Chapitre 3 : Cérémonie nocturne (1)

Ecrit par pretoryad

Dali

Je ne pouvais cesser de la contempler sous la faible lumière que diffusait la lune à travers la petite fenêtre de la pièce. Elle était si belle ! Je m’étais allongé près d’elle pour la sentir proche de moi. Je pouvais sentir les mouvements réguliers de son cœur et m’assurer ainsi que la mixture que je lui avais servie l’avait simplement assoupie.

Je résistai à l’envie de goûter à ses lèvres pulpeuses. Mais ce n’était pas facile. Elle était tout simplement la plus belle fille à mes yeux, et la seule qui pourrait jamais satisfaire mon cœur ! Ma mère m’avait toujours dit que je saurais reconnaître l’élue de mon cœur le moment venu. Ce fut le cas pour moi le premier jour où mes yeux s’étaient posés sur le visage confiant de Nélia.

C’était ma deuxième année au collège. Elle faisait son entrée en première année. Tandis que j’angoissais encore à l’idée de retrouver mes repères, elle semblait déjà maîtriser son nouvel environnement. C’était comme si elle avait pris l’établissement d’assaut ! Avant la fin du premier trimestre, elle était déjà l’une des filles les plus populaires du collège.

Mon admiration pour sa force de caractère n’avait cessé d’accroître depuis lors. C’était le genre de fille qui faisait battre mon cœur. Je n’avais certes jamais réussi à attirer son attention, mais je savais néanmoins que mon moment de gloire viendrait un jour. Cependant, cette occasion avait été repoussée à son entrée au lycée. Malheureusement, Kalé Dagary allait me faire de l’ombre.

C’était le mec le plus populaire du lycée depuis trois ans. Il était tout ce que je souhaitais être : fier, libre et sans aucune limite. Et c’était aussi mon cousin. Mais très peu le savaient, car il m’avait clairement fait comprendre qu’il ne voulait en aucun cas être associé à moi. Ce n’était pas plus mal, car moi non plus je ne voulais pas être associé à un sorcier !

Toujours est-il que ma bien-aimée s’était laissée envoûter — comme toutes les filles du lycée — par le charme ténébreux de mon cousin. Elle pensait être amoureuse de lui, mais je savais que c’était indépendamment de sa volonté. Je devais cependant l’affranchir de l’emprise démoniaque de Kalé.

Et cela allait se concrétiser grâce à ce dernier. Il s’était tourné vers moi pour me soumettre son plan. Il voulait tester une formule magique pour rendre deux personnes amoureuses l’une de l’autre. Naturellement, ça mintéressait. Il avait besoin de volontaires. Je m’étais donc proposé et j’avais, bien évidemment, suggéré Nélia.

Le plan était assez simple : trouver le moyen de faire boire un filtre d’amour à Nélia puis l’emmener dans l’appartement de Kalé avant minuit, afin qu’il effectue son rituel. Il m’assurait qu’à son réveil, Nélia tomberait aussitôt amoureuse de moi. Il me fallait juste être à ses côtés à ce moment-là.

C’était très tentant, j’étais désespéré de la voir enfin succomber à mon charme. J’avais hâte d’en finir pour qu’elle soit enfin mienne !

Nélia poussa un petit soupir, mais resta impassible, conservant une expression sereine et innocente. J’aurais tant voulu rester auprès d’elle et l’enlacer tendrement jusqu’à son réveil, mais mes oreilles bourdonnaient encore des avertissements de mon cousin :

         – Surtout ne la touche pas avant mon arrivée, sinon l’incantation ne marchera pas !

         Je jetai un coup d’œil à ma montre et lâchai un soupir apathique. Je devais me lever et me préparer à accueillir mon cousin qui ne tarderait pas à arriver. Je ne voulais sûrement pas me faire surprendre dans une position incriminante et faillir ainsi à mon rêve.

         Je me dirigeai donc vers la grande pièce qui faisait office de salle de séjour. J’entendis un léger bruit de moteur provenant de l’extérieur. Je n’attendis pas longtemps avant que la porte d’entrée ne s’ouvre, laissant apparaître Kalé Dagary.  

         – C’est bientôt la pleine lune, je dois commencer maintenant ! lança-t-il sans un regard pour moi. Tu as pensé à emmener ce que je t’ai demandé ?

         – Tout est là… répondis-je en indiquant le coin cuisine du regard.

         Le doute s’immisça soudain dans mon esprit.

         – Tu ne veux pas que je t’assiste ?

         – On en a déjà parlé, Dali. Tu me fais confiance ou pas ?

         Il avait posé la question d’un ton si sec que je n’osai pas répondre. Fort heureusement, Kalé ne semblait pas attendre que je le fasse.

         – Reviens dans une heure, ce sera bon.

         Il se dirigea vers la seule chambre de l’appartement — offert par sa mère à son quinzième anniversaire — mettant ainsi fin à la conversation. C’était le signal de départ. Je partis sans demander mon reste, mais mon esprit ne fut pas tranquille pour autant. Et pour cause, je laissais ma bien-aimée entre les mains d’un jeune homme aux prises avec le monde des ténèbres ! Était-ce possible d’être aussi ingénu ?  

Femmes de pouvoir :...