Chapitre 29 : Qui aurait cru ?

Ecrit par Mayei

Chapitre 29 : Qui aurait cru ?

  

...Rachidi Tan...

 

Moi (serrant la main du client) : merci encore d’être passé. Nous vous promettons de faire du bon boulot 

 

Mr Tolly : merci à vous d’avoir fait le déplacement en ce dimanche et je ne doute pas une seconde du bon travail qui sera fait.

 

Je l’accompagne jusqu’à la porte avant de revenir prendre place dans mon fauteuil. Je n’arrive pas à croire que je sois au boulot un dimanche alors que tout le monde est bien installé chez soi. En même temps qu’est-ce que j’espérais quand je travaille pour Tan construction. J’ai fini par céder. J’ai cédé face à la pression qu’exerçait mon père sur mon dos de façon constante. Me voilà travaillant pour lui. J’ai réussi un tant soit peu à lui faire oublier cette histoire de mariage arrangé entre la fille de son ami et moi. Je sais qu’il n’abandonne pas l’idée. J’avais assisté à plusieurs dîners auxquels Mira avait été conviée. C’était pourtant des dîners de famille mais elle y était quand même. J’ai un soir fait asseoir mon père et nous sommes arrivés sur un terrain d’entente. Qu’il me laisse aller selon mon propre rythme. Que j’aille moi-même faire la cour à cette fille pour ne pas ressentir cette sensation de mariage forcé. Il s’agissait pour moi de gagner du temps.

 

Autant que je travaillais pour mon père, autant je m’occupais de ma petite société sur le côté. Travailler pour mon père n’avait pas freiné mon désir de monter ma propre société de marketing. Je disparaissais les jeudis et vendredis pour me tourner vers ma société qui tout doucement faisait son chemin. 

 

Je jetais un coup d’œil à ma montre et saisis les clés de ma voiture avant de quitter le bureau. J’avais rendez-vous ce soir même avec Mira. Il fallait bien que j’envoie quelques signaux à mon père. Cette fille et moi n’avions jamais échangés des mots en dehors de bonjour et bonsoir. À chaque fois que nous nous étions rencontrés, chacun restait dans son coin et se contentait de faire ce qu’il avait à faire. La plupart du temps, elle parlait avec mon père et ma sœur Sarah. Je démarrais donc ma voiture pour me rendre à sa maison familiale. J’avais précisément choisi cet endroit pour que ses parents, en particulier son père puisse me voir et fasse le compte rendu à mon père. Il me lâcherait ainsi.

 

J’arrivais donc devant le domicile des Coulibaly et garais juste devant. Je soufflais un bon coup avant de sonner et me présenter au gardien. J’allais encore faire semblant chose qui m’était vraiment difficile. J’étais une personne vraie et entière. Voilà que mon père m’obligeait à agir de façon fourbe et contre ma nature. J’avais été installé dans un salon. Il faut dire que nous avions traversés plusieurs salons, je ne savais pas quel numéro mettre sur celui-là, trois ou quatre, je ne savais pas. J’attendais donc que Mira se présente mais à ma grande surprise c’était son père lui-même qui venait vers moi. Par politesse je me levais et attendais qu’il me tende la main.

 

Mr Coulibaly (tendant la main) : comment vas-tu Rachidi ?

 

Moi (lui serrant la main) : je vais très bien monsieur et vous ?

 

Mr Coulibaly : on se fait vieux mais ça va ? Comment va ton père ? Je pense qu’il doit maintenant se reposer et profiter de sa retraite puisque tu es là. Aux dernières nouvelles tu diriges maintenant.

 

Moi (souriant) : il est pourtant toujours dans les parages pour s’assurer que tout se passe comme il le veut. 

 

Mr Coulibaly : ça c’est Adam dans tout sa splendeur. Toujours rigoureux mais je crois qu’il finira par lâcher prise.

 

Moi : je l’espère aussi ! Il n’est plus aussi jeune. Et vous ? comment vont les affaires ?

 

Mr Coulibaly : oh tout se passe bien ! J’attends que Mira et toi vous décidiez pour aussi déléguer. Si tu vois de quoi je veux parler.

 

Je me contentais de juste sourire. Il devrait commencer à chercher un autre gendre car je ne comptais pas vraiment épouser sa fille. J’étais ici juste pour faire plaisir à mon père et rien d’autre. Lorsque j’aurais amassé assez de sous avec le salaire que je me fais en travaillant pour monsieur mon père, la première des choses à faire sera de glisser ma lettre de démission sous la porte. Alors que nous parlions de l’économie de ce pays qui n’arrangeait personne Mira se présenta. Il y’avait une chose que je ne pouvais nier, elle était vraiment belle. Il se dégageait d’elle une certaine douceur. Elle avança vers vous en souriant timidement.

 

Mr Coulibaly : oh tu es la ?

 

Mira : oui papa... (se tournant vers moi) excuse moi je prenais ma douce. 

 

Moi : tu n’as pas à t’excuser 

 

Mira : donne-moi juste quelques minutes je reviens.

 

Moi : ok 

 

Je voyais comment monsieur Coulibaly la suivais du regard. Il y’avait une certaine fierté dans ses yeux. Ça se sentait qu’il tenait énormément à sa fille. Elle semblait être la prunelle de ses yeux. Sur le moment je pris un peu peur. Monsieur Coulibaly était sûrement ce genre de père dont on ne pouvait jouer avec les filles et s’en sortir sans laisser des plumes. Devrais-je continuer ce jeu dans lequel je m’étais lancé ? cela engageait bien plus que moi. La relation amicale entre les Coulibaly et notre famille risquerait d’en pâtir. Mais en même temps je devais le faire si je voulais que mon père me lâche. Je me posais plein de questions. Je n’eus pas le temps de trouver réponse à ces questions que mira se présentait avec un plateau dans les mains. Elle posa devant moi une assiette d’olives vertes et de l’eau. Elle se pencha pour remplir mon verre.

 

Monsieur Coulibaly : bon les enfants je vais vous laisser je suis en haut. 

 

Moi : pas de soucis 

 

Il s’en alla et Mira prit place près de moi. Je ne savais comment meubler ce silence qui s’imposait à nous. Je pris donc une olive que je portais à mes lèvres. Je bus ensuite un peu d’eau. 

 

Moi : merci pour cet accueil ! J’adore les olives 

 

Mira (souriante) : j’aime les olives moi aussi ! 

 

Moi : tu es toujours aussi timide ?

 

Mira : pas tout le temps. Il me faut un peu de temps pour me familiariser avec les personnes que je rencontre récemment ! 

 

Moi : récemment ? Je pense que nous nous connaissons un peu plus longtemps que ça. 

 

Mira : excuse-moi mais je n’appelle pas toutes ces rencontres, lors des diners, se connaître depuis longtemps. Chacun connaît l’aspect physique. Je veux dire que nous nous connaissons de visages mais cela reste différent de se connaître personnellement.

 

Je souris en la regardant. A l’entendre parler, elle en avait dans la tête et surtout de la repartie. Je pouvais deviner qu’avec elle on ne pouvait lui imposer une idée autre que la sienne. Elle soutient mon regard et je finis par moi-même baisser mes yeux. C’était la première fois que je baissais les yeux devant une fille. Elle avança sa main et pris quelques olives. Sa main m’effleura et je pus sentir à quel point sa peau était douce. Elle avait d’ailleurs une peau satinée et très belle. Il ne fallait pas oublier ses yeux qui étaient tout simplement magnifiques. 

 

Mira : tu es ici pour faire plaisir à ton père n’est-ce pas ?

 

Moi : je ne vois pas de quoi tu parles ! 

 

Mira : je vois bien qu’il y’a un enjeu dans toute cette histoire. Je connais nos parents aussi. Telle que je vois, ils essaient de nous mettre ensemble mais tu n’es pas très pour.

 

Moi : es-tu donc pour ?

 

Mira : enfin je ne dirai pas non à un homme comme toi. 

 

Moi : comme moi ?

 

Mira (tournant la tête) : je t’en prie ne m’oblige pas à dire plus que ce que je n’ai dit déjà. Je suis sûre que tu n’es pas sans deviner que bon nombre de femmes désireraient être avec toi. 

 

Moi : cela reste à être vérifié. 

 

Mira : n’empêche que Ton père reste ton client et tu agis de façon à lui faire plaisir. Un peu comme en marketing...faire rêver le client dans une certaine mesure afin de lui faire mieux digérer la pilule lorsqu’on parlera du prix ! 

 

Moi (tiquant) : tu parles en langage marketing la 

 

Mira : oui...c’est mon domaine. Je me suis spécialisée en marketing lors de mon Master. 

 

J’étais épaté. J’aimais les filles qui en avait dans le cerveau. Je trouvais ça particulièrement excitant. Finalement cette soirée n’était pas vaine. Je ne savais pas que j’allais tomber sur une férue d marketing. Plus elle parlait plus je m’accrochais à ses lèvres. Elle me captivait par tout ce qu’elle savait et sans même m’en apercevoir, je l’imaginais gérer notre société de marketing à tous les deux alors que je tacherais à diriger Tan Construction. Je me surprenais à aimer cette rencontre et cette discussion. Nous avions au moins quelque chose en commun : Le marketing. Je pourrais en parler avec elle à tout moment. Je rallongeais donc la soirée. Moi qui pourtant avait prévu faire au plus une heure voilà que nous allions vers vingt-deux heures. 

 

Moi : je dois voyager demain mais à mon retour pourrais-je passer te chercher pour une sortie rien que tous les deux ?

 

Mira : je ne serai pas contre mais laisse-moi d’abord demander la permission et te donner confirmation.

 

Moi : il n’y a pas de soucis ! Je vais devoir y aller. Passe le bonsoir à ton père 

 

Mira : c’est noté...laisse-moi te raccompagner.

 

J’attendis qu’elle rentre chez elle avant de démarrer et de rentrer chez moi. Je n’avais pas changé mon lieu d’habitation malgré mon nouveau statut. Mes parents avaient essayé de me faire bouger de là mais j’étais resté ferme. Je tenais à cette maison et je ne voulais point m’en détacher. Je passais par la cuisine pour prendre une bouteille d’eau. Je buvais de plus en plus d’eau ces temps-ci. Mais avec la chaleur c’est tout de même normal. J’éteignis la lumière de la chambre et longeais le couloir. Je passais devant cette porte qui était restée fermée depuis tout ce temps. En rejoignant ma chambre, mes idées s’envolèrent vers elle, vers Salomé. 

 

Je n’avais pas réussi à l’oublier. Je n’avais pas réussi à lui pardonner la façon dont elle m’avait traité. Je n’avais rien touché à sa chambre qu’elle avait laissée derrière elle en partant. Je n’y étais pas rentré un seul jour depuis qu’elle était partie. J’avais peur de sentir son parfum flotter dans l’air. Cette chambre me faisait penser à elle mais surtout à ce moment que nous avions fallu vivre la. Alors que je pensais encore et encore à elle, le visage souriant de Mira s’imposa à moi. Pourquoi ? Je ne savais pas. Je décidais de me vider complètement l’esprit et c’est là que Oumar m’appela. 

 

Oumar : c’est comment mec ?

 

Moi : je suis là et toi ?

 

Oumar : là aussi j’appelais juste pour voir si ta valise était déjà prête 

 

Moi : pas encore 

 

Oumar : mais mec tu attends quoi là ? Ne nous mets pas en retard. Tu sais très bien que notre vol est prévu pour six heures du matin.

 

Moi : je sais tout ça ! Je ne serai pas en retard ! As-tu oublié que c’est moi le plus ponctuel de la bande ?

 

Oumar : c’est ça ! Va vite me ranger cette valise là 

 

Moi : ok papa !

 

Oumar : j’ai la tête de ton père peut-être ?

 

Moi : vous vous ressemblez comme deux gouttes d’eau.

 

Il m’insulta un peu avant de raccrocher. C’était ainsi qu’on exprimait notre amour, en s’insultant. Notre cousin Karim se mari dans exactement deux semaines et Oumar qui est le best man a décidé de nous faire vivre l’enterrement de vie de célibataire dans un tout autre pays. C’est à dire que je prenais l’avion demain sans savoir où j’irai exactement. Il a pris les passeports de toute la bande et s’est chargé de nous prendre les billets. Il avait les moyens et pouvait se le permettre. Me voilà donc en train de faire ma valise pour une destination inconnue. Il a précisé qu’on devait prendre des vêtements relaxes et qu’il y aurait des sorties à la plage. J’ai entièrement confiance en lui. Il nous a plusieurs fois fait vivre de bons plans. Je dormirai donc légèrement. 

 

...Émilie...

 

Jérôme : chérie ?

 

Moi (ouvrant les yeux) : humm... ?

 

Il baissa les yeux et je suivis cette trajectoire. Je découvrais la tache de sang qui avait taché le lit. Nos regards se croisèrent de nouveau et je pouvais lire la tristesse et la désolation dans ses yeux.

 

Jérôme : c’est la troisième fois ! 

 

Moi : je suis désolée 

 

Jérôme : ne sois pas désolée bébé...lorsque ça sera le moment nous aurons notre enfant à nous. Il faut penser à aller à l’hôpital 

 

Moi : tu es déjà habillé...va au boulot j’irai avec maman à l’hôpital ne t’inquiète pas. 

 

Jérôme : tu es sûre ? 

 

Moi : oui tu peux y aller. 

 

Il me fit un bisou sur le front alors que je rendais ma mine encore plus triste. Il sortit de la chambre et je gardais mes oreilles bien attentives pour suivre lorsque sa voiture sera sortie de la maison. Lorsque ce fût le cas, je bondis hors du lit et enlevais les draps. Il n’y avait pas eu de fausses couches. Il s’agissait simplement de mes règles que j’avais délibérément laissé couler sur le lit pour arriver à mes fins. Quelques semaines avant je lui avais fait croire que je portais en moi son enfant.

 

Il fallait bien que j’essaie de sauver mon foyer. La stratégie que j’avais mise sur pied était de vivre « des fausses couches » pour le laisser croire que je pouvais au moins porter des grossesses. Je me ruais sous la douche pour laver les draps avant de les sécher à l’arrière cours. J’avais déjà pris ma douche. Les médicaments de maman n’avaient pas été efficaces. Je pensais qu’il pouvait y avoir un miracle mais je devais me faire à l’évidence. Rien ne pouvait être fait. Mon cas était désespérant. 

 

Jérôme m’appelait à chaque fois qu’il arrivait au boulot voilà donc que mon téléphone sonnait.

 

Jérôme : tu as pris la route pour l’hôpital ?

 

Moi : je n’ai pas envie d’y aller. Je vais encore aller écouter la même chose. Je sais déjà les médicaments qu’on me prescrira. Autant aller à la pharmacie tout de suite et les prendre.

 

Jérôme : c’est pour ça que je ne voulais pas te laisser seule. Tu n’en fais qu’à ta tête 

 

Moi : je suis juste fatiguée 

 

Jérôme : ce n’est pas le moment de se décourager 

 

Moi : si tu le dis 

 

Il resta avec moi quelques minutes de plus pour me remonter le moral et fini par raccrocher, une longue journée l’attendait. Heureusement que j’étais en congés. J’étais déjà prête pour me rendre chez maman. Je n’avais pas d’amies ou du mois elles avaient toutes fini par me fuir. Elles ne supportaient pas la concurrence lol. La dernière n’avait pas supporté que je me marie à Jérôme qui était son petit ami dans le temps. Qu’est-ce qu’elle voulait ? A la guerre chacun allait avec ses armes. Je conduis donc jusqu’à chez maman. Je ne voulais pas tomber sur Noëlle car j’aimais garder mes choses pour moi-même. La vie m’avait appris qu’on ne se confiait pas à tout le monde. Maman était ma seule et unique confidente. Manque de bol Noëlle était bel et bien là, assise sur la véranda avec maman. De loin je les voyais parler fort fort en faisant de grands gestes. J’approchais et les surprenais. 

 

Maman : oh Émilie c’est toi ?

 

Moi : oui c’est moi vous êtes tellement concentrées que même quand vous me voyez, vous devez poser la question.

 

Noëlle : laisse c’est que l’affaire est grave et nous dépasse même. 

 

Moi : va d’abord m’apporter de l’eau avant de parler de quoi que ce soit 

 

Comme toujours, il fallait qu’elle boude avant de s’exécuter. J’étais son aimée donc elle allait finir par faire ce que je lui demandais même si c’était avec le mauvais cœur. Elle m’apporta mon eau à boire et c’est seulement après avoir atténué ma soif que je demandais les nouvelles par rapport à cette affaire qui était bien trop grave selon elles.

 

Maman : figure-toi que ton frère Jean-Philippe a acheté une nouvelle voiture pour sa femme.

 

Moi : quoi ? Mais la voiture qu’elle roulait dernièrement était encore toute neuve. Ça ne fait même pas quatre ans qu’elle l’a. 

 

Maman : c’est ce que je disais ici. Lorsque nous allons ouvrir les yeux J-p aura fini tout son argent sur cette Nancy. Je ne sais même pas s’il a des réalisations quelque part ou s’il économise. Tout ce qu’il a c’est sur cette femme, tout ce qui vient dans ses mains c’est pour cette femme. S’il avait pris la voiture pour Noëlle j’aurais compris l’utilité mais une autre voiture pour quelqu’un qui en a déjà ! pourquoi ?  Si ce n’est pas le Gbass je ne peux pas comprendre. 

 

Moi : et ça c’est sans les enfants qu’il la gâte comme ça ! Qu’est-ce que ça sera quand elle lui aura fait seulement un seul ?

 

Noëlle : ne parle pas de malheur ! Ça fait combien de temps qu’ils sont mariés et elle n’a pas donné d’enfant ? Ce n’est pas maintenant que ce miracle arrivera 

 

Maman : tout ce que je veux c’est que mon fils soit délivré des griffes de cette sorcière et pour cela je suis prête à tout. Elle trouve que je suis dure mais elle n’a encore rien vu. Qu’elle serre bien sa ceinture car bientôt elle me verra dans toute ma splendeur. Elle verra que je ne me laisse pas faire aussi facilement. 

 

J’écoutais ma sœur faire les éloges de ma mère et l’encourager dans sa décision. J’avais mes problèmes et tout ce que j’attendais était que Noëlle fiche le camp pour parler tranquillement à ma mère. Par miracle, Dieu écouta ma prière et le téléphone de ma sœur se mit à sonner. Elle se leva pour communiquer un peu plus loin, comme si on la dérangeait, avant de disparaître dans la maison. Je parlais avec maman de tout et de rien. J’avais compris que les murs avaient des oreilles dans chaque groupe d’amies que j’avais eu. Il fallait toujours parler en étant sûre que personne d’autre ne pouvait t’entendre. C’est donc après que Noëlle soit sortie de la maison que j’entamais le vif du sujet avec maman.

 

Moi : maman j’ai dû simuler une fausse couche encore une fois aujourd’hui 

 

Maman : tu veux me dire que les médicaments n’ont rien fait ?

 

Moi : rien de chez rien sinon je ne serais pas assise là à te raconter mes problèmes 

 

Maman : ce n’est pas possible ! Cette femme m’avait pourtant affirmé que ses feuilles étaient puissantes et qu’en un temps record tu tomberais enceinte. 

 

Moi : comme tu peux le voir il n’y a rien. 

 

Maman : tu sais quoi ? On va aller voir une femme qui lance les cauris. Une amie m’a parlé d’elle. Je voulais t’en parler mais j’ai complètement oublié. 

 

Moi : on peut y aller maintenant la même ?

 

Maman : oui ! Je ne serai pas surprise d’apprendre que Stéphanie dans sa jalousie extrême soit allée te faire quelque chose.

 

Moi (réfléchissant) : tu n’as pas complètement tort ! 

 

Stéphanie était mon amie de longue date. C’est grâce à elle que j’ai fait la rencontre de Jérôme. C’était son petit ami mais malheureusement pour elle et heureusement pour moi j’étais beaucoup plus belle et séduisante. Ce n’est pas étonnant qu’après notre sortie ce soir la Jérôme avait pris mon numéro. Ils n’étaient pas mariés donc je n’ai pas vu de problèmes à lui donner mon numéro. Lorsque Stéphanie a découvert que nous étions ensemble elle a piqué une crise comme jamais au paravent. Si Jérôme n’avait pas été là elle m’aurait refait le portrait. Lors de notre mariage elle nous avait envoyé une carte dans laquelle elle nous souhaitait d’être malheureux et qu’elle ne dormirait pas tranquille tant qu’elle ne nous aurait pas fait mordre la poussière. Ça n’allait donc pas m’étonner qu’elle soit allée quelque part pour m’attacher le ventre. Heureusement que maman a attiré mon attention sur ça.

 

Maman : je suis prête !

 

Moi : allons-nous-en alors 

 

Elle laissa les consignes à la fille qu’elle avait prise du village pour s’occuper de la maison et nous allions dans ma voiture. Elle m’indiqua le chemin à prendre. Nous terminions notre course dans un quartier mal famé. Je détestais ce genre d’endroits. Il fallait faire attention, soulever sa robe pour ne pas que les pans traînent dans la boue. Il y avait des enfants un peu partout qui n’étaient pas du tout propres. Je n’allais pas parler des odeurs nauséabondes et des caniveaux qu’il fallait sauter pour passer la route. Le pire était qu’on devait faire le reste du chemin à pied.

 

Maman ; nous y sommes ! 

 

Moi : enfin ! 

 

On trouva une jeune fille devant la bicoque de la femme en question.

 

Maman : bonsoir ma fille ! Nous cherchons maman Sylla !

 

Jeune fille : c’est ma grand-mère ! Vous êtes là pour une consultation ?

 

Maman : oui ! C’est pour ma fille qui est avec moi 

 

Jeune fille: d’accord attendez une seconde 

 

Elle disparut derrière ce rideau qui servait de porte d’entrée puis réapparut en nous invitant à prendre place sur un tabouret qui était à l’image de la cour et des maisons qui y étaient. Nous avions au préalable retiré nos chaussures. C’était le summum pour moi. Cependant nous étions ici pour une chose et plus vite nous en finissions mieux je me porterais. La femme en question ne s’exprimait pas en français. Sa petite fille était donc chargée de nous traduire ce qu’elle disait.

 

Jeune fille : prends les cauris, murmure tes questions et lance-les au sol 

 

Je fis comme la petite me le demandais. Je n’étais pas ici pour plusieurs questions. Je voulais simplement savoir ce qui n’allait pas avec moi et savoir si quelqu’un m’avait fait quelque chose. Je lançais les cauris et la femme mis un peu de temps avant de parler.

 

Jeune fille : elle dit que tu es ici parce que tu n’arrives pas à concevoir !

 

Moi : c’est cela 

 

Jeune fille : elle dit que tu veux savoir pourquoi tu as ces problèmes 

 

Moi : c’est exactement ça 

 

Jeune fille : elle dit que ton problème ne se trouve pas loin. Ta mère et toi même êtes responsables de ton état 

 

Moi/maman : quoi ???

 

Jeune fille : ma grand-mère dit que vous avez fait des misères à une femme et que tant que cette dernière n’aura pas évacuer la rancœur qu’elle porte en elle, il te sera impossible de faire un enfant. Elle voit que tu as une sœur, elle traversera la même chose si la femme que vous avez offensée ne vous pardonne pas. 

 

Moi : maman se quoi elle parle ?

 

Maman : ma fille demande lui bien. De quelle femme parle-t-elle 

 

La fille parla à sa grand-mère et répondit à maman 

 

Elle : il s’agit d’une femme qui est venue avec un bon cœur dans votre famille mais que vous avez maltraitée avec vos mots et votre comportement. 

 

Je regardais maman et elle aussi me regardait. Je comprenais qu’il s’agissait de Nancy ! Seule elle était venue dans notre famille. Que voulait elle que nous fassions ? Que nous allions nous mettre à genou devant Nancy ou quoi ? Il en était hors de question. Jamais je ne m’humilierais de cette façon. Que cette sorcière qui pense posséder la vérité aille se faire voir. 

 

Moi : maman je n’ai plus rien à faire ici ! C’est une arnaque 

 

Maman : calme-toi s’il te plait. Sois patiente.

 

Moi : je n’ai plus rien à faire ici.

 

Je fouillais dans mon sac et pris un billet de dix mille que je lançais sur le tapis de cette vielle femme. Le sourie qu’elle affichait m’exaspérait au plus haut point.

 

Jeune fille : ma grand-mère dit que tant que tu resteras têtue et que tu n’iras pas vers cette femme avec ta mère et ta sœur, ton ventre restera vide. Ta rivale accouchera avant que tu n’aies toi-même donné un enfant à ton mari.

 

Moi : dis à ta grand-mère d’aller se faire foutre. Maman je suis dehors 

 

Je connaissais mon mari. Il n’allait nulle part sans moi, ne faisait rien sans m’avertir. Il rentrait à la maison directement après la descente. S’il avait une maitresse je l’aurais su au premier abord. Ces femmes sont prêtes à tout inventer pour nous soutirer des sous. C’était la première et la dernière fois que je mettais les pieds dans une coin comme ça.

 

...Rachidi Tan...

 

Après plusieurs heures de vol, des escales à Lomé puis à Daloa nous avons finalement atterrit. J’étais complètement épuisé. Je n’aimais pas les longs vols et les écales me fatiguaient plus que tout.

 

Williams : regarde-moi toutes ces beautés ! Tu as fait fort man 

 

Oumar : c’est moi après tout ! Qu’est-ce que vous croyez 

 

Karim : je t’en prie dis-moi qu’il n’y a rien de grave qui nous attend ici 

 

Moi : avec Oumar c’est sûr que c’est la débauche. Attend un peu que ça tombe dans les oreilles de Aicha tu verras déjà qu’elle ne t’aime pas trop.

 

Oumar : tu veux dire qu’elle me déteste carrément ! Comment le saurait-elle si ce n’est l’un d’entre nous qui lui en parle ? Je vous préviens que tout ce qui se passe ici reste ici. 

 

C’est avec mes yeux remplis d’étoiles que nous arrivions à l’hôtel. Le coin était class de chez class. Ça sentait la richesse à chaque coin de cet endroit. Oumar se chargea de faire les vérifications et de nous prendre les cartes pour les chambres. Là encore il n’y avait rien à dire. Par réflexe, je me jetais sur le lit pour tester ce matelas. Il était tellement doux que j’avais envie de m’endormir aussi tôt. Nous nous retrouvions tous dans la chambre de Oumar pour connaître le programme. 

 

Oumar : comme nous venons d’arriver, nous allons tranquillement descendre au bar, profiter des cocktails mais j’ai une surprise pour vous ce soir.

 

Williams : quelle est cette surprise tonton bonheur ?

 

Oumar : tout ce que je peux vous dire c’est que ces surprises vous attendront dans vos chambres cette nuit après notre tour au bar. 

 

Moi : ça c’est quel genre de surprise ça ? 

 

Karim : vraiment demande encore ça me fait peur !

 

Oumar : toi Karim tu n’as pas droit à la surprise, je ne veux pas qu’Aicha m’arrache les yeux à notre retour. 

 

Puisqu’il nous restait assez de temps avant de descendre pour la suite du programme, je m’enfermais dans ma chambre et entrepris de dormir à fond. En me couchant, je pensais fortement à Mira. Je ne savais pas pourquoi elle s’immisçait dans mon esprit sans même que je ne lui en donne l’autorisation. Ce n’était pas comme si je ne l’avais jamais vue mais cette discussion que nous avions eu cette nuit-là me montra une toute autre image d’elle. Je ne m’attendais pas à avoir une discussion aussi intéressante avec elle. J’eus envie de lui envoyer un message mais me souvins que l’option roaming n’était pas encore activée. Finalement j’allais le faire à mon réveil.

 

Je dormais profondément et me réveillais en sursaut lorsque l’on frappa fortement à ma porte. Je me levais l’air grincheux pour trouver les gars devant ma porte déjà bien mis. 

 

Williams : ne me dis pas que tu dormais encore !

 

Oumar : je vous avais bien dit ! Dormir c’est sa passion 

 

Moi : donnez-moi juste cinq minutes 

 

Je filais sous la douche, histoire que l’eau froide me réveille un peu plus. Je me dépêchais ensuite de me tenir prêt pour descendre avec les gars. Nous commencions par nous asseoir au restaurant de l’hôtel. Je me jetais sur les fruits de mer lorsqu’il fallait commander. J’en raffolais et vue que c’était une spécialité de la maison, je n’allais pas m’en priver. Je ne fus pas déçu. Le plat était une merveille et un bon traitement pour mon palais. Les autres ont même piqué dans mon assiette malgré mon regard mauvais. Que chacun se tienne à sa nourriture sans lorgner sur la nourriture de son voisin. Après le repas nous nous retrouvions au bar tous ensemble. Je pris un cocktail alcoolisé qui, était très bon aussi. 

 

Williams : non les filles d’ici sont canons hein 

 

Karim : je ne te le fais pas dire ! Mieux je me joue les aveugles pour ne pas succomber à la tentation 

 

Moi : sinon c’est quoi la surprise de cette nuit ?

 

Oumar : pourriez-vous imaginer qu’il y’a des maisons à Babi qui mettent des filles à vos dispositions quel que soit l’endroit où vous voyagez ?

 

Karim : le dur Oumar ! 

 

Williams :  n’y a que toi pour découvrir ce genre de coins 

 

Moi : tu m’épates !

 

Oumar : comme je ne maîtrisais pas la zone ici j’ai préféré prendre Babi avec moi. Donc quand vous allez monter, elles vous attendront dans vos lits.

 

Williams : mec moi j’ai déjà sommeil (vidant son verre) je monte comme ça ! 

 

Nous éclations de rire. C’est un cas celui-là. Je n’avais pas spécialement envie de me faire une fille ce soir mais puisque Oumar avait déjà payé pour ça, je n’allais pas me dégonfler. Je traînais un peu en bas et fini par monter. Je scannais ma carte pour ouvrir la porte. La chambre était complètement différente de comment je l’avais laissée un peu plus tôt. Tout dans cette atmosphère annonçait le sexe à haute tension. 

 

« Depuis que je vous attendais » 

 

Cette voix me disait quelque chose...elle me faisait penser à ...

 

Je regardais ces pieds qui venaient d’arriver devant moi et montais mon regard jusqu’à tomber sur le visage de cette personne à qui appartenait les pieds. La surprise était de taille pendant que l’horreur se dessinait sur le visage de la fille ! Qui aurait cru qu’en venant ici à Malabo je tomberais sur elle ? Qui aurait cru qu’elle serait dans mon lit à attendre que je la saute pour m’étirer son salaire ? qui aurait cru que j’aurais eu affaire à Salomé ?


 
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