CHAPITRE 4

Ecrit par Emyam

MARC-ARIEL

Je suis en pleine réflexion sur le dossier d'une entreprise que nous traitons en ce moment lorsque j'entends quelqu'un ouvrir mon bureau, sans frapper, et venir s'installer dans l'un des sièges qui sont en face de moi.

Je n'ai pas besoin de lever les yeux pour s'avoir qu'il s'agit de Richmond, mon meilleur ami et partenaire d'affaires.

Malgré toutes les fois où je lui ai signifié de taper à la porte avant de débarquer, mon ami n'a pas encore jugé utile de commencer à m'écouter. Il fait cela tant de fois que j'ai même arrêté de lui en faire la remarque.

- Que fous-tu encore ici ? Je croyais que tu avais un rendez-vous amoureux avec ton épouse... Demande-t-il avec un sourire moqueur.

Richmond est ce qu'on peut appeler un célibataire à vie. D'après lui, n'est pas encore née celle qui l'obligera à se ranger et à apprécier la vie de couple avec une et une seule femme !

Son commentaire me pousse à regarder l'heure et je réalise qu'il sera bientôt 17 heures.

J'ai été tellement plongé dans le travail que je n'ai pas senti le temps passé.

Je commence donc à fermer mes dossiers pour les ranger pendant que Richmond me raconte son histoire avec sa dernière conquête en liste.

Il s'apprête à me raconter la scène que cette dernière a faite lorsqu'elle a réalisé qu'elle n'était pas dans une relation exclusive mais mon téléphone portable sonne et coupe court au récit de ses aventures.

Je suis étonné de voir s'afficher le numéro fixe de la maison.

- Marc-Ariel EHUI j'écoute. Je réponds distraitement.

-...

- Allô ? 

J'entends dans le combiné un reniflement bruyant avant que la voix d'Edwige ne sonne, parsemée de trémolos.

- Monsieur ? Monsieur venez rapidement à la maison s'il vous plaît ! C’est Yoann...Il y a eu un accident et Yoann est tombé dans la piscine... (Snif Snif)

- Quoi ? M'écriai-je tellement fort que je fais sursauter Richmond qui essaie désormais de comprendre de quoi il s'agit.

Il doit voir à mon expression défaite que quelque chose ne va pas.

- Il est tombé dans la piscine monsieur c’est horri...

Je suis tellement choqué que je ne sais pas comment je me suis retrouvé debout, mes clés de voiture dans les mains. Je crois qu’une mauvaise manipulation m’a fait interrompre l’appel.

On peut dire que j’ai eu ce qu’on appelle une vie mouvementée mais je vous assure que je n’ai jamais ressenti une telle peur de toute ma vie.

Toute sorte de scenarios me traversent l’esprit, les uns pires que les autres.

Pendant que je cours vers l’ascenseur, Richmond à ma suite, j’ai l’impression que mon cœur va s’extraire de ma poitrine.

Je crois que je n’ai jamais fait le chemin de mon travail à la maison aussi rapidement.

Même si cela m’a paru durer une éternité. J’avais l’impression qu’aujourd’hui, tous les habitants des II plateaux travaillant au plateau ont décidé de rentrer tôt chez eux.

Richmond qui m’a suivi ne cesse de me répéter de me calmer et que ce n’est sûrement rien de grave mais je n’arrive pas à oublier les paroles d’Edwige.

« C’est Yoann... »

« Il y a eu un accident et Yoann est tombé dans la piscine... »

Le pire c’est que nous avons essayé de contacter la maison sans succès. C’est à croire que tous les membres de ce foutu personnel ont décidé de me rendre dingue ! Sans compter Cynthia qui ne réponds pas à son téléphone portable.

Arrivé à l’entrée de la maison, je me mets à klaxonner avec empressement pour que Gilles, notre agent de sécurité vienne ouvrir le portail.

Dès que c’est fait, je gare en trombe et descends précipitamment en prenant la direction de la maison.

-Ça va aller Marc-Ariel...Ne cesse de me répéter Richmond.

Mais ce dont j’ai besoin actuellement ce n’est pas de belles paroles ! Ce que je souhaite c’est de voir mon fils. C’est de constater qu’il se porte bien et que tout ceci n’est qu’une énorme blague. Je suis à peine entré dans le séjour que je croise Edwige qui vient vers moi en courant presque.

-Monsieur ! DIEU merci vous êtes là.

-Où est Yoann ? L’interrompis-je impatient.

C’est alors qu’Edwige me raconte l’incident qui s’est produit. Elle m’explique que la grille de la piscine était restée ouverte et que Yoann qui s’était rendu par-là a fait une mauvaise chute et est tombé dans le bassin, commençant à se noyer. Elle me raconte également qu’une jeune dame qui était là pour un entretien et qui a remarqué la scène est celle grâce à qui Yoann fut sauvée à tant. Mais que celle-ci, suite à une mauvaise chute a perdu connaissance. Elle ajoute aussi que le médecin est venu et se trouve actuellement avec Yoann.

A chaque mot d’Edwige, je passe par toutes les émotions inimaginables d’une frayeur sans nom à un soulagement intense, en passant par une reconnaissance complète.

Qui que soit cette dame, je lui serai éternellement reconnaissant car elle a sauvé la vie de la personne la plus chère à mon cœur. Son geste a pour moi une grande signification car il est connu que de nos jours, peu sont ceux qui sont capables de risquer leurs vies pour de parfaits inconnus. Cette dame doit avoir un grand cœur. L’un des seuls non corrompus qui existent encore...

Maintenant que je sais que Yoann va bien et qu’il y a eu plus de peur que de mal, c’est le cœur moins lourd que me rends vers sa chambre.

J’entre en même temps que Cynthia sort accompagnée de notre médecin de famille, monsieur Bléou.

J’ai à peine le temps de faire un geste qu’elle se jette dans mes bras en sanglotant.

-Bébé j’ai eu tellement peur ! (Snif...Snif...)

Je la sers aussi fort que je peux car je sais ce qu’elle ressent. J’ai cru mourir milles fois lorsqu’Edwige m’a contacté.

-Monsieur Ehui...Me salue le docteur Bléou.

-Docteur ! Comment va mon fils ? Je demande sans préambule car c’est en ce moment la seule chose qui m’intéresse.

Il m’explique alors que Yoann est hors de danger mais qu’il a dû lui administrer un sédatif pour qu’il puisse se reposer et se remettre plus sereinement de l’incident.

Mon pauvre garçon...

Ne puis-je m’empêcher de penser, le cœur serré par l’émotion.

Détachant Cynthia de moi, je m’approche de Yoann, endormi paisiblement dans son lit.

Je lui caresse les cheveux et lui touche le visage comme si je voulais m’assurer qu’il était vraiment la, hors de danger. Comme si je voulais imprimer cette sensation de mon esprit.

-Pensez-vous qu’il gardera des séquelles de cet incident docteur ?

Voilà l’une de mes plus grandes inquiétudes.

Yoann n’a que 4 ans et j’ai peur que ce genre d’incident ne l’affecte sur le plan psychologique.

-Il aura peut-être une peur de l’eau mais ce sont des choses qui peuvent se contrôler facilement. Soyez juste là pour lui et veillez à lui fournir un cadre sain et serein.

Les choses devraient devenir comme avant.

Cette déclaration m’enlève un poids des épaules mais j’ai quand même cette peur ressentie qui continue de subsister.

-Ce qui m’inquiète par contre c’est le cas de la jeune dame qui a porté secours à votre fils. Ajoute le docteur Bléou qui a quitté son expression rassurante pour un ton plus grave et inquiétant.

Selon ce qui m’a été rapporté, la jeune dame a fait une chute en sortant de la piscine et c’est le choc qui l’a fait perdre connaissance. Je l’ai examiné et à première vue tout va bien mais ce qui m’inquiète c’est qu’elle est inconsciente depuis une bonne heure déjà...Il faudra aussi faire une radio demain pour s’assurer que la pauvre n’a pas une commotion cérébrale.

-Une commotion cérébrale ? Vous ne trouvez pas que c’est un peu exagéré docteur ? S’emporte presque Cynthia, me choquant au passage.

Mais comment peut-elle dire une chose pareille ? Cette fille a sauvé notre fils alors que rien ne l’y obligeait ! Comment peut-elle être si peu reconnaissante ?

Je reconnais que mon épouse a ses défauts parmi lesquels parfois de l’égoïsme mais je suis assez surpris de sa réaction.

Mais je décide d’en faire fi. Je lui en parlerai plus tard...

Actuellement, ce que je souhaite c’est voir cette femme, m’enquérir personnellement de son état de santé. Maintenant que je sais que mon fils va bien, il faut que je veille aussi à ce que cette dame aille bien également.

Je me rends donc, Cynthia et le docteur Bléou à mes trousses, dans la chambre qui a accueilli notre sauveur du jour.

COEUR SAUVAGE