Chapitre 29: Le début de la fin

Ecrit par MTB

Elvire venait de me montrer un anneau. Ce n’est pas qu’un simple anneau mais plutôt une bague de fiançailles. Et pourtant je ne l’avais jamais remarqué à son doigt. Contre toute attente, ma réaction fut bizarre. Beaucoup ne comprendrait pas qu’elle était liée à ce que je venais d’avoir comme information avant de rentrer à la maison.

-          Quoi ? J’espère que c’est une blague que tu me fais. Elvire, je ne suis pas d’humeur.

Elle était au bord de l’explosion. Sans lui accorder plus d’attention, je sortis mon trousseau de clés pour ouvrir la porte quand elle me tendit le test de grossesse qu’elle avait entre ses mains avec deux petits traits. J’étais resté comme momifié pendant un instant en fixant le petit appareil qu’elle tenait dans sa main tremblante. Après avoir réussi à ouvrir la porte, je rentrai pour poser mes affaires en laissant la porte ouverte comme pour l’inviter à ma suite. Une fois mes effets posés, je remarquai qu’elle se tenait toujours devant l’entrée. Ma réaction n’était pas si correcte que cela. Alors pour me racheter, je vins lui tenir la main pour la faire entrer. Je lui proposai un verre d’eau en l’invitant à s’asseoir à côté de moi. Au fond, il y avait une petite voix qui était contente de la savoir enceinte de moi car je pourrai faire d’elle ma femme vu que je jalousais déjà les hommes qui s’offriraient le loisir de tripoter son corps de rêve. Cependant, elle parlait d’une complication liée à ses fiançailles.

-          Comment vas-tu ?

-          Je ne sais pas trop. Je suis perdu. Je ne sais quoi faire.

-          Donc tu es sûre que cette grossesse est de moi ?

-          Oui. Tu as été le seul avec lequel j’ai eu des rapports sexuels depuis des mois.

-          Et Didier alors ?

-          Cela fait plus de trois mois qu’il ne se passe plus rien entre nous.

-          Hum.

Un silence s’installa pendant un moment. Je réfléchissais à quoi faire. Sur le coup, j’étais un peu sonné. Sérieusement, le ciel me tombait sur la tête. Démissionner de son boulot, apprendre que sa petite amie était enceinte avec un doute sur la paternité de l’enfant, et découvrir que ta voisine affirmait être enceinte de toi. Je bus encore un verre d’eau avant de continuer.

-          Donc tu ne prenais aucune précaution ? Nous n’avons fait l’amour qu’une seule fois sans protection.

-          C’est parce que j’avais un implant. Je ne sais pas pourquoi cela n’a pas fonctionné.

-          Et que comptes-tu faire maintenant ?

-          Toi, que comptes-tu faire ?

-          Si ce bébé est de moi comme tu le dis, alors je le garde.

-          J’ai envie de le garder moi aussi mais le problème, c’est Didier.

-          Quel est le rapport avec Didier ?

-          Je n’avais pas rompu avec lui officiellement. Pour mes parents, il est toujours mon fiancé. Ce serait mal vu que je sois enceinte d’un homme différent de mon fiancé.

-          Je vois. Mais dis-leur la vérité sur lui.

-          Dire ne changera pas grande chose. Car le fait qu’il me trompait ne me donnait pas le droit de faire pareil. Je ne sais pas non plus comment il le prendrait.

-          Tu veux que je le lui dise ?

-          Non. C’est à moi de le faire.

-          Je peux te poser une question ?

-          Oui vas-y.

-          Pourquoi veux-tu garder cet enfant malgré ce que cela coûtera à ton honneur ?

-          Parce que je t’aime Charles. Voilà. Je ne te cache pas que je suis content que la grossesse soit de toi que de Didier.

-          Amoureuse de moi ? Jusqu’à ce point ? En plus, avant ou après avoir couché avec moi ?

-          Après. C’est vrai que je te trouvais beau, attirant et croquant et que je n’ai pas pu m’empêcher de te désirer. Puis il y a eu Abidjan et comment tu as géré l’histoire d’Eugénie. J’ai compris que tu avais ton point faible mais que tu respecterais la femme que tu choisirais. Depuis ce temps, j’ai commencé par t’aimer. Et toi, pourquoi veux-tu que je garde ce bébé ?

-          Pour les mêmes raisons. Je suis tombé amoureux au fil des jours. Bref, je crois.

-          S’il te plait, ne te sens pas obligé de faire de moi ta femme parce que j’attends un enfant de toi.

-          Ne dis pas cela. Viens dans mes bras que je te serre. Nous trouverons une solution ensemble.

Je pense que mon geste l’avait quelque peu rassurée et apaisée puisque moins de dix minutes après qu’elle se soit blottie dans mes bras, le sommeil l’avait déjà conquise. Je passai ma main dans ses cheveux pour la caresser puis lui déposa un baiser sur le front avant de l’allonger sur le canapé. Je me suis donc dégagé pour ranger mes effets et faire une cuisine rapide. C’était d’ailleurs l’odeur du riz qui la réveilla. Elle était assise dans le canapé à m’admirer avec mon tablier autour du cou. Je lui proposai à manger mais elle ne prit que deux ou trois bouchées pour me faire plaisir car disait-elle, elle n’avait pas faim.

Le soir, j’appelai Cynthia pour prendre de ses nouvelles. Mais comme elle ne décrochait pas le téléphone, j’appelai chez elle pour avoir confirmation de sa présence sans ajouter qu’elle avait été hospitalisée. On m’avait juste dit au téléphone qu’elle n’était pas de très bonne humeur mais ne disait pas non plus ce qui lui arrivait. Je décidai alors de me rendre chez elle pour en savoir d’avantage. Ce n’était qu’après de longues négociations qu’elle accepta ouvrir la porte de sa chambre.

-          Cynthia, ça va ?

Aucune réponse de sa part. Elle s’était adossée au mur et serrait un nounours dans ses bras comme pour se protéger de quelque chose ou de quelqu’un. J’insistai encore une fois en ajoutant que si elle ne répondait pas, je partirai et que je n’accepterai pas non plus qu’elle vienne chez moi. Alors elle me demanda :

-          Charles, est-ce que tu m’aimes vraiment ?

-          Pourquoi cette question ?

-          Tu étais à la clinique n’est-ce pas ?

-          Oui.

-          Et tu n’as pas daigné m’attendre ou même me voir.

-          Sur ce point je m’excuse. mais dis-moi, qu’est-ce qui t’a conduit à l’hôpital au juste ?

-          Tu le sais déjà et tu me poses encore la question ?

-          Qu’est-ce que je sais déjà ?

-          Que tu vas bientôt être papa. Sauf que je vois que tu n’en veux pas

-          Simplement parce que je sais que je n’en suis pas l’auteur.

-          Quoi ? Comment ça ? Comment peux-tu me dire cela ?

Elle sanglotait. Mais je ne me laissai pas émouvoir et je continuai sur ma lancée.

-          Ecoute Cynthia, je sais que tu joues à la Sainte mais que tu me trompes. Tu te rappelles le bracelet avec lequel nous avons prêté serment ? Je peux le voir ?

-          Je ne l’ai plus. Je l’ai égaré mais je ne sais plus où.

-          Je peux voir ton passeport ?

-          Qu’est-ce que tu cherches comme information dedans ?

-          Donc aujourd’hui, tu reconnais avoir un passeport.

-          J’ai toujours eu un passeport. Quand est-ce que je t’avais dit ne pas en avoir ?

-          Tu te rappelles de mon retour d’Abidjan ?

Elle se rappela en ce moment-là m’avoir dit qu’elle n’avait pas de passeport puis comme réflexe, porta ses deux mains à la bouche comme pour cacher un rot. Je pouvais sentir sa poitrine gonfler, pas sous l’effet que font les caresses, mais plutôt sous l’effort de la peur comme quand le cœur bat très vite.

-          Cynthia, je t’aimais à la folie, mais tu as saigné mon cœur, tu as saigné cet amour que j’avais pour toi avec Didier et je ne sais qui d’autre encore.

-          Charles,

-          Non. Arrête. Pas la peine de prendre cet air. Tu peux même pleurer toutes les larmes de ton corps, je ne te pardonnerai jamais tous ces mensonges, ces dépravations sexuelles. Faire l’amour à quatre. Quand j’imagine que tu n’as jamais voulu me tailler la pipe mais que tu as été disponible pour t’offrir à deux hommes à la fois.

-          Charles, pardon.

-          Tu te rappelais aussi de la photo que tu avais reçue et que tu m’as plutôt dit qu’on t’avait envoyé un mot qui m’incriminait ? Eh bien, sache que c’était moi qui l’avais expédié en espérant provoquer une réaction de rachat de ta part. D’ailleurs, prends les photos restantes.

A ce moment précis, je sortis un cartable de mon sac à dos et déversa le contenu sur son lit. Toutes les photos prises y étaient. Ses mains tremblaient et ses yeux été inondés de larmes. Toutes ses forces semblaient l’avoir abandonnée. Elle faisait pitié dans cet état. Je m’approchai puis déposai sur le tas de photos le bracelet que j’avais pris soin de briser devant elle pour lui signifier que tout était fini et qu’elle ferait mieux d’aller parler avec Didier le plus vite possible.

-          En passant, Didier est au courant ?

-          Oui.

-          Et il dit quoi ?

-          Que ce n’est pas de lui.

-          Tu as un autre partenaire à part nous deux ?

-          Non.

-          Et pourtant si j’ai bonne mémoire, ce n’est qu’avec lui que tu faisais l’amour sans préservatif.

-          Sauf que ce soir-là à Abidjan, il n’était pas le seul et dans l’excitation il n’y avait pas eu de préservatif.

-          Oh la vache.

-          Il se sert donc de cela pour dire que ça pouvait être de l’autre gars. Il ne veut même plus me voir.

-          Je suis vraiment navré pour ce qui t’arrive. Voilà un peu ce qui se passe dans ces genres de situation. Car on ne sait jamais la graine de haricot qui nous fait péter.

-          Charles, je te demande pardon pour ce que j’ai fait. Mais s’il te plait, j’ai besoin de ton soutien. Tu es le seul qui me reste.

-          Je suis désolé mais je suis passé à autre chose. Je te souhaite juste du courage. Si tu as besoin d’aide, je peux toujours te donner un coup de pouce mais rien d’autre.

-          S’il te plait.

-          Au revoir Cynthia.



à suivre...
LA FILLE DE LA DALLE