Chapitre 29: Un Coeur Amère, un Corps Malade (1)

Ecrit par Plume Inspirée

Chapitre 29: Un cœur amère, un corps malade (1)


J’étais allongée au lit quand il avait frappé à la porte,


- Tu peux entrer c’est ouvert


Brice était simplement vêtu, il avait échangé ses belles vestes haute couture habituelles avec un T-shirt et un pantalon en jeans. Il restait debout là, comme s’il attendait que je lui demande de s’asseoir. Je mourrais d’envie de lui dire donc pour t’asseoir tu as besoin que je te le dise? Je mourrais d’envie de lui dire qu’est ce qui te prends et moi qui pensais que tu était chez toi ici? Mais je me souvenais qu’il avait imposé une certaine distance entre nous et je ne voulais surtout pas me laisser aller par des émotions qui pouvaient mettre la vie de mon enfant en danger.


- Tu peux prendre place,


Avais-je tout simplement dit, en lui montrant du doigt l’unique fauteuil de ma chambre. Je m’étais relevée pour cette fois ci m’asseoir, toujours au lit.


- Tu veux que je te serve un jus? Je n’ai que ça ici


- Non ça va c’est bon. Je ne vais pas rester longtemps


- Ok


Visiblement il était encore en colère contre moi. J’essayais de me convaincre qu’il avait raison de manifester cette colère mais à vrai dire je ne trouvais pas de justification possible. Je n’arrivais pas à me dire que j’avais eu tort de lui cacher ce que je savais sur sa mère, alors je ne pouvais même pas faire semblant d’être désolée, de quoi devrais-je être désolée?


- Camille j’ai demandé à Pitsou de passer te donner les sous pour la maison et pour tes besoins tu as renvoyé l’argent. Je te signale que si tu as déménagé de la maison de tes parents c’est parce que tu portes mon enfant alors je ne comprends pas pourquoi tu as refoulé cet argent. Que toi et moi ça n’ait pas marché, ne veut pas dire que je ne serais pas présent pour mon enfant. Je vais prendre toutes mes responsabilités en main et donc tu seras obligée d’accepter mon argent, c’est pour mon enfant que je le fais et pas pour toi. Si tu t’entêtes à ne pas prendre mon argent, je vais lancer une procédure contre toi en justice à la naissance de l’enfant et crois moi je serais à mesure de prouver devant un juge que tu n’es pas à mesure de prendre soin de cet enfant. Tu ne connais pas de quoi je suis capable!


Il voulait continuer encore quand je l’avais coupé la parole mais sans aucune violence,


- D’accord dis moi comment me ferras tu parvenir l’argent maintenant que tu t’en vas


- Par Pitsou et je prendrais aussi les nouvelles de l’enfant par lui. Quand il aura cinq ans je le ferais venir en Allemagne. Je ne veux aucun contact entre mon enfant et les membres de ma famille que ce soit paternelle ou maternelle. Si tu oses les laisser voir mon enfant et que je l’apprends je te poursuis en justice pour demander la garde exclusive de mon enfant.


J’avais envie de rire, Brice avait trop passé du temps en Europe c’était clair. Mais bon je continuais à penser au bien de mon enfant


- Ok c’est noté.


- Combien dois je donner pour vos besoins?


- Je ne sais pas ce que tu jugeras bon de donner nous ira. De toute les façons je travaille et je vais aussi contribuer, si nous sommes en manque l’enfant et moi. Nous avons tous les deux des devoirs face aux besoins de l’enfant.


- Ok mais à chaque soucis que tu as n’oublie pas de faire part à Pitsou combien même j’ai déjà envoyé l’argent, s’il y a des charges imprévues avec l’enfant j’y ferais face.


- Ok je ferais comme ça.


Il s’était levé, avant de lancer


- Merci pour ta compréhension. Au revoir!


.........


- Camille est ce que tu suis ce que je te dis?


La main de Ya Cynthia posée sur moi m’avait fait sursauter, j’étais perdue en repensant à notre dernière conversation avec Brice. On aurait dit des inconnus, son ‘merci pour ta compréhension’ était vide de tout sentiment, vide de toute émotion. Ce film de notre dernière conversation n’avait cessé de tourner dans ma tête depuis une semaine qu’elle avait eu lieu.  Aujourd’hui nous étions dimanche et donc après le culte j’étais venue chez mon père, c’était le lendemain de Noël, le 26 décembre.


- Excuse moi ya Cynthia, j’avoue que je n’ai pas suivi tout ce que tu disais tout à l’heure


- Camille il va falloir que tu fasses l’effort d’aller bien sinon même papa finira pas se poser des questions. Déjà qu’il n’a cessé de se demander pourquoi tu n’étais pas là hier pour passer Noël avec nous et j’ai été obligée de dire que tu l’as passé chez ton beau père tu vois?


- Ya Cynthia j’avais envie de rester seule et d’en profiter pour prier et ça m’a fait du bien.


- Je te comprends mais il ne faut pas que tu te laisses trop emporter par tout ça. Souviens toi de tous les conseils que le pasteur t’a donné et applique les.  Le Seigneur ne te laissera pas tomber Cam’s


- Ya Tia je sais mais n’empêche que j’ai ouvert mon cœur à un homme qui aujourd’hui a même le culot de me menacer que si je ne respecte pas les conditions il me traînera en justice pour avoir la garde de notre enfant. Tu sais, la façon que Brice le disait montrait sa haine et je voyais bien qu’il sous entendait « tu ne feras jamais le poids devant moi en justice » et tu sais quoi ya Cynthia il n’a pas tort, je ne ferais pas le poids devant lui en justice , surtout au Congo où il suffira d’une enveloppe pour que je sois réduite à rien. J’ai mal aujourd’hui, d’avoir pensé que Brice savait se rabaisser à mon niveau.


- Cam’s s’il te plaît ne rend pas cette journée triste comme ça. Et moi qui suis entrain de préparer mon mariage avec tant d’enthousiasme je me sens maintenant cruelle de le faire alors que toi tu souffres


- Nooon Ya Tiaaa tu mérites ce bonheur et ça me rassure que l’une d’entre nous ait quelque chose à célébrer je te jure. Je suis très contente. Bon vas y tu disais quoi pour la tenue des filles qui vont danser à l’église.


- Oui je disais ...


 Ma conversation avec Ya Cynthia était repartie sur les préparatifs de son mariage. J’avais fait l’effort d’être enthousiasme et de mettre de côté mes soucis car ma soeur le méritait, elle qui passait tout son temps à s’oublier et à penser aux autres.


À la fin de la journée, j’avais pris congé de tout le monde pour rentrer chez moi. Mon père avait en passant demandé des nouvelles de Brice


- Et ton mari il va bien? Il revient avant ton accouchement c’est ça?


- Oui papa il va bien. Ça ne dépend pas de lui mais du travail.


- Ah mais il faut qu’il pense à se préparer déjà pour la dot hein. On ne fait pas faire un enfant à ma fille pour fuir après. Ce n’est pas ce que son père était venu me dire ici à la présentation hein!


- Ah papa toi vraiment qui t’as dit qu’il a fuit?


Avait répondu ya Cynthia d’un air embêté


- Ah mais c’est juste un constat que j’ai fait je n’ai rien dit de mal, moi! Tiens Camille c’est ton jus de Noël


Mon père m’avait tendu un billet de 5.000 frs. En route je ne pouvais m’empêcher de partager mon inquiétude à Ya Cynthia


- Ya Cynthia je ne cesse de me demander ce que je dirais à papa quand l’enfant va naître et que Brice ne reviendra finalement pas.


- La bible déclare que le lendemain prendra soin de ce qui le regarde. Arrête de projeter les choses qui doivent se passer dans 5 mois. J’ai fini par comprendre que ce que Dieu nous réserve dépasse toujours nos attentes.


- C’est vrai ya Cynthia c’est vrai. Mais tu sais je ne sais pas si c’est normal que je me retrouve à me poser des questions sur ce que Brice fait là bas, est ce qu’il s’est vu avec Désira. Avant hier Alice m’a appelé j’ai fais un grand  effort pour ne pas demander après lui. Mais elle m’a tout de même dit qu’il a déjà trouvé un appartement et qu’il passait déjà des entretiens pour le boulot.


- Arrête de te charger avec ça. Camille tu as fait tout ce qu’une femme était à mesure de faire, prie pour lui parce que c’est tout d’abord une âme que tu as gagné au Seigneur mais cesse de chercher à prendre de ses nouvelles. Lui il ne cherche pas à avoir de tes nouvelles alors pourquoi devrais tu être celle qui s’inquiète comme ça?


- Ya Cynthia j’ai peur de pas arriver à guérir de tout ça. Je sais, tu vas dire  ça ne fait pas longtemps que je le connais, mais, crois moi ma grande sœur, je l’aimais sincèrement.


- Quand on a trouvé la personne idéale, le temps n’est rien face à cette certitude je te comprends. Je peux dire avec confiance que si c’est le plan de Dieu, tant que toi tu continues à rester attentive aux instructions du Saint-Esprit, Brice te reviendra, et s’il ne revient pas, l’homme que Dieu te réserve t’aimera et craindra le Seigneur . Je ne sais pas pourquoi je ne cesse de te le répéter mais sache qu’il t’aimera et craindra le Seigneur.


- Amen, yaya.


- Je vais prendre ce taxi qui arrive. Allez ma grande je te fais signe quand j’arrive à la maison.


- Ok ma puce.


Une fois arrivée la maison j’avais fait  un texto à ya Cynthia pour la rassurer que j’étais bien arrivée. Au moment où je m’apprêtais à prendre une douche mon téléphone avait sonné, c’était un numéro que je ne connaissais pas.


- Oui Allô!


- Allô Camille bonsoir c’est maman Marceline la mère de Brice


Il m’avait fallu beaucoup d’efforts pour que je ne coupe pas cet appel, mais j’avais pensé à tout ce que me disait le pasteur ces derniers jours sur l’amour et la nature de Dieu


- Ah bonsoir maman comment allez vous?


- Je ne vais pas bien Camille. Je sais que toi et moi ne sommes pas toujours d’accord mais tu portes mon petit enfant et tu vas peut être te marier à mon fils, alors j’ai décidé de faire des efforts. Brice je n’ai pas de ses nouvelles depuis plus d’un mois et à ma grande surprise un huissier de justice m’appelle pour me parler d’un versement bancaire en raison d’un retour d’investissement je ne comprend pas ce qui se passe. J’ai aidé Brice parce qu’il est mon fils. Qu’il ait soit disant décidé de fermer son entreprise, c’est autre chose mais qu’il décide de me retourner l’argent que j’ai investi dans son entreprise en plus en passant par l’intermédiaire d’un avocat? Son numéro ne passe pas, sa sœur n’a pas de ses nouvelles.


À entendre sa voix, sa détresse était réelle, la voix d’une mère en détresse. Mis à part ce que je connaissais sur l’état spirituel de cette femme, je pouvais pourtant sentir qu’elle était attachée à ses enfants. Tout ceci me troublait, l’aspect spirituel de toutes ces choses me troublaient à un point où je ne savais plus quelle attitude adopter. Ma réponse était cependant sincère, même si la véracité de ce que je disais dépendant de l’écart du temps, car moi j’avais eu de ses nouvelles juste la veille de son voyage,ce qui ne faisait pas un mois comme pour sa mère. Mais me souvenir de pratiquer l’amour ne me faisait pas oublier la prudence, alors je refusais d’en dire plus,


- Maman je sais que ça sera difficile à croire mais je n’ai pas de ses nouvelles non plus et j’ai aussi ouïe dire qu’il a vendu BTL. En fait je ne suis pas la personne à contacter pour avoir des bonnes informations, Brice a rompu notre relation.


- Mais je suis perdue, qu’est ce qui lui arrive? Oui effectivement je peux te confirmer qu’il a vendu son entreprise, ce sont des camerounais qui ont racheté, la semaine passée je suis partie sur place avec le père de Cathy, les installations sont restées les mêmes mais le nom de l’entreprise n’est plus le même. Et le pire dans tout ça c’est qu’il a même engagé un avocat qui s’est chargé de me rembourser. Mais pourquoi? Je ne saurais te dire ma fille. Tout ce que je sais c’est que dernièrement il m’avait dit avoir des soucis d’amandes, mais, je pense pas que ce soit la raison pour laquelle il aurait fermé BTL.


- Je suis désolée vraiment mais je ne peux vraiment pas vous aider


- Je comprends et je suis désolée pour vous deux. C’est vrai que nous n’avons jamais été sur un bon terme mais je suis quand même désolée pour toi. Mais si j’ai plus d’informations sur lui je te dirais. Si tu as entre temps un souci avec la grossesse fait le moi savoir. L’enfant que tu portes reste mon sang.


- Ok maman merci beaucoup.


Dès qu’elle avait raccroché, j’avais pris ma bible pour lire. Avec ma bible à la main, je m’étais levée pour me diriger vers le coin de ma chambre où j’avais collé des papiers stickers au mur. Sur ces papiers je notais tous les textes bibliques que le Seigneur déposait dans mon cœur pendant mes jours de jeûne. Et là je recherchais n’importe quel texte à lire pour rappeler à Dieu tout notre chemin avec lui et toutes ses promesses pour mon enfant et moi. C’était sur le papier où était noté Psaumes 36: 10-13 que mes yeux étaient tombés, j’ouvrais alors ma bible sur ce psaume et je m’étais mise à le lire en marchant dans ma chambre avec ma bible en main;


«Car auprès de toi est la source de la vie; Par ta lumière nous voyons la lumière. Étends ta bonté sur ceux qui te connaissent, Et ta justice sur ceux dont le cœur est droit! Que le pied de l’orgueil ne m’atteigne pas, Et que la main des méchants ne me fasse pas fuir! Déjà tombent ceux qui commettent l’iniquité; Ils sont renversés, et ils ne peuvent se relever.»

‭‭Psaumes‬ ‭36:10-13‬ ‭LSG‬‬

J’avais lu ce psaume plus de trois fois avant de me sentir inspirée à prier, je priais pour ma protection, celle de mon enfant et sans vraiment pouvoir m’en empêcher j’avais aussi prié pour Brice.

Puis j’avais pris mon bain.


   (Allemagne, 27 décembre 2010)


Je sortais d’un entretien d’embauche qui s’était très bien déroulé, je dirais même trop bien déroulé. Depuis mon arrivée je n’avais pas traîner à réorganiser ma vie. J’avais donc déjà trouvé un nouvel appartement. J’avais pris un appartement plus grand que celui que j’avais avant mon départ pour le Congo. Je me disais qu’il fallait que je me prépare déjà à faire venir mon enfant, je ne pouvais plus prendre le risque de garder mon enfant près de ma sorcière de mère ou de mon lâche de père.


J’avais donc pris un appartement de trois chambres, une chambre pour moi, une autre pour mon enfant et une pour les visiteurs. Le lendemain de mon arrivée, Alice m’avait accompagné voir leur pasteur, papa Daniel, j’avais passé un long moment à lui parler de mon problème dans les détails et je lui avais aussi dit que je ressentais le désir de me faire baptiser. J’avais envie de changer de vie. Mon ancienne vie m’avait laissé trop de souvenirs d’échec. La seule chose que je voulais garder de mon ancienne conception des choses c’était ne pas me marier, c’était décidé je n’allais pas me marier, mais cette fois ci c’était aussi décidé que je n’allais pas vivre avec une femme.


Cette nuit dans ma prière, oui je priais depuis un moment et je passais beaucoup de temps à prier, je passais beaucoup de temps à pleurer quand je me rendais compte que toute ma vie avait en fait été un leurre. Ma mère n’était pas celle que je croyais qu’elle était et cet élément me poussait à remettre en question tout. C’était dans la prière que je me réfugiais.


Ce que je ne disais à personne, c’était ces larmes que je versais dans mes prières et cette nuit j’avais dis à Dieu que je voulais faire de lui mon seul et unique meilleur ami, lui dire tout et marcher selon ses voies. Dans mes entretiens avec papa Daniel, il m’avait aussi parlé de la fornication, ce n’était pas très clair dans ma tête mais j’avais tout de même pris l’engagement de ne pas fréquenter une fille. Désira avait appris que j’étais de retour, il fallait avouer que la communauté congolaise en Allemagne n’était pas aussi grande que ça, tout le monde connaissait tout le monde, ce qui fait que quand j’avais reçu son appel hier alors que je revenais du culte, je n’avais pas été très surpris.


Je ne voulais pas qu’elle vienne chez moi, alors, on avait prévu déjeuner ensemble tout à l’heure. Avec la vente de BTL j’avais quand même pu faire des bénéfices, après avoir payé à mon avocat des honoraires et versé l’argent de ma mère en banque via une procédure dirigée par mon avocat, j’avais pu sortir de là avec de l’argent en plus. Ce qui m’avait d’ailleurs permis de m’installer ici.


Désira avait choisit un restaurant qui faisait parti de nos habitudes du temps où nous étions encore en couple. En attendant l’heure de notre déjeuner, je tournais dans les boutiques au centre commercial, j’avais acheté des affaires pour le bébé, je ne connaissais même pas le sexe de mon enfant, alors j’avais pris des habits mixtes et des couleurs toutes aussi mixtes. J’allais faire un colis d’ici là avant sa naissance.


Aux environs de 12h je m’étais dirigé vers le restaurant, ce n’était pas loin du centre commercial. Désira était déjà là, je l’apercevais devant une bouteille de bière, en train de tripoter son téléphone. Après avoir vécu avec une fille comme Camille, je trouvais tout d’un coup Désira trop chargée à mon goût.


Vêtue, d’une robe couleur turquoise avec une veste, Désira était comme à son habitude perchée sur ses hauts talons, et cachée derrière plusieurs couches de maquillage, ce qui était d’ailleurs dommage qu’elle en mette autant parce que ça ne permettait pas aux gens de bien voir ses jolis traits, Désira était pourtant belle de figure. Dès qu’elle m’avait vu m’approcher de sa table, elle avait lancé son beau sourire pour m’accueillir.


- Bonjour Dési désolé du petit retard j’ai marché du centre commercial à ici


Elle s’était levée pour me prendre dans ses bras, je n’avais pas hésité de la serrer très fort dans mes bras, en effet ça faisait bien longtemps qu’on ne s’était pas vu.


- Tu m’as trop manqué bébé


- C’est vrai que ça fait longtemps et tellement de choses se sont passées depuis. Dis moi comment vas tu?


Je m’étais installé en face d’elle, tout en faisant signe à la serveuse, c’était une gabonaise que je connaissais alors je m’étais levé pour la serrer dans mes bras


- Élodie! Je sais que ce n’est pas permis le contact avec les clients mais ça fait plaisir de te revoir


Elle m’avait aussi serré dans ses bras,


- Non mais sérieux c’est vrai que ce genre de retrouvailles méritent une exception. T’es de retour ou tu nous visite juste?


- Je suis de retour mais tu n’es plus dans ton magasin là de l’autre côté de la rue?


- Non Brice je suis maintenant ici depuis quelques mois, hormis le fait de rester debout des heures, ici ils payent mieux que là bas au magasin


Je sentais que Désira n’aimait pas cette conversation et la connaissant, elle n’appréciait surtout pas le fait que je fasse comme si elle n’était pas là, alors pour palier à ça, avec un sourire je m’étais tourné vers Désira


- Désira, elle c’est Élodie, une amie qui m’aidait parfois à faire les choix de vêtements dans une boutique où elle travaillait. Élodie, voici Désira une amie aussi.


La mine de Désira montrait une insatisfaction, j’avais compris que c’était le terme ‘une amie aussi’ qui la mettait dans cet état, mais dans ma tête en effet Désira était une amie tout comme Élodie d’ailleurs.


- Enchantée Désira


- Enchantée


Désira à son tour avait répondu sans enthousiasme, Élodie n’était pas le genre à s’attarder sur ce genre de détail apparemment, puis qu’elle avait très vite lancé


- Dis moi Brice je te sers quoi, et voici le menu du jour Désira.


En parlant elle avait tendu une fiche menu à Désira et à moi aussi.


- Apporte moi du jus, peu importe lequel.


Puis j’avais aussi commandé une salade et un plat, Désira avait fait pareil. Quelques minutes plus tard, elle était revenue avec mon verre de jus,


- Tu as dis n’importe lequel et je te propose ce mélange orange, mangue et ananas tu vas vraiment apprécier


- Je n’en doute pas, je te faisais confiance pour les vêtements, je pense que je vais aussi te faire confiance pour les jus.


Elle avait souri avant de s’éloigner de notre table. Désira qui n’aimait pas que quelqu’un d’autre joue à la vedette en sa présence n’avait pas tardé à me faire connaître son mécontentement


- C'est encore qui celle là? L’une des filles avec qui tu me trompais hein?


J’avais éclairé de rire


- Kiekiekiekiekie sérieux Désira? Tu finiras par croire un jour que je ne t’avais jamais trompé?


- Hum toi Brice Taty, regarde comment cette fille te regardait et tu vas me dire que tu ne m’avais jamais trompé? Tu sais je me suis sentie un peu frustrée que tu ne me dise pas que tu venais, et même que j’ai parlé avec maman il y a quelques jours mais elle ne m’a rien dit aussi, mais bon venant d’elle ça ne m’étonne pas, déjà que c’est une grâce qu’elle m’écrive de temps en temps pour me saluer depuis un moment


J’avais envie de renverser ce verre de jus sur le visage de Désira, la dernière chose dont j’avais besoin c’était que quelqu’un me parle de ma mère, ce sentiment de haine et de rage que je ressentais dans mon cœur rien qu’en pensant à ma mère, je ne pouvais juste pas le décrire. Mais je m’étais contenu de ne pas réagir à ce que Désira venait de dire.


- Bah voilà tu as fini par savoir que j’étais là. C’est tout ce qui compte non?


Élodie avait rapporté nos commandes, cette fois ci comme elle nous trouvait en pleine causerie, elle avait juste déposé les assiettes sans dire mot.


- Oui peu importe par qui j’ai appris l’essentiel c’est que nous sommes là dans ce restaurant entrain de manger comme au beau vieux temps sauf que notre table est occupée


J’avais souri à cette remarque, d’habitude quand on venait ici, Désira aimait occuper la table qui permettait de voir les passants dans la rue à travers les baies vitrées.


- Comment ça se passe pour toi tu as pris un appartement où tu es toujours chez ta tante?


- J’avais fini par prendre une chambre, en collocation. Au fait je me disais que je pourrais venir cuisiner chez toi ce week-end ça te dit?


- Euh en fait ce week-end il y a mon pasteur qui passera à la maison, le samedi et pour ce qui est du dimanche je vais passer l’après midi chez Marc et Alice.


- Ton quoi? Tu es sérieux tu as bien parlé de pasteur? Tu pries maintenant? Non je n’arrive pas à croire tu es sérieux?


- Oui Désira, même que je vais dans les eaux du baptême la semaine prochaine.


- Tu vas dans quoi? Attends c’est toi qui me sort ce genre de termes là!


J’avais éclaté de rire à voir les grimaces que Désira faisait avec ses mains


- Oui mais attend tu vas finir par me faire honte là, je ne suis quand même pas un monstre hein


- Non attends ça ne te ressemble pas ce genre d’histoires. Mais bon c’est où ton église? Il faut m’inviter alors!


- Non mais ça me ferait trop plaisir que tu viennes, alors tu viens ce dimanche? C’est l’église où prie Marc et Ali tu te souviens on passait par là quand je te déposais au boulot parfois.


- Oui je connais très bien. Mais bon cette Ali là c’est clair qu’elle ne m’a jamais appréciée alors je me demande si c’est une bonne idée que je vienne à son église hein


- Ce n’est pas son église, elle y prie mais c’est l’église de Jésus-Christ, la porte est ouverte à tout le monde et crois moi même à Ali ça lui ferait plaisir que tu viennes. Si tu veux je passe te chercher dimanche, il va falloir que je calcule juste bien l’heure du métro.


- Quoi t’as pas de voiture encore?


- Non j’attends de commencer avec le boulot et épargner pour avoir une voiture.


- Quoi? Mais pourquoi? T’aurais pu dire à maman, comment ferras tu pour supporter le métro te connaissant tu ne va pas tenir longtemps


-Désira je vois que certaines choses n’ont pas changé chez toi!


Cette dernière remarque si je pouvais la développer je ne pense pas qu’on aurait terminé ce moment en beauté alors je m’étais juste arrêté là. Mais je voyais que Désira était restée la même. Et dans sa tête lorsqu’elle se représentait notre relation c’était toujours pour les mêmes fins. À ses yeux j’étais le fils d’une riche femme et j’étais la réponse à tous ses problèmes, hier je pouvais vivre avec elle tout en sachant tout ça, mais aujourd’hui ma perspective des choses avait changé.


Désira avait remarqué que mes achats étaient des trucs de bébé, tout le monde connaissait cette boutique et donc elle avait reconnu par le sac d’emballage.


- Hum tu as acheté des fringues de bébés, quoi tu n’es pas rentré seul c’est ça? Tu as une femme et un enfant?


On pouvait lire la déception sur le regard qu’elle me posait,


- J’attends un enfant en effet mais ils sont au pays avec sa mère. Je vais expédier ça par DHL je pense.


- Tu sais Brice pourtant je ne demandais que me stabiliser avec toi, je ne comprends pas pourquoi avec moi tu n’envisageais même pas une seule minute faire ce pas, mais tu l’as fait facilement avec une autre. En fait je veux savoir parce que je suis perdue tu vois?


- Désira on peut faire l’effort de ne pas nous engager sur ce genre de discussion?


- Non, Brice il faut bien que cette discussion ait lieu un jour, quand tu partais, tu n’avais jamais rompu avec moi, et je pense que si tu l’as fait alors que tu étais au Congo c’était beaucoup plus dû au fait qu’on se déchirait beaucoup à cause de la distance. Mais de toi à moi ce n’est pas comme ça qu’on met fin à une relation. Tu t’es tout de même permis de t’engager avec une autre. C’est normal que je te demande une explication.


- Désira, dis moi ouvertement, si on enlevait le fait que je sois le fils de ma mère, si j’étais juste Brice tout court, un jeune congolais ici qui travaille dans une boîte agro-alimentaire, qui doit attendre d’économiser pour s’acheter une voiture et qui doit faire des calculs pour évaluer s’il est à mesure de t’offrir la dernière paire Guess du moment, si je n’étais que ce mec là, seras tu tant obstinée à vouloir te caser avec moi?


- Non mais bébé je rêve ou tu viens de me traiter d’opportuniste?


- Désira je ne sous entend rien, c’est toi qui voulait avoir cette discussion, je ne fais que céder ton désir d’en parler


- Je vois que ça ne sert pas que je te réponde, parce que ça montre que tout ce temps au fond de toi tu me voyais comme une opportuniste et franchement c’est un vrai savon que tu viens de me passer là!


On avait terminé le repas et j’avais payé la facture en laissant un pourboire à Élodie. Désira n’avait plus dit grand chose, mais je lui promettais quand même de passer la chercher dimanche pour le culte, c’est lâché que Désira m’avait formellement fait savoir que ce n’était plus la peine


- Ça ne sert pas, je me vois mal aller prier avec une personne qui me prends pour une fille sans cœur. Garde tes airs de frère en Christ pour toi même, je préfère garder mes péchés et mon amour intéressé pour quelqu’un d’autre.


- Non mais Désira, attends je crois que tu ne m’as pas bien saisi là


Elle s’éloignait sans plus se retourner. L’ancien Brice aurait couru après elle, parce que ce Brice là n’aimait pas faire mal aux autres. Mais celui qui était là en ce jour, n’avait plus assez d’énergie pour vouloir mettre tout le monde à l’aise, j’avais compris que les gens pouvaient être cruels par moment, et qu’il fallait que je me soucie de moi même, je ne savais plus faire l’effort d’être bon. J’étais seulement moi, voilà ce que je me disais en retournant chez moi sans le moindre remord sur tout ce que j’avais dit à Désira.


Arrivé chez moi, j’avais pris une douche et je m’étais installé dans mon grand salon vide avec ma bible entrain de méditer. Grâce aux explications de papa Daniel, j’arrivais peu à peu a méditer ma bible, parfois même lorsque je lisais j’avais comme l’impression que ces lignes avaient été écrites spécialement pour moi. Par moment je me demandais comment était ce possible que je me retrouve autant dans ce qui était écrit dans cette bible?


Le lendemain je m’étais réveillé avec une bonne nouvelle en ouvrant mes mails. J’avais reçu un courriel me félicitant pour mon nouveau poste. J’avais été retenu suite à mon entretien de la veille. En refermant ce mail là, il avait fallu que je lise un mail de ma mère! Non mais est ce que cette femme allait me laisser tranquille un jour! J’essayais de faire l’effort de me souvenir de tous les conseils de pasteur Daniel, concernant toute cette histoire. En lisant son mail je faisais juste l’effort de me maîtriser pour que je ne réponde pas à ce mail car s’il fallait que je réponde j’allais lui dire que je souhaitais qu’elle sorte une bonne fois pour toute de ma vie. Elle avait réussit à m’avoir une fois elle n’allait plus m’avoir une deuxième fois. Je n’avais qu’une seule envie celle de lui dire tout ce que je savais d’elle et par la même occasion lui dire de m’oublier, mais les conseils de papa Daniel me retenaient.  


Non mais cette sorcière elle avait le culot de mentir qu’elle était inquiète pour moi, elle osait se plaindre que je ne sois plus joignable? En plus où était le mal si je m’étais décidé de remettre son argent? Si elle savait que ma relation avec elle avait pris fin en ce jour! Je ne voulais plus jamais entendre parler d’elle!


Il avait encore fallu que je lise ces conneries pour que mon mal de crâne se déclenche à nouveau ! Cette douleur atroce avait repris, là assis devant mon ordinateur, je ne pouvais plus contenir cette douleur, qui paralysait à la fois tous mes membres.

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