Chapitre 3: Des rêves enterrés dans un mariage

Ecrit par Plume Inspirée

Chapitre 3: Des rêves enterrés dans un mariage 


Je n'avais même pas entendu mon réveil sonner, j'avais réussi à dormir qu'aux environ de 3h du matin, ce qui justifiait que je me lève si tard. Il était déjà 9h. Dormir à côté de mon mari me faisait tellement réfléchir que je n'avais pu trouver le sommeil que vers 3h.  Tant de questions : Avec qui Yves parlait toujours si tard ? Pourquoi ne pouvait t-il pas le faire en secret ? En me réveillant le matin, ces questions que je m'étais posée toute la nuit résonnaient encore en moi. Cependant, Yves était déjà parti au boulot. 


En descendant du lit, je fis ma prière et là je me souvenais encore de cette instruction une épouse irrépréhensible. C'est ainsi qu'en me levant, je pris mon téléphone pour faire quelque chose que j'avais arrêté de faire depuis quelques mois


<< Bonjour Mr mon époux ! >>


Je restais collée à mon téléphone attendant un message de sa part. Il était bel et bien en ligne là en ce moment mais n'avait pas lu mon message. Je me rendis dans la cuisine, où soeur Florentine était déjà là entrain de faire le rangement. Soeur Florentine était une soeur veuve de l'église. Elle avait perdu son mari l'année passée et cela faisait 5 mois qu'elle était notre femme de ménage. Ça l'aidait pour prendre soin de sa fils. Soeur Florentine pouvait avoir autour de 36 ans mais comme j'étais l'épouse de son pasteur elle m'appelait maman. Une atmosphère de respect régnait entre nous. 


- Soeur Florentine bonjour ! 


- Bonjour maman Valérie.


- Comment tu vas ? 


- Ça va maman et toi, j'espère que tu as bien dormi ? 


- Très bien


 ( Je fis un sourire) je n'avais jamais laissé paraître mes problèmes de couple. Non pas parce que les ainés nous apprenaient qu'une femme se devait de tout garder dans son coeur, ce que je trouvais discutable d'ailleurs. Mais plutôt parce que ma petite expérience dans l'église étant fille de pasteur m'avait appris qu'il était difficile de trouver des gens qui porteraient mes problèmes à coeur comme si c'étaient les leurs. Dans le lot de ceux à qui on se confiait, il y avait ceux qui n'en avait rien à foutre, il y avait aussi ceux qui compatissaient mais à cause de la charge de leur propre problème oubliait tout de suite les nôtres. Il y avait ceux qui s'en servaient pour se moquer de nous et faire de nous le centre de leur coserie. Puis il y avait le petit pourcentage de ceux qui se souciaient vraiment et priaient pour nous. Je n'aimais pas me plaindre car je me disais que même ceux qui pouvaient prier pour moi, n'avait q'un seul pouvoir celui de confier mes problèms à Dieu et jusqu'ici je pouvais encore le faire moi même. 


Toujours avec mon sourire aux lèvres je demandai alors les nouvelles du fils à la soeur Florentine:


-Et Précieux il va bien ? 


- Ah maman Valérie, il va bien. C'est juste que son école me fatigue vraiment, ils mettent la pression pour les droits des examens.


- Ah mais eux aussi, le CEPE ce n'est pas pour demain, ils ne peuvent pas attendre la fin du mois ? 


- Vraiment maman. Moi au milieu du mois comme ça je vais avoir l'argent où ? 


- Il faut combien pour les droits


- 10 milles. 


- OK, le soir avant de partir rappelle moi je vais te donner 10 milles 


- Ah merci beaucoup maman Valérie, vraiment merci. Tu pourras juste enlever ça dans mon salaire.


- Noooon, pourquoi ?  Je donne les 10 milles comme ma contribution pour l'examen du petit. 


Après cette petite conversation je m'installai à la véranda avec une tasse de café. C'est là que je remarquai le message de Yves:


 - << Bonjour Val,  ça va ? >>


- << Oui ça va et toi ? >>


- << Ça va. Dis hier j'ai oublié de te dire ce soir je suis invité à prêcher à l'église de mon ami, pasteur Freddy tu te souviens de lui? >>


- << Bien sure>>


- << Apprête toi vers 16h j'enverrais quelqu'un te chercher pour me rejoindre>>


- << D'accord pas de problème. Donc tu iras directement sans d'abord revenir à la maison ? >>


- <<Exact, tu me rejoindra juste. Au fait j'ai mis une cravate bleue>>


- << Tu veux manger quoi aujourd'hui >>


- << Poisson salé sauté avec des Safou>>


- << OK c'est noté, je t'aime >>


J'avais arrêté de faire ce genre de message à Yves depuis 4 mois non pas parce qu'il ne me répondait pas en retour mais plutôt parce qu'il avait beau me reprendre tendrement, son attitude  par la suite disaient toujours tout le contraire.  Yves faisait tout pour sauver la face du bon pasteur pour ses brebis, il était capable de m'envoyer un je t'aime par message juste pour le mettre sur son statut les heures d'après ou sur sa story sur Instagram. Avec le temps Yves était même devenu très absent dans ses intimités avec Dieu mais toujours super présent sur les réseaux sociaux. 


En réponse à mon dernier message, il mit un coeur en émoticone. 


Apres cette conversation avec mon mari, je lançai un appel vidéo, espérant que maman était en ligne, je venais de promettre 10 milles francs à ma femme de ménage tout en sachant que je n'avais pas de sous si ce n'était l'argent de la popote, il fallait que je crée pour pouvoir rembourser les 10 milles francs que je donnerais à soeur Florentine. 


- Mais Val à cette heure ci je te signale que je suis au boulot là ! 


- Maman toi aussi, j'ai juste eu envie d'ecouter ta voix et surtout te voir. Mais dis moi c'est sombre là où tu te trouves J'ai du mal à te voir 


- Ah bon !  Mon chef va arriver d'un moment à l'autre on se fait juste des messages OK ? 


- OK maman ! 


Elle coupa l'appel. Puis quelques minutes plus tard, elle me fit un message:


- << As tu parlé avec Yves à propos de ton projet là ? >>


-<< On a été très occupée cette dernière semaine. Je vais le faire cette semaine ci>>


- << Hum Valérie, tu ne prends pas ton avenir au sérieux hein ? Donc tu ne veux pas penser à ta carrière. Pour le moment tu n'as pas encore d'enfants c'est le moment de maximiser. Dans deux matins tu devras non seulement t'occuper de ton mari mais aussi des enfants et ça sera difficile de te lancer en ce moment là.>>


- << T'inquiète maman, je le ferais dès que possible. Dis maman tu n'as rien vendu encore de mes articles ? >>


- <<Mais comment veux tu que je vende Valérie, je t'ai bien dis qu'il n y a pas d'expo-vente en ce moment. Tout est rangé là bas à la maison >>


Le peu d'argent que je pouvais avoir pour mes besoins personnels étaient ce que me rapportait mes créations. J'étais créatrice, je créais des accessoires de mode et de déco en me servant de la couture et du perlage. En me lançant dans ma formation d'art j'avais des grands projets après l'obtention de mon BTS en entrepreneuriat. 3 ans en arrière lorsque je rencontrais Yves, il était le fiancé de rêve. Beau, intelligent, servant Dieu, éloquent, prêt à me soutenir dans la réalisation de mes projets du lancement de ma marque d'accessoire à la création de mon ONG pour re-inserer les jeunes filles qui avaient abondonnébles études. Yves tout le long de nos fiançailles m'avait aidé à élaborer des plans pour arriver à bout de mes projets. Les premières années où disons la première année de notre mariage tout était rose, et je continuais à planifier. La deuxième année de notre mariage tout devenait centré sur Yves et Yves seul. Je n'avais droit qu'à l'argent de la popote que je ne pouvais pas me permettre d'utiliser pour économiser étant donné que notre maison recevait beaucoup de monde à cause du ministère pastoral de Yves. 


Comment pouvais je dire à maman qu'en fait je ne pouvais pas compter sur Yves pour lancer officiellement ma marque d'accessoires ?  Quelle image ma mère devait avoir de mon mari ? Était ce sage d'exposer ainsi mon mari même aux yeux de mes propres parents ?  Tant de question restaient dans ma tête et je comptais cependant sur la sagesse que j'étais sure de trouver dans la parole de Dieu. Ce qui faisait que j'étais devenue une femme de prière, une femme profonde à cause de tout ce que je rencontrais dans mon foyer.


Heureusement que je pouvais envoyer mes créations en France chez maman qui les vendait si bien pendant les expositions publiques. Cet argent m'aidait à prendre soin de moi. La Valérie toujours belle et élégante que j'étais aux yeux des gens ne l'était qu'aux prix de ses propres efforts, je ne pouvais plus compter sur Yves sur ce coup là mais pourtant il fallait que je sois à la hauteur de son apparence physique, lui qui était toujours élégant et bien habillé.


Perdue dans mes pensées j'avais complètement oublié de répondre au dernier message de maman qui finit par perdre patience:


- <<Val, tu es toujours là ? >>


- <<Oui maman>>


-<<Je disais qu'à force de remettre à demain tu finiras par ne jamais te lancer ma chérie. Le mariage ne t'empêche pas de réaliser tes rêves, je t'ai  toujours dis et redis cela >>


- << Mais maman je sais tout ça,  t'inquiète avant la fin de cette année, mon projet sera sur pieds. Maman je dois me déconnecter je vais me mettre sur ma machine à coudre. Bisous mère des mères>>


<< Courage à toi ma fille et prends bien soin de Yves. Je vous aime >>


Avant de me lancer dans tout ce que j'avais à faire de la journée, je jettai un coup d'oeil sur Facebook, il y avait la photo prise hier avec Ben et Patrick que mon mari avait publié accompagné des écrits: " Dimanche après midi avec ma meilleure amie et deux de mes fils spirituels "


À peine 1h qu'il l'avait publié la publication comptait déjà plus de 400 j'aime, près de 30 partages et pleins de commentaires comme beau couple, mes parents spirituels, notre modèle, maman Valérie toujours souriante, bisous dad and mum,... Je restais là pensive à lire et relire les commentaires. 


Cela faisait bien longtemps que je n'avais rien publié sur ma page Facebook, ce matin là avant de me déconnecter pour vaquer à mes occupations je publiai alors:


" Beaucoup de mariage aujourd'hui sont des tombeaux où sont enterrés des visions. Beaucoup de conjoint sont comme de l'eau qui éteint la flamme de chacun des rêves de leur conjoint."


De peur que certains fassent le lien avec moi même, je repris cette photo que Yves venait de publier pour accompagner mon message. De cette façon au moins personne n'était sure de voir en mon statut comme un cris de coeur. Tout le monde percevrait ce statut comme le conseil d'une mère qui a réussit son choix. Mais hélas il s'agissait là d'un cris de coeur. À peine que je le publiais il y avait déjà quelqu'un qui avait déposé un j'aime. C'était Yves le premier à aimer et même à partager ma publication. Cette façon de faire semblant et de sauver les apparences était devenue une vie, c'était malheureusement notre vie de couple.

Derrière les murs: l...