Chapitre 3: Double vie
Ecrit par Alexa KEAS
Armelle KPETO
J’ai activé ma carte Sim d’ici, dès que j’ai traversé la frontière entre le Burkina-Faso et le Mali. J’aurais pu prendre un avion, mais cela paraitrait trop suspect aux yeux de Dieudonné. Il ne m’en sait pas capable. Pour lui, je suis une jeune commerçante, qui ne gagne pas encore assez, pour pouvoir s’offrir des billets d’avion. Trois jours sur la route, c’est quand même épuisant. Je songerai à une autre solution, la prochaine fois. Quitte à faire un détour par Cotonou et prendre un avion pour Bamako de là-bas. Je cacherai mon passeport, pour qu’il n’en sache rien. Mon bus arrive à Bamako à six-heures du matin. Je fais partie des premiers voyageurs à descendre du bus. Je ne voyage qu’avec un petit trolley, qui est d’ailleurs resté avec moi sous le siège. Je hâte mes pas pour sortir de la station. Je hèle et taxi et m’y engouffre, en donnant mon adresse. Je ne suis pas revenue ici depuis deux mois. Il n’y avait pas moyen de bouger, avec les préparatifs du mariage et tout le reste. J’enlève mes bagues, mariage et fiançailles et les range des mon porte-monnaie. Encore quarante minutes de trajet et j’arrive enfin, devant l’immeuble dans lequel je loue un appartement à « Badalabougou ».C’est un quartier chic où résident, pour la plupart, des expatriés. Je paie le chauffeur et mets des lunettes noires, avant de sortir du véhicule. Je ne veux pas qu’on me voit comme ça.
Dieu merci, à part le concierge, je ne croise personne d’autre, jusqu’à ce que je sois dans l’appartement. Ce dernier a été surpris, de me voir ainsi habillée et coiffée. Il a l’habitude d’un autre look et a failli ne pas me reconnaître. Epuisée par le voyage, je me connecte sur le wifi, envoie un message à Dieudonné, éteins le téléphone, me rends dans ma chambre et me jette sur le lit. J’ai demandé qu’une femme de ménage passe hier alors, je n’ai pas à craindre la poussière. Je mets la climatisation en marche et me laisse emporter par le sommeil.
Je me réveille vers quatorze heures, reposée et affamée. Je fais un tour dans la salle de bain pour me brosser les dents, avant de me rendre à la cuisine. J’ouvre le frigo et constate avec bonheur que les courses ont été faites. J’ai une pensée de remerciement envers Cheick. Je sors des croissants et les chauffe dans la micro-onde. Je les accompagne d’un grand pot de yaourt. Ce n’est qu’une fois le ventre plein, que je vais chercher mon téléphone. Dès que je le rallume, je vois des notifications de messages de Dieudonné. Il ne peut que me joindre quand je suis connectée à internet, parce sur ma carte Sim du Togo n’est plus active. Peut-être devrais-je prendre un autre téléphone, on verra bien. Au lieu de répondre à ses messages, je l’appelle via whatsapp. Autant se parler maintenant, parce que plus tard, je ne pourrais pas.
-Et dire que je vais devoir passer les quatorze prochains jours sans toi. Ça ne fait que trois jours et tu me manques déjà.
-Tu me manques aussi, mon amour. Mais, c’est pour la bonne cause.
-Pourquoi ne pas changer d’activité ? Tu pourrais bien faire un autre commerce qui ne nécessitera pas que tu voyages !
-Nous en avons déjà parlé, chéri. Ce ne sera pas facile pour moi. Je suis déjà habituée à celui-ci et ça me rapporte assez. Tous les grands commerçants dignes de ce nom, voyagent et je suis sur le bon chemin pour faire partie du lot.
-Ok, bébé. Prend soin de toi et reviens-moi saine et sauve.
-Compte sur moi, mon cœur.
-Je dois y aller. Il faut que j’aille voir mes clientes au marché et passer aussi les commandes des basins que je devrais ramener à Lomé.
-Ok, je t’aime.
-Je t’aime aussi.
-Coucou à ton amie Djénéba.
-Je ne manquerai pas.
Je raccroche, ressentant une peine au cœur. L’heure n’est pas aux sentiments, le devoir m’appelle. Je laisse un message à Cheick, avant de me rendre dans la salle de bain. La première règle entre nous c’est « pas d’appel ». Je laisse simplement un message et il me rappelle dès qu’il peut. Cheick SISSOKO est l’un des hommes d’affaires, les plus influents du Mali. Ses affaires s’étendent sur plusieurs domaines que je ne saurais énumérer. Cet homme est immensément riche. J’ai eu la chance de croiser son chemin et de lui plaire. C’est lui qui paie cet appartement, depuis deux ans maintenant. J’avais une certaine vie avant de rencontrer Dieudonné, lors d’un de mes passages au Togo pour voir les parents.
Après l’obtention de mon Bac, mes parents m’ont envoyé au Sénégal pour faire des études de médecine. J’ai très vite abandonné l’idée de devenir médecin, après deux années, en première année. J’avais bien validé la première année la seconde fois mais, je n’avais juste plus envie de continuer. Ce n’était pas ce que je voulais, c’était le rêve de mes parents en réalité. Pour ces derniers, c’était ça ou rien, surtout qu’ils avaient dû faire des prêts chacun, pour m’envoyer dans ce pays. Mon père pensant bien faire, m’a coupé les vivres, espérant me forcer à continuer dans la voie qu’il m’a tracé. J’étais jeune, pas du tout audacieuse et dans un pays où je ne connaissais personne. J’ai tenu un mois et demi, sans l’argent de mes parents. Je leur ai donc menti, en leur faisant croire que je continuerai en médecine à la rentrée, puis j’ai viré en faculté des sciences de la communication et de l’information. Dans ma classe, il y avait un groupe de filles vénérées, telles des stars, elles étaient maliennes. Elles venaient à l’université en voiture, portaient des vêtements de marques, avaient des gadgets dernier cris. Je me suis retrouvée à les envier. Parfois, il m’arrivait d’épier leurs discussions et les entendre raconter la belle vie qu’elles menaient. Des voyages un peu partout, du shopping dans les grands magasins et bien plus encore. La petite togolaise que j’étais, n’avait rien à envier à ces filles qui j’avoue, étaient d’une beauté époustouflante. Elles représentent la beauté malienne, dans sa splendeur. Tailles fines, élancées, chevelure abondante, un teint naturellement clair. Je réponds à ce prototype de beauté aussi, ce qui m’a value la sympathie de ces filles. J’ai commencé à les fréquenter jusqu’à totalement intégrer leur groupe. Elles n’étaient pas des enfants de riches, comme je l’imaginais. Tout comme moi, elles venaient de familles modestes. Elles avaient un travail qui leur assurait ce train de vie et ce travail c’est être « Escort girl » d’hommes riches. Autrement, des putes de luxe. Elles n’ont pas eu à me supplier pour que je devienne une des leurs. Je voulais tout ce qu’elles avaient. A partir de ce jour, naquit Army. Dans ce milieu, chacune avait un surnom. Un autre monde s’ouvrit à moi. Mon premier client fut un riche avocat. Pour une nuit, j’ai eu droit à un chèque de Deux cent milles francs. Pour moi, c’était énorme ! Mais, les filles m’ont assuré que je pouvais me faire bien plus. Je n’ai pas pu finir mes études. Les absences au cours devenaient bien trop répétitives. Accompagner un client en voyage payait plus cher et je les enchainais. Non seulement, j’avais le plaisir de découvrir d’autres horizons, mais je me faisais payer pour. J’ai pu mentir à mes parents durant deux ans. Au cours de la troisième année, ma mère a débarqué par surprise et a tout découvert concernant mes études. Ils ont été déçu mais ont fini par l’accepter, surtout que je leur encore avais menti que j’avais obtenu ma licence en communication et que je travaillais dans une grande agence de la place. Je leur faisais parvenir de l’argent à chaque fin du mois. Lors d’une des innombrables soirées privées au cours desquelles, nous dégotions nos pigeons, Cheick SISSOKO est tombé dans mes filets et depuis, il ne m’a plus lâché. Au début, nous nous voyions quand il venait à Dakar, ou alors, il me faisait venir à Bamako, puis au bout d’un an, il m’a pris cet appartement à Bamako et m’y a fait installer. Notre relation fait trois années maintenant. J’ai toujours su que je n’avais aucun avenir avec cet homme. Il a d’ailleurs été clair avec moi, pas de mariage, pas d’enfant, pas d’engagement tout court. Nous cheminerons, jusqu’à ce qu’il ait marre de moi. Et puis, ce n’est pas comme s’il était tout le temps sur mon dos. Nous nous voyons, une fois à peine dans le mois. Quand je vais rendre visite à mes amies maliennes, restées au Sénégal, je me fais quelques coups discrets, mais au Mali, je me contente de Cheick. Il m’a bien fait comprendre que j’avais intérêt à ne pas lui faire des affronts dans son propre pays. Il me couvre d’or et d’argent et me fait voyager.
Je jouissais paisiblement de cette vie, me contentant de l’argent de Cheick, jusqu’à ce que je tombe sur Dieudonné. Je l’ai aimé dès l’instant où mes yeux se sont posés sur lui. Il n’a pas fait de grandes études, n’est pas héritier d’une quelconque fortune, n’est pas aussi beau que le prince charmant de mes rêves, est orphelin de père et de mère mais, je l’ai aimé. En y repensant, je me demande encore, comment j’ai pu gérer cette histoire, au point de me retrouver mariée à Dieudonné, aujourd’hui. Ces deux dernières années n’ont pas été faciles. Je revenais au Togo autant que possible, pour être près de mon amour. A Cheick, j’ai dit que ma mère était gravement malade. Il y a huit mois, j’ai fait croire à mes parents et Dieudonné que j’avais perdu mon boulot et qu’en attendant d’en trouver un autre, je désirais faire du commerce. J’ai alors préparé le terrain pour justifier mes voyages pour l’après-mariage. Je n’ai pas l’intention de quitter Cheick. Notre relation m’offre bien trop d’avantages, pour que j’ose m’en défaire. Encore un temps et je pourrais définitivement tirer une croix sur cette vie. Je compte convaincre Dieudonné pour que nous allions nous installer en occident.
En sortant de la douche, j’entends des bips provenant de mon téléphone. Je me jette dessus et y vois un message de Cheick. Il sera là dans une heure à peine. Eh ben ça alors ! J’ai dû lui manquer énormément. Je vais ouvrir l’armoire et choisis la tenue à mettre. Bien qu’il fasse encore jour, j’opte pour une robe de soirée scintillante et chausse des talons de trente centimètres. Je natte mes cheveux naturels et couvre ma tête d’une perruque en mèches brésiliennes, dont la longueur m’arrive aux fesses. Je me maquille et oins mon corps de parfum. Je me poste devant le miroir. Le reflet devant moi n’a rien à voir avec Armelle. Armelle est la jeune femme mariée à Dieudonné, une femme douce, aimante et respectueuse. Maintenant place à Army, l’Escort girl qui doit donner le maximum de plaisir à son principal actionnaire. Le lit n’est pas si défait mais j’arrange les quelques plis visibles. Je me rends au séjour et branche le déodorant électrique aux senteurs aphrodisiaques. Je tire les rideaux pour faire disparaitre les lueurs de soleil. Je mets une douce musique. Cheick a fait installer une barre de danse au salon, parce qu’il est fan de striptease. Mentalement, je prépare le numéro de toute à l’heure. J’ai à peine le temps de voire un verre d’eau, que j’entends la sonnerie retentir. D’une démarche chaloupée, je vais ouvrir la porte. Le parfum de Cheick, m’agresse aussitôt. Il ne fait pas de compliment mais son regard sur moi dit tout. Je sais qu’il aime ce qu’il voit. Je referme derrière lui et le suis sans mot dire.
-J’ai envie de toi, maintenant, dit-il.
Je l’aide à se débarrasser de sa tenue, un boubou en basin. Je la plie soigneusement et vais le ranger dans la chambre. J’en profite pour me débarrasser de ma robe également et ne reviens au salon, qu’en sous vêtements.
-Excite-moi !
Je sais déjà ce qu’il veut. J’augmente le volume de la musique et me dirige vers la barre de danse. Je bouge comme il aime, le regard planté dans le sien. Je monte, descends, ondule les hanches, me touche les parties intimes, lèche la barre comme s’il s’agissait de son sexe. Il tape dans ses mains, me donnant ainsi l’ordre d’arrêter de danser. Je veux me débarrasser de mes chaussures mais il me demande de les garder.
-Approche !
Une fois près de lui sur le canapé, il ôte mon soutien-gorge et saisis mes seins en pleine main. Je me mets à califourchon sur lui et calle mon string sur une fesse. Il sort son engin et sans crier gare entre en moi, de toute sa longueur.
*
*
Dieudonné BILA
Je donne des consignes aux employés et sors de la boutique, à pas pressés. Ma cousine Sabine m’a appelé d’urgence, me demandant de la rejoindre chez elle. Elle pleurait au téléphone. Je me demande dans quel merdier elle s’est encore fourrée. Cette fille refuse de grandir avec l’âge. Je monte en voiture et conduis prudemment, sans me presser, jusqu’à chez elle. J’appuie sur la sonnerie et attends cinq minutes sans que personne ne vienne ouvrir. Je sors mon téléphone de la poche et l’appelle.
-Allô Sabine, viens m’ouvrir.
-Ah c’est toi qui sonnes?
-Qui d’autre attends-tu ? Ne m’as-tu pas demandé de venir ?
-J’arrive.
Deux minutes plus tard, j’entends les cliquetis de la clé tournée. Lorsqu’elle ouvre, je pousse un cri d’exclamation devant son air bien amoché. C’est clair qu’elle a reçu des coups, et pas des moindres.
-Qui t’a fait ça ?
-Entre d’abord, nous en parlerons à l’intérieur.
Elle referme derrière moi et je la suis. Heureusement pour elle, qu’elle vit dans une cour unique. Elle est au moins épargnée des commérages du voisinage. Sabine attire les problèmes comme le miel attire les mouches. Bien que je puisse deviner les probables causes de son état, je lui repose quand même la question, dès que nous franchissons le seuil de son salon.
-C’est François.
-Et qui est François ?
-Mon homme.
-Ah !
-Je veux que tu lui donnes la bastonnade de sa vie. Je veux qu’il regrette ce qu’il m’a fait, je veux qu’il revienne me supplier de le reprendre, en rampant à mes pieds.
-Encore un homme marié !
-Je te parle d’un fait et tu me parles d’un autre.
-Ton François est un homme marié ou pas ?
Elle éclate en sanglot. Je prends place sur son fauteuil et dépose ma clé de voiture sur la table basse.
-Il devait quitter sa femme, il me l’avait promis. Voyant qu’il trainait à agir, j’ai pris le devant et je suis allée voir sa femme à son boulot. Je lui ai tout dit, pour qu’elle libère vite le plancher. François est venu ici, dans une sombre colère et…
-Et il t’a frappé. Tu penses que tu as quel âge ? Encore 20 ou 25 ? Tu en as 30 maintenant, bientôt 31. Tu ne crois pas ça suffit avec les conneries ? Pourquoi ne laisses-tu pas les maris des autres tranquilles et cherches pour toi ?
-Tu n’iras donc pas le frapper ?
-Au nom de quoi et entant que qui ? Son beau-frère peut-être ? Le mieux serait que je t’accompagne à la police pour porter plainte. Quoi qu’on dise, il n’a pas le droit de lever la main sur toi. Après tout, il se savait marié, avant de sortir avec toi. Maintenant au moins, c’est clair pour toi qu’il ne compte pas quitter sa femme.
-Tu refuses d’aider ta cousine ?
-Ecoute, je n’ai plus l’âge d’aller me battre avec les gens. Je suis un homme responsable et marié à présent.
-Ah oui, Dieudonné ? Tu me lâches ?
-Je viens de te dire qu’on se rende à la police. C’est la meilleure chose à faire.
-Si je porte plainte, je compliquerais les choses. Je veux régler ça autrement et surtout, qu’il vienne me demander pardon.
-Dans ce cas, débrouilles-toi sans moi.
Je me lève et saisis ma clé.
-Tu t’en vas ?
-Oui, je m’en vais. Et surtout, ne m’appelle plus que quand tu auras pris de sages décisions pour ta vie. Les coups tordus, les combines, la bagarre, tout ça pour moi, c’est fini. Je suis un homme nouveau, j’ai rencontré la perle rare et je me dois d’être à sa hauteur. Au revoir.
Je sors sans un regard en arrière et lui crie de venir fermer son portail. Non mais allô ! Il faut grandir à un moment donné. Armelle m’a préparé des plats qu’elle a congelés mais j’ai plutôt envie d’igname pilé. Je conduis alors jusqu’au boulevard et m’arrête au restaurant « Nopégali ». Une fois installé à une table, je me connecte sur whatsapp et lance l’appel vers Armelle. Elle n’est apparemment pas en ligne. Bof, je la rappellerai une fois rentré. Je passe commande et attends une bonne heure avant d’être servi. Il y a tellement de monde ! Au moins, le goût du plat a le mérite de me faire oublier le temps d’attente. Je savoure mon igname pilé et bois la sauce claire jusqu’à la dernière goutte. Je traine encore un peu, le temps de finir ma bière et rentre chez moi. Je suis toujours comblé de joie quand la photo de notre mariage m’accueille, dès que je rentre chez nous.
Armelle est cette lumière sur mon chemin, alors que je marchais dans les ténèbres. Je n’ai jamais aimé de ma vie, jusqu’à ce que je la rencontre. Sans le savoir, elle m’a poussé à être meilleur. J’ai coupé le lien avec ma vie passé pour renaitre de nouveau. Aujourd’hui, je gagne dignement ma vie. Je vends des voitures d’occasions et tiens une boutique de vente de matériaux de constructions. Tout va pour le mieux, je ne me plains pas. Néanmoins, je dois notre grandiose mariage Fabrice et sa femme, paix à son âme. Pensant à ce dernier, je sors mon téléphone et lance l’appel vers son numéro. Le pauvre traverse tellement de dures épreuves en si peu de temps. Il décroche à la deuxième sonnerie.
-Allô man.
C’est plutôt une voix de femme qui me répond.
-Allô Dieudonné, Fabrice dort, il est fatigué.
-Qui êtes-vous ?
-Je suis Clémence, sa fiancée.
-Pardon ?
-Je lui demanderai de vous rappeler, une fois réveillé.
Elle raccroche, avant même que je n’ai le temps d’en dire plus. Fiancée ? C’est quoi ce délire ? Je préfère croire qu’il ne s’agisse que d’un malentendu. Je me rends dans la chambre à coucher et me déshabille. Je prends une douche puis reviens au salon uniquement habillé d’un boxer. Il n’y a personne de toutes les manières. Je me saisis de la télécommande et mets la télé en marche. Je m’installe confortablement sur le canapé ensuite, téléphone en main. Je me connecte et envoie un message à Armelle.
« Chérie, tu me manques ».
Après deux minutes, je réalise qu’elle n’est toujours pas connectée. J’essaie de l’appeler directement mais son numéro est hors service. Dommage qu’elle ne m’ait pas remis le numéro de son amie Djénéba, chez qui elle loge. Je le lui demanderais, dès qu’elle sera en ligne. Un film me tient compagnie, jusqu’à ce que je m’endorme.
A mon réveil, la télé tourne encore. Je regarde l’heure, 3hr40 du matin. J’éteins la télévision et prends mon téléphone. Mince, Armelle a essayé de me joindre à plusieurs reprises, vers deux heures du matin. Elle a laissé un message.
« Tu me manques aussi, mon amour. Je pense que tu t’es endormi. Fais de beaux rêves mon cœur, je te rappelle au petit matin. Je t’aime ».
Ce message a le don de me faire sourire. C’est sur cette bonne humeur que je vais me recoucher dans la chambre. A son retour, je ferai tout pour la convaincre de changer d’activité. Nous trouverons bien une alternative ici. Je ne pourrais pas supporter ces absences trop longtemps, encore que j’ai hâte qu’elle porte le fruit de notre amour. Moi, Dieudonné BILA, si amoureux, qui l’aurait cru ? La vie nous réserve bien de surprises.