CHAPITRE 3

Ecrit par Emyam

CYNTHIA

Ma coupe de champagne à la main, je suis arrêtée sur la terrasse, faisant face à la piscine quand j'entends dans mon dos le grincement de la baie vitrée coulissante.

- Madame ? La candidate au poste de nounou est là. Annonce Edwige, la cuisinière.

Sourire aux lèvres, je prends une gorgée de mon champagne. 

Enfin ! Je pourrai librement vaquer à mes occupations ! S'occuper d'un enfant n'est pas une tâche facile. Je me retourne toute heureuse de dire à la nounou à quel point je suis satisfaite de sa venue mais ce que je vois me choque tellement que j'en perds la voix. 

Je suis comme projetée 5 années plus tôt. Je cligne plusieurs fois des yeux pour me ramener à l'instant présent mais les images s’entrechoquent dans mon esprit. Toutes ces choses que j’avais effacées de mon esprit refont subitement surface.

Essayant de calmer mon cœur qui s’emballe, je fixe ces yeux de couleur marron clair qui me regardent  avec appréhension. Les yeux de Marianne...

Comment est-ce possible ?

Voyant la jeune fille s’approcher craintivement de moi pour me tendre la main, j’essaie de me reprendre et de me constituer un visage serein.

HORS DE QUESTION QUE JE ME LAISSE DESTABILISER PAR CETTE GAMINE !

En effet, à bien l’observer, c’est vraiment une enfant. Elle ne doit pas avoir plus de 21 ou 22 ans. La regardant de haut en bas, je réalise enfin que mis à part ses yeux, cette fille n’a aucune ressemblance avec Marianne.

Marianne était de teint clair et grande de taille mais la jeune fille qui se tient devant moi est plutôt bronzée et de taille moyenne. Et elles n’ont pas les mêmes traits du visage. Absolument aucune ressemblance !

Les cheveux afros de la jeune fille sont maintenus par un élastique sur le haut de sa tête lui donnent un petit air farouche. A y regarder de plus près, je réalise qu’elle est vraiment belle, très belle même. Malgré son apparence négligée, elle a des traits délicats qui lui donnent un air innocent.

 

Personne n’est innocent dans ce monde ! Me souffle une petite voix.

En effet, personne n’est innocent !

Je regarde donc sa main tendue avec tout le dédain que je peux pour lui faire clairement comprendre que ce poste, elle peut l’oublier !

Il est hors de question que je prenne le risque d’engager cette fille !

-Je ... Euh...Enchantée madame EHUI ! Je suis Lydia Koffi...Bredouille-t-elle la voix peu assurée.

Lydia Koffi...Donc aucun lien avec Marianne Aka.

Cette annonce vient retirer un autre poids de mes épaules.

Elle essaie d’ajouter quelque chose mais je la stoppe net dans son élan, lui faisant comprendre qu’il s’agit d’une erreur au niveau de l’agence et que je chercherai d’autres candidats.

Plus je m’exprime plus une sourde colère me gagne. Depuis 5 années que j’ai recours à leurs services, cette agence a toujours satisfait mes besoins et respecté mes critères.

Alors je n’arrive pas à comprendre pourquoi ce faux-pas aujourd’hui ! Ils peuvent être certains qu’ils auront de mes nouvelles au téléphone ! Et je plains d’avance celui qui sera mon interlocuteur car j’ai plusieurs choses à leur dire mais sûrement rien d’agréable !

Après l’avoir remercié la nounou du déplacement effectué, je la congédie et prend la direction de la maison, coupant ainsi court à ses supplications que je sens venir.

J’ai énormément de choses à faire ce jour et j’ai déjà perdu assez de temps ici.

Il faut d’abord que je recontacte l’agence pour régler cette affaire de nounou.

Ensuite, je dois me faire une petite beauté car Marc-Ariel a décidé de rentrer tôt aujourd’hui du travail afin que nous puissions avoir un petit dîner en amoureux.

Croisant Edwige dans le séjour, je lui demande de raccompagner la nounou et monte rapidement dans notre chambre pour me préparer.

 

La première chose que je fais une fois dans l’intimité de notre chambre est d’appeler l’agence de placement pour incendier de reproches, menaces et injures leur responsable ! Ce dernier se confond en excuses puis m’explique que cette fille était la seule qu’ils avaient sous la main, raison pour laquelle ils l’ont envoyé. Ils m’assurent cependant qu’ils feront de leurs mieux pour me trouver rapidement quelqu’un.

Après leur avoir ordonné de me proposer une autre nounou pour demain au plus tard car il est hors de question que je passe un jour de plus à jouer ce rôle, je raccroche rageusement et tente de me calmer les nerfs qui sont déjà à vif.

Je jette un coup d’œil à l’heure, et me rends compte qu’il est presque 17 heures.

Je ferai mieux de me dépêcher dans le choix de ma robe...

Il faut que trouve quelque chose de vraiment sexy car ces deux jours, j’ai senti mon chéri un peu distant et il faut que cela change.

Je suis donc entrain d’examiner une robe rouge sexy que j’avais acheté la semaine passée lorsque j’entends une succession de cris suivis d’un tambourinement à ma porte.

Mais que se passe-t-il donc ?

Ouvrant la porte, je découvre Edwige le visage en larme et le souffle court qui me regarde avec panique.

-Oh Mon DIEU madame, ce qui est arrivé est horrible ! Yoann...Il...C’est…Yoann Madame ! Hoquette-t-elle. Vous devez absolument venir madame ! S’écrie-t-elle en m’expliquant avec difficulté ce qu’il se passe.

Je suis tellement choquée par ce qu’elle me raconte que j’en laisse tomber la robe et le téléphone que je tenais en main.

Mon cœur tambourine de plus en plus fort et j’ai l’impression qu’il va s’arrêter. J’ai tout d’un coup les mains moites.

Yoann...Mon petit bébé...

Il me fatigue énormément mais c’est quand même mon fils. Et je n’ai pas un cœur de pierre. Je l’aime malgré tout !

Me voilà donc, courant vers la piscine pour découvrir la scène terrible qu’Edwige vient de me raconter.

***

LYDIA

Je m’apprête à rentrer lorsque j’entends un bruit au niveau de la piscine.

Je me retourne pile à temps pour voir une petite forme couler et disparaître sous les profondeurs de l’eau.

Je suis tellement pétrifiée qu’avant même de réfléchir à quoi que ce soit je me mets à courir pendant que j’entends tantie Edwige crier et appeler de l’aide.

Je ne suis pas une très bonne nageuse mais il est hors de question que je laisse cet enfant se noyer.

Je plonge la tête la première et me met à fouiller dans les profondeurs de l’eau pendant que l’eau me pique les yeux et m’aveugle.

Je ressors la tête pour prendre une goulée d’air et replonge, espérant sincèrement que je réussirai à le trouver cette fois-ci car je crains que cet enfant puisse retenir sa respiration assez de temps sous l’eau. Le pauvre doit être sûrement entrain de paniquer.

Après ce qui me semble être une éternité, je distingue finalement un petit corps qui se débat sous l’eau.

Je nage aussi vite que je peux et réussit à l’atteindre au moment où ses mouvements s’affaiblissent.

Il se débat tellement qu’il me donne des coups de pieds et de coudes. Je n’aurai jamais cru que dans un si petit corps pouvait se trouver tan d’énergie. Je finis par le faire ressortir.

Mes yeux me piquent et mes membres me lancent.

Je vois accourir des hommes vêtus comme des gardes de corps que je n’avais pas vu et parmi eux, l’image floutée par l’eau dans mes yeux de madame EHUI qui accoure vers nous.

Je remonte le petit garçon qui m’a l’air inerte hors de l’eau et essaie de ressortir aussi mais à peine ai-je mis le pied au sol que je trébuche et me sens aller en arrière.

J’essaie de me retenir à quelque chose mais je sens ma tête percuter le sol puis c’est le noir complet.


COEUR SAUVAGE