis la trésorière. Ce pendant compte tenu de la situation que je vivais avec Tom, je ne pouvais courir le risque qu’il découvre une telle somme et s’en empare. Alors, c’est à Emy que j’ai confié la garde de la caisse.
- Si je vous ai convoquée aujourd’hui c’est parce que le jeune Franck m’a dit qu’il n’était plus concerné par l’organisation et qu’il fallait que je voie tout cela avec vous.
Satané Franck ! Il a fait tout un tapage pour être président du comité et maintenant il se désengage parce qu’il a échoué à son examen. Et comme si ça ne suffisait, il fallait qu’il me mette tout sur le dos.
- Alors ? Je n’ai pas toute la journée.
- Il aura lieu monsieur.
Putain, pourquoi ai-je dit ça ? Mike n’acceptera jamais que je me charge de l’organisation de ce bal. En plus il faudra absolument que j’y assiste et ça il le voudra encore moins.
- En êtes-vous sûre ?
Le proviseur semble douter de mes capacités à pouvoir tout gérer. Normal, vu cet air incertain que j’affiche.
- Euh ! Oui (Je me racle la gorge). Je veux dire oui. Repris-je d’une voix assurée.
- Très bien alors.
Il se lève pour mettre fin à l’entretien. J’en fais de même, prend la main qu’il me tend puis quitte le bureau. Une fois dehors, je souffle un bon coup comme si je viens de me libérer d’une lourde tâche alors qu’il y a encore plus lourd à venir. Comme informer Mike par exemple. Il va péter un câble c’est certain. Je rejoins la voiture et le chauffeur qui m’attendent devant le lycée. Depuis deux semaines, je sors toujours accompagné d’un chauffeur. Je le soupçonne d’être plus un garde du corps qu’un chauffeur. Mike es très bizarre dernièrement. Le lendemain de la proclamation des résultats, il est rentré très tard. Je ne lui ai pas posé de questions parce qu’il avait l’air épuisé voir même extenué. J’ai senti dans son regard que quelque chose n’allait pas. Lorsqu’au petit matin, je l’ai interrogé à ce sujet, il m’a dit que tout allait bien avant de m’annoncer que dorénavant il m’était interdit de sortir en taxi et toute seule. Inquiète, j’ai bien évidement voulu en connaître la raison. Il m’a simplement répondu qu’il y avait beaucoup trop d’accidents dernièrement. Comme si j’allais gober ça ! Une chose que j’ai apprise c’est de ne jamais contrarier Mike.
Mike,
Dans une semaine ce sera le grand jour. Tout est enfin en place, cependant je ne peux m’empêcher d’être inquiet. J’ai comme le sentiment que quelque chose de terrible va se produire et mes idées se tournent à chaque fois vers Lili. S’il devait lui arriver quelque chose, j’en mourrais. Depuis peu, je pense à l’envoyer à l’étranger le temps que tout s’arrange ici mais têtue comme elle est, elle refuserait sûrement. Il faut pourtant que je l’y oblige. C’est décidé ! Dès demain, Je l’enverrai En Angleterre et elle y restera jusqu’à ce que l’opération se termine.
- Fiston, A quoi penses-tu ?
Je ressors brusquement de mes pensées ne voulant pas éveiller les soupçons. Djédjé m’observe étrangement. Quelque chose semble le tracasser. Aurais-je foiré ? A-t-il des doutes ? Non, impossible.
- Tout va bien caméléon ? M’interrogea ce dernier alors que j’étais sur le point de répondre à Luc.
- Très bien.
- Je n’en suis pas si sûr. Tu m’as l’air inquiet. Y aurait-il une faille dans notre plan ?
Ah c’est donc cela. Il croit que je m’inquiète pour le plan. Si seulement tu savais que je me contre fiche du plan. Pensé-je.
- Non juste que, je revois le timing dans ma tête !
- Et ? Intervient Luc. Tout est ok ? Tu crois que ça peut marcher sans aucune embrouille ?
- Oui. Le plan me semble parfait. Déclaré-je en souriant.
Je peux alors voir le soulagement dans leurs yeux. Djédjé a pu convaincre ses subordonnés de dédouaner la marchandise sans procéder à des vérifications. Celle-ci arrivera dans cinq jours. Et le lendemain je suis censé faire venir les camions au port pour charger et transporter la marchandise jusqu’à l’entrepôt que j’ai prétendu avoir déniché. Ce qu’ils ignorent c’est que l’endroit sera truffé d’agents des stups.
- Comme je vous l’ai dit, la marchandise ne peut pas rester plus de trois heures à l’entrepôt. Ce qui veut dire que les acheteurs devront être présents à l’arrivée des camions ou avant.
- Quoi ? Ça ne faisait pas partie du plan. Tu n’en avais pas parlé. C’est impossible ! S’écrie Luc.
Tout se joue là. Evidement que j’ai attendu le dernier moment pour en parler afin qu’ils n’aient aucun autre moyen de régler le problème. Le but est de faire sortir le lion de sa tanière. Pour de telles quantités de drogue, les acheteurs exigent toujours de traiter directement avec Tonnerre. Et bien évidemment, le deal ne se fait jamais de manière virtuel.
- Tonnerre n’avait pas prévu une rencontre de sitôt. J’ai cru qu’on aurait au moins trois semaines pour liquider la marchandise.
Oh que non mon cher Luc.
- Pardon ? Feignis-je d’être étonné. Comment ça trois semaines pour liquider la marchandise. Je te rappelle que lorsqu’on commande une telle quantité c’est qu’on est sûr que les acheteurs soient prêts. N’est-ce pas ? Ou nous aurais tu menti Luc ?
Je retourne la situation en ma faveur, faisant même tiquer Djédjé qui pose sur le vieil homme un regard douteux. Au pied du mur, Luc n’a pas d’autres choix que de nous rassurer afin de ne pas passer pour un incapable ou pire un menteur.
- Bien sûr que les acheteurs sont prêts. Seulement Tonnerre avait prévu les rencontrer deux semaines après l’arrivée de la marchandise à l’entrepôt. Je ne crois pas qu’il soit…
- Je me fiche de ce que tu crois ou non. Le coupé-je.
Mes deux collaborateurs semblent offusqués. En général, personne n’ose parler de la sorte à Luc. Même moi, le plus indiscipliné de tous fais très attention aux paroles que je lui adresse. Cependant, pour être convainquant il faille que je sorte le grand jeu.
- Je risque ma peau pour ce fichu coup alors soit Tonnerre s’emmène et se débarrasse vite fait de cette marchandise, soit je me retire tout de suite. Je ne sais pas pour les autres mais moi je n’ai pas envie de finir mes jours en prison.
- Le caméléon a raison. Nous risquons nos vies alors je suis d’accord avec son plan.
Parfait ! Jusqu’à présent, tout se déroule exactement comme je l’avais prévu. Djédjé est de mon côté ce qui veut dire que Luc n’a pas d’autre choix que de se rallier.
- Merde ! Vous me faites quoi là ! Clama-t-il. Le boss ne sera pas content de changer ses plans. Putain Mike tu aurais dû le dire plus tôt.
Il me supplie presque du regard espérant que je lui fasse une meilleure proposition.
- Je suis désolé Luc, s’il ne veut pas changer ses plans alors c’est sans moi.
Et je me mets debout, feignant de partir. Je termine d’un seul trait mon verre de whisky puis me dirige vers la sortie sans un mot de plus. Alors que je m’apprête à refermer la porte du bureau j’entends la voix de Luc résonner dans mon dos.
- Arrête tes conneries et reviens ici. C’est bon vous avez gagné. Je convaincrai Tonnerre. Finit-il par céder.
N’étant pas content, il se laisse tomber dans le fauteuil et sort téléphone portable. Je reviens m’installer, me ressers du whisky et attend le fin mot de l’histoire. Luc, après avoir lancé le numéro de Lion, active le haut-parleur.
- Hey, brother alors tout est enfin prêt pour recevoir les cargaisons.
Sa voix grave retentit dans la pièce telle le grondement du tonnerre. Ce surnom lui convient parfaitement.
- Il y a un léger problème Boss, c’est que nous ne disposons pas d’assez de temps pour garder la marchandise.
- Que veux-tu dire par ‘’pas assez de temps’’.
- Nous n’avons que trois heures pour libérer l’entrepôt.
- Tu te fous de moi ? Hurle-t-il
- Pas du tout. En fait…
- En fait rien du tout, arrange moi ça vite fait j’ai d’autres engagements…
- Que vous allez devoir reporter. Le coupé-je.
Luc darde sur moi un regard menaçant mais je m’en fiche. Il n’aurait pas été capable de convaincre Tonnerre. Il s’y est mal pris dès le début.
- Qui ose me parler de la sorte Luc ?
Le boss, ne cache pas son mécontentement. Il croit peut-être m’intimider avec ce ton menaçant mais il se trompe lourdement.
- Je suis Caméléon monsieur et sauf votre respect je me devais d’intervenir car il s’agit là d’une mission délicate.
- Ah, c’est vous le fameux Caméléon. Luc ne cesse de vanter vos exploits. Sachez que je vous porte une grande estime.
- Et j’en suis honoré. Comme je le disais, je suis en charge du bon déroulement de l’opération. Je tiens à vous rappeler que la brigade des stups dispose d’un service de renseignements hyper efficace. Et même trois heures s’avèrent être risquées pour nous. Alors il faut absolument évacuer toute la marchandise dans ce laps de temps.
- Mais je dois absolument être là pourtant…
- Je crains que vous n’ayez guère le choix. C’est soit ça (Luc m’intime de me taire)… Soit rien du tout.
Comme si j’allais l’écouter. Un silence s’abattit dans le bureau. Tous, attendons la décision de Tonnerre. Le cœur battant, je prie pour qu’il accepte. C’est ma seule chance, il faut que je la saisisse coûte que coûte.
Fin du trentième chapitre Bizbi.